soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Luis Mizon (poète chilien) Lun 28 Jan 2013, 18:16 | |
| Ami de la poésie Il faut parfois laisser croître l'ombre de tes bras sur la terre dénudée pousser de la montagne une armure sans poids et cheminer de la nuit à l'aube du fond de la mer et de la nuit du fond de la nuit et de la ville
la lumière de la mer a écaillé les portes et les murs
la peinture des wagons les couleurs de la terre prochaine
La perspective montre Le voisinage de l'étonnement la céramique antique des coteaux les chemins mal tracés et par-delà le rire du semeur des mouettes et l'éclat des vagues d'obsidienne : la parole défaite et le geste fugace. Partout la ville alors se cache comme le blé du poème.
Il faut lever un candélabre parmi les stalactites ; marcher sous le feuillage en émoi des clochers illuminer le champs d'épandage d'où surgissent les béquilles du mendiant de la mer couvertes de coquillages tropicaux.
Et les chambres les escaliers les banques les cuisines les caves les dortoirs inondés où la lumière pourrit comme le vin.
Il faut monter aux mansardes tapissées de soleil pour écouter une voix ancienne de forêt et de houle qui tourne parmi les oiseaux
Et dormir dans la mémoire de la plage dans l'éloignement et le voisinage où le bateau échoué et la coquille rêvent les mêmes rêves sans images de l'algue calcinée et de l'étoile
Où est la voix le corps et l'ombre le visage et le sourire et les lèvres modelées par d'infimes secrets ? Et le bateau qui sombre le bateau qui sombra parmi les décombres du soleil antique algues de bronze vert et le vol des mouettes solennelles ?
Reconnaissables entre les wagons rouillés du faubourg ferroviaire dans les cours industrielles imbibées de pétrole dans les entrepôts des douanes parmi les chargements clandestins et les ancres tordues rongées par les coraux. Là où l'asphalte recouvrira les adieux où le dernier tremblement de terre rompit les degrés submergés.
Tu as souvent navigué dans ce navire démantelé à la dérive. Tu connais la coque de bois oscillante le mascaron au front fendu et le spectre des voiles aboyant dans le brouillard lorsque tu reviens chez toi du fond de la mer aveuglé par les vagues miraculeuses dans le désordre de la houle. Lorsque tu reviens en titubant les bras ouvert accrochés aux fils de la lune. Lorsque tu montes de la mer à ta maison à l'aube couvert d'étoiles de mer. ...
Luís Mizón est chilien de Valparaíso, la ville aux 44 collines où flotte le souvenir prégnant de Pablo Neruda. C'est un Chilien du Sud, de cette terre enchantée battue par les vents, celle de Coloane et de Sepúlveda. Exilé en France et retourné chez lui depuis, sa voix est habitée à la fois par l'océan et la ville, la nature grandiose offerte et les cataclysmes récurrents. C'est une poésie où le rêve transcende la réalité et fait surgir les sortilèges, une poésie de la mémoire fécondée. Avec Luís Mizón c'est toute la cosmogonie que chaque homme du Cône Sud porte en lui qui ressurgit devant nos yeux émerveillés.
Et sur le fond, Claude Couffon, le grand traducteur, dit très justement de lui dans la préface de "Poème du Sud" : "Mizón aime par tempérament le côté caché, l'aspect voilé, replié des choses. L'envers plutôt que l'endroit.(...) La poésie est pour lui une façon de lever délicatement les masques, d'interroger les labyrinthes creusés par les apparences, de deviner les signes muets et les appels étouffés, de pressentir la transcendance sous la banalité, de débusquer l'imaginaire derrière l'écorce rationnelle du réel." Extrait de "Terre prochaine" In "Poème du Sud"
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Luis Mizon (poète chilien) Mar 29 Jan 2013, 05:46 | |
| 278 p au Seuil. Si la poésie de Luis Mizon est généralement celle des grands espaces et de la richesse de l'image, 'Poèmes d'eau et de lumière' 40 p editions al Manar, se situe dans un registre plus intime. Cette suite de moments, d'images précises et délicates saisis par une poésie très libre, est réduite aux symboles essentiels : l'eau, la lumière et l'amourautre recueil L'oreiller d'argile 60 p chez Al manar. Marianne, tu ouvres une belle piste; merci ! | |
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