Khaled al-Khamissi [Egypte]

Petit article appétissant dans le monde sur Khaled Al-Khamissi et sur Taxi, contes d'itinéraires' ., recueil de plusieurs histoires racontées à la façon des chauffeurs de taxi égyptiens.

Citation :

Dans un pays théoriquement alphabétisé à 70 % où un best-seller se vend habituellement à 5 000 exemplaires. Dar El-Shorouk, l'heureux éditeur cairote de Khamissi, a déjà écoulé 75 000 exemplaires de la version arabe en dix-huit mois.

Malheureusement aucune traduction n'est prévue en France et il faudrait le lire en anglais chez Aflame Books (184 pages)

l'article du monde souligne pourtant qu'il interesserait beaucoup de Français qui vont en Egypte faire du tourisme sans rencontrer les habitants de cette "société cadenassée."

En effet, un gros (enfin, relatif) succès de librairie pour ce livre qui part d'une bonne idée. C'est vrai que ça en dit beaucoup plus sur l'Egypte que beaucoup de thèses de sociologie, car les chauffeurs de taxi ont le double avantage
- de représenter une couche sociale qui n'a habituellement guère le droit à la parole
- d'être amenés par leurs déplacements et la diversité de leur clientèle, à se mêler plus que quiconque à leurs congénères.

"Société cadenassée", l'article du Monde y va un peu fort; les journaux d'opposition existent et s'expriment assez librement, à condition de ne pas franchir la ligne rouge (le seul vrai tabou, à savoir critiquer la personne du président de la République).
Par ailleurs, il faut savoir que la société égyptienne est une société très diverse, il y a des voiles mais aussi des boîtes de nuit où les filles sont en minirobes et où l'alcool coule à flot, des fondamentalistes mais aussi des viveurs, des miséreux mais aussi des milliardaires, etc.

Seb a écrit:

"Société cadenassée", l'article du Monde y va un peu fort; les journaux d'opposition existent et s'expriment assez librement, à condition de ne pas franchir la ligne rouge (le seul vrai tabou, à savoir critiquer la personne du président de la République)..

nous avons vu tous les deux le Chaos de Youssef Chahine ici sur GDS*, qui fait de l'Egypte une prison (premières et dernières images du film).(1)

Seb a écrit:

Par ailleurs, il faut savoir que la société égyptienne est une société très diverse, il y a des voiles mais aussi des boîtes de nuit où les filles sont en minirobes et où l'alcool coule à flot, des fondamentalistes mais aussi des viveurs, des miséreux mais aussi des milliardaires, etc.

Mahmoud Wardany, dans La prairie parfumée, ici sur GDS* montre, avec le retour au pays d'une jeune femme , l'évolution de la société : son ami d'enfance sert de gigolo et d'entremetteur pour les touristes.

On sait bien que là où il y a tourisme de masse, la dépravation des moeurs va bon train, ce qui renforce, je crois, par le biais des fondamentalistes, l'idée d'un occident luxurieux qui serait sans valeurs morales ou spirituelles.

Pourquoi parler d'un livre non traduit ? pour qu'il existe une traduction française. On pourrait même dire à des éditeurs que nous sommes intéressés.

(1) Il est vrai que le film est une "charge".

Il ne s'agit pas de nier ou de minimiser les problèmes qui affectent la société égyptienne, mais de souligner que c'est une société complexe et vivante, non réductible à ces formules simplistes qu'affectionnent les journalistes, comme "société cadenassée".

Quant à parler d'un livre non encore traduit, c'est absolument légitime et Rotko a eu tout à fait raison de nous le signaler.

Seb a écrit:

Quant à parler d'un livre non encore traduit, c'est absolument légitime

enfin, plus maintenant! La traduction française (par Hussein Emara et Moïna Fauchier Delavigne) vient de paraître aux éditions Actes Sud. Le livre donne un point d'observation intéressant de la société égyptienne à travers ces protagonistes hauts en couleurs que sont ses chauffeurs de taxi...

Seb a écrit:

La traduction française (par Hussein Emara et Moïna Fauchier Delavigne) vient de paraître aux éditions Actes Sud

La version anglaise était chez Aflame, et la version française paraît début septembre 2009 chez Actes Sud, (SEB toujours au top de l'info)

Citation :

Les 58 petites scènes qui composent TAXI sont autant de chroniques journalières rêveuses, amusantes, mélancoliques et sans concession distillées par les chauffeurs du Caire

dit mediapart qui en donne trois dans son article '(réservé aux abonnés).

Fait partie des dix finalistes pour le Prix littéraire du Courrier International.

Le personnage du chaufffeur de taxi m'a l'air d'être bien apprécié dans les pays arabes où il se fait le complice de beaucoup de choses et recueille les confidences de ses clients.

Marjane Satrapi parle de lui dans Broderies

quant à celui de Khaled al-khamissi, il a une bonne tête pleine de rides,

Citation :

« Il y avait autant de rides sur son visage que d’étoiles dans le ciel. Chacune poussait l’autre tendrement, créant un visage typiquement égyptien qui paraissait sculpté par Mahmoud Mokhtar.

Quant à ses mains, qui tenaient le volant, elles s’étiraient et se rétractaient, irriguées par des artères saillantes comme le Nil allant abreuver la terre desséchée »

Il s'en remet à Dieu et au bon vouloir de son client pour gagner sa vie, même quand il ne pète pas la forme.

Et ça marche !

Le désir de rendre service et une belle forme de convivialité, à base aussi de relations familiales élargies, voilà qui sauve les meubles en péril

TAXI

Le chauffeur de taxi saisit sur le vif l’opinion populaire, et la répercute au besoin, dans des critiques, des mouvements d’humeur, des traits satiriques ou des états d’âme.

Ce mélange complexe de clichés de la vie égyptienne autorise des saillies caustiques :

Citation :

Être un sergent de police était un joli rêve au début des années soixante-dix. Le policier garantissait la sécurité des rues, se pavanant dans son joli costume, comme le roi du monde[…] Comment se rêve s’est il transformé en l’espace de trente ans en cauchemar enraciné dans les rues égyptiennes ?

s’interroge le taxi qui, non content d’avoir transporté gratis le flic en civil, doit remercier son client qui, en fin de parcours, lui demande ses papiers et lui inflige une amende !

Sans parler des mensualités qu’il doit acquitter pour l’achat de son véhicule….

Taxi,

Le récit 35 - il faut souligner la brièveté et l’intérêt de ces histoires, nous amuse car il pointe l’index sur la mainmise du pouvoir sur les medias.

. Ici on parle de l’Égypte, mais on pourrait citer d’autres pays où le portrait du président est partout, où la moitié de la population espionne l’autre, où les télévisions répètent le programme unique : "le président a dit, le président a fait, il est le guidé éclairé, le combattant suprême" et j'en passe...

A chaque élection il remporte au minimum 90% des voix, voire 96% de ceux qui sont hors du pays !

Revenons à Taxi

Citation :

« Entre nous ils nous fatiguent avec les nouvelles du président à tous les journaux : le président rencontre, le président téléphone à quelque un, quelqu' un appelle le président sur son portable..
Qu’Est-ce que j’en ai a faire de qui il appelle et de ce qu’il a inauguré [..]

A mon avis ils devraient faire à la radio d’un côté des journaux sérieux et de l’autre côté des " journaux lèche-bottes". Ils les appelleraient comme ça. Le président pourrait écouter les « journaux lèche-bottes » et promouvoir les journalistes qui y participent et nous, on écouterait les autres. »

Un nouveau livre de Khaled Al-Khamissi séduit les lecteurs du Caire en offrant le récit drôle et poignant des aventures de douze candidats à l'émigration

l'arche de Noe, il paraîtra en 2012 chez Actes Sud, comme l'a indiqué l'auteur qui participe du 23 au 26 juin au marathon des mots à Toulouse.