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 Camus, l'Etranger

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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 18 Mar 2009, 18:15

Le style dépouillé provient aussi de l'emploi du passé composé. Pas de style élevé ni recherché, pas de variations dans les temps des verbes, pour montrer stylistiquement le caractère lancinant et monotone de la vie de Meursault.
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jude
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jude


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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 18 Mar 2009, 19:13

Tu verras la conclusion par toi-même, mais n'oublie pas que le propos de Camus c'est la passivité et l'absurdité de la destinée de Meursault..
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rotko
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 18 Mar 2009, 19:13

Katitsya a écrit:

Je me demande si on va savoir par la suite pourquoi une si grande neutralité face au décès de sa mère, s'il s'est passé quelque chose entre eux qui fait qu'aucune tristesse n'émane de Meursault..

je doute Wink le premier titre de l'étranger était l'indifférent
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyVen 20 Mar 2009, 18:16

Et à voir aussi l'onomastique sur le nom propre : Meursault = meurt sot. Rien n'est donné comme solution ou comme issue, il ne faut rien attendre.
Il faut prêter attention à l'histoire du tchécoslovaque : c'est une mise en abyme qui fait écho à la vie de Meursault lui-même, par son absurdité. D'ailleurs, M. est fasciné par cette histoire, il la lit une cinquantaine de fois je crois.
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptySam 21 Mar 2009, 11:12

J'ai moi même relu plusieurs fois l'histoire en Tchécoslovaquie, celle ci m'a d'ailleurs quelque peu tracassée scratch

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009, 15:06

rotko a écrit:
Katitsya a écrit:

Je me demande si on va savoir par la suite pourquoi une si grande neutralité face au décès de sa mère, s'il s'est passé quelque chose entre eux qui fait qu'aucune tristesse n'émane de Meursault..

je doute Wink le premier titre de l'étranger était l'indifférent
Cela a été dit... et contesté car on n'en trouve pas la moindre trace dans les Carnets ni même sur le manuscrit qui pourtant offre une liste de titres possibles. Camus a apporté des précisions sur son personnage. Dans une préface à une édition américaine il a écrit :
"Le héros du livre est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu. La réponse est simple : il refuse de mentir. Mentir ce n'est pas seulement dire ce qui n'est pas. C'est aussi, c'est surtout dire plus que ce qui est et, en ce qui concerne le cœur humain, dire plus qu'on ne sent. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c'est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. [...]Meursault pour moi n'est [...] pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres."
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009, 16:30

Oui, bien sûr. Et en ce sens, il correspond aussi à l'absurde. Et il me semble que c'était là le sens de ce personnage...donc qu'il serait une erreur de lui prêter des raisons d'agir et d'être qui correspondraient à un fonctionnement "réaliste" (selon la définition du XIXème siècle), vu qu'il a plutôt une portée symbolique.
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009, 17:52

"Meursault est un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres. Loin qu'il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace, l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité. Il existe comme une pierre ou la mer ou le vent, sous le soleil, qui, eux, ne mentent jamais. "
C'est encore Camus lui-même que je cite. Il faut, disait-il, lire dans ce roman l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Il ajoutait avoir essayé de figurer en Meursault "le seul Christ que nous méritions".
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009, 19:04

Que voulez-vous dire par "il refuse de mentir" ? Et c'est vrai qu'à un moment il me semble, vers la fin du livre, que Meursault dit lui même qu'il n'a pas su mentir...
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009, 22:22

Katitsya a écrit:
Que voulez-vous dire par "il refuse de mentir" ? Et c'est vrai qu'à un moment il me semble, vers la fin du livre, que Meursault dit lui même qu'il n'a pas su mentir...

Plusieurs passages du livre illustrent cette idée. Ainsi, lorsque son avocat vient l’interroger, Meursault lui explique que le jour où sa mère a été enterrée, il était fatigué et avait sommeil. Pour cette raison il ne s’est rendu compte de rien. Sa seule certitude c’est qu’il aurait préféré que sa mère ne mourût pas. Quand l’avocat lui demande ensuite si on peut dire que ce jour-là, il a dominé ses sentiments naturels, Meursault répond « Non, parce que c’est faux. » Tout est là : non seulement M. ne veut pas mentir mais il ne veut pas non plus dire plus que ce qui est, comme on le fait souvent pour simplifier la vie et les relations avec autrui. L’avocat ne comprend pas et devient hostile. « Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort. Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu. » explique Camus.
Plus loin, dans le livre, quand on demande à Meursault s’il regrette son crime, il ne fait pas la réponse attendue, la réponse convenue. Il dit que « plutôt que du regret véritable, [il] éprouvai[t] un certain ennui ». Dans ces conditions, il ne peut être que condamné.Mais on peut affirmer que jusqu’au bout, il reste épris d’absolu et de vérité, « la vérité d'être et de sentir, mais sans laquelle nulle conquête sur soi et sur le monde ne sera jamais possible."
L’étranger est un livre difficile, d’une extrême richesse. Il représente aussi une étape dans la réflexion de l'auteur. J’ai toujours trouvé magistrale la satire de la justice dans la seconde partie et la fin est extraordinaire.
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyLun 03 Aoû 2009, 12:35

J'ai lu récemment l'Etranger. Bon je suis rentré direct dans l'histoire on va dire qui a provoquer pas mal d'interrogation d'ailleurs...j'espére que vous allez m'éclairer...

Tout d'abord j'ai trouvé que le style de camus ressemblait pas mal à kafka dans le procés etc...

N'y a t-il pas quelque chose de paradoxal chez meursault, il est incapable d'éprouver un sentiment, il est indifférent à toute chose, pourtant c'est à lui que se confie le voisin, c'est à lui que Raymond demande de l'aide pour la lettre etc....pourquoi?

Je n'ai pas pu résister à l'idée que meursault aurait tué cet homme parce qu'il est arabe du moins ca aurait été un facteur déclencheur. Camus ne séme t-il pas le doute?!

Aprés pour le procés, pourquoi ne pas faire intervenir le patron?Toutes les incohérences lors du procés ne sont-elles pas un moyen de critiquer la justice.

De plus le fait qu'on ne juge pas uniquement Meursault pour le meurtre de l'Arabe mais aussi pour le meurtre moral de sa mère et le parricide, tout ça n'est-il pas pour montrer que la justice est dépassée par les sentiments et manque d'objectivité, une critique qui peut s'avérer aujourd'hui quand on voit les procés exemplaires se multiplier, on ne juge plus pour un crime mais pour bien d'autres choses....

De plus je pense pas que Meursault ne sache pas mentir, c'est tout simplement une impossibilité de se défendre, donc donner un sens à ses actes, qui dépasse le mensonge.

Voilà peut-être quelques remarques naives mais j'espère avoir quelques réponses! Wink
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyLun 03 Aoû 2009, 18:05

badin a écrit:
J'ai lu récemment l'Etranger. Bon je suis rentré direct dans l'histoire on va dire qui a provoquer pas mal d'interrogation d'ailleurs...j'espére que vous allez m'éclairer...

Tout d'abord j'ai trouvé que le style de camus ressemblait pas mal à kafka dans le procés etc...

N'y a t-il pas quelque chose de paradoxal chez meursault, il est incapable d'éprouver un sentiment, il est indifférent à toute chose, pourtant c'est à lui que se confie le voisin, c'est à lui que Raymond demande de l'aide pour la lettre etc....pourquoi?


Je vais m'efforcer de vous répondre, au moins en partie Wink

D'abord, il me paraît difficile de rapprocher le style de Camus de celui de Kafka, en tout cas, je ne m’y risquerai pas, n’ayant lu Kafka qu’en traduction. En revanche, la 2ème partie de L’étranger fait forcément penser au Procès. Mais il faut se rappeler que Camus lui-même a dit qu’il avait hésité à développer ce thème justement à cause de Kafka et que finalement, il s’y était risqué parce que ses personnages quotidiens et individualisés (je crois que ce sont ses termes) s’écartaient des symboles de Kafka. Je comprends bien son argumentation car Camus a été chroniqueur judiciaire et s’est clairement servi de sa propre expérience, s’éloignant donc du procès mythique à la Kafka.

D’autre part, ce que vous trouvez paradoxal ne l’est peut-être pas tant que ça ! Si d’autres se confient, c’est sans doute qu’ils sentent en lui une qualité d’écoute ; cela rejoint le fait que Meursault, s’il paraît indifférent n’en est pas pour autant dépourvu de sensibilité et a « la passion de l’absolu et de la vérité » pour reprendre une expression de Camus. Les personnages simples qui gravitent autour de lui le perçoivent d’instinct et sont naturellement amenés à parler sans détours. Je trouve cet aspect finement analysé par Camus mais, comme il fait toujours, juste au passage, par petites touches et à travers de brefs épisodes révélateurs comme celui de Raymond.

Ces premières réflexions vous paraissent-elles éclairantes ? !
A bientôt pour la suite de ce que je pourrais vous dire, si vous le souhaitez bien sûr ! Pour ma part, j'aime tant Camus que ce sera un plaisir...
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 25 Nov 2009, 22:52

Red Lanar[b] a écrit:
[color=darkblue]Moi je suis sidéré de comment l'Homme révolté de Camus est resté à l'écart des louanges.
C'est pour moi l'oeuvre majeure.

L'étranger n'étant qu'un petit jet littéraire, qui ne casse pas des briques non plus.


Il y a longtemps maintenant que L'homme révolté est reconnu comme un essai majeur, incontournable si on veut vraiment appréhender la pensée de Camus.

Quant à voir dans L'étranger un "petit jet littéraire qui ne casse pas des briques" voilà qui me paraît pour le moins surprenant. Il faut aller au-delà de l'apparente simplicité du roman et peser pratiquement chaque mot, sinon on passe à côté de quelque chose d'essentiel.
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyJeu 26 Nov 2009, 10:39

Je t'approuve, Nicyrle...
Et comme je me méfie plus que tout des formules à l'emporte-pièce, tu ne risques pas de me convaindre, Red Lanar Razz (sans compter que j'ai adoré l'étranger).
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMar 27 Avr 2010, 14:26

De Camus je n'avais lu que la Peste. A deux reprises.
J'ai eu envie d'en lire un second et je me suis plongé dans l'Etranger. Je n'ai pas pris le temps de lire les 11 pages qui ont été écrites sur Camus. J'ai picoré ici et là des infos, des impressions... Rotko avoue avoir été mal à l'aise et je le rejoins un peu. Meursault est un homme déroutant : un dilettante qui se contente d'être le spectateur de sa vie. Il la considère comme on considère la vie des autres : il s'y penche avec une certaine curiosité mais sans un réel intérêt. Il analyse froidement, de façon impartiale des faits qui le touchent directement mais dont les causes et plus encore les conséquences ne l'intéressent pas.

Meursault se moque de tout. Son indolence me fait un peu penser à l'horloger d'Everton. Il ne n'attache aucune importance aux choses et s'abîme, dans les instants graves (l'enterrement de sa mère, son procès), dans une contemplation simple et ne remarque que des détails sans importance, futiles.
Sa narration est laconique, sans débordement de joie, sans cris, sans pleurs. Sans émotion. Comme s'il contait la vie d'un autre qu'il n'avait pas connu ni particulièrement apprécié. La vie d'un étranger (d'où le titre, j'imagine). Le décès de sa mère est un aléa dans sa vie. Un aléa qui lui a valu une remarque de son chef. Mais il continue de bien travailler. Il accepte de rédiger une lettre odieuse pour le compte d'un autre sans penser à s'offusquer d'une telle proposition. Il n'y pense d'ailleurs pas. Vivre à Alger ou à Paris, qu'importe ? Son patron remarque qu'il répond toujours à côté : il ne semble pas comprendre. Lors du crime, la première balle est tirée sans qu'il le veuille vraiment. Les 4 autres sans qu'il y pense réellement. Lors du procès, il est distrait et n'écoute pas les plaidoiries qu'il trouve longues... pour regretter ensuite son inattention avec cette remarque : "On devrait porter plus d'attention à ces choses là. Ca peut servir" (je cite de mémoire).

Une seule fois, il veut réagir : à son procès, il aimerait prendre la parole mais son avocat l'en empêche et lui demande de se taire. Ca m'a fait sourire.

Un livre que j'ai apprécié mais qui me laisse un tout de même un goût amer dans la bouche. Une telle apathie, un tel renoncement m'est incompréhensible. Absurde...
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMar 27 Avr 2010, 16:49

Harelde78 a écrit:
De Camus je n'avais lu que la Peste. A deux reprises.
J'ai eu envie d'en lire un second et je me suis plongé dans l'Etranger. Je n'ai pas pris le temps de lire les 11 pages qui ont été écrites sur Camus. J'ai picoré ici et là des infos, des impressions... Rotko avoue avoir été mal à l'aise et je le rejoins un peu. Meursault est un homme déroutant : un dilettante qui se contente d'être le spectateur de sa vie. Il la considère comme on considère la vie des autres : il s'y penche avec une certaine curiosité mais sans un réel intérêt. Il analyse froidement, de façon impartiale des faits qui le touchent directement mais dont les causes et plus encore les conséquences ne l'intéressent pas.

Meursault se moque de tout. Son indolence me fait un peu penser à l'horloger d'Everton. Il ne n'attache aucune importance aux choses et s'abîme, dans les instants graves (l'enterrement de sa mère, son procès), dans une contemplation simple et ne remarque que des détails sans importance, futiles.
Sa narration est laconique, sans débordement de joie, sans cris, sans pleurs. Sans émotion. Comme s'il contait la vie d'un autre qu'il n'avait pas connu ni particulièrement apprécié. La vie d'un étranger (d'où le titre, j'imagine). Le décès de sa mère est un aléa dans sa vie. Un aléa qui lui a valu une remarque de son chef. Mais il continue de bien travailler. Il accepte de rédiger une lettre odieuse pour le compte d'un autre sans penser à s'offusquer d'une telle proposition. Il n'y pense d'ailleurs pas. Vivre à Alger ou à Paris, qu'importe ? Son patron remarque qu'il répond toujours à côté : il ne semble pas comprendre. Lors du crime, la première balle est tirée sans qu'il le veuille vraiment. Les 4 autres sans qu'il y pense réellement. Lors du procès, il est distrait et n'écoute pas les plaidoiries qu'il trouve longues... pour regretter ensuite son inattention avec cette remarque : "On devrait porter plus d'attention à ces choses là. Ca peut servir" (je cite de mémoire).

Une seule fois, il veut réagir : à son procès, il aimerait prendre la parole mais son avocat l'en empêche et lui demande de se taire. Ca m'a fait sourire.

Un livre que j'ai apprécié mais qui me laisse un tout de même un goût amer dans la bouche. Une telle apathie, un tel renoncement m'est incompréhensible. Absurde...
Meursault, un homme déroutant sûrement mais je ne crois pas qu’on puisse le qualifier de dilettante ni qu’on puisse dire qu’il se moque de tout. Il a une « passion profonde […] la passion de l’absolu et de la vérité », les mots sont de Camus lui-même. Il refuse de mentir, i.e. non seulement de dire ce qui n’est pas mais aussi de dire plus que ce qui est. Son procès est une comédie convenue (se rappeler que Camus a été chroniqueur judiciaire), il semble s’en désintéresser, en fait il ne veut pas jouer le jeu d’une société à laquelle il est « étranger » ; du coup sa condamnation à mort est inéluctable et il le sait d’où la beauté et la symbolique des dernières pages.

Je devrais m’arrêter Wink car, plus haut sur ce fil, j’ai déjà tenté de développer un peu ces aspects du livre en m’appuyant sur des citations de Camus expliquant ses intentions et son personnage.
Encore un mot à propos de l’enterrement de sa mère : là aussi la scène est très significative et mérite d’être lue ou relue avec attention : plus tard, Meursault répond à son avocat que ce jour-là il était fatigué, il avait sommeil (il a quasiment un « coup de chaud » !) et que, pour cette raison, il ne s’est rendu compte de rien. Il ne veut pas mentir, ni faire semblant, il dit ce qui est et précise qu’il aurait préféré qu’elle ne mourût pas. L’avocat voudrait lui faire dire qu’il a dominé ses sentiments naturels mais il refuse parce que « c’est faux ».
Il faudrait aussi reparler de la scène du meurtre, du rôle du soleil, s'intéresser également à la façon dont il est perçu par des gens simples dans la première partie du livre...
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 28 Avr 2010, 07:15

nicyrle a écrit:
Meursault, un homme déroutant sûrement mais je ne crois pas qu’on puisse le qualifier de dilettante ni qu’on puisse dire qu’il se moque de tout. Il a une « passion profonde […] la passion de l’absolu et de la vérité », les mots sont de Camus lui-même. Il refuse de mentir, i.e. non seulement de dire ce qui n’est pas mais aussi de dire plus que ce qui est. Son procès est une comédie convenue (se rappeler que Camus a été chroniqueur judiciaire), il semble s’en désintéresser, en fait il ne veut pas jouer le jeu d’une société à laquelle il est « étranger » ; du coup sa condamnation à mort est inéluctable et il le sait d’où la beauté et la symbolique des dernières pages.
Je n'avais pas vu sa franchise sous ce jour.
Pour moi Meursault est étranger au monde dans lequel il évolue. Je le pense même étranger à sa propre vie qu'il regarde de haut sans vraiment se sentir concerné par les évènements qu'il croise sur sa route. Il semble n'y attacher aucune importance. Et dans ce cas, pourquoi mentir ? En général, un mensonge est inventé par intérêt, par peur de la vérité, de la sanction. Mais Meursault est au-dessus de tout cela. La vérité ou le mensonge ont pour lui le même coût.

Sauf que la vérité est plus simple. Quand un mensonge est fait, il faut s'en souvenir et poursuivre dans cette nouvelle voie, faisant par là même coexister deux réalités : la vraie connue de lui seul et celle officielle qu'il s'est inventé et a servi à son entourage. Je crois que Meursault refuserait de se compliquer de la sorte une existence qu'il désire paisible, sans heurt.
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 28 Avr 2010, 09:08

Le Meursault de la fin ne serait pas le Meursault du début...
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 28 Avr 2010, 09:24

rotko a écrit:
Le Meursault de la fin ne serait pas le Meursault du début...
Pourquoi dis-tu ça ?
Parce que son crime lui complique singulièrement la vie ?
Je ne suis pas sûr que ce soit le cas. Sa vie ne me paraît pas plus compliquée. Elle est différente de celle qui semblait tracée devant lui. Mais son déni est tel que son procès ou sa routine habituelle ne change finalement rien.
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 28 Avr 2010, 21:35

rotko a écrit:
Le Meursault de la fin ne serait pas le Meursault du début...
Oui et non à la fois !
Au début, Meursault vit dans la routine ; il est détaché du monde, indifférent à ce qui l’entoure. A défaut de sentiments, il éprouve des sensations fortes, souvent liées aux éléments naturels (l’eau, le soleil). Les règles sociales lui sont étrangères. Il vit dans un monde bâti sur des conventions et surtout absurde mais il n’en a pas conscience.
Pendant son procès, il découvre que la vie n’a pas de sens, il entrevoit l’absurdité du monde dans lequel vivent les hommes, tous condamnés à mourir comme lui. Il progresse dans la lucidité. Il passe par l’étape de la révolte en refusant la religion.
« Je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. » Cette très belle phrase est essentielle, elle montre que Meursault a compris : sa vie n’a aucun sens et cette certitude face au silence indifférent du monde lui apporte paradoxalement le bonheur.
A la fin du roman, dans la toute dernière page, Meursault est toujours dans l’absurde (comme au début) mais maintenant il en a une pleine conscience et il meurt heureux, parvenu à une certaine communion avec les autres hommes (il souhaite la foule autour de lui).
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyJeu 29 Avr 2010, 07:46

Harelde78 a écrit:
Merci Nicyrle pour cette mise au point qui m'éclaire un peu plus sur ce personnage.
chapeau
Tout le plaisir est pour moi. kado
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMar 04 Mai 2010, 17:45

j'avoue avoir été sérieusement perturbé par la personnage envers qui je n'ai, étrangement peut être, pas réussi à me positionner. je n'ai même pas réussi à le blamer pour son meutre. J'ai été un peu trop pris dans ce personnage sûrement.

Ce suspend, que ça soit par peur du mauvais choix ou par réelle absence de réaction, qui est combiné avec ces petites touches de sentiments qui, par contraste explosent à l'esprit.

(Le moment où il comprend sa mère qui, à la fin de sa vie a prit un " fiancé" est pour moi, un exemple poignant de l'humanité de ce personnage.)

Logique, presque froid en apparence, il ma emmené sur une sorte de ligne droite, à l'extrême limite entre le personnage froid et le personnage sensible. dans une sorte d'esprit simple et énormément complexe à la fois.

Je crois que la fin est, quant à elle l'une des plus belles choses que j'ai lues.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMar 04 Mai 2010, 22:53

Nathaniell a écrit:
j'avoue avoir été sérieusement perturbé par la personnage envers qui je n'ai, étrangement peut être, pas réussi à me positionner. je n'ai même pas réussi à le blamer pour son meutre. J'ai été un peu trop pris dans ce personnage sûrement.

Ce suspend, que ça soit par peur du mauvais choix ou par réelle absence de réaction, qui est combiné avec ces petites touches de sentiments qui, par contraste explosent à l'esprit.

(Le moment où il comprend sa mère qui, à la fin de sa vie a prit un " fiancé" est pour moi, un exemple poignant de l'humanité de ce personnage.)

Logique, presque froid en apparence, il ma emmené sur une sorte de ligne droite, à l'extrême limite entre le personnage froid et le personnage sensible. dans une sorte d'esprit simple et énormément complexe à la fois.

Je crois que la fin est, quant à elle l'une des plus belles choses que j'ai lues.
Spoiler:
C'est beau, bouleversant et très révélateur à la fois du personnage et de l'auteur.
J'adore Camus (tout le monde l'aura compris !) et ce commentaire me fait vraiment plaisir.
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 05 Mai 2010, 18:37

et bien, hum, content d'avoir fait plaisir Smile
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MessageSujet: Re: Camus, l'Etranger   Camus, l'Etranger - Page 2 EmptyMer 19 Oct 2011, 16:11

Je viens de finir L'étranger, que j'avoue avoir laissé tomber à l'âge de 17 ans.
Certes, il faut vivre un peu pour en saisir la grandeur.

Je vous donne à brûle-pourpoint mes impressions, sans avoir pris la peine de lire les 12 pages de commentaires.

Pour moi, l'étranger n'est pas tant indifférent à la vie qu'à la société, solidement basée sur une morale (on pleure ses morts) et sur une solution existentielle toute faite (clef en main, pourrais-je dire avec une certaine malignité) : Dieu.

Mais cet homme est profondément épris de la vie, que Camus définit laconiquement à la fin : "la tendre indifférence du monde".

Qui n'a pas été saisi par les allusions innombrables au ciel, aux couleurs, aux moments de bonheur (en gros, ceux passés avec Marie, l'amour) ou même à la fraternité avec les diverses relations du héros.

Cet homme n'est ni bon, ni mauvais, mais n'entre pas dans la norme et effectivement, tue, comme ça. Un "trop plein solaire" et le voilà vidant son chargeur sur un homme désarmé. Y voir du racisme ? Cela me paraît totalement hors sujet.

Dans son esprit, son geste est un parmi d'autres. On sent une telle distance entre lui et les événements.

Je ne sais même pas dire si le geste de tuer est absurde. Gratuit, oui. Préparé, non. Il s'inscrit dans la suite d'expériences personnelles de Meursault qui ne juge pas les êtres et fréquente aussi bien les purs (comme Marie) que les truands (comme Raymond).

Il est ensommeillé perpétuellement, mais ne vit pas moins intensément les situations. Y compris la mort de sa mère, l'attente près du corps, etc. La métaphore omniprésente de la chaleur en témoigne.

La réponse à l'absurde est contenue dans les toutes dernières pages, que j'ai particulièrement appréciées : l'attaque en règle contre l'aumônier qui représente une réponse métaphysique toute faite.

"Il n'était même pas sûr d'être en vie puisqu'il vivait comme un mort. Moi, j'avais l'air d'avoir les mains vides. Mais j'étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir"

"C'était comme si j'avais attendu pendant tout le temps cette minute et cette petite aube où je serais justifié".

"Du fond de mon avenir, pendant toute cette vie absurde que j'avais menée, un souffle obscur remontait vers moi à travers des années qui n'étaient pas encore venues et ce souffle égalisait sur son passage tout ce qu'on me proposait alors dans les années pas plus réelles que je vivais."




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