Yasushi Inoué - [Japon]

Yasushi Inoué 1907- 1991, d'abord journaliste puis écrivain. Il obtient en 1949 le Prix Akutagawa, l'équivalent de notre Goncourt, pour Le Fusil de chasse traduit dans le monde entier.

Certaines de ses œuvres ont été adaptées au cinéma. Furin kazan ( en 1953) est adapté par Hiroshi Inagaki et filmé par Akira Kurosawa.
Asunarô est adapté en 1955 par Akira Kurosawa et filmé par Hiromichi Horikawa.

Inoué met en scène les grands personnages de la Chine et du Japon comme dans Le sabre des Takeda chez Picquier que je lis actuellement avec plaisir. Il suffit de lire le premier chapitre ICI et on continue

La production d'Inoué est diverse :

Le Maître de thé paru chez Stock : Inoué parle du Japon du XVIe siècle. et du rituel zen du thé. Le moine Honkakubo s'interroge sur les raisons du suicide de Rikyu, personnage historique qui était grand maitre d ela cérémonie du thé.

Histoire de ma mère, publié en 1975 raconte sans tomber dans le melodrame les dernières années d’une femme qui sombre peu à peu dans la sénilité - Alzheimer.

Yasushi Inoue, le sabre des Takeda, éditions Philippe Picquier.

Un dévoué serviteur du clan

La scène finale fait irrésistiblement penser à Akira Kurosawa, le génial réalisateur du château de l’araignée et de Rashomon, avec le brouillard qui se lève sur une armée….Scène grandiose et tragique !

Mais voyons l’histoire :

Kansuke, personnage historique engagé comme stratège dans le clan des Takeda aux solides ambitions militaires, joue son rôle à merveille. Il est brave, dévoué, perspicace. En homme inspiré, il devine les pensées de ses partenaires ou de ses adversaires. Ses décisions reposent à la fois sur l’illumination ponctuelle, le calcul tactique, la prévision à long terme.

Pragmatique, il ne recule devant aucune action, cruelle si nécessaire, mais il sait aussi prévenir les conflits en tressant des liens entre des adversaires potentiels. Soucieux de la lignée du clan, il éprouve aussi des attachements pour son propre compte, et doit parfaire sa formation initiale.

Citation :

Kansuke apprit pour la première fois avec Dame Yubu que dans le cœur féminin, les deux sentiments rigoureusement opposés que sont l’amour et la haine voient jour à tour de rôle sans grande contradiction. Et c’était pour lui, parmi d’autres, une source d’embêtements impossibles à maîtriser.

Inoué livre donc avec cette chronique qui se passe dans le XVIe siècle japonais une œuvre passionnante où se déroulent des scènes shakespeariennes.

Les multiples noms japonais qui pourraient dérouter, au début, deviennent vite familiers, et on apprécie cette geste épique bien éloignée de toute grandiloquence.

J'ai donc poursuivi Yasushi Inoué avec "la mort, l'amour, les vagues" qui regroupe 3 nouvelles chez Philippe Picquier.

Dans la nouvelle-titre, Sugi craignant le deshonneur, envisage le suicide : il s'inscrit dans un hôtel près de falaises où il envisage de se precipiter sur les rochers. Il découvre alors la fiche d'une cliente, ainsi rédigée :

Citation :

Tsujimura Nami, vingt-trois ans
Sans profession
Durée probable du séjour : deux jours
Adresse : Tokyo
objet du séjour : Mors

Sur le sujet du suicide, sensible aux Japonais, Inoué ecrit donc une nouvelle qui tient de l'apologue, du récit tragique et de la comedie.

L'ensemble est bien mené : 47 pages.

On y voit les hesitations humaines, les grandes resolutions, et l'ironie de la vie qui déjoue bien des calculs. Au plaisir de la lecture s'ajoute une occasion de refléchir.

Anniversaire de mariage in "la mort, l'amour, les vagues" chez Philippe Picquier.

Avec cette nouvelle, Inoué emmène le lecteur à une petite comédie conjugale.

Jusqu’ici, le couple était économe mais, inopinément, il reçoit une forte somme. Chacun veut célébrer cette chance inespérée, quitte, pour une fois, à faire des folies, avec la moitié de cet argent inattendu…

Il suffit de se mettre d’accord et de célébrer, par exemple, l’anniversaire de leur mariage.

Un récit agréable et souriant de 20 pages.

D’Yasushi Inoué, j’ai particulièrement apprécié « La paroi de glace » qui dépeint avec une grande finesse et beaucoup d’émotions la société japonaise…d’il y a 50 ans.
Pour le reste, je le trouve un peu trop conservateur nostalgique.
En clair, ces livres, sauf celui dont je parle, ont pris « un coup de vieux ».

sousmarin a écrit:

D’Yasushi Inoué, j’ai particulièrement apprécié « La paroi de glace » qui dépeint avec une grande finesse et beaucoup d’émotions la société japonaise…d’il y a 50 ans.
Pour le reste, je le trouve un peu trop conservateur nostalgique.
En clair, ces livres, sauf celui dont je parle, ont pris « un coup de vieux ».

Tu peux avoir cet avis, car la société japonaise a certes bien evolué, d'où, peut être, cette impression.
Aurais-tu le même avis sur le Sabre des Takeda qui se situe à l'époque mythique des samouraï ?

Je n’ai pas lu « le Sabre des Takeda » mais un nombre non négligeable de ses livres se situent à des époques considérées comme les plus glorieuses par les classes japonaises les plus conservatrices, pour ne pas dire plus.

Cette défense systématique de certaines « valeurs » me met mal à l’aise…et rappelle un peu le Japon militariste des années 30.

Je découvre Yasushi Inoué avec La mort, l'amour et les vagues, dont Rotko a déjà parlé, difficile d'en rajouter sans tout dévoiler surtout que les nouvelles sont courtes.

La première "La mort, l'amour et les vagues" ayant comme thème le suicide, n'est pas du tout pessimiste au contraire, on en sort plutôt enjoué.

rotko a écrit:

On y voit les hesitations humaines, les grandes resolutions, et l'ironie de la vie qui déjoue bien des calculs. Au plaisir de la lecture s'ajoute une occasion de refléchir.

En quelques pages l'humain y est dessiné avec tendresse, un vrai plaisir à lire.

J'en profite pour vous montrer la couverture signé D.R. (???) des Editions Picquier, une édition qui m'est chère

Utopie a écrit:

J'en profite pour vous montrer la couverture signé D.R. (???) des Editions Picquier, une édition qui m'est chère

J'aime aussi beaucoup le catalogue des éditions Picquier. Inoué, oui, aussi .

J'ai lu "le fusil de chasse" il y a quelques mois;
J'ai lu pas mal d'autres livres d'auteurs japonais (je ne sais plus qui....) et je n'arrive toujours pas à aimer
J'apprécie pourtant énormément tous les autres artefacts japonais : peinture, écriture, céramique et porcelaine, tissus, jardins, et aussi leur respect des artisans d'art.
Nommer des personnes "trésor vivant" c'est fort , non ?(vu sur Arte tout un reportage sur un japonais qui faisait des objets et des meubles laqués, une merveille!)
je dois avoir un bug qqpart

fontelle a écrit:

je dois avoir un bug qqpart

As-tu tenté Kawabata Yanusari ? ou Yoko Ogawa ?

je sais pas.....
J'en ai essayé beaucoup, mais je ne retiens pas les noms
F, nulle

je viens de lire le fusil de chasse et j'ai beaucoup aimé
les 3 lettres écrites par la fille de la maitresse, l'épouse et la maitresse elle meme

Je n'ai toujours pas lu ce titre, tu peux m'en dire un peu plus ?
Cela m'aidera peut-être à mettre un peu d'ordre dans les livres à lire... enfin on va essayer d'y croire !

le livre est en fait écrit sous la forme d'une correspondance, on y trouve 3 lettres écrites de 3 femmes différentes et concernant une histoire d'amour (un adultère)
l'une écrite par la fille de sa maitresse, l'autre par son épouse et la dernière par la maitresse elle meme.
l'auteur raconte ici une histoire vraie

Je ne sais pas - et ne crois pas - que ce livre soit une histoire vraie. Ce livre est pourtant d'une force et d'une puissance inouïe. Beau. L'apprivoisement, la façon japonaise de décrire en douceur, par jeu, par touche de peinture, le sentiment m'a troublé comme chaque fois que je lis un auteur japonais.

Tout chez chacune de ces femmes m'a troublé, leurs histoires, leurs mots, leurs amours, parfois aussi leurs volonté. Elles m'ont troublé. Je les ai vu ce mouvoir devant moi, me regarder, puis s'attarder sur l'infini tendresse qu'elle voulait exprimer, ensuite je voyais leurs regards se baisser et je les voyais écrire. Parfois elles souriaient, d'autres fois elles restaient stoïques, enfin à d'autres moment elles se morfondaient en rongeant leurs âmes. Parce qu'aimer c'est beau mais ça fait mal.

Un livre brillant, splendide, court mais magnifique.

Maëglin a écrit:

Je ne sais pas - et ne crois pas - que ce livre soit une histoire vraie. Ce livre est pourtant d'une force et d'une puissance inouïe.[...]
Un livre brillant, splendide, court mais magnifique.

quel titre ?

Yasushi Inoué, le fusil de chasse, chez Stock.

Le narrateur, un poète, envoie une de ses œuvres à un magazine de chasseurs. Contre toute attente, son poème est publié, et il reçoit même une réponse personnelle d’un chasseur, Misugi, qui s’est reconnu dans le poème.

Cette réponse consiste en quatre lettres, le courrier personnel de Misugi, et trois lettres de femmes.

Ces pièces racontent, chacune à leur manière, l'histoire d’un amour secret, mais aussi le dévoilement d’une énigme et de personnalités cachées.

Dévoilement : dans chacune de ces lettres une femme raconte comment elle a surpris le secret, notamment dans une scène où un vêtement joue un rôle capital.

Ainsi « un haori de soie gris-mauve » revient dans les trois textes.

En même temps, chacune des partenaires dévoile sa personnalité :

Citation :

« chacun de nous abrite un serpent ».

Pour lire et comprendre ce récit, l'auteur suggère par une image, le mode d’emploi : la superposition.

En effet cette superposition crée le sens, comme dans cet album de photos de jeunes mariés :

Citation :

« quand on fermait l’album nos visages entraient en contact ».

C'est une indication pour le lecteur en même temps qu'un défi qu'il doit relever.

Le poète, narrateur du récit, s'interroge sur la révélation que constituent les trois lettres de femmes :

Citation :

« je me demandai quelle signification Misugi avait donnée à ces trois lettres, et ce qu’elles lui avaient appris »

C'est donc au lecteur - qui a les pièces en main, de faire sa propre lecture de l'aventure de l'amant chasseur.

Inoué utilise ici une technique de récit qui est aussi un procédé de décryptage ; il a un nom :

Spoiler:

J'ai particulièrement aimer le sabre des Takeda qui nous raconte l'histoire de Kansuke, fervent serviteur de Takeda Shingen.
Ainsi que le loup bleu, qui nous raconte l'histoire romancer de Gengis Khan, le plus grand envahisseur du monde, réunificateur du peuple mongol, qui c'est battu toute sa vie pour prouver (se prouver) qu'il était bien un descendant du loup bleu.
Je conseil à tous ces deux livre de Yasushi Inoué qui se lisent sans mal, et avec réel plaisir.

Éditions Pickier "poche", traduction du japonais par Dominique Palmé et Kyoto Sato.




Le Loup Bleu

Gengis-khan (1167-1227) — le « conquérant du monde », selon ses chroniqueurs — avait formé un empire démesuré allant de Pékin à la Volga. Yasushi Inoue raconte l'épopée de ces fils du « loup bleu et de la biche fauve », les chevauchées triomphantes, les butins fabuleux et les carnages qui entraînèrent les hordes mongoles en terre d'Islam et, au-delà de la Grande Muraille, dans la mythique Chine. Mais, de bataille en bataille, c'est à la découverte d'un homme énigmatique que nous convie l'écrivain : à partir des chroniques de l'Histoire secrète des Mongols, il reconstitue peu à peu le mystère de la vie de celui qui n'eut de cesse de devenir le légendaire Loup bleu.

Selon la légende, l'union d'une biche et d'un loup bleu a fondé le peuple mongol. Le petit Temüjin, lui, s'interroge sur ses origines : le sang du Loup bleu coule-t-il vraiment dans ses veines ? Pour oublier le viol de sa mère par le chef d'une tribu ennemie, Temüjin cherchera, toute sa vie, à devenir ce loup mythique, lui, le bâtard. Faisant preuve de génie militaire et politique, de patience et d'intuition, il écrasa Tatars, Kereyit, Jadarat et Merkit. Vengeant ainsi ses ancêtres, torturés jadis par ces peuples, la haine irascible des Mongols est omniprésente envers les Tatars. À mi-chemin entre la fiction et le récit historique, ce roman fait revivre les aventures de Gengis-Khan, ajoutant au personnage, mieux connu pour ses massacres et ses conquêtes territoriales démesurées, une dimension beaucoup plus profonde. Yasushi Inoue lève un voile sur l'histoire méconnue des origines du peuple mongol et sur leur mode de vie fascinant. Des folles chevauchées dans le désert de Gobi à l'immensité des steppes parsemées de yourtes chaleureuses, du changement de campement saisonnier de ce peuple nomade. L’auteur ne se contente pas de décrire des événements, il tente aussi d’éclaircir la personnalité du « Seigneur Tout-Puissant » et par là comprendre ses actes, son attachement viscéral, amour et haine mêlés, au peuple des Mongols, son désir de leur apporter une vie plus confortable tout en essayant de conserver traditions et croyances. Comme dans La Favorite, Inoue fait partager l’émerveillement des guerriers face aux civilisations raffinées de Chine ou de Perse. L’écriture de Inoué, soignée bien que dépouillée, semble se marier merveilleusement à tous les genres.


Lu ce livre il y a quelques temps et en fait je l'ai bouffé en une après-midi ! :-) Je ne connaissais de Genghis Khan que ce qu'on nous apprend à l'école et j'ai été vraiment surpris et émerveillé par le personnages et les coutumes nomades des mongoles. Je le recommande à tous ceux qui auraient envie d'un poil d'évasion !

J'ai lu la favorite.

Je suis assez déçue par ce livre. Il raconte l'histoire d'amour entre un empereur Chinois et l'une de ses favorites......C'est une histoire vraie. La quatrième de couverture nous indique que ce serait le Tristan et Iseult chinois...hum, je suis pas vraiment rentrée dans l'histoire. J'ai plutôt fini le livre pour ne pas rester sur une lecture inachevée......Je lirai d'autres livres de l'auteur mais celui-ci ne m'a donc pas intéressée.