La Fontaine de Bakchisarai (épilogue)
Pouchkine,
Quittant le Nord, laissant des fêtes,
Me trouvant à Bakchisarai,
J'entrai dans les salles muettes
Et dans les jardins du sérail.
J'errai là même où le Tartare,
Fléau des peuples, odieux,
Jouissait de délices rares
Après des combats furieux.
La volupté sommeille enclose
En ce palais, en ces jardins,
Parmi les clairs jets d'eau, les roses,
Les ceps alourdis de raisins.
L'or brille aux murs en abondance;
Derrière ces barreaux d'antan
les épouses dans leur printemps
Souvent soupiraient en silence...
Où sont les Khans et leurs harems ?
Tout semble triste et calme ici.
Je vois un fantôme imprécis,
Qu'évoquent le parfum des roses
Et le murmure des jets d'eau,
Seul un fantôme à moi s'impose,
Glissant dans cet eldorado...
Hélas! quelle est cette ombre pâle
Qui devant moi passe à l'instant,
Belle, irrésistible, fatale ...
Est-ce ton esprit rayonnant,
O Marie ? Est-ce toi, Zarème,
Ardente et jalouse à l'extrème,
Et qui dans ce lieu fascinant
Fut mise à mort en châtiment ?