La laïcité devrait une fois pour toutes être comprise non comme un athéisme militant, une hostilité déclarée aux croyances religieuses, mais bien au contraire comme un devoir fait à l'État d'être le garant et le protecteur du libre exercice des croyances dans leur diversité, et également, cela doit être dit clairement, de la non croyance. Toute atteinte à ce libre exercice, toute pratique et tout discours de haine à son encontre devront être sanctionnés par la loi.
Une fois cette clarification faite et la vérité rétablie, la laïcité devient l'affaire de tous, croyants ou non, partageant l'aspiration à vivre ensemble en paix dans une société garantissant les mêmes droits et libertés à l'ensemble des citoyens, quelles que soient leurs confessions religieuses ou leurs convictions philosophiques. Elle pose logiquement, sans faux-fuyants, la question de la séparation du religieux et du politique, et donc celle de la nature même de l'État.
Une telle idée, présentée de façon démagogique comme une hérésie par ceux dont elle dérange la stratégie d'embrigadement de la société par une idéologie aux référents exclusivement religieux, n'est pas aussi hérétique qu'on le croit. Elle a connu en terre d'islam des concrétisations durables, en Turquie et en Tunisie par exemple. Elle a été défendue et illustrée, et continue à l'être, par des penseurs croyants qui ont démontré que la laïcité, à l'instar de la démocratie, n'est pas incompatible avec l'islam.
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