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| | Jean-Noël Pancrazi | |
| | Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Jean-Noël Pancrazi Mar 30 Juil 2013, 11:00 | |
| Madame Arnoul, folio 130 p. prix France-Inter 1995 Une enfance algérienne 1/2 Plus qu’un récit, c’est par Jean-Noël Pancrazi, une évocation de l’Algérie d’avant la guerre, tableau assez idyllique, nourri de sensations de l’enfance (couleurs, goûts et parfums) avant les attentats puis le départ précipité vers la France, suscité par « une peur collective ». La « Maison » du narrateur abrite une petite communauté d’Européens de diverses conditions, où malgré une convivialité de façade, les classes sociales conditionnent les rapports humains : - Citation :
- « Monsieur Vizzavona, avec le dédain apitoyé de meneur de communauté [..] jugeait qu’on s’apparentait aux indigènes - ou qu’on risquait de dériver vers eux - dès lors qu’on ne respectait pas au moins une apparence d’aisance ou de désinvolture financière, qu’on n’adoptait pas ce fameux « coulage » en matière de lumières de vêtements et de voiture qui était pour lui le garant d’une suprématie européenne et devait en assurer la pérennité. »
L’enfant ressent et transmet les impressions d’alors, en particulier une affection réciproque avec Madame Arnoul : ils comprennent leurs silences et entretiennent une discrète complicité journalière. Leurs confidences sont muettes, et se traduisent par le réconfort mutuel qu’ils s’assurent en permanence. - Citation :
- « Le soir où il m’avait semblé distinguer des dizaines de corps enflammés qui dévalaient les pentes de la montagne d’Aïn Timor avant de basculer et de disparaître dans le noir des anciennes carrières de marbre, le vent de soufre, de bois et de chairs brûlés qui atteignait la terrasse me glaçait d’une colère impuissante et triste que seule atténuait la main de Madame Arnoul, venue sans un mot se placer à mes côtés. »
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Jean-Noël Pancrazi Mer 31 Juil 2013, 05:13 | |
| Madame ArnoulUne enfance algérienne. 2/2 A l’école une amitié précieuse avec Mohammed Khaïr-Eddine ( ce n’est pas le poète marocain) crée une autre oasis affective, consciente du fossé matériel et mental entre les deux communautés. - Citation :
- « Tous deux étaient heureux d’affirmer une égalité dont personne ne voulait autour de nous. Nous nous inventions ainsi une petite république à deux, une enclave de paix, un pays rêvé où il n’y aurait que des classes à l’infini, où la seule rumeur serait celle du crissement des craies sur les ardoises et les seuls drapeaux ceux dessinés à fêter les élèves qui, montant sur une tribune, tiendraient leur diplôme de bourse blotti contre le cœur. »
J’ai apprécié la finesse de touche de l’écrivain, son approche nuancée sur les soldat français du contingent, son habileté à traduire l’implicite, notamment dans ses amitiés et les choix de société de madame Arnoul. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Jean-Noël Pancrazi Mer 31 Juil 2013, 15:34 | |
| Madame Arnoul est un roman de Jean-Noël Pancrazi publié aux éditions Gallimard et ayant obtenu la même année (1995) le prix du Livre Inter, le prix Maurice-Genevoix et le prix Albert-Camus.
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| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Jean-Noël Pancrazi Jeu 27 Fév 2014, 11:01 | |
| Après ton analyse, Rotko, et les comparaisons que tu as amorcées avec Le premier homme de Camus, j’avais très envie de lire Madame Arnoul, premier livre de la trilogie autobiographique de Pancrazi. Curieusement, dans la bibliothèque que je fréquente, on ne trouve que le second et le troisième ; j’ai été attirée par le troisième : Renée Camps. Après sa mère d’élection et son père, J.N. Pancrazi évoque donc sa mère (Renée Camps, c'est elle) et plus particulièrement les derniers jours de sa vie. Tout ou presque se passe à Perpignan, dans le quartier du Moulin à Vent où, après son divorce et le retour d’Algérie, la mère, bibliothécaire, a élevé sa fille et son fils avec le souci d’être une mère exemplaire. Le fils, par conséquent l’auteur, a pris ses distances avec cette mère qui ne savait pas être tendre, et n’est pas revenu la voir depuis deux ans. Le livre est donc centré sur cette relation mère-fils des derniers jours, au moment où la mère victime depuis des années d’une maladie invalidante, est quasi impotente dans son appartement si impeccable qu’on dirait un musée, et où le fils revient, poussé par le devoir mais aussi par un désir sincère de renouer avec cette femme étouffante qui n’a pas fait de lui un enfant heureux et ne cesse de lui répéter : « Tu me plantes un couteau dans le cœur. » même quand il fait tout ce qu’il peut pour l’aider et lui manifester de la tendresse. Ce livre est magnifiquement écrit mais très dérangeant. Tout s’est passé, pour moi, comme si j’avais eu l’impression d’être là en voyeur de cette relation ambiguë en un moment tragique. Il y a, en particulier, une longue scène à valeur de métaphore au cours de laquelle le fils porte sa mère de son lit aux toilettes ce qui donne lieu à un périlleux voyage semé d’obstacles et de souffrances. Ce passage s’achève sur quelques lignes terribles et significatives de l’ensemble du récit : - Citation :
- Quand elle avait fini, elle essayait d'ouvrir davantage les cuisses, en me fixant, comme pour me montrer d'où j'étais venu, d'où j'étais sorti à Sétif. Elle les ouvrait en pleurant jusqu'aux limites de l'écartement comme pour m'inciter à revenir, à mourir en elle. Après quoi elle avait paru apaisée d'être allée au bout de son intimité avec moi.
De façon très maîtrisée, l’auteur intègre à ce récit des derniers jours des échos du passé, en Algérie bien sûr, mais aussi en Indochine. C’est un livre hors du commun, à n’en pas douter, mais il m’a mise mal à l’aise. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Jean-Noël Pancrazi Jeu 27 Fév 2014, 12:00 | |
| rien de tel chez Madame Arnoul; l'enfant est plus jeune, et il perçoit assez confusément que cette femme ne partage pas les opinions de la petite enclave européenne où ils habitent. | |
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| | | | Jean-Noël Pancrazi | |
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