Yvon le Men

C’est à Lannion entre 1979 et 2003 qu’ Yvon le Men a écrit le poèmes d’ « un carré d’aube » publiés chez Rougerie. Ce sont des sortes d’ haïkus ; ils se suivent, et la disposition des vers sur la page n’est pas laissée au hasard.

Le peu d’ombre
Qui lui reste

La sterne l’a écrasé.

L’ombre du corbeau
est-elle plus noire

Que celle de la sterne.

Quand il vire
Le martin pêcheur laisse filer du bleu

Derrière son vol.

Presque aussi légère
qu’une feuille

qui tombe

la mésange qui monte.

Les mûres
Pèsent leur poids de noir sur les ronces

Et

comme pour la mûre

Le noir du sureau est un peu rouge.

Ah ! Je les aimes beaucoup ceux-là !!!!
Merci Rotko

j'en aurai d'autres, tirés de la rivière qui se souvient de la source, un autre recueil.

Je m'demande s'il faut les lire de bas en haut

Ça marche !!!

Comme le musicien
Le papillon bat la mesure

de ses ailes.

Inès_Tenso a écrit:

Je m'demande s'il faut les lire de bas en haut

la liberté du lecteur - et de la lectrice, ne connaît pas de limites.
tu peux lire les romans policiers en commençant par la fin et faire une lecture retrograde,
tu peux commencer un livre et poursuivre à la même page avec un autre,
tu peux lire une paire de ciseaux à la main et faire des collages...

Lire avec une forte fièvre est aussi une expérience intéressante

La brume, une maison
La table, un lampe
La flamme , une lumière
Un cercle, deux visages
la même vie

in "quand la rivière se souvient de la source", Jean Picollec.

Il y eut d’abord un visage
Qui se pencha sur une épaule
Et qui tremblait
De s’y poser

Il y eut ensuite un baiser
Qui s’envola d’une lèvre à l’autre
Et qui tremblait
de s’allonger

Il y eut enfin un mot
qui s’écrivit d’une lettre à l’autre
Et qui tremblait
de s’accepter

in "quand la rivière se souvient de la source", Jean Picollec.

Des vers comme çà. Rotko c´est comme un petit coup de Mozart au petit matin... çà me fout la pêche pour la journée. MERCI.

rotko a écrit:

Lire avec une forte fièvre est aussi une expérience intéressante

Ce n'est, par contre, pas recommandé dans toutes les disciplines

les illustrations de Tanguy Donohaut pour la nuit bleu marine sont de toute beauté

http://perso.wanadoo.fr/site-tanguy-dohollau/t_dohollau_la_nuit_bleu_marine.htm

et j'aime en particulier celle-ci

Superbe ...

Rotko ! Tanguy Dohollan, qu'est ce que tu lui a inventé comme nom ?

kyoko a écrit:

Rotko ! Tanguy Doholla n , qu'est ce que tu lui a inventé comme nom ?

Tanguy DOHOLLAU ! oui tu as raison ! on n'est jamais trop précis

C'est l'arroseuse arrosée

Dans une poignée de plumes
espère un oiseau

Dans une brassée de bois
espère une table

Dans le nid
Dans la maison
la nappe se prépare
et lave ses carreaux

Belle simplicité très évocatrice.

Je contemplais une fois de plus la gravure de T.Dohollau que nous avait invité à partager Rotko l´autre jour... et j´ai soudainement entendu le vacarme des fameuses 4x4 qui arrivaient droit-dessus ( y a- t-il eu assez de signatures?). L´oiseau dejà sur le guet a eu vite fait de s´envoler, mais le dormeur si appliqué dans son repos, si incrusté dans le paysage eut à peine le temps de se relever et de s´enfuir pour ne pas se retrouver pulverisé, comme l´herbe, les pâquerettes,les fougères, et les roseaux, les galets, le tetards et les libellules, les carpes et les ecrevisses, sans oublier les mouches ni les asticots.

"Calme, très légère brise, petite brise. Jolie brise : petites vagues, nombreux moutons, disent-ils. On dirait un nom de princesse indienne donné à celle qui a voulu se donner les pouvoirs du vent dont celui de voyager, d'être la voile de l'aventure vers le vide avec un grand V comme deux ailes. Bonne brise : il est temps de se mettre à l'eau. Vent frais : ne sentez-vous pas le cou qui refroidit? Grand-frais : relevez le caban, vérifiez le mouchoir, assurez la laine du gilet. Coup de vent, fort coup de vent, tempête ; il est l'heure d'ouvrir le livre de Conrad qui vécut à L'Île-Grande, dont les rocs sont parmi ceux qui racontent le mieux les tempêtes de Manche et d'Atlantique : accrochez-vous aux draps, relevez la couverture, arrimez les volets. Il est temps de craindre pour les hommes qui ne sont pas des héros.


Yvon Le Men, La clef de la chapelle est au café d'en face, éd. Flammarion, 1998