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 Sylvie Germain

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coline
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyJeu 14 Déc 2006, 12:13

Extraits d'interview de Sylvie Germain:

Son choix de vivre un temps à Prague (dans les années quatre-vingt) :
" C'était lié à une personne que j'avais rencontrée et pour cette personne j'avais décidé de braver toutes les difficultés, qui étaient grandes à l'époque. Elles étaient insurmontables pour les Tchèques s'ils voulaient quitter le pays, mais elles étaient aussi grandes pour les gens de l'Ouest s'ils voulaient s'installer ici."

Sur Prague :
« La ville est sublime. C'est quand même une des plus belles villes d'Europe. Et d'ailleurs ce qu'il y avait d'étonnant c'est que les gens dits de l'Ouest, pour rester dans ce vocabulaire un peu dérisoire, n'avaient pas tellement la curiosité de venir ou ils étaient découragés à l'avance par le régime qui sévissait ici. Cette ville est vraiment au niveau architectural une des plus belles d'Europe. "

Ecrire à Prague :
« Je continuais à écrire mes romans qui se passaient en France alors que je vivais ici et peu à peu il s'est passé un étrange mouvement, que je le veuille ou non, comme si quelque chose de la France se détachait de moi et par contre mon imaginaire, à force de vivre à Prague, a fini par être marqué par Prague et la Bohême, par l'histoire de ce pays. Au bout de quelques années, au bout de cinq, six ans quand même, mon imaginaire a été suffisamment nourri de ce lieu et j'ai écrit trois livres : un petit texte qui n'est pas un roman, La Pleurante des rues de Prague, et puis deux romans* qui sont vraiment liés à Prague. »


*(1994) Immensités , dédié aux dissidents de Prague, explore la souffrance de ces hommes que la "révolution de velours" n'a toujours pas libérés. Hommage et adieu à une ville dont elle se sépare en affirmant, avec hésitation : "Je ne pense pas que je retournerai à Prague…"


Dernière édition par le Jeu 14 Déc 2006, 13:13, édité 2 fois
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coline
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyJeu 14 Déc 2006, 13:02

Annonce (et programme détaillé) d'un colloque Sylvie Germain:
http://www.fabula.org/actualites/article16522.php
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MessageSujet: L'inaperçu de Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyVen 19 Sep 2008, 07:54

L’inaperçu

Première page :
Citation :
Une femme marche à pas rapides le long des berges du fleuve. Elle avance légèrement courbée pour se protéger du vent qui souffle dru en ce soir de décembre.

Troisième page:
Citation :
Il oublie tout, son boulot du moment, sa tenue guignolesque avec sa houppelande mal ajustée, son bonnet enfoncé jusqu’aux touffes de ouate collées sur ses sourcils, et sa barbe dorsale, et il s’élance tel quel à la poursuite de la passante.

« Elle » c’est Sabine Bérynx et « Il » c’est Pierre, les deux personnages principaux de ce roman.

4ième de couverture :
Citation :
Les Bérynx : une famille ordinaire, avec son patriarche autoritaire, ses mères affairées, ses enfants fragiles, ses secrets non partagés et son lot de drames. Et il y a Pierre, qui vient de se greffer sur cette famille comme une sorte d’ange gardien dont on ignore presque tout, homme à tout faire, mais aussi à tout défaire. Jusqu’au jour où il disparaît sans laisser d’autres traces que les brèches qu’il a ouvertes en chacun.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyVen 19 Sep 2008, 08:00

L'inaperçu (suite)

En courtes séquences l’auteur présente ses personnages, tel un arbre généalogique de la famille Bérynx sur lequel se greffe Pierre.
Sylvie Germain adapte son style à l’esprit et au vécu de chacun…
Elle les fait s’entrecroiser s’attachant aux faits, aux réactions, dévoilant l’obscur, le non-dit, l’inavouable.

Sylvie Germain, une virtuose de la phrase imagée, poétique, un délice à lire :
Citation :
Sabine vit dans un aquarium de silence suspendu dans un vide en mouvement incessant.

Pas de sentiments ni d’émotions dans ce roman, un éclairage particulier sur les origines, la façon d’être, de construire sa vie face aux événements tragiques ou non….
Avec beaucoup de place pour la fantaisie, l’inexplicable, l’extrême, jusqu’à la folie…
Le ton reste « bourgeois » ou bienséant sans aucune vulgarité ni humour déplacé donnant une certaine froideur au récit (une vertu pédagogique ?)

Un roman sur l’estime de soi.

En fin de volume Sylvie Germain établit la généalogie de Pierre, très attendue puisque on devine qu’elle est la clé de l’énigme de sa disparition…
Une narration qui, tout en restant sobre et retenue, sans pathos, est un peu trop longue à mon goût et un peu trop chargée en tragédies….
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyVen 19 Sep 2008, 08:08

L'inaperçu (suite)

p 164 : j’ai eu un déclic Wink
Citation :
Dans la chambre, la reproduction, en très grand format, d’une toile dont le nom du peintre n’était pas indiqué, était collée sur un mur face au lit.
…/… l’image - une apothéose de jaune intense et d’orangé striés par une ligne blanche surlignée de gris vert et rehaussés de taches verdâtres - évoquait un pan de soleil.
p 193 :
Citation :
Au dos de la reproduction, une étiquette était collée, lui révélant enfin le nom du peintre : Mark Rothko.
P 229
Citation :
Là encore, il s’agit d’un inaperçu qu’un homme s’est appliqué à rendre discernable, sensible, l’inaperçu de drames où le visible et l’invisible, la lumière et la nuit se frôlent, en s’éraflant ou se caressant, où les couleurs se meuvent à fleur d’immobilité en un double mouvement de contraction et de dilatation, où une aventure silencieuse se joue dans l’inconnu d’un espace en expansion.

S’ensuit une digression sur le peintre Rothko avec rapport de ses propos sur la peinture qui alourdit le roman…
Sylvie Germain met un peu trop les points sur les i à mon goût... casse le rythme.
Un roman qui devient plus intéressant que passionnant.

A lire pour s’émerveiller de l’art d’écrire de Sylvie Germain sunny
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyVen 26 Sep 2008, 06:18

a propos de l'inaperçu, un avis du figaro

Citation :
Un éclat particulier nimbe ce roman, « une flaque de lumière découpée rectangulairement dans le corps du soleil, (…) plus imposante et lumineuse qu'une fenêtre », celui du peintre Mark Rothko. En s'appropriant la peinture de l'artiste américain, Sylvie Germain lui donne la fonction d'un miroir de l'âme où se mirent tour à tour les protagonistes.

Semblable à une toile qui résulterait d'une accumulation de ­couches de peinture, le roman présente plusieurs strates de ­lecture, glissant au milieu de sa prose quelques poèmes, autre corde à l'arc de la romancière.

Récit sur les tragédies intimes, L'Inaperçu est une quête spirituelle dans l'anecdotique, une photographie de vies apparemment banales, d'où le lecteur ­ressort à la fois grave et léger, doucement ébloui.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyVen 26 Sep 2008, 09:14

rotko a écrit:
a propos de l'inaperçu, un avis du figaro

Citation :
Un éclat particulier nimbe ce roman, « une flaque de lumière découpée rectangulairement dans le corps du soleil, (…) plus imposante et lumineuse qu'une fenêtre », celui du peintre Mark Rothko. En s'appropriant la peinture de l'artiste américain, Sylvie Germain lui donne la fonction d'un miroir de l'âme où se mirent tour à tour les protagonistes.

Semblable à une toile qui résulterait d'une accumulation de ­couches de peinture, le roman présente plusieurs strates de ­lecture, glissant au milieu de sa prose quelques poèmes, autre corde à l'arc de la romancière.

Récit sur les tragédies intimes, L'Inaperçu est une quête spirituelle dans l'anecdotique, une photographie de vies apparemment banales, d'où le lecteur ­ressort à la fois grave et léger, doucement ébloui.

et tu ne te sens pas obligé de le lire ? Laughing
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyVen 26 Sep 2008, 10:22

j'avais mis un message, perdu pendant le tremblement de forumactif, où je me sentais plus attiré par la digression que par le récit Razz
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyMer 01 Oct 2008, 17:03

Nuit-d’Ambre

Nuit-d’Ambre est le surnom du héros. Un enfant né dans une famille déchirée par la mort de son petit frère, accidentellement tué par un chasseur.

Ce malheur bouleverse la cellule familiale et Nuit-d’Ambre ressent profondément le traumatisme des parents, qui en oublient de l’aimer. En tout cas, tel est son ressenti, basé sur une jalousie et une hargne contre ses parents aveuglés par leur douleur.

Nuit-d’Ambre s’isole donc très jeune, laissant les autres macérer dans leur deuil. Il se crée des mondes intérieurs, fictionnels pour survivre à l’absence d’attention et d’affection.

Reste sa sœur, Baladine, à qui il voue une idolâtrie platonique.

Nous suivons le parcours de cet être solitaire et habité de haine, qui quitte sa terre natale pour venir à Paris et achever de transformer sa fureur en crime.

En effet, il y rencontre un jeune boulanger sensible, tendre et candide, qu’il confie sans vergogne aux mains d’une bande de voyous, qui le mettent à mort.

Cette scène est d’ailleurs insupportable à lire. On meurt avec lui...

La maîtrise de Germain est totale : elle sait passer d’un réalisme aigu à un lyrisme féérique tout en douceur, usant d'un « sfumato » littéraire éblouissant et très personnel.

Elle fait ses gammes avec les mots.

Le lecteur perçoit une délicieuse sensation d’apesanteur, d’envol, puis est soudain rappelé à la nature humaine : la méchanceté.

Bien évidemment, une fois le forfait commis, Nuit-d’Ambre revient dans le monde. Dans notre monde. Tête à tête avec lui-même, avec sa propre monstruosité, sa difformité d’enfant vengeur. Je vous laisse imaginer ses drames intimes, encore majorés par les personnages malheureux qu’il croise.

Comme Crève-Cœur, qui est revenu fou de la guerre d’Algérie, après avoir torturé, puis tenté de sauver un enfant coupable d’être...Algérien.

J’ai savouré ce livre étonnant, magnifique, cruel, poétique.

Pour moi, Sylvie Germain a un talent immense et hypnotique.

Je viens d’acheter un deuxième livre d’elle...


PS : On rencontre dans ce récit le mari de Baladine. Il ne fait rien que voyager et lire.
Portrait : « il était de ces êtres qui ne trouvent qu’en rêvant, qui n’arrivent qu’en fuyant, et qui n’aiment que dans l’attente… »…
Ce personnage attachant et comme inaccessible meurt d’une chute de montagne : « Mais il ne tenait pas de livre ce jour là, ses mains étaient vides. Il était le livre. Le livre illisible. »




cheers
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   Sylvie Germain - Page 2 EmptyJeu 09 Juin 2011, 12:01

Opéra muet

Pour signifier la vie stérile, le destin fade, l’homme « miniaturisé » dans son existence, SG a recours à cette belle expression : opéra muet. Vous êtes là, spectateur, passif, sentez quelque chose de grandiose – un opéra – mais ne pouvez y participer.
Car vous n’entendez rien…

L’impuissance de vivre pleinement. Malgré un cœur qui bat et un corps qui respire.

Mal.

Le héros est asthmatique et son être intérieur est comme éteint. Projeté sur le mur d’en face. Celui d’un immeuble vieillot, portant les graffiti et les restes écrits de plusieurs générations. Ce mur est destiné à être abattu. Les ouvriers arrivent et ses fissures reflètent celles du narrateur.

Gabriel.

De vraies lézardes, même. Un échec amoureux. Une profession insipide. Un chemin de solitude, de désillusions et d’apathie.

Il y a une déliquescence de la chose qui fait écho à celle de l’homme. Comme une liaison secrète. Il faut au moins la plume de SG pour rendre ces rapports invisibles aussi puissants. Le récit ne mène nulle part, elle n’a rien d’autre à démontrer. Que la fêlure de l’objet réfléchie sur l’être ou…l’inverse !

Beaucoup de lyrisme, comme toujours.

Quelques personnages qui surgissent, inattendus. Comme cette femme qui se prend pour l’amante d’Enkidu, le rival de Gilgamesh. L’occasion de se replonger dans cette épopée du désert. Désert qui élève l’âme et brûle pourtant les sens.

Ou ce vieux Juif qui secoue son tapis par la fenêtre. Esseulé et portant un peuple multiséculaire sur les épaules. Une évocation biblique.

A réserver pour un moment de songerie. Ces moments où nous aimons voguer sur la vague littéraire comme sur un bateau sans capitaine.





study
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