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| | Pablo Neruda (Chili). | |
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Auteur | Message |
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plume pilier
Nombre de messages : 117 Localisation : nord Date d'inscription : 10/10/2007
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Mer 07 Jan 2009, 08:09 | |
| Le puits
Parfois tu t’enfonces, tu tombes dans ton trou de silence, dans ton abîme tout d’orgueilleuse colère et c’est à peine si tu peux revenir, même en lambeaux, de ce que tu as découvert dans la profondeur de ton existence.
Mon amour, que trouves-tu donc dans ton puits impénétrable ? Des algues, des roches, des boues ? Que voient là-bas tes yeux aveugles de blessée et de rancunière ?
Ma vie, tu ne trouveras pas dans le puits où tu tombes ce que je conserve pour toi sur ce sommet: un bouquet de jasmin que mouille la rosée, un baiser plus profond que ton abîme.
Ne me crains pas, ne tombe pas dans la rancune de nouveau. Secoue ce mot, le mien, qui vient te blesser, puis laisse-le s’envoler par la fenêtre ouverte. Pour me blesser il reviendra sans être guidé par toi et s’il est vrai qu’il fut chargé d’un dur instant cet instant par mon coeur sera désarmorcé.
Souris-moi radieuse si ma bouche te blesse. Je ne suis pas un doux berger comme dans les contes de fées, je suis un brave bûcheron qui partage avec toi la terre, le vent, les épines des montagnes.
Aime-moi, souris-moi aide-moi à être bonté. Ne te blesse pas à moi car c’est inutile, ne me blesse pas moi car alors tu te blesses.
Pablo Neruda
extrait Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée Poésie/Gallimard | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Lun 02 Fév 2009, 12:44 | |
| En fait Plume a mis les plus beaux ! si l'on peut dire qu'il y en a des plus beaux
SONETO X
Suave es la bella como si música y madera, ágata, telas, trigo, duraznos transparentes, hubieran erigido la fugitiva estatua. Hacia la ola dirige su contraria frescura.
El mar moja bruñidos pies copiados a la forma recién trabajada en la arena y es ahora su fuego femenino de rosa una sola burbuja que el sol y el mar combaten.
Ay, que nada te toque sino la sal del frío! Que ni el amor destruya la primavera intacta. Hermosa, reverbero de la indeleble espuma,
deja que tus caderas impongan en el agua una medida nueva de cisne o de nenúfar y navegue tu estatua por el cristal eterno. Sonnet X
Douce est la belle, comme si musique et bois, agate, toile, blé, et pêchers transparents, avaient érigé sa fugitive statue. À la fraîcheur du flot elle oppose la sienne.
La mer baigne des pieds lisses, luisants, moulés sur la forme récente imprimée dans le sable; maintenant sa féminine flamme de rose n'est que bulle abattue de soleil et de mer.
Ah que rien ne te touche hormis le sel du froid! Que pas même l'amour n'altère le printemps. Belle, réverbérant l'écume indélébile,
laisse, laisse ta hanche imposer à cette eau la neuve dimension du nénuphar, du cygne et vogue ta statue sur l'éternel cristal. | |
| | | Nestor Admin
Nombre de messages : 1576 Date d'inscription : 25/12/2005
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Ven 13 Fév 2009, 16:12 | |
| Dans le cadre de la manifestation "Le printemps des poètes"
la bibliothèque municipale de Trignac 44570 vous convie à une soirée poétique et musicale autour de Pablo Neruda
VENDREDI 6 MARS À 18H
à la bibliothèque municipale
Bibliothèque municipale de Trignac rue Emile Combes - 02.40.90.32.66 | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Dim 08 Mar 2009, 09:46 | |
| le chant général paru en poésie/ gallimard, 500 pages,
Dans"ce livre né de la colère", les accents sont ceux de la révolte et de la dénonciation.
Lorsque la trompette sonna tout était déja prêt sur terre. Jehovah répartit le monde entre Coca cola, Anaconda ford Motors, et autres cartels : la compana Frutera se réserva le plus juteux, le centre cotier d ema terre, la douce hanche américaine. Elle rebaptisa ses terres en "republiques bananières"... | |
| | | soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Jeu 25 Fév 2010, 21:50 | |
| https://www.youtube.com/watch?v=2G8k8lEa70g
Pablo nuestro que estás en tu Chile, Viento en el viento. Cósmica voz de caracol antiguo. Nosotros te decimos, Gracias por la ternura que nos diste. Por las golondrinas que vuelan con tus versos. De barca a barca. De rama a rama. De silencio a silencio. El amor de los hombres repite tus poemas. En cada calabozo de América un muchacho recuerda tus poemas. Pablo nuestro que estás en tu Chile. Todo el paisaje custodia tu sueño de gigante. La humedad de la planta y la roca allá en el sur. La arena desmenuzada, Vicuña adentro, en el desierto. Y allá arriba, el salitre, las gaviotas y el mar. Pablo nuestro que estás en tu Chile. Gracias, par la ternura que nos diste. | |
| | | Clertie pilier
Nombre de messages : 404 Age : 32 Date d'inscription : 11/08/2011
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Dim 04 Sep 2011, 06:38 | |
| En faisant du rangement chez moi, j'ai retrouvé un très beau poème de Neruda, une "Ode à Valparaiso", extraite des Odes élémentaires ( Odas Elementales, 1954). Il dépeint dans un rythme effréné l'instabilité d'une ville exposée aux plus violents éléments, et qui pourtant fait face, bravement. Oda a Valparaíso
Valparaíso ¡qué disparate eres, qué loco, qué cabeza con cerros, puerto loco, desgreñada! No acabas de peinarte, nunca tuviste tiempo de vestirte, siempre te sorprendió la vida, te despertó la muerte en camisa, te agarró el terremoto, corriste enloquecido, te quebraste las uñas, se movieron las aguas y las piedras, las veredas, el mar, la noche; tú dormías en tierra, cansado de tus navegaciones, y la tierra, furiosa levantó su oleaje más tempetuoso que el vendaval marino ; el polvo te cubría los ojos, las llamas quemaban tus zapatos; las sólidas casas de los banqueros trepidaban como heridas ballenas mientras arriba las casas de los pobres saltaban al vacío como aves prisioneras que probando las alas se desploman. Pronto Valparaíso, marinero, te olvidas de las lágrimas, vuelves a colgar tus moradas, a pintar puertas verdes, ventanas amarillas, todo lo transformas en nave, eres la remendada proa de un pequeño, valeroso navío. En français : je préviens, c'est ma traduction alors ça risque de ne pas être parfait... - Spoiler:
Ode à Valparaiso
Valparaiso Quelle aberration es-tu, quel fou, comme ta tête, couronnée de collines, port fou, est échevelée ! Tu n'en finis pas de te coiffer jamais tu n'as eu le temps de t'habiller, toujours tu fus surpris par la vie, réveillé par la mort en chemise, te surprit le tremblement de terre, tu courus affolé, tu te cassa les ongles, les eaux et les pierres s'agitèrent, avec les chemins, la mer, la nuit ; tu dormais à terre, fatigué de tes navigations, et la terre furieuse leva sa houle plus tempétueuse que l'ouragan marin, la poussière te couvrait les yeux, les flammes brûlaient tes souliers ; les solides maisons des banquiers tremblaient comme des baleines blessées alors qu'en bas les maisons des pauvres sautaient dans le vide comme des oiseaux prisonniers qui essayant leurs ailes s'effondrent. Bientôt Valparaiso le marin, tu oublies tes larmes, de nouveau tu accroches tes maisons, tu repeins les portes en vert, les fenêtres en jaune, tout tu transformes tout en un vaisseau, tu es la proue raccommodée d'un petit, d'un courageux navire.
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| | | Layla Monroc pilier
Nombre de messages : 986 Age : 29 Date d'inscription : 15/01/2012
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Dim 22 Juil 2012, 16:43 | |
| J'ai connu Pablo Neruda grâce à la série How I met your Mother aha. Je compte bien acquérir un de ses recueils. | |
| | | Lliam7 pilier
Nombre de messages : 807 Age : 55 Localisation : Belgique Date d'inscription : 02/01/2012
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Ven 27 Juil 2012, 06:15 | |
| Bonne idée Layla, Neruda est, avec Baudelaire, Verhaeren et St John Perse, mon poète préféré. | |
| | | Diagonale pilier
Nombre de messages : 66 Date d'inscription : 23/08/2012
| Sujet: Pablo NERUDA [Chili] Ven 24 Aoû 2012, 12:44 | |
| Pablo Neruda (1904 - 1973), écrivain, poète, homme politique, diplomate, penseur chilien. J'ai lu son autobiographie publiée de façon posthume... Éblouissant ! Une grande poésie, une vie narrée sur des impressions, des sensations, des symboles qui se répètent tout au long de sa vie. J'ai particulièrement aimé le début, lorsqu'il décrit son enfance dans les montagnes, sous la pluie constante. La mélodie de la pluie qui a marqué toute son oeuvre. Un monde tout en couleurs, tout en harmonie. Il y a une véritable musique dans la prose. Une ambiance à part. De plus, je n'ai pas ressenti la prétention qu'il y a parfois dans des autobiographies... Le titre original de son autobiographie est "Confieso que he vivido", traduit en français par "Je confesse que j'ai vécu" (et non pas CE QUE j'ai vécu contrairement à ce que j'ai pu voir dans certaines éditions. Je conseille vivement ! | |
| | | Kurtyn pilier
Nombre de messages : 134 Age : 31 Date d'inscription : 21/08/2012
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Mar 28 Aoû 2012, 12:16 | |
| - Citation :
- Pour que tu m'entendes
Mes mots S'amenuisent parfois Comme les empreintes des mouettes sur la plage. (extrait de Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée) | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Mer 07 Nov 2012, 14:59 | |
| IV LOS LIBERTADORES
AQUÍ viene el árbol, el árbol de la tormenta, el árbol del pueblo. De la tierra suben sus héroes como las hojas por la savia, y el viento estrella los follajes de muchedumbre rumorosa, hasta que cae la semilla del pan otra vez a la tierra.
Aquí viene el árbol, el árbol nutrido por muertos desnudos, muertos azotados y heridos, muertos de rostros imposibles, empalados sobre una lanza, desmenuzados en la hoguera, decapitados por el hacha, descuartizados a caballo, crucificados en la iglesia.
Aquí viene el árbol, el árbol cuyas raíces están vivas, sacó salitre del martirio, sus raíces comieron sangre y extrajo lágrimas del suelo: las elevó por sus ramajes, las repartió en su arquitectura. Fueron flores invisibles, a veces, flores enterradas, otras veces iluminaron sus pétalos, como planetas.
Y el hombre recogió en las ramas las caracolas endurecidas, las entregó de mano en mano como magnolias o granadas y de pronto, abrieron la tierra, crecieron hasta las estrellas.
Éste es el árbol de los libres. El árbol tierra, el árbol nube, el árbol pan, el árbol flecha, el árbol puño, el árbol fuego. Lo ahoga el agua tormentosa de nuestra época nocturna, pero su mástil balancea el ruedo de su poderío.
Otras veces, de nuevo caen las ramas rotas por la cólera y una ceniza amenazante cubre su antigua majestad: así pasó desde otros tiempos, así salió de la agonía hasta que una mano secreta, unos brazos innumerables, el pueblo, guardó los fragmentos, escondió troncos invariables, y sus labios eran las hojas del inmenso árbol repartido, diseminado en todas partes, caminando con sus raíces. Éste es el árbol, el árbol del pueblo, de todos los pueblos de la libertad, de la lucha.
Asómate a su cabellera: toca sus rayos renovados: hunde la mano en las usinas donde su fruto palpitante propaga su luz cada día. Levanta esta tierra en tus manos, participa de este esplendor, toma tu pan y tu manzana, tu corazón y tu caballo y monta guardia en la frontera, en el límite de sus hojas.
Defiende el fin de sus corolas, comparte las noches hostiles, vigila el ciclo de la aurora, respira la altura estrellada, sosteniendo el árbol, el árbol que crece en medio de la tierra.
J'ai appris à connaître PABLO NERUDA en achetant le disque CANTO GENERAL sur une musique de MIKIS THEODORAKIS avec la voix soliste de MARIA FARANTURA Cela m'a tellement plu, que j'ai commencé à m'intéresser au reste de son oeuvre. Après mes études et 4 ans de cours d'espagnol, je pouvais le lire en v.o. Maintenant, 50 ans plus tard, j'ai beaucoup perdu en ce qui concerne la langue et je dois lire ses poèmes en français, mais ce n'est pas du tout la même chose! Dommage! | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Lun 08 Avr 2013, 07:56 | |
| [quote]
Amérique du Sud. De notre correspondant. Pablo Neruda, célèbre poète chilien, est-il mort d'un cancer ou a-t-il été assassiné par la dictature chilienne ? Après avoir enquêté sur la mort douteuse du président Salvador Allende, dont la thèse du suicide a finalement été confirmée en 2011, la justice chilienne poursuit son travail de mémoire. La dépouille de l'écrivain, enterrée à Isla Negra (Île Noire), village côtier où se trouve la maison-musée Neruda, est exhumée ce lundi par une équipe d'experts. Les doutes sur les circonstances du décès ont surgi du témoignage de Manuel Araya, ancien chauffeur et assistant du poète. Dans une interview, il assure que Pablo Neruda allait s'exiler au Mexique, suite au coup d'État militaire du 11 septembre 1973. Le poète aurait alors fait croire que son état de santé était grave afin d'être transporté en ambulance vers une clinique de la capitale Santiago, dans l'espoir de fuir. Officiellement, il meurt le 23 septembre, à 69 ans, d'un cancer de la prostate. Mais selon son collaborateur, les militaires se seraient glissés dans sa chambre d'hôpital et lui auraient injecté un liquide mortel dans l'estomac. Démentie par la fondation Neruda, cette version a trouvé écho auprès du Parti communiste chilien, dont fut membre le poète, qui a porté plainte en 2011. Un liquide mortel injecté ? Monument de la littérature latino-américaine, Pablo Neruda a entretenu une relation particulière avec la France. Diplomate et écrivain, comme Romain Gary, il a été Consul spécial pour l'immigration espagnole à Paris, en 1939. À ce titre, il affrète un bateau, le Winnipeg, pour aider 2 000 réfugiés Espagnols à fuir la guerre civile en ralliant le Chili. Puis il retourne en France, comme ambassadeur chilien à Paris, en 1970, après l'élection de son ami, le chef d'État socialiste Salvador Allende. Il y publie L'épée en flammes et Les pierres du ciel, deux livres qui reflètent bien sa plume incisive et sa conception de la solidarité. Il reçoit, en 1971, le Prix Nobel de la Littérature. « On dit que le roi (de Suède, ndlr) passa plus de temps avec moi qu'avec les autres lauréats, qu'il me serra la main avec une sympathie emphatique. C'est peut-être la réminiscence de la gentillesse antique du palais envers les ménestrels », écrit-il dans ses mémoires. En février 1973, il renonce à son poste d'Ambassadeur à Paris, pour des raisons de santé, et retourne dans sa maison d'Isla Negra...
Olivier UBERTALLI. correspondant de Ouest France au Chili | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Mar 09 Avr 2013, 04:39 | |
| clic ! la tombe de neruda près du pacifique. | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Mar 09 Avr 2013, 12:12 | |
| PABLO NERUDA ET SES AMIS
1. FREDERICO GARCIA LORCA
Pablo Neruda rencontre Garcia Lorca en 1933 venu diriger et créer au Chili sa tragédie « Noces de Sang » et une profonde amitié lie les deux poètes .
« Le crime a eu lieu à Grenade »
Au moment où j’écris ces lignes l’Espagne officielle célèbre l’insurrection au pouvoir depuis tant d’années- Tant d ‘années ! A Madrid le Caudillo or et bleu, entouré de la garde maure et flanqué de l’ambassadeur des Etats Unis et de ceux d’Angleterre et de plusieurs autres pays, passe les troupes en revue. Des groupes composés en majorité de garçons qui n’ont pas connu la guerre.
Eh bien, moi je l’ai connue ! Un million de morts ! Un million d’exilés ! On aurait pu croire que cette épine sanglante resterait à jamais plantée dans le souvenir de l’homme. Pourtant ces garçons qui défilent maintenant devant la garde maure ignorent peut-être la vérité sur cette terrible histoire.
Tout commença pour moi le soir du 19 juillet 1936. Un chilien sympathique et aventureux, Bobby Deglané, était imprésario de catch "as catch can" au cirque Prince de Madrid. Je lui avais exposé mes doutes au sujet de ce sport et de son sérieux, et il m’avait convaincu d’aller sur place, avec Garcia Lorca, vérifier l’authenticité du spectacle. Federico ayant accepté, nous avions décidé de nous retrouver à la porte du cirque à une heure convenue. Nous passerions un bon moment à regarder les truculences du Troglodyte Masqué, de l ‘étrangleur Abyssin et de l’ Orang- Outang Sinistre.
Federico ne vint pas au rendez-vous. Il avait pris le chemin de sa mort. Nous ne nous revîmes plus. Il avait rendez-vous avec d’autres étrangleurs. C’est ainsi que la guerre d’Espagne, qui allait transformer ma poésie, commença pour moi par la disparition d’un poète.
Et quel poète / Je n’ai jamais vu réuni comme en sa personne la grâce et le génie, le cœur ailé et la cascade cristalline. Federico Garcia Lorca était le farfadet dissipateur, la joie centrifuge qui recueillait dans son sein le bonheur de vivre et l’irradiait comme une planète. Ingénu et comédien, cosmique et provincial, musicien étonnant, mime parfait, ombrageux et superstitieux, rayonnant et bon garçon, il résumait en quelque sorte les âges de l’Espagne, la floraison populaire ; C’était un produit andalou-arabe qui illuminait et parfumait comme un buisson de jasmins la scène entière de cette Espagne hélas ! disparue.
…….
Federico Garcia Lorca n’a pas été fusillé ; on l’a assassiné. Naturellement, personne ne pouvait imaginer qu’on le tuerait un jour. De tous les poètes d’Espagne il était le plus aimé, le plus choyé et le plus enfant par sa merveilleuse allégresse. Qui aurait pu croire qu’il y aurait sur la terre, et sur sa terre, des monstres capables d’un forfait aussi inexplicable ?
L’incidence de ce crime fut pour moi la plus douloureuse d’une longue lutte. L’Espagne a toujours été un terrain de gladiateurs ; une terre trempée de sang. Les arènes, avec leur sacrifice et leur élégance cruelle, répètent, maquillé en farandole, le vieux combat mortel entre l’ombre et la lumière .
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| | | soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Mer 24 Juil 2013, 13:27 | |
| Vaguedivague, traduit de l’espagnol (Chili) par Guy Suarès, juin 2013, 186 pages Ecrivain(s): Pablo Neruda Edition: Gallimard Vaguedivague, Pablo Neruda On ne veut dire ici rien d’autre que l’exceptionnelle actualité de cette œuvre relativement peu connue de Pablo Neruda (peut-on dire du Canto General qu’il est connu – combien d’entre nous l’ont lu… en entier ?). C’est le premier sursaut qui vient après la lecture de Estravagario, Vaguedivague dans la traduction de Guy Soarès, une réédition en format de poche de l’édition de 1971. Soixante années après son écriture… il aurait pu être écrit l’année dernière. On se place sur le plan de l’écriture poétique. Tout texte questionne à sa mesure et ses propres forces les thèmes abordés : le fil tendu entre sujet et sujet, leurs liens, les enchevêtrements sont la première raison, une des premières, qui nous motive à lire (et (ou) à passer à l’acte d’écriture). Pablo Neruda écrit en je, variant registres et tonalités, mais sur des thèmes presque obsessionnels, en accordant au sujet un rôle capital, d’observateur, de témoin, d’acteur. La manière, l’extension, l’espace dans lesquels les thèmes du fragment d’œuvre qu’est un livre, ici un recueil de poésie, se développent, nous confirment si la tension de l’écriture du sujet par le sujet perdure à travers les décennies ou les continents. Les thématiques finalement assez resserrées assurent à ces divagations une cohérence presque obsessionnelle, entre le je et le texte, précisément, et une pertinence remarquable. C’est ce qu'on entendait par exceptionnelle actualité. L’Atlantique n’est rien pour lui, qu’une grande flaque ; l’avion, dès les années d’après-guerre, réduit toute distance entre le Chili et le reste du monde. Entre 1950 et 1958, l’année de publication deEstravagario, Pablo Neruda entreprend de nombreux voyages, surtout en Europe. Et plus tard également, jusqu’à sa profonde implication en politique chilienne à la fin des années 60, aboutissant à l’élection de Salvador Allende en 71 ; mais cette intense mobilité des années 50 s’accompagne d’écritures que je dirais fragmentées, courtes, à l’inspiration. On a le sentiment, en parcourant ses textes, dont on ignore la chronologie, qu’il les a rassemblés au bout de quelque temps par thèmes, précisément, car si la tonalité est proche, les mélodies varient considérablement, en contenu et développement. Toujours par monts et par vaux, entre deux capitales, d’un avion l’autre, comment ne pas imaginer des instants de nostalgie, des moments de vacances, pour expliquer autant de textes courts, une récurrence de thèmes autour de la terre, du lieu choisi, de la ville, de la maison natale ? Comment éviter alors de laisser monter des profondeurs les domaines joints, l’amour, la mort, le temps, l’immobilité et son contraire, à travers fantaisies, saynètes, allégories, souvenirs inventés ou vrais, transformés par l’écriture ? Pablo Neruda ne s’est jamais situé, durant cette période, comme exilé ; il revenait fréquemment au Chili, et notamment à sa maison de cœur de la Isla Negra. Il pouvait ainsi vérifier, ce qui me semble évident à la lecture, de la réalité tangible de la permanence de la terre, par exemple, de son rôle à la fois maternel et funéraire, et en même temps du rôle de l’Homme envers lui-même et ses semblables, le tout dans une langue simple, avec juste le bon dosage métaphorique pour tenir le lecteur en haleine. D’où la tonalité, encore, populaire du titre, très proche du bien connu estrafalario (extravagant, déjanté). Sans réduire le recueil à cela : dans cet apparent désordre traversé de lignes fortes, il y a l’humour, la désinvolture, l’ironie, l’amour et la détestation, la pitié, les regrets, leur absence également – c’est un vivant qui écrit, pas une entité poétique désincarnée. Alhama Garcia | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Pablo Neruda (Chili). Mer 24 Juil 2013, 13:43 | |
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