Ananda Devi

Ananda Devi, Eve de ses décombres (Gallimard)

2006 Prix des Cinq continents de la Francophonie et 2006 Prix du Livre RFO.



La première page ne se comprend bien qu’après avoir lu les deux parties du roman.

Troumaron est le lieu mal famé de l’île Maurice, là où croupissent les espoirs et les avenirs. On entend plusieurs voix : celle d’Ève, qui supporte mal l’oppression des mâles et d’une bande d’ados, mais feint de s’y soumettre, celle de Clelio écorché vif et révolté, celle de Sad qui hésite sur la voie à suivre mais garde toujours Ève présente dans son cœur.

Tour à tour ils parlent et on sent monter dans ce récit une tension dramatique. La langue est d’un lyrisme riche qui donne de la force aux personnages.

Ethnologue et traductrice, Ananda Devi est aussi poète.

Citation :

Je tiens de mes parents un amour de la poésie et de la langue tout autant qu'une philosophie ouverte sur le monde et la nature. Née dans un petit village du sud de l'île Maurice, rien ne me destinait a priori à l'écriture, mais j'ai commencé à rédiger mes premiers contes, mes premiers poèmes, dans ce temps d'enfance et de liberté de ma vie à Trois Boutiques, petit village perdu au milieu des champs de cannes. Ce n'est que plus tard que j'ai compris que l'écriture accompagnerait mon existence à tout instant et partout où je serai, comme un engagement de soi confondu avec la vie même. La conviction de ma vocation d'écrivain date, je crois, de mes quinze ans, époque à laquelle une de mes nouvelles a été primée dans le cadre d'un concours organisé par Radio-France. L'inspiration fulgurante et passionnée de mon premier recueil de nouvelles, Solstices, exprime cet état d'exaltation presque mystique qui accompagne parfois les premiers pas d'un jeune écrivain.
J'ai d'abord parlé le telugu avec ma mère et le créole de l'île mais le français s'est imposé à moi comme langue d'écriture.

propos confiés à Marie Abraham

Citation :

En leur prêtant la parole à tour de rôle, Ananda Devi (elle-même originaire de l'île Maurice), donne vie et âme à ceux qui ont " des ailes de plomb " mais " persistent à croire qu'ils peuvent voler, jusqu'à ce qu'on les retrouve, ordures parmi un tas d'ordures ".

le matricule des anges rend compte d' Eve de ses décombres, et cette page permet de mieux connaître les autres oeuvres de cette Mauricienne.

Citation :

Elle s'est tournée pour partir sans même me voir, rentrée en elle-même, inatteignable. Elle a resserré le pan de son sari sur ses épaules. Sous la finesse du tissu, l'échancrure de la blouse laisse entrevoir une poitrine abondante. Peut-être n'est-elle même pas consciente de son attrait ? Peut-être n'y-a-t-il eu personne pour le lui apprendre et réveiller en elle quelque orgueil endormi, quelque secrète vanité ? J'ai perçu en elle la promesse d'une musique qui n'avait pas encore été jouée et qui, même désaccordée, contiendrait sa secrète harmonie. Suffirait-il de jouer en virtuose de l'instrument pour l'allumer de lumières et de couleurs nouvelles et franchir ses ténèbres ? »

il ne faut pas trop en dire sur l'histpoire car elle donnera au lecteur une belle surprise sur les préoccupations de cette femme ménopausée.

Citation :

Avril 2004, New Delhi. L'Inde est en pleine campagne électorale. Sonia Gandhi – l'Italienne, l'étrangère – deviendra-t-elle le prochain Premier ministre ?… Mais pour Subhadra, cinquante-deux ans, grande, plutôt ronde, une femme ordinaire, la préoccupation est autre : ira-t-elle à ce pèlerinage de renoncement des femmes ménopausées que lui propose sa belle-mère pour marquer la fin de sa féminité ?

Sur france-culture ce jeudi 20 septembre : unanimité en faveur d'indian tango

Ananda DEVI dans « Le sari vert » (Gallimard) dénonce les violences faites aux femmes. Dans une maison sur l'île Maurice, un vieux médecin à l'agonie est veillé par sa fille et par sa petite-fille.

Entre eux se tisse un dialogue violent avec en toile de fond, des éléments du passé : des souvenirs, des reproches.

Elle a reçu le prix Louis Guilloux dont le jury était présidé par yvon Le Men.

rotko a écrit:

Ananda DEVI dans « Le sari vert » (Gallimard) dénonce les violences faites aux femmes. Dans une maison sur l'île Maurice, un vieux médecin à l'agonie est veillé par sa fille et par sa petite-fille.

Entre eux se tisse un dialogue violent avec en toile de fond, des éléments du passé : des souvenirs, des reproches.

Elle a reçu le prix Louis Guilloux dont le jury était présidé par yvon Le Men.

je suis en train de le lire. Je mettrai un mot

Le Sari Vert
Sur l’Ile Maurice, un vieil homme, ancien docteur, se meurt entouré de sa fille et de sa petite-fille.

Il est odieux, exigeant, arrogant et nous livre dans le désordre toutes les violences, toutes les hontes, tous les coups qu’il a fait subir d’abord à sa jeune femme morte étrangement à 20 ans, puis à sa fille Kitty, enfant plus que perturbée.

Elevée sous les remontrances, les vexations, les coups, les baisers dangereux de ce père immonde, Kitty attend la mort de cet homme, rejointe dans ses sentiments par sa fille.

Ce vieillard se trouve des excuses pour tout et bien sûr, explique que seules, les femmes l’avaient cherché, provoqué et elles étaient tellement bêtes qu’il était « obligé » de les traiter aussi durement !

Mais quand la vie va le quitter, il sera seul, terriblement seul.
Vengeance ? sans doute et l’on n’ a vraiment pas envie de le pleurer….