Fredéric Dard, San Antonio, Béru et Cie

Fredéric Dard

parler de lui, c’est ouvrir la grande porte d’armoire normande où tout risque de vous dégringoler sur la tronche. On va donc procéder par morceaux choisis.

Au hasard, je prends En long, en large et en travers, une aventure du commissaire San Antonio

Les projets de Béru mis à mal par une enquête :

Citation :

Il récupère ses targettes qu’il a mises a refroidir sous son bureau, les chausse et les lace en soupirant.
- c’est gland, murmure-t-il, je devais aller au cinoche en fn d’après midi avec ma femme et notre ami le coiffeur. Y a un grand film d’amour sur les boulevards…Technicolor, scope et Branlon Mado dans le rôle principal… Enfin quoi, je vais leur téléphoner qu’ils y aillent seuls.
II décroche le bignou.
- fais pas cette bouille, lui dis je. Vaut mieux être cornard à distance, ça fait plus distingué…
-Qu’est -ce que t’insinères ? Bavoche Béru, le tarin frémissant de fureur.
Je lui administre une bourrade.
-Pour certains, lui fais-je, le mariage est une corne d’abondance, mais pour d’autres, c’est une abondance de cornes, chacun son lot, bonhomme !
Je m’éclipse pour ne pas recevoir le poste téléphonique dans la frime.

Un homme a disparu, on se retrouve dans une usine de conserves avec le directeur.

Citation :

Je lui mets dans les pattes une boîte de conserve marquée « petits pois à l’étuvée ». Il semble ne pas comprendre. Il tient sa boîte d’un air vaseux et indécis.
-Qu’est-ce que c’est ? Demande t-il.
- Cette boîte sort-elle bien de vos ateliers ?
Bien sûr…
-Voulez-vous avoir la bonté de l’ouvrir .
-L’ouvrir ?
Il nage, dirait-on, dans le cirage du lion noir […]
Il entreprend d’ouvrir la boîte. Lorsque cette rapide opération est achevée, je lui tends un plat en terre raflé sur un égouttoir;
-Videz-la
Il obéit.
Un pied d’homme tombe avec un bruit mou dans le récipient […]
Très Dargeot Moreno, le zig…j’ai jamais vu un type aussi sonné. Le cœur sur les lèvres !

Pinaud jette un torchon sur le pied de M. Réveillon et, très normalement, place le tout dans le frigo.[...]

Fin de l'entretien.

Citation :

Ventru balbutie :
- qu’est-ce que je fais du chose… dans mon frigidaire ?
- Ah ! Oui, le pied, c’est vrai.
« Faites-le panner,», conseillé-je.
Et nous le laissons à son ahurissement.

je dois les avoir tous mais je ne peux me résoudre à citer des passages car je n'arrive pas à trouver quelque chose qui m'attire plus qu'une autre : il n'y a rien à jeter dans ses San A ! j'ai toujours adoré cet écrivain et sans oublier qu'il a écrit quelques romans tout à fait sérieux qui ont été portés à l'écran:

LE DOS AU MUR

1958
Avec Jeanne Moreau, Gérard Oury, Philippe Nicaud, Claire Maurier, Jean Lefebvre, Colette Renard, Joëlle Janin, Micheline Luccioni...

LES SCELERATS

1960

Avec Michèle Morgan, Robert Hossein, Perrette Pradier, Olivier Hussenot, Jacqueline Morane, Frank Latimore...

LE MONTE-CHARGE
1961

Avec Robert Hossein, Léa Massari, Maurice Biraud, Robert Dalban, Dominique Zardi...

SAN ANTONIO
2003
Avec Gérard Lanvin (Commissaire San-Antonio), Gérard Depardieu (Inspecteur Bérurier), Eriq Ebouaney, Jérémie Renier, Michele Bernier, Jean-Roger Milo, Valeria Golino, Robert Hossein, Barbara Schulz, Luis Rego, Michel Galabru, Cyrielle Clair, Patachou, Maryam d'Abo, Henri Garcin, Elizabeth Margoni, Jacques Spiesser, Vanessa Guedj, Armelle, Delphine Zentout...


etc !!
un grand bonhomme

Je ne connais pas ! Ca serait bien d'avoir des petits extraits, enfin quelques phrases qui donnent une idée, mais si tu as la même mémoire que moi ou sinon peut-être que tu développes ses qualités, ce que tu aimes etc...
(sur les livres et le bonhomme).


Non non je ne peux pas en lire pour le moment... ce n'est plus une pile qui m'attend mais une montagne

comme je n'ai pas de mémoire je te donne quelques titres

A tue et a toi
A tue-- et à toi
Al Capote
Alice au pays des merguez
Allez donc faire ça plus loin
Appelez-moi chérie
Après Vous S'Il en Reste Monsi...
Après vous s'il en reste, Monsie...
Au bal des rombières
Au suivant de ces messieurs
Aux frais de la princesse
Aventures galantes de berurier

etc etc etc

de plus "y a t-il un médecin dans la salle "

et plein d'autres

ils sont dans mon grenier et j'ai la flemme d'aller voir les extraits mais cet homme était un régal de drôlerie et de respect bien que ses écrits soient considérés comme grossiers. Moi je le trouvais grossier soit !avec délices mais jamais vulgaire !

"la vieille dame qui marchait dans la mer" avec Jeanne Moreau par exemple etc.. etc..

et plein d'autres encore et encore

je suis un grand fan de Frédéric Dard

j'ai tout lu ou presque... car il y a des raretés difficiles à trouver, parmi ses écrits de jeunesse.

bien sûr on pense tout de suite à San antonio qui a enchanté mon adolescence (je suis toujours adolescent, d'ailleurs), mais il faut aussi citer tous ses hors série, comme : y a-t-il un français dans la salle.
ou encore : faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches?
une pure merveille fortement teintée d'autobiographie à peine déguisée, et où la réalité rattrape la fiction. en pleine écriture de ce roman, qui raconte l'histoire de l'enlèvement d'une jeune fille, la propre fille de Frédéric Dard a été kidnappée.

marie chevalier a écrit:

"la vieille dame qui marchait dans la mer" avec Jeanne Moreau

Tu me rappelles ce fim que j'avais vraiment aimé ! Je note pour le livre

le film était sympa, mais il faut lire le livre, beaucoup plus trash
cette histoire d'amour à trois (la vieille, le vieux et le jeune) est terriblement... comment dire... politiquement incorrecte...
ça fait plus de 15 ans, je crois, que j'ai lu ce bouquin, il m'en reste quelques souvenirs lointains.
si on devait relire tous les livres qu'on a aimés, on n'aurait pas beaucoup de temps pour les nouveautés...

un hors série de San Antonio, intitulé "les cons"
enquête au sein d'une famille (la famille Con) qui se veut un prétexte à une étude de la connerie
avec tout plein de proverbes san antoniesques:

si tous les cons du monde voulaient me lâcher la main

on est toujours le con de quelqu'un

etc...

lucius a écrit:

un hors série de San Antonio, intitulé "les cons"
enquête au sein d'une famille (la famille Con) qui se veut un prétexte à une étude de la connerie
avec tout plein de proverbes san antoniesques:

si tous les cons du monde voulaient me lâcher la main

on est toujours le con de quelqu'un

etc...

Sans compter tous les romans écrits sous "Frédéric Dard " et qui ont été portés au cinéma. Quant au SAN -A
Ca ne me revient pas mais mon mari et moi les avons tous à part quelqu'uns dans les derniers. Nous faisions tous les bouquinistes de Paris pour en trouver des manquants: genre deuil express qui avait été interdit en son temps et qui a été réédité.
FD a aussi écrit sous le pseudo Kaput bref il a tout fait cet homme même écrire pour d'autres

oui j'ai lu les Kaput, et aussi Frédéric Charles, et aussi l'ange noir... et j'en oublie

les San antonio n'ont jamais donné de grands films, mais je garde un bon souvenir de "y a-t-il un français dans la salle", avec Victor Lanoux
ce fil n'a pas eu le succès qu'il méritait, et la suite n'a jamais été tournée (les clefs du pouvoir sont dans la boite à gants)

lecture du week-end : J'ai aimé passionnément Frédéric Dard... presque tout lu... quelle imagination, quel vocabulaire !!!

Cela faisait un moment que je voulais lire au moins un livre de son successeur et fils... et bien c'est fait.

Pas vraiment déçue... ça reste agréable à lire... mais sans plus... mais ça manque de punch... de pétillant...

Résumé

En s'accusant d'un double meurtre, il voulait soulager sa conscience, seulement, il a foutu le bordel dans la mienne ! Figure-toi que depuis quinze piges, un autre mec moisit au ballon par ma faute.

Evidemment, je libère l'innocent, mais cet enfoiré joue les comptables et me promet deux nouveaux morts. Et v'là qu'en suce, mon Béru est obligé d'endosser l'habit de feu pour piéger un psychopathe. Dantesque !

Si t'as envie de désopiler tout en chocottant dans ton froc, te gêne pas, j'ai écrit ce roman rien que pour toi. Parole de San-Antonio ! " [...] on ne s'ennuie pas une minute avec ces joyeux drilles [...]. ", Le Télégramme. Egalement chez Pocket : Corrida pour une vache, folle.

oui ... j'ai trop aimé San antonio pour être convaincue qu'il a une suite à travers Patrice? je me trompe sans doute mais bon... pourquoi pas ? il faut que j''essaie

San Antonio..
Toute ma jeunesse...

je l'ai découvert chez ma marraine, à l'âge de 12 ans (en même temps que le premier disque de Gainsbourg )

Il m'a appris l'argot et les jeux de mots.

j'ai lu tout ce que je pouvais lire de lui depuis ...

Il faut que j'en relise! c'est tellment jubilatoire ...
A recommander aux déprimés, sans modération!

Ceux publiés sous son nom (F.Dard) sont sans conteste les plus aboutis et les meilleurs de ses livres, amha

Pour moi aussi, San Antonio a été un auteur fin d'enfance, début d'adolescence. Je le lisais en même temps que Fantomette et le club des 5 et puis j'ai lu de moins en moins de club des 5 et de plus en plus de San Antonio... ce qui était bien, c'est qu'il y en avait un nouveau chaque moi, ou presque !
Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches est un beau livre un peu étrange. Le personnage principal subit l'enlèvement de son enfant, et au moment où F.Dard l'écrit, on lui enlève sa fille....
Et puis, d'une part il y a les livres, qu'on peut ne pas aimer,et d'autre part il y a l'homme: comment ne pas l'aimer ? C'était un homme sensible au grand coeur.

San Antonio... mon auteur fétiche quand j'ai envie de lire un petit truc, facile à lire, drôle, où il ne faut pas trop réfléchir (même s'il faut quand même connaître ses classiques avec lui), et plein de fantaisies littéraires toutes les plus jouissives les unes que les autres..

Comme j'ai passé cette période de fête au lit avec la grippe, un des san antonio était tout naturellement d'actualité, alors je l'ai lu avec empressement : "chérie, passe moi tes microbes"

y'a de belles trouvailles là-dedans, notamment un joli pamphlet sur la littérature contemporaire pas piqué des hannetons, je le citerai sur le blog à l'occasion !

Bonne année à tous,

Jude/Roudi

Extrait :
"
- Parce que, me répond cet homme de biens ( il fait tabac-porte-pot-marchand de fonds), parce que le Kibboutz Youde Labboûm est le plus exposé de tous les Kibboutz d'Israël. Au point que là-bas il est inutile de retourner la terre pour la cultiver. Au moment des labours on fait courir en zigzag, à travers champs, des prisonniers habillés en soldats israëlien. Avant qu'ils soient touchés, le sol est prêt pour les semailles. Il ne reste plus alors qu'à organiser un barrage d'artillerie pour pouvoir semer tranquille.
- La guerre rend ingénieux, déclaré-je. "

Des passages comme celui-ci il y en a des dizaines. C'est froid, c'est caustique. De bons gros morceaux de rires biens gras. Un Béru en Rabin ça vaut le détour. Une espionne irakienne ahurissante de prouesses érotiques ( on est chez SANA), tout cela sur fond de chassés croisés ( on est au moyen orient) entre les libanais, les israëliens, les français qui poursuivent le même but, un ancien nazi. La fin est superbe. On se croirait parfois dans une série B, dans un James Bond, toujours la French Touch du Commissaire. Bref un bon crû. Le bouquin fut écrit en 1971, je ne suis pas certain qu'il sortirait aujourd'hui sans que les ligues de la vertu ne montent au crêneau, à voir.

Moi, j'aime beaucoup. Mais j'ai l'impression d'être la seule, car en général les filles n'aiment pas.

Mon perso préféré, c'est Pinaud ! Je l'adore

Hope, en effet c'est plutôt masculin comme bouquin les filles n'étant en général pas fans des grosses vannes. Pour info les extraits sontissus de " N'en jetez plus ".

Je ne pense pas qu'il faudrait généraliser ... l'époque où les hommes s'installaient au fumoir, tandis que les femmes papotaient dentelles et colifichets, est heureusement révolue ... ... je connais nombre de femmes qui apprécient les San Antonio et, pour ma part, je dois posséder plus de la moitié de sa production, dont certains ouvrages en double, car en perpétuelle recherche des couvertures originales ...

Je ne fais pas de caricatures, mais les lecteurs de SANA sont en majorité des hommes, c'est une réalité. J'ai déjà dévelloper un fil comme celui ci sur un autre site et cela s'est confirmé. Maintenant je suis très favorable à ce que les femmes apprécient ce genre. Il n'y a que deux choses auxquelles je n'aime pas que les femmes s'intéressent : à la guerre et au foot ( l'imbécilité des hommes suffit largement a alimenter la frénésie de ses deux occupations complétement inutile à l'humanité ).

Ok pour la guerre (alors qu'il est tellement plus agréable de faire l'amour !... D'ailleurs, j'y pense... Pendant que les hommes sont partis au front se faire massacrer, leurs femmes sont seules à la maison... C'est la seule chose qui pourrait me faire souhaiter une guerre ! )
Bref !
Mais je ne suis pas d'accord pour le foot. Je suis Stéphanoise, quand même ! Alllllllllez les Veeeeerts !
(En plus, en ce moment, ils ont bien besoin d'encouragement, bichette !)

Eh bien Bridget est une femme qui apprécie les San Antonio
Je préfère les vieux - ou disons plutôt: les premiers. Ils sont plus spontanés, plus sincères, plus drôles, quoi...

Une bonne nouvelle qui réjouira les fans: l'intégrale va paraître chez Bouquins. Ainsi qu'un anthologie des solécismes intentionnels de l'auteur (syntaxe fantaisiste). L'auteur est décédé il y a 10 ans, l'occasion de lui rendre hommage.

Citation :

L’auteur affirmait avoir écrit son oeuvre avec 300 mots du dictionnaire. «Tous les autres, je les ai inventés». Des thèses lui sont consacrées. En 1993, trois étudiants en lettres publient un dictionnaire qui recense 15 000 mots, noms et expressions inventés ou détournés du langage argotique.
(...)
La Sorbonne a accueilli en mars un colloque international «San- Antonio et la culture française». Des universitaires ont disserté sur sa «démesure rabelaisienne», le langage grivois, le calembour ou encore le «style Béru».

Hommages, études et rééditions affluent en librairie: le Fleuve Noir réédite «La pelouse», «Le monte-charge» de Frédéric Dard. Quant à l’intégrale des 175 San-Antonio, elle paraîtra à partir du mois de mai chez Bouquins.
(...)
En mai, le spécialiste du roman noir Dominique Jeannerod publie une monographie érudite «San-Antonio et son double» (PUF). Enfin, un dictionnaire des solécismes (syntaxes fantaisistes) intentionnels de l’écrivain est en préparation.
Source : Tribune de Genève

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A propos de " Des dragées sans baptême "

Notre bon commissaire Sana se retrouve dans de beaux draps. Pensez, contraint bon an mal an, par sa hiérarchie de faire disparaître un de ses collègues jouant les agents double au service de la pègre. Sana s'exécute en exécutant le traître. Avant de passer l'arme à gauche, le renégat dans un sursaut de dignité et désirant soulager sa conscience, balbutie quelques mots au commissaire, qui à partir d'un mot va se lancer corps et âmes dans une enquête semée de quiproquos les plus invraisemblables. Plonger dans le climat de la pègre des années cinquante, au siècle dernier, reste jubilatoire. Les codes de l'époque, l'ambiance des estaminets, les rapports hommes femmes. Cependant, c'est avec ce genre de bouquin que Dard a été catalogué " Roman de gare". Les bons mots ne fusent pas encore comme dans les autres Sana. Absence de Béru et de Pinaud, on est dans la première mouture des légendaires aventures du commissaire. Sana est très violents dans cet ouvrage, pensez, il égorge de ses dents un malfrat ayant ficelé le commissaire comme un vulgaire rôti. Pour les fans, évidement. En revanche pour iceux qui ne connaissent pas les aventures, je ne conseillerai pas de commencer par ce titre.