serge pey, le trésor de la guerre d'Espagne

L'Assassinat.
Je n'éprouve pas la nécessité de lancer une explication ou interprétation de cette nouvelle
c'est pourtant, je crois, le but de Rotko : nous faire réagir devant ces deux textes qu'il a, lui-même, beaucoup aimés.

tes bonnes impressions me suffisent. Je serai content de savoir si la 2e te plaît et si elle eclaire aussi la première.

Dans le fil ci-dessus, je parle aussi du scarabée, stratagème diabolique : il consiste à faire un bijou que les femmes portent avec orgueil. Or, dans le but de se venger, le créateur cache un scorpion, dissimulé dans le bijou : un scorpion, c'est rapide à la détente !

je ne sais si c'est à moi que tu t'adresses, ton Excellence, mais si c'est le cas, je laisse un peu décanter.

Ysandre a écrit:

L'Assassinat.
Je n'éprouve pas la nécessité de lancer une explication ou interprétation de cette nouvelle
c'est pourtant, je crois, le but de Rotko : nous faire réagir devant ces deux textes qu'il a, lui-même, beaucoup aimés.

Ma réaction suit la phrase que tu as citée.

Rotko a écrit:

tes bonnes impressions me suffisent. Je serai content de savoir si la 2e te plaît et si elle eclaire aussi la première.

Bien reçue, merci, Rotko. Je télécharge et je lis.

Elsada, ton agressivité me navre. Je pense que le mieux est que je ne réponde plus à tes messages. Bonne journée;

Pardon Ysandre, il n'y avait pas d'intention agressive dans ma réponse.

J'ai écrit sous la phrase que tu as citée, le bouleversement que m'inspire la première nouvelle et j'ai dit pourquoi. Peut-être tu ne l'avais pas bien lu ?

mais oui,

a mon tour de te prier de m'excuser, non, je n'avais pas bien lu
je suis en colère depuis ce matin pour des raisons qui n'ont rien à voir avec GDS*
à croire que ma colère déborde de partout !

Il n'y a pas de mal, Ysandre. Je suis placide.

Le linge et l'étendoir

Aussi bouleversant que la première nouvelle.
Cette fois encore, l'auteur utilise le mélange. Les gestes ancestraux (ma grand-mère étendait les draps sur l'herbe, de préférence la nuit pour que la lune blanchisse le coton) et les multiples sensations d'autrefois, la douceur de vivre dans un monde sans urgence, et le brutal retour de la guerre, ses réalités, la résistance. Serge Pey joue sur la corde émotionnelle, alterne encore entre tendresse et rudesse. Je suis très sensible à son écriture, il me tire les larmes des yeux.

Edit : L'enfance douce est omniprésente dans les deux nouvelles. Je pense à un chemin intiatique. La nature occupe aussi une place importante. Je pense au point de jonction entre les deux (beauté, fraîcheur, tendresse, gratuité, spontanéité) et l'absurdité de la guerre.

Y-aurait-il une troisième nouvelle ?

Le linge et l'étendoir, un texte encore plus beau que le précédent. Une poésie simple et spontanée, une infinie tendresse et l'omniprésence de l'enfance en communion avec la nature. La fin est particulièrement émouvante à la fois par rapport à la mère aimée que "le docteur ne comprend pas."et par rapport au symbole sacré de la liberté, à préserver "pour aider [son] ventre à accoucher d'un instant à l'autre d'un nouvel enfant."

Le linge et l'étendoir

J'ai beaucoup aimé la tendresse et la douceur qui émanent de cette nouvelle. Le langage du linge de la mère et l'enfant qui se sent important lorsqu' il comprend que son pantalon en fait partie. Beaucoup de sensibilité pour les personnages, et en effet le retour à la réalité d'un coup avec les militaires qui arrivent. C'est un langage familial réservé à la liberté.
La fin aussi est superbe mais nicyrle l'a déjà bien évoquée et comme je partage son point de vue inutile d'en dire plus

Je l'ai relu aujourd'hui. C'est décidé, j'achète le livre à la première occasion !

Serge Pey
J’ai lu les deux petites nouvelles, « l’assassinat et « le linge et l’étendoir »
Je suppose qu’il s’agit de la guerre civile espagnole d’après le regard d’un enfant, qui éprouve, supporte, raconte cette vie implacable, et depuis son plus tendre âge,obligé à se cacher ,comme un animal, sans aucune chance de survivre.
A mon avis la deuxième, « le linge et l’étendoir » je l’ai apprécié davantage, des passages poétiques, il n’en manque non plus dans le premier, mais ici cette mère qui parle avec les fleurs, et l’originalité, de faire du linge des marques de communication à faire savoir ce qui va mal ou pas, me semble une belle trouvaille.
Les deux nouvelles sont tristes, comme toujours, les livres parlant de guerres, nous laissent un goût amer, même si dans ce cas là, l’écriture ne tombe pas dans l’effroi.
Je ne connais pas l’auteur, mais je vois du talent, que j’espère
juger par d’autres œuvres, plus complètes.
mon commentaire est faible, je sais,mais moi aussi je le suis

parfait, Amadak, très content de voir que ces nouvelles vous plaisent. On reparlera de l'auteur.

Citation :

quand je me relis j'ai l'impression que c'est un enfant qui a écrit affraid

dit Pégase. Mais les enfants aussi ont le droit d'écrire, et ce qu'ils écrivent est très beau : leurs impressions, dites avec des mots simples, sans effet de style, tel qu'ils ressentent. C'est beau et touchant.
La deuxième me trotte dans la tête, comme la première. Le symbolisme du linge étendu pour prévenir les résistants est magique. Le regard de l'enfant qui se sent concerné, en est fier, son implication, alors qu'il a encore l'âge de l'innocence et des jeux, me fait mal.
Pas de poncifs, tout est suggéré. On sent la privation de liberté, la mort qui rôde, le système D pour résister. C'est magnifique, poignant et terrible à la fois.

tout d'abord merci à toi Ysandre pour ton message.C'est vrai que j'ai tendance à écrire comme je le ressens mais bon à 53 ans..c'est grave lol
Mais j'avoue que vous français surtout les littéraires avez l""locution facile lol


bon rotko j’ai lu la seconde nouvelle que j’ai apprécié je dirai mieux adoré même si le fond est tragique car c'est la guerre civile et la maman est résistante de façon muette puisque elle parle par langage muet..oki drôle d'explication.
au premier abord, en lisant, j'ai revu ma grand-mère étendant son linge sur l'herbe..c'est cette image qui est apparue en premier.
Le garçon a mûrit car fier d'avoir joué un rôle important d’ailleurs, celui d'empêcher les camarades de se faire prendre par la police.
je sais pas folichon mon résumé mais bon un aveu j'vais prévu de ne rien poster mais cela n'était pas gentil pour toi.
Mais je me répète, je suis nulle

Non Pégase, tu n'es pas nulle ! Pas gentil de ne pas nous croire quand on te le dit !
Tu as pensé à ta grand-mère étendant son linge sur l'herbe, moi aussi, j'ai eu des images de ce genre en tête, puis, chemin faisant dans la nouvelle, j'ai pensé à la symbolique très forte de la sardane, la danse sacrée des Catalans (du nord et du sud), interdite sous Franco, et qui, m'a-t-on dit a servi de message codé durant la denière guerre en Roussillon pour avertir les résistants.

je n'ai pas de ces souvenirs de linge étendu sur l'herbe, pourtant un bon lecteur voit tout avec les yeux de l'imagination et les ressens comme vécus.Le lecteur attentif fixe son attention sur l'esprit de l'auteur, formule valable pour des textes compliqués

je te crois et je vous croit lorsque vous dites que je ne suis pas nulle.
Promis juré, je ne dirai plus cette connerie
je ne connaissais pas la sardane u grand merci Nicyrle

Le linge et l'étendoir

Au début, j'ai cru que l'auteur allait encore nous entrainer dans le "délire" de l'enfant (je me serais très volontiers laissé faire). Et puis, peu à peu, on réalise que la folie des hommes est bien plus grande que la fantaisie enfantine : alors que le gamin apprend à lire avec les lettres dans la soupe, les adultes doivent réinventer des moyens de communication plus sommaires. Le monde à l'envers, quoi.

Et puis, peut-être, le premier acte d'écriture du futur écrivain : "J'étais fier. (...) Ainsi moi aussi, avec ma chemise, je parlais à la montagne. (...) Ce jour-là, je sus plus loin que les livres. Ma chemise toute seule flottait comme un drapeau de pauvre. J'étais devenu un signal ou même un signe."

Quelle magnifique complicité entre cette mère et son fils. L'engagement de la première ouvre à l'enfant les chemins de la création. Y a d'l'espoir !

Je vais emprunter le livre pour le lire tout entier !!!

Voilà un auteur que je ne vais plus lâcher. Le Trésor de la guerre d'Espagne est un livre merveilleux et bouleversant !

Pey nous présente une galerie de personnages tendres et farouchement libres, à travers une langue d'une rare poésie. Les contours de la réalité et de l'imagination sont sans cesse remis en question : la seconde adaptant, modelant, triturant sans cesse la première avec une puissante sensitivité.

« Assis sur les fauteuils d'une voiture désossée, il regarde depuis son trône son ombre qui tourne et s'allonge vers ses souvenirs jusqu'à les renverser comme s'ils venaient de l'avenir. »

« Pour Santamaria, le jour était une illusion comme la nuit, et c'était l'alliance d'un jour et d'une nuit qu'on ne voit pas qui créait le vrai feu de l'immortalité du feu. L'ombre et la lumière séparaient les deux faces d'un être qui se réunit toujours à sa mort. Les hommes, sur terre, n'étaient que les spectateurs muets de cette réunification. »

Dans cet imaginaire poétique (où le bien et le mal, le paisible et le dangereux ne sont jamais clairement délimités), l'irruption de la réalité "vraie", brutale et terrible, est d'une redoutable efficacité. Elle nous rappelle que cette guerre d'Espagne, c'était juste à côté et c'était hier.

« Le directeur avait mis au point sa méthode. À chaque nouvel enfant qu'il sélectionnait pour en faire un surveillant, il confiait un jeune chiot. L'enfant devait l'allaiter et le faire dormir avec lui. Puis après quelques mois, il le forçait à le torturer, et ensuite, il lui donnait l'ordre de le tuer. C'est ainsi qu'il préparait chaque enfant de la section des Grands à torturer les Petits qu'il voulait faire parler.
(...) La douleur des chiens ressemble à celle des hommes. Parfois ils crient de la même façon. Mais je n'entendis pas le gémissement de mon chien. Un morceau de bois ne crie pas. »

Malgré tout, il y a toujours et partout la liberté, la résistance.

« - Tu sais, le cheval est la seule pièce du jeu d'échecs qui sort de la mer et se déplace comme l'hippocampe : un bond par côté et un bond en avant. Le cheval de l'échiquier est une pièce qui vient de la mer et se souvient du déplacement de son double. Un bond par côté, un bond en avant : ainsi est le sens de la marche. Dans la vie si tu ne veux pas tomber et éviter les obstacles, marche comme le cheval. »

« La paix aveugle car elle oublie que l'équilibre des plateaux est un combat incessant et jamais définitif. »

« Pua savait que la légende est plus grande que la réalité car elle est un possible que la réalité ne peut réaliser. Une légende, c'est le chemin des infinis du possible. Les trésors sont souvent, eux-mêmes, le chemin qui les cherche. Pua pensait que ce que nous nommions chemin était toujours une hésitation. Mais le plus important, c'est le souvenir du chemin, et comment nous transmettons ce souvenir, ou ce chemin. Ainsi il disait, et il avait raison.
(...) "N'allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n'y a pas de chemin, et laissez une trace." »

Et puis, bien sûr, ce recueil est traversé - irrigué - par l'amour des mots, tellement fort, du plus jeune âge de l'enfant à l'homme adulte.

« Le respect de Pua pour l'écriture était tel qu'il couvrait tous les livres d'un papier journal. Sur chaque dos, il écrivait à la plume le titre et le nom de l'auteur. Puis au bas de la reliure, à l'encre bleue et à la plume Sergent-Major, il ajoutait systématiquement : "Bibliothèque de la liberté". Il en avait fait de même pour le Code pénal et des livres de cuisine. Pour lui, un vrai livre était toujours celui de la libération. »