La joie en herbe est un roman de Claude (femme) Vincent .
210 p. chez Anne Carrière.
Comme je ne l'ai pas vue dans l'index des écrivains et n'ai pas remarqué de commentaires, j'ai pensé que ce livre pourrait vous plaire. Comme j'ai de la suite dans les idées, il n'y est pas question de chats, mais d'un chien.
Un couple septuagénaire aisé décide d'acheter, dans un village ardéchois, une grande maison inhabitée depuis pas mal de temps et que les autochtones appellent "le château". Lorsqu''ils la visitent, Florence demande à son mari (le narrateur dont on ne connaîtra jamais le prénom) "Comment la trouves-tu" et il répond "guindée et prétentieuse. Dans ce cas, repartit Florence, vous êtes faits pour vous entendre".
Le mari est, au départ, peu sympathique. D'origine très modeste, élevé par des parents incapables de lui témoigner de l'affection, il est devenu un écrivain, critique littéraire, membre de jury éminent, et jouit donc d'une certaine renommée à Paris. Sa femme, fine psychologue, se tient à ses côtés, mais il y a bien longtemps qu'il ne remarque plus sa présence.
Le premier jour de leur installation, sa femme le charge d'aller chercher du lait frais à la ferme voisine où il trouve le fermier occupé à tuer les chiots que sa chienne vient de mettre au monde. Le dernier est en passe de subir le même sort lorsque le visiteur, horrifié, hurle NON. Le fermier dépose alors la petite bête dans ses mains et lui dit "il est à vous". Et voilà comment MAYA, jolie labrador beige aux yeux de miel fardés de khôl, va faire son entrée dans la vie du couple, imposée par son épouse car lui, il y pense déjà comme à un cadeau à offrir.
Le "pas d'animaux à la maison" de son enfance n'a pas permis à notre héros de découvrir le monde animal et son égoïsme naturel ne l'y prédisposait pas. Mais le miracle s'accomplit car sa vie va changer complètement grâce à Maya, débordante d'amour envers ses maîtres. Alors que pour les habitants du village, gênés par sa froideur, il n'était que "le monsieur du château", il devient "le maître de Maya", il leur parle volontiers, il participe aux jeux de cartes, bref il s'intègre parfaitement à la vie du village. Il va également découvrir, au gré de ses promenades quotidiennes avec son chien, la beauté inouïe des paysages, ouvrir ses sens aux changements des saisons. En somme, il devient humain.
Il s'inquiète de voir que la vie de son fils, qui lui a donné une petite-fille, n'est faite que de relations très brèves et au cours d'une conversation, son fils lui avouera que c'est en voyant comme il a délaissé sa mère et l'a trompée maintes fois, qu'il est devenu incapable de s'attacher sur un long terme. Alors ce père, dont le coeur, par l'amour d'un chien, s'est réveillé, va laissé couler les premières larmes de sa vie car il comprend qu'il a échoué en partie dans son rôle de père.
La catastrophe arrive lorsque Maya manque de mourir à cause d'une torsion d'estomac. Opérée d'urgence, son maître refuse de la laisser seule chez le vétérinaire et la ramène à la maison avec perfusion et tout le matériel médical. Il dort près d'elle dans un fauteuil et sa femme dans le divan. Il versera ses deuxièmes larmes le matin, lorsque Maya, qui s'est péniblement levée, le réveille en lui léchant le visage.
Le livre se termine par une promenade avec Maya par une belle journée d'automne. Le soleil a embrasé un bosquet fleuri et il décide d'offrir un bouquet à sa femme.
"J'ai quand même tendu mon bouquet d'automne à Florence avec cet air mi-bougon, mi-gêné qui me tombe dessus chaque fois que j'ai quelque chose à me faire pardonner;
Et cette fois, j'avais à me faire pardonner l'indifférence d'une vie.
J'ai tendu ce vivant et fragile concentré de soleil à ma femme en essayant d'atténuer, vieux réflexe, la gravité du geste et des mots sous un ton faussement badin : - Je ne savais pas de quelle façon te dire que je t'aime.
- Alors, c'est simple, dis-le ... de toutes les façons. Cesse de chercher la bonne !ll m'a fallu ta présence, Maya, il m'a fallu, si vieux, t'ouvrir ma porte, la "bête", pour apprendre cette chose si simple qu'est la simplicité".
J'espère de tout coeur que apprécierez ce roman si vous avez l'occasion de le lire, sinon que ma tentative de résumé vous aura plu, ami des chiens ou non, et vous incitera à le découvrir dans son entièreté.
Le seul reproche que je fais à l'auteur est de trop fréquemment pratiquer, en début de phrase, l'inversion du sujet et du verbe, ce qui donne parfois un style un peu trop littéraire.
A bientôt. OURAN
