Wajdi Mouawad, incendies, Forêts.

France-culture donnait le dimanche 2 avril une pièce de Wajdi Mouawad, écrivain francophone, originaire du Liban : Incendies
Voici ce qu’en disait une critique :

Citation :

Au Festival de Théâtre des Amérique, Incendies , la pièce de Wajdi Mouawad, avait touché, captivé et profondément ému.

Citation :

Emportée, émotive, parfois drôle et naïve, l'écriture est entièrement vouée à l'histoire, lyrique sans prétention, dure sans complaisance

http://club-culture.com/theatre/edwidge.htm

J’ai écouté la pièce et l’ai bien appréciée : un testament oblige un frère et une soeur à se pencher sur le mystère de leur mère silencieuse. Ils vont remonter à leurs origines et découvrir ce que leur mère a vécu dans un pays - le Liban, en proie à la guerre civile.

Il leur faudra aussi dissiper les malentendus inhérents aux témoignages, comprendre, apprendre à pardonner, et saisir le sens et les enjeux du mot culture.

Cette pièce, enregistrée en public, était parfaitement adaptée à une audition radiophonique.

Wajdi Mouawad, actuellement au Quebec, a aussi réalisé un film : Littoral

Littoral d'après une piece de Wajdi Mouawad, auteur et metteur en scène a donc été porté à l'écran

Citation :

Le message de Wajdi Mouawad, d'origine libanaise, suggère que le Liban n'a aucune culture positive ou plus justement que là-bas, la haine est un outil d'identification personnelle à travers la religion hyper-bornée et la culture commerciale américaine périmée, arrivée en retard au Liban

http://www.critiquesdisques.com/l/littoral.htm

En revanche j’ai vu au théâtre « Forêts » qui se situe dans la foulée d’ incendies, au moins par le thème : ce que nous héritons des générations précédentes, leur silence sur des expériences douloureuses.

Ici Wajdi Mouawad est à la fois l’auteur et le metteur en scène.

Mais le propos m’a paru beaucoup moins clair que dans incendies. On enquête sur trois générations et certaines trouvailles sont délirantes comme un os incongru qui a élu domicile dans le cerveau ! L’auteur complique aussi son intrigue avec des personnages qui pratiquent la double identité.

Le metteur en scène a recours a des métaphores utiles : pénétrer dans le cerveau de quelqu un, c’est comme abattre une cloison et descendre explorer le sous-sol avec des lampes frontales. Belle image !

Mais dans la remontée vers le passé, les scènes se dédoublent . La scène présente s’immobilise, comme dans un arrêt sur image, et d’autres personnages représentent les scènes passées. Ce que le flash-back fait succéder dans le temps est ici juxtaposé dans l’espace.

Ma foi, la représentation durait quatre heures, il se faisait tard, et la pièce accumulait les obscurités.... si bien que je suis parti au bout de deux heures.

rotko a écrit:

Ma foi, la représentation durait quatre heures, il se faisait tard, et la pièce accumulait les obscurités.... si bien que je suis parti au bout de deux heures.

Oh la la...Dur dur pour les comédiens...
J'avoue que je l'ai fait aussi...deux fois!...dont une fois devant Caroline Cellier jouant dans "Un tramway nommé désir"...Nous avions payé "plein pot" bien sûr...et je ne la trouvais vraiment pas bonne...

rotko a écrit:

Ma foi, la représentation durait quatre heures, il se faisait tard, et la pièce accumulait les obscurités.... si bien que je suis parti au bout de deux heures.

4 heures c'est long si la mise en scène n'était pas bien menée... c"'est sûr

La pièce "Incendies" fait découvrir une toile complexe, et permet justement par sa structure peu conventionnelle de communiquer au spectateur un ensemble d'émotions, naïf certes, mais unique.

bonjour kawka j'ai lu depuis un article dans lemonde qui était favorable à la pièce. Etait-ce lamême mise en scène ? c'est possible. certains acteurs avaient un accent quebecois, ce qui me gênait dans les paroles véhémentes.

Wajdi Mouawad a reçu le prix de l'auteur dramatique de l'année pour Visage retrouvé..

Nommé recemment directeur du Théâtre français du Centre national des Arts du Canada, il a le vent en poupe
Wajdi Mouawad

Rotko dit que Wajdi Mouawad a le vent en poupe...Je confirme, il semble que ce soit un des grands noms du théâtre en ce moment...et chaque année un peu plus...

Willy Protagoras
enfermé dans les toilettes
texte Wajdi Mouawad
mise en scène Magali Léris
Après Littoral, Magali Léris reste fidèle à Wajdi Mouawad et monte sa toute première pièce, encore jamais présentée en France. Willy, adolescent rebelle, décide de bloquer l’accès à ce lieu saint de toutes les familles. L’entourage ne comprend pas, tandis que Willy, de cet ultime refuge, crie haut et fort les impératifs absolus de la liberté : liberté de création, liberté d’aimer, liberté de partir loin de l’impitoyable théâtre familial. Se concentre là toute la révolte d’une jeunesse cherchant désespérément sa place, fracassée par le monde adulte. Dans cette tragédie rocambolesque à la langue aussi acérée que passionnée, poétique et burlesque, la puissance d’écriture de Wajdi Mouawad est telle qu’elle parvient à nous faire rire avant de nous prendre à la gorge. C’est aussi le talent et la finesse de Magali Léris, guidant au plus près du texte une troupe de dix-neuf comédiens, tous formidables et profondément engagés dans ce théâtre bouillonnant.

(Présentation de la pièce dans le programme de la Comédie de Clermont Ferrand)

Forêts (dont Rotko a parlé déjà)

texte et mise en scène Wajdi Mouawad

1946 : Léon, paléontologue, se rend dans un camp de concentration pour ramener du néant ce que l’on a voulu y précipiter. Le destin de six femmes en sera brisé. De là s’exhume un lien secret et inéluctable, traversant des époques marquées par la fureur de la guerre. 1917 : le déserteur Blondel se réfugie au cœur d’une forêt où a lieu la rencontre miraculeuse avec Léonie. 2003 : à la veille de la guerre en Irak, une femme, atteinte d’une tumeur, est opérée du cerveau. Forêts est la rencontre de ces trois histoires, trois souffles tragiques qui ne font plus qu’un, sublime. Dans ce dernier volet faisant suite à Littoral et Incendies, Wajdi Mouawad interroge toujours plus loin l’héritage. Celui, sourd, qui se transmet de génération en génération, jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’autre choix que de révéler sa vérité la plus crue. Celui, silencieux, qui tire des cendres de la mémoire les fondements enfouis de notre identité. Voici quatre saisons que cet auteur nous marque par sa langue vitale et ses lumineuses mises en scène, laissant trace en chacun de nous

(Présentation du spectacle dans le programme de la Comédie de Clermont Ferrand)

Willy Protagoras... et Forêts: deux spectacles que j'espère bien ne pas manquer!

Créée cette semaine à Chambéry, en Savoie, la nouvelle pièce de théâtre du Libano-Québécois Wajdi Mouawad, Seuls, sera présentée l'été prochain au Festival d'Avignon.

C'est un spectacle en solo où Mouawad incarne un Libanais exilé au Québec et qui prépare une thèse sur Robert Lepage. Il neige. Herwan n'arrive pas à travailler et «tourne en rond dans son nouvel appartement, nu ou presque». Il voudrait aller voir Robert Lepage, à Saint-Pétersbourg.

On voit cet homme seul

Citation :

se dépouiller peu à peu des peaux d'oignon de la parole, pour entrer dans le monde de la performance, en peignant sur son corps autant que sur les murs ce qui l'habite et lui pèse: la vacuité des jours qui se suivent en boucle, le désir d'être soi et autre, l'appel, nourri des souvenirs d'enfance, à une vie qui échapperait à la pesanteur.

source : le devoir qui cite lemonde.

Incendies poursuit sa route dans le cadre du festival de La Bâtie à Genève, où le metteur en scène Stanislas Nordey bouleverse le public par le spectacle qu'il présente.

Citation :

Derrière Incendies, on devine le Liban avec ses camps de réfugiés et ses miliciens de tous bords. Au programme, vengeances et règlements de comptes, œil pour œil, sang pour sang. Jusqu'au moment où Nawal Marwan, jeune fille illettrée à qui on vient d'arracher son enfant, décide d'enrayer le cycle infernal. Elle apprend les lettres, les mots pour tenter d'approcher le conflit avec d'autres moyens que les larmes et les commandos. Sans succès, au final. Mais Wajdi Mouawad, qui refuse d'abdiquer, demande aux descendants de continuer à espérer et à lutter...

Le texte, donc, est lourd, parfois accablant

dit le Temps qui souligne le succès de la pièce présentée

En tout cas Wajdi Mouawad, directeur de théâtre au Quebec est une personnalité forte.
Il a écrit récemment au premier ministre quebecois, Harper, pour lui rappeler qu'une vision comptable était une insupportable conduite de mépris envers la culture.

c'est lui Wajdi Mouawad,qui fera l'ouverture du 63e festival d'Avignon, avec ses trois grandes pièces : Littoral, Incendies et Forêts, montées en intégrale.

le festival 2009 sera consacré à la Mediterranée et à son histoire.

le site du festival du 7 au 29 juillet 2009.

Wajdi Mouawad ouvrira la 63e édition du Festival de théâtre d'Avignon ( 8 au 31 juillet) avec l'intégrale de sa trilogie Littoral - Incendies - Forêts, réunie en un même spectacle d'une dizaine d'heures.

Mouawad ajoutera un quatrième et dernier chapitre avec une pièce intitulée Ciels.

Libé demeure un peu réticent sur la trilogie de wadji Mouawad telle qu'elle s'est déroulée en Avignon,

Spoiler:

Mais Le Monde souligne tout l'interêt de ce théatre

Citation :

On ne résume pas le mouvement de la vie qui irrigue Littoral, Incendies et Forêts. Ce serait condenser ce qui ne peut l'être : des histoires d'hommes et de femmes de notre temps en quête de la terre où un fils pourrait trouver une tombe décente pour son père (Littoral), du pays lointain de la mère morte, pour ses enfants jumeaux (Incendies), des origines douloureuses d'une généalogie, pour une jeune fille (Forêts).

Spoiler:

petite deception en fin de parcours pour la tetrlogie de Wadji Mouawad. Je cite le monde.

Wajdi Mouawad présente à Châteaublanc Ciels, la dernière pièce de sa tétralogie Le Sang des promesses.

Citation :

Cette création, dont l'artiste associé de cette 63e édition a réservé la primeur à Avignon, a reçu, au soir de la première, samedi 18 juillet, le même accueil très chaleureux de la part du public. Elle n'a pourtant pas, selon nous, les qualités de la trilogie composée par Littoral, Incendies et Forêts : la naïveté, le fleuve de mots qui, là, amenaient une humanité généreuse et souvent bouleversante, deviennent, ici, débordants. Trop.

Il faudra que je lise ses pièces, puisque j'en étais resté sur deux opinions contradictoires, après l'avoir écouté à la radio et vu au théâtre.

j'ai donc vu littoral

Citation :

En apprenant la mort de son père qu'il n'a pas connu, Wilfrid décide de lui offrir une sépulture dans son pays natal. Mais ce coin du monde est dévasté par les horreurs de la guerre, ses cimetières sont pleins, et les proches de cet homme rejettent sa dépouille. À travers les rencontres douloureuses qu'il fera à cette occasion, Wilfrid entreprend de retrouver le fondement même de son existence et de son identité...

une belle experience théatrale car on joue sur plusieurs registres, de la farce, au sérieux, en passant par des tons graves et plus ou moins tragi-comiques que l'auteur présente sous plusieurs formes :

on est au tribunal, sur un plateau de tournage, au théâtre dont on interroge les conventions, et dans différents lieux, hantés par la guerre, aspirant à une sérénité entrevue.

Les acteurs et la mise en scène en font un spectacle dynamique avec une bande-son remarquable, des decors qu'on bouscule et renverse etc.

Mais le texte me semble y perdre. Fallait-il des références à l'Iliade, à Antigone, ou brièvement au Cid de Corneille ?
Certes on sent poindre l'émotion dans certains passages du fils et du père exprimant leur souffrance, idem à la fin lyrique des personnages devant la mer, mais d'autres passages des mêmes interlocuteurs m'ont paru longs et bavards.

Une spectatrice qui avait vu incendies et forêts m'a dit être moins séduite par littoral.

En revanche oui, il y a de belles trouvailles de mises en scène

un article sur une mise en scène de Magali Leiris, sur ce site.

wadji Mouawad parle de sa pièce littoral

J'avais vu la trilogie l'an dernier, qui m'avait plus ou moins séduite dans son ensemble (Incendies est pour moi resté le plus puissant des volets).
Cette année les Célestins ont pogrammé Seuls.

J'ai un peu peur de faire une overdose de Mouawad, d'autant plus qu'il semble beaucoup se regarder dans ce spectacle ("Une mise en abîme d’un homme au coeur de son œuvre qui réussit à brouiller les pistes biographiques de sa démarche pour offrir un spectacle transparent et fort, tour à tour ludique, profond et ingénieux.")

Quelqu'un a eu des échos là-dessus ? Je ne sais pas trop où il a été programmé hors de Lyon.

Dorkyminch a écrit:

Cette année les Célestins ont programmé Seuls.

Quelqu'un a eu des échos là-dessus ? Je ne sais pas trop où il a été programmé hors de Lyon.

C'est une reprise d'Avignon cf. p.1 de ce fil, et il est vraisemblable qu'il y aura une tournée nationale, comme la plupart du temps. On surveillera

film de Denis Villeneuve.

A la mort de leur mère, les jumeaux Jeanne et Simon Marwan reçoivent de la part du notaire Lebel des indications claires sur les dernières volontés de la défunte : ils doivent retrouver leur père, qu'ils croyaient mort depuis longtemps, et leur frère, dont ils n'avaient jamais entendu parler, pour leur remettre chacun une lettre.

Voyant que Simon est réticent, Jeanne décide de se rendre seule au Moyen-Orient afin d'enquêter sur le passé de sa mère et de lever le voile sur le mystère qui entoure l'origine de sa famille

La presse est dans l'ensemble favorable.

Incendies le film tiré de la pièce de Wadji Mouawad (installé au Quebec où il jouit d'une très grande notoriété) est suivi attentivement comme le montre cette revue de presse parue dans le Devoir(grand journal québecois).

«Incendies est la première grande claque de 2011, dont on gardera sans doute la marque toute l'année», a jugé le magazine L'Express, rejoint par son concurrent Le Point. «Incendies brûle d'un feu calme, qui finit par tout faire flamber: c'est le premier choc cinématographique, le premier film coup de poing de l'année», a jugé l'hebdomadaire.

Même Libération, qui a consacré une bonne demi-page avec photo à Incendies, est apparu bouleversé. «Si on veut toucher à l'horreur pure du conflit libanais entre 1975 et 1990, il est plus qu'urgent de se ruer sur ce film canadien», a écrit le quotidien, qui conclut: «Qui dit incendies dit brûlure. Vous serez brûlés. Qui dit incendies dit essence. Vous connaissiez l'incendie libanais, vous en avez vu [aux infos] le nuage noir. En voilà l'essence.»

Beaucoup moins intello, le journal populaire Le Parisien a «beaucoup» aimé, lui aussi, ce film «poignant». «On sort bousculé par la dureté des faits, et captivé par la force du récit», a écrit le quotidien.

Le reste des critiques est de la même eau, qu'il s'agisse de La Croix, de La Tribune ou encore du Journal du dimanche, qui a parlé d'une «tragédie âpre, intense en émotions, sur un rythme qui ne laisse aucun répit. Du grand art».

Quelques fausses notes se sont fait entendre dans ce concert de louanges. Les exigeants (mais confidentiels) Cahiers du cinéma ont ainsi regretté que «le film n'ait pas davantage joué sur les zones d'ombre au lieu d'écraser le récit sous le flot d'une lumière dénuée de mystère et d'intensité».

L'influent quotidien Le Monde, étonnamment, a réservé sa (mauvaise) critique à son site Internet, où il s'interroge sur la possibilité de «refléter au cinéma la tragédie du Proche-Orient».

En substance, le quotidien reproche à Denis Villeneuve d'avoir utilisé «la grammaire du cinéma américain» pour «mettre à la portée des spectateurs de multiplexes ce qu'il ne veut d'habitude pas regarder».

«L'entreprise est plus ambitieuse, on devine que Mouawad a voulu inscrire les épreuves libanaises dans la tradition tragique qui tente de donner une forme au chaos humain. Les instruments qu'utilise Denis Villeneuve pour imposer cette volonté au cinéma sont inopérants», a conclu Le Monde.

A Chambéry, nous avons eu cette star téléramesque pendant trois ans : Wajdi Mouawad. Un artiste au demeurant intéressant, mais les pouvoirs publics ont décidé de nous gaver avec, de mettre tous les crédits sur une seule tête. Le message est clair : y’a le grand artiste officiel qui peut faire l’artiste avec notre argent.

Pendant ce temps, le peuple est invité à fermer sa gueule et à aller bosser au supermarché.



En ce moment c'est le retour de Wajdi Mouawad. La société est fière de continuer d'exhiber ce bonhomme comme planant au-dessus de nous tous. On m'avait dit qu'il était passé à autre chose, à la peinture je crois, en fait apparemment non.
Il aurait dû parce que là je crois qu'il vient, objectivement, de toucher le fond.
Voici ce qu'il nous dit concernant un nouveau spectacle en préparation intitulé " [. .] " : "Nous arriverons au premier jour de répétition avec rien dans les poches, rien dans les mains. Rien. Avec le désir de rencontrer ceux et celles que nous serons en ce jour de l’an prochain. Ne rien préparer. Ne rien prévoir. Ni histoire, ni idées. Rien. (...) "
Qu'est-ce que cet artiste a envie de nous dire ?
Pour l'instant RIEN, nous dit-il.
J'avais lu y'a quelques temps quelque-chose de parfaitement équivalent de la part de Chantal Morel (une autre artiste du cercle enchanté de la Qulture, mais un peu plus humble que Wajdi). En fait, cette histoire de n'avoir rien à dire, c'est même plutôt fréquent dans les Scènes Nationales. Ça fait partie de la mise en scène publique des artistes officiels afin d'engendrer la fiction du mystère de la création. Et donc à seule fin d'impressionner les masses : chacun sa place, nous sommes les Créateurs, vous êtes les misérables spectateurs.
Y'a des gens qui ont mille choses à dire mais n'ont pas accès au théâtre pour travailler, mais Wajdi Mouawad, lui qui n'a présentement rien à dire et qui nous le dit, s'offre le luxe d'une résidence de création avec une équipe artistique, des coproductions, et des chèques en blanc d'argent public.
Une équipe artistique appelée à la patience et à la disponibilité face au génie qui attend ses jaillissements si on en croit une vidéo sur Internet où il nous parle de ses méthodes de travail.
Dans cette vidéo, qui pourrait bien s'intituler "Wajdi sous la douche", ce qu'il dit est vrai, ce qu'il dit est beau, mais sait-il - on ne dirait pas - que c'est le lot commun de milliards d'artistes de la narration ?! Ça fait un peu, "écoutez donc le grand génie comment il fait exactement comme tout le monde".
Sait-il que la dramaturgie est quelque chose de foncièrement banal dans la communauté humaine ?!
Sait-il que tous ceux qui inventent des histoires (théâtre, scénario, roman) vivent la même chose que lui sous leur douche concernant des personnages et des situations ?
(En fait ça m'énerve tout particulièrement parce que c'est sacrément mon cas)
Sait-il que des milliards de gens inventent des histoires aussi passionnantes que les siennes, avec la même (et très fameuse) "portée universelle" dont se gargarisent souvent les Scènes Nationales ?
Pourquoi je dis qu'il a touché le fond ? En fait, il a simplement touché le maximum de la connerie Qulturelle d'aujourd'hui.
Parce que tous ces auteurs et narrateurs inconnus dont je parle se battent pour leurs idées, pour leurs histoires.
Ils se battent pour raconter, tandis que Wajdi n'a même plus à présenter un quantum d'idée pour que toutes les conditions matérielles soit réunies (bien comprendre que c'est monnaie-courante dans la mafia des Scènes Nationales).
Cela s'appelle donc tout simplement de l'injustice sociale et de la discrimination culturelle. Il y a ceux qui doivent sans cesse "faire leur preuve" et ceux qui n'ont plus rien à prouver. La frontière est bien propre, bien nette. C'est simplement un peu con et encore plus en matière de spectacle vivants.
Cette notion de "faire ses preuves" est une idiotie et installe une hiérarchie dans la Qulture. L'unique condition pour monter sur une scène est d'avoir quelque à "dire" (la parole au sens large) et de ne pas faire de non-sens technique qui empêche la réception de ce qu'on a à dire, c'est tout, il n'y a pas de preuve à apporter.
La société doit oeuvrer pour que le plus possible de Wajdi Mouawad s'expriment, présentent leurs histoires au monde et arrête de se masturber sur un seul ou, trois ou quatre.
Personne ne sera jamais génial de savoir raconter des histoires. Non, car "nous sommes l'Espèce Fabulatrice" (Cf. Nancy Huston). Inventer des histoires, chercher ce qui est pourvoyeur de sens, c'est la principale caractéristique de notre espèce ! C'est l'humanité toute entière qui est géniale pour ça, uniquement elle.
Alors donnons la parole à l'humanité, pas seulement à quelques uns. Nous sommes véritablement dans une époque de fascisme culturel. Je crois que Wajdi n'est pas du côté des terroristes de "Ciels", il fait parti du camp qui les provoque.

Puisque nous avons la chance d'avoir sur GDS* quelqu'un qui semble s'y connaître en théâtre, je poserai en toute amitié plusieurs questions :

- Une demande de renseignements à laquelle je n'ai pas eu de réponse pour l'instant, et elle concerne dario Fo

- La video que tu as mise est longue à écouter : on aimerait que l'intervenant se débarrasse de tics de langage qui ralentissent et alourdissent le propos, bref qu'il aille droit au but. Simple remarque en passant.

- Pour aborder le problème d'un auteur à qui on donne de gros moyens, sujet sur lequel je n'ai pas de données précises ! l'orateur de la video admet avoir été touché par les pièces de Wadji Mouawad. Ce n'est donc pas un chèque en blanc donné au premier venu.

- Demander au public de venir avec RIEN : n'est-ce pas justement pour donner aux gens une parole authentique non convenue ?

je hasarde cette hypothèse, en prenant l'exemple de Carole Frechette. En cliquant sur ce lien tu verras comment elle a agencé et orchestré la parole de tout un chacun.

- J'aimerais avoir ton avis sur Valère Novarina, que je connais seulement de nom, et dont on dit que chacun trouve dans ses pièces ce qu'il veut, sans que, dit-on, lui-même ait voulu donner un sens précis à son théâtre, pourtant très apprécié.

Tu vois que je pose des questions naïves : elle sont spontanées et sans arrière-pensées.

le Temps donne un entretien avec Denis Villeneuve, le réalisateur de l'adaptation au cinéma.