nicole Yrle, Eclats de vie

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Ame soeur

Elle voulait refouler cette invitation à fêter son trentième anniversaire ; pas moyen, même ses frères lui disaient : « tu ne peux pas faire ça aux parents ! »

Son caractère indépendant s’était révélé très tôt. Elle avait réussi dans sa carrière, vivait dans un joli appartement, où tout était de bon goût. Elle pouvait être contente, et pourtant !

Elle évitait tant que possible sa mère, qui lui reprochait toujours qu’elle n’ait pas un homme à ses côtés. [b]« Tu es encore belle, tu les fait fuir ? » Cet encore la dérangeait.
Depuis un certain temps sa solitude lui pesait. C’était peut-être après sa rencontre avec son amie Françoise qui l’attendait avec son mari et ses deux petits enfants. En voyant ce bonheur, sa vie à elle lui parut dérisoire, elle s’enfuit les larmes aux yeux. Etrangement, son beau logis ne lui disait plus rien, et elle essaya de s’étourdir avec des amis qui la trouvaient changée, et c’était faux ; dans son for intérieur, elle était déprimée.

Ce fut pendant le dîner de son anniversaire que l’idée s’est produite, elle a soufflé ses trente bougies, et son frère cadet Nicolas, entre rires et blagues, conseilla à Julien, l’aîné, et à elle, de s’inscrire à un site d’Internet pour rencontres. Les deux à l’unisson ont trouvé cela absurde. La mère approuvait en silence.

Avec Julien elle se sentait proche, lui aussi d’un caractère refermé sur lui-même, solitaire ; il l’intimidait un peu.
D’abord par curiosité, puis vraiment intéressée. C’était anonyme, avec le nom de Prunelle elle s’inscrivit. Son profil lui demanda une heure de travail : elle fut sincère et cherchait d’un homme la même sincérité. Serait-il possible que le bonheur arrive par cette voie ?
Elle risquerait sa chance, une déception ne la troublerait pas.

Quatre réponses arrivèrent. Elle écarta le joueur d’échecs, considérant que cela peut devenir une addiction ; un autre qui n’aimait pas voyager, tandis qu’elle aimait connaître d’autres horizons. Restaient deux encore aux qualités sans faille. Elle se décida pour celui qui se présentait sous le nom de Koala.

Elle fut surprise, des courriels attachants arrivaient, d’abord timidement, ce qu’elle trouvait gentil, il attendait ses réponses, ils commençaient à se connaître, ils partageaient les mêmes points de vue sur le monde ; ils n’envisageaient pas une vie sans enfants. Sans être particulièrement religieux, les valeurs éthiques tenaient une place dans leur vie : Julie ne pouvait se passer de ces messages quotidiens qui lui rendaient une joie de vivre. C’était surprenant, lectures, musique, concerts, tout les rapprochait !

Avec prudence, il lui demandait un rendez-vous, il attendrait qu’elle décide, mais il considérait qu’il était temps déjà.

Elle franchissait ce pas en ce moment.

Spoiler:

cette nouvelle était déroutante, belle, la chute inattendue, mais qui pouvait lui ressembler à ce point ?

Spoiler:

ma Nic, je suis encore plongée dans "oeuvres complètes" de René Char ! ta citation sous ton avatar, est incomplète, je viens de la trouver dans le chapitre fureurs et mystère ...
ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore tu n'avais pas mis la dernière partie !
J'aime aussi beaucoup il n'est pas digne du poète de mystifier l'agneau, d'investir sa laine

Merci, mes amies Mais s'il vous plaît, n'en racontez pas trop ! et surtout pas la fin, ne vendez pas la mèche !

Nestor a mis des passages en "caché"

Ysandre, ma citation de René Char n'est pas incomplète, j'ai choisi le "morceau", suivi d'un point, qui me convenait par son caractère généraliste. La suite est celle du combattant, du militant, elle est magnifique aussi mais... me convient moins bien en tout cas comme devise.

Départs

ts

Une femme épuisée par des années consacrées à prendre soin d’une famille, quatre garçons et un père insouciant de qui elle n’a jamais obtenu la moindre aide, décide de partir n’importe où, pour être libre. Entreprenant ce départ avec une idée sous- jacente dans son esprit.... qu’ils sachent maintenant combien elle leur manquera !
Trois années plus tard, elle revient à l’heure oú il n’y a personne et ce qu’elle voit l’immobilise et sera la raison de son deuxième départ.

Ce jour là

. Par tradition atavique aucun événement ne devait se produire le 5 avril.
Même son mariage avait dû être différé pour le 6 avril.
Archéologue de profession, dans ses moments perdus, il aimait fouiller dans de vieilles archives la géologie de ses ancêtres.
Il trouve, ce qui le surprend, que cette date, depuis des générations, avait été néfaste pour la famille.
Racontant cette trouvaille à son père, celui-ci cherche à le détourner de ces recherches, qui pour lui sont passionnantes.
Le jour arrivera où son père, pris de chagrin osera lui dire la vérité, et pourquoi ses parents lui ont mis le nom Noël.

Perenne

Une femme est surprise de recevoir plusieurs mails de son mari qui n’est plus avec elle, il y a du temps déjà. Dans l’intervalle du jeudi 23 Juillet jusqu’au jeudi15 octobre, cet homme veut se racheter des ennuis qu’elle a subis à cause de sa conduite.
Il l’aime, il l’a toujours aimée, on ne le dit jamais assez !! Maintenant qu’il doit partir il lui répète que jamais il ne l’aurait fait de sa propre volonté, il aimerait être auprès d’elle, il l’a rassure, c’est qu’il ne peut plus différer son départ.
Tous ces mails regorgent de regrets et d’amour.

Chaque message finit par les mêmes mots, si poignants. « Ferme les yeux, je t’embrasse » Elle commence à le pardonner ; Elle aussi l’a aimé, et elle a toujours été fidèle.

Les messages deviennent plus en plus pathétiques, il livre son coeur, il veut qu’elle se souvienne de lui, maintenant qu’il sera parti, sans encore savoir le jour exact.
Le sujet de leur fils revient à la surface, et les deux se considèrent coupables."
"On ne parle jamais assez"

Jeudi 15 octobre : Dernier mot
Mon aimée, c’est fini. Je ne peux plus écrire, c’est devenu trop dur.
[i]Souviens-toi, nous regardions ensemble les flamants roses sur l’étang.
Quand tu me liras, ils seront partis sous d’autres cieux et moi…
À toujours. Je t’aime…


[]

Spoiler:

[b]/b]



Elle prend son train habituel, pour ce trajet d’une heure et demie.
Elle en profite pour lire et depuis un temps écrire des Haïkus. Elle a des idées mais les coucher sur le papier n’est pas si simple. Elle improvise un, déçue !! Dans le wagon presque vide seul un jeune homme est assis en dessinant, il ne lui jette le moindre regard. Serait-ce la pluie sur la campagne, sur les vitres où les grosses gouttes ruissellent, ce qui l’inspire ? Les haïkus se succèdent l’un après l’autre. Elle se lève un moment pour aller aux toilettes, laissant son block avec ses poèmes sur son siège. Elle se sent un peu dépitée par l’indifférence de ce garçon à son égard. Elle est jolie et habituée aux yeux admiratifs.
Quand elle retourne, le wagon est vide, aucune trace de sa présence,
ni de ses affaires, où est-il descendu ?
Elle reprend son siège et une forte émotion la saisit, lui sans mot dire lui a laissé un cadeau si précieux qu’elle gardera pour elle seule.

[b]/b]

La rencontre inattendue d’un professeur avec l’un de ses élèves préférés après la guerre. Cette guerre implacable l’avait laissé orphelin. Un enfant qui avait porté l’étoile jaune. Il vivait sous les toits d’une mansarde où la lucarne lui envoyait tout le ciel. Malgré sa pauvreté il résiste, vivant le présent .C’est seulement au café du coin que sa force faiblit.
.

[b]b]

Une charmante histoire, qui s’approche de la science fiction un lourd livre « Histoires pour Demain » qui deviendra cent ans plus tard. «Histoires d’Hier »

Mon avis sur Ëclats de Vie


Ce recueil de petites nouvelles de Nicole Yrle, est précieux et inoubliable.
Le reflet fidèle et changeant de la vie avec tout ce qu’elle contient d’universel. Ses histoires nous charment, vont droit au coeur. Elle réussit à faire entrer le lecteur dans la vie des personnages, un bout de vie de chacun.
Les rencontres, le hasard, ce qu’on dit, ce qu’on n’ose pas dire, les déceptions, le suspense, les rêves aussi.
Sous le charme de sa plume, Nicole nous offre une lecture qui touche, qui
nous trouble parfois et qu’on désire relire.

Pour Nicole Yrle ma « Gratitude »

J'ai eu un petit aperçu des nouvelles de Nicole. C'est notre réalité actuelle racontée avec les mots justes, les mots qui touchent, les mots qui dénoncent ! "Dans la gueule du loup" par exemple, c'est l'être humain bafoué mis en scène avec pudeur. Les mots frappent là où il faut, les mots racontent cette histoire d'un jeune Afghan qui aimerait s'en sortir et seulement Vivre libre ... Evidemment, cela ne peut que nous toucher, nous émouvoir, nous interpeller !

Merci encore à toi chère douce Nicole ! Je suis toujours émue de te lire, toujours honorée de te trouver dans ce forum !  

Pour mémoire :

"Il avait froid; A trois mètres de lui, autour d'un maigre feu, trois hommes se tenaient debout et le regardaient. Il se dressa d'une pièce et chercha des yeux sa valise. Disparue ! L'un des hommes éclata de rire et, s'écartant un peu, laissa voir le précieux bagage.
" Afghan ? interrogea-t-il. Faudra apprendre à veiller sur tes affaires, ici ! "

Pour Aroundhati: Chère amie, moi aussi j'ai été touchée par ces petites nouvelles, de vrais bijoux, inoubliables. Une histoire différente chaque fois, mais l'émotion est la même, des éclats de vie,  qui répondent bien au début du livre"" la vie est un livre suffisant"( Max Jacob)
Moi aussi et je le répète souvent je me sens honorée de son amitié et de  qu'elle soit sur GDS*

chère douce Nicole , dit Arun
oui, c'est vrai qu'elle est douce, ma Doucette ! 

   

Ysandre, un coeur reconnait la douceur d'un autre,et la sensiblité de Nicole nous émue. Je ne saurais dire quelle nouvelle est meilleure,car toutes sont nuancées de l'éclat éblouissant de sa plume.
Merci toujours:merci: 

pour Ysandre: me voilà avec une FAUTE, un Zero pour mon Français, je devais écrire, nous émeut et non nous émue!!!
excuses:hesit: 

Amadak a écrit:

pour Ysandre: me voilà avec une FAUTE, un Zero pour mon Français, je devais écrire, nous émeut et non nous émue!!!
excuses:hesit: 

Tu es pardonnée, c'est l'émotion... tu étais trop émue ! Tu vois, je réponds à la place d'Ysandre

Merci, Nicyrle, toujours généreuse avec cette lectrice qui fait de telles fautes

oh ! ma Lointaine, tu peux te permettre ce genre d'erreur. Quand on s'exprime aussi bien que toi dans une langue étrangère, on est d'office pardonné !  

Pour Ysandre, je viens de voir ton généreux compliment, merci!!
J'ai répondu à ton excellent compte-rendu de Michèle Lesbre:merci: