Le rayon érotique

J'ai fait une mauvaise manoeuvre et supprimé une partie d'un de mes posts précédents: j'essaie de me rattraper...

Ce doit être pour agrémenter l'été, on peut trouver en ce moment:

- un Hors-série du Point: les textes fondamentaux de l'érotisme (Sade, Bataille, Apollinaire, Ovide...et bien d'autres)

(Très bien fait ce numéro spécial!)
Un classement par période historique: une analyse par des spécialistes, des commentaires sur les principaux auteurs, des extraits.

- Et le numéro d'été du Magazine Littéraire sur Le désir (de Platon à Deleuze)

(je ne l'ai pas encore lu celui-ci)

rotko a écrit:

Des anges amoureux de Kathe Koja, in Jean-Marc Ligny, Cosmic erotica, J’ai lu millénaires; Qeenieinlove en parle .ICI.


Cette nouvelle appartient à l’anthologie féminine de nouvelles de SF Cosmic erotica, mais dépouillée de perversités sanguinaires et d’extrapolations futuristes, elle relèverait plutôt du simple - si l’on peut dire, genre érotique.

Le personnage principal est une femme, bien faite de sa personne, une femme libérée comme dit la chanson. Or un soir, dans son immeuble, elle entend des bruits, des halètements, des grognements, assez faciles à interpréter, encore que…

Même menu la nuit suivante, et les autres nuits, si bien que fort émoustillée, notre jeune femme veut voir cette voisine aux gémissements si ardents.

Déception, elle flotte maigrelette dans son tee-shirt.

Ce serait donc à son mâle que reviendrait tout le mérite ?

Elle le guette, en vain, mais entend chaque nuit, ses prouesses. Elle y participe même à sa façon, puisque de son lit approché de la cloison, elle mêle - charmante chorale , sa voix aux cris du couple.

Enfin une nuit, prenant en compte son désir …

Là est le problème !
Quelle sera la chute ? Restera-t-on dans le genre érotique ou rejoindra-t-on la SF ?

Le mieux serait ou d’aller voir ou d’imaginer - voire d’écrire, la suite de cet épisode.

Merci Rotko d'avoir reciblé cette nouvelle, ça m'a rafraichit la mémoire.
Je me souviens maintenant de la tension sexuelle qui plâne sur ces quelques lignes, de la façon dont les nons descriptions de l'acte titillent l'imaginaire du lecteur, et lui procure plus de sensations - ou en tout cas des sensations différentes - que si les relations sexuelles étaient décrites sous leur forme "habituelle".


Dans Cosmic Erotica il y a une autre nouvelle très sensuelle : La fauve.
Mais contrairement aux anges amoureux, ici le sexe est plus violent plus dur.

Un homme un soir, chez lui, attend. Attend quoi, attend qui?
Et puis il sent une présence, une chaleur, un désir.
Mais ce n'est pas une femme qui s'offre à lui, ce n'est pas sur un corps humain qu'il laisse glisser ses doigts.
Dans l'obscurité totale de la pièce, il fait l'amour. Passionnément. Et le lecteur même s'il découvre petit à petit qu'il y a des choses étranges, ne peut s'empêcher d'être "dans" l'action.
Une nouvelle, qui laisse une drôle d'impression quand on la termine : un peu coupable, la morale qui vient toquer, et puis peut-être l'acceptation dans la fiction.

voici un petit texte tiré de Julien Gracq, un balcon en forêt

La guerre épargne pour l'instant les Ardennes où l'aspirant Grange fait de la luge.

Tout s’engouffrait au fond des yeux de Grange dans le sillage d’un vent de foudre qui lui mordait les oreilles et semblait purger la terre de sa puanteur ; il lui semblait les seins de Mona allongée tout contre son dos, puis se délester à chaque cahot d e la luge : elle collait à ses épaules, légère et lourde, comme ces enfants-fées qu’on charge dans le gué et dont le fardeau tout à coup plombe les jambes, et quelquefois le jeu devenait plus étrange : il sentait la bouche de Mona se refermer sur sa nuque ses dents fraîches, et les mains glisser le long de ses bras jusqu’à ses poignets qui manoeuvraient l’avant-train. La luge les culbutait contre une falaise molle que le ruisseau affouillait au fond du ravin ; roulés dans la neige, avec des rires énervés, ils luttaient collés l’un à l’autre, des mains et des genoux, et très vite, de nouveau il sentait les dents de Mona qui cherchaient sa nuque : une mollesse brusque l’ comme un chat qu’on enlève de terre par la peau du cou - la neige qui glissait au creux de ses épaules et le long de ses bras, devenait une brûlure douce.

je viens d'entendre parler du ANONYME, Le Moine Mèche-de-Lampe, roman érotique du XVIIe siècle. Rééd. dans la collection “Picquier Poche”, n° 173, 2002.
RESUME :
Ce petit roman pornographique datant vraisemblablement du milieu du xviie siècle vaut surtout pour l’originalité et la vitalité avec lesquelles son auteur conjugue surnaturel et érotisme. Toutes les postures y sont exposées avec force détails et sans aucune pudeur, et le recours à un diablotin de moine ayant la capacité de changer de taille en autorise d’inédites.
c'est le resumé trouvé ici Asia-diffusion


Bien superieur m'a-t-on dit aux deux suivants que jementionne quand même pour memoire

ANONYME, Le Pavillon des jades, roman érotique. Arles : P. Picquier, 2003.

Citation :

Un homme n’arrivant plus à satisfaire son épouse, s’en va à la capitale suivant les conseils d’un ami. Ce dernier, plutôt faux, profite de l’occasion pour la séduire. S’en suivent quelques parties galantes que l’on qualifiera volontiers de lestes. Mais l’époux aussitôt attifé d’un appareil plus conséquent n’aura de cesse de rattraper le temps perdu, quitte à se fourvoyer avec un esprit démoniaque et à en perdre la tête.

résumé de jean pierre Gimenes.


ANONYME, Galantes chroniques de renardes enjôleuses. Féérie érotique et morale des Qing. Arles : P. Picquier, 2005. 166 p.

De la chair à l'extase
Roman érotique de l' AUTEUR : LI YU


ce RESUME pris sur Asia diffusion a le mérite de mettre les pendules à l'heure. Ces livres sont interessants par leur ecriture et non pas par leur caractère scandaleux.

Citation :

Ce classique de l’érotisme est aussi l’un des plus célèbres romans chinois. Ecrit au xviie siècle par un conteur de génie, esprit libre et persifleur, il raconte les apprentissages érotiques d’un lettré libertin. Pour elles, il subira une opération chirurgicale. En dépit de sa réputation scandaleuse, un roman d’aventures et une œuvre classique et ambitieuse, pleine d’humour et d’ironie.

Le fil s'endort on va le reveiller avec Pierre Louys

Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, Pybrac, la femme, édition La musardine ,
les lectures amoureuses de Jean jacques Pauvert.

on reviendra peut-être sur le récit;
Voici les 3 premieres strophes de Pybrac, il y en a 240, je crois.


Le propos est coquin, le mot, vif, et le style, alerte.

Citation :

Je n’aime pas à voir la brune secrétaire
Qui suce avec pudeur, affecte un vif émoi
Et se trouble si fort qu’elle crache par terre
En disant « oh ! Pardon, je me croyais chez moi ».

Je n’aime pas à voir ces jeunes filles suisses
Qui si quelque un leur dit : « Où est donc le buffet ? »
Répondent simplement : « Il est entre mes cuisses ».
Ce sont là des propos qui font mauvais effet.

Je n‘aime pas la bonne à la trop belle bouche
Qui dit au nouveau maître avec unair penché,
Si Monsieur veut sonner à l‘heure où il se couche
Je fais soixante-neuf par-dessus le marché ! ».

Trouvez-vous réellement un caractère érotique à ces strophes?...Sont-elles propres à éveiller le désir?

"Coquin, vif, alerte"?...Un peu vulgaire aussi...

Non, il n'y a aucune "poésie", rien qui enfièvre l'imagination.

Ah ! vous attendiez un bouillonnement de votre sang et des envolées, et vous n'avez pas décollé... Tant pis !
la poésie érotique parle des choses de l'amour mais ne remplace pas le viagra

Le propos coquin, vous l'admettez !
le terme vif, aussi, puisque vous le qualifieriez de cru.
Quant au style alerte, la succession de ces strophes avec le même début et une chute cocasse, égrillarde même, participe d'un élan gaillard qui traduit un amour de la vie sans préjugés.

un sonnet tiré de femmes

Le lavement des seins

Qui lavera vos seins magnifiques, maîtresse ?
Quelle main lascive épongera leur splendeur
D'un geste délicat, lent comme une caresse
A les faire exulter de joie et d'impudeur ?

Quel lait de quelle biche qui ne les salisse ?
Quelle douceur de doigt qui ne heurte leur grain
Sera-ce votre lait, ô chère ? et votre main
Qui laveront ce soir leur virginité lisse ?

Lavez-les bien, vos seins ; lavez-les, vos seins blancs
Promenez vos doigts fins sur leurs globes tremblants
Et pénétrez-les d'éblouissante lumière

Afin qu'en vos cheveux dont la noirceur reluit
Ils brillent dans leur sérénité coutumière,
Lunes de clarté au torse de la Nuit.

Ahhhh...beaucoup mieux !

coline a écrit:

Trouvez-vous réellement un caractère érotique à ces strophes?...Sont-elles propres à éveiller le désir?

"Coquin, vif, alerte"?...Un peu vulgaire aussi...

je dirais drôle , vulgaire mais ça m'a fait sourire !!
forcément ce n'était pas le but ! mais cela n'a rien éveillé d'érotique !

par contre le second ah oui !! bien fait et bien imagé , agréable à lire en plus !

C´est precisément de ce besoin qu´ont certains hommes à préferer la gauloiserie et la gaudriole pour cadrer leurs ébats que parle Sigismund, le héros de Christiane Singer ( dans " Seul ce qui brûle") lui qui, bien au contraire fait des ses etreintes avec la belle Albe "une aspiration vertigineuse, un point de non-retour, le secret des mondes"etc. Quintessence chez les uns, vulgarités chez d´autres? Mais ecoutons plutôt parler notre comte. Nous sommes en plein XVe siècle :
"Ne m´en veuillez pas de vous parler avec cette franchise- mais elle me réconforte. Je n´ai pas rencontré d´homme à qui parler de ce que j´avais connu. Chaque fois que je tentais d´en exprimer quelque chose, je voyais l´oeil de mon interlocuteur se voiler d´une inquiétude, d´un malaise, comme d´un doute sur l´état de ma raison. Les hommes sont persuadés qu´au delà des fornications et des gauloiseries convenues, il n´y a rien. Et qu´un accès à la jouissance aussi commun et répandu que la ripaille, la boisson et les femmes ne peut rien receler qui soit précieux ou profond. C´est presque offenser le ciel que le présumer. Mettre le plaisir qu´on prend sur les femmes plus haut que la beuverie est déjà une naïveté- mais oser l´exalter, plus encore y mêler le ciel effraie comme un parjure. Le fait est que je n´ai jamais trouvé parmi mes proches et mes compagnons d´armes et de chasse la moindre oreille attentive et que, à m´entendre, chacun s´est cru obligé de hocher la tête et de me rappeler pour m´egayer les debauches partagées- comme si le plus bas etait la preuve convaincante que le plus haut n´existait pas." ( extrait de la lettre de Sigismund, comte d´Ehrenburg à son ami le seigneur de Bernage. “Seul ce qui brûle”, Christiane Singer).

swallow a écrit:

Sigismund, le héros de Christiane Singer ( dans " Seul ce qui brûle")

Swallow...tu as lu ce livre! Moi aussi ...

Oui, Coline, j´aime la ferveur de cette ecrivaine. Je te reponds sur le fil " Christiane Singer" que je viens tout juste de créer. Je t´explique ce que je cherchais dans ce roman.

une mediathèque érotique sur le WEB, interdite aux mineur(e)s

c'est un site commercial et culturel où le sexe vient des mots avec de bons auteurs : l'actrice Karin Viard prête sa voix à Gamiani ou Deux nuits d'excès, d'Alfred de Musset ; Tonie Marshall conte Les Mémoires de Fanny Hill, de John Cleland ; Joey Starr récite Les Onze Mille Verges, d'Apollinaire etc.


Entretiens d'intellectuelles et d'artistes, forums de discussion, les conseils d'une gynécologue, une plate-forme d'échanges pour les femmes internautes.

le "second sexe", serait la version in du deuxième sexe de Simone de beauvoir.

A vous de voir ou de lire. L'info vient du journal lemonde.

www.secondsexe.com.

Il n'y a pas un fil sur la censure ?

Je vais voir le lien !!!

A savoir quand même dans MA médiathèque TITEUF est classé chez les adultes et il faut un adulte pour les emprunter !

Utopie a écrit:

Il n'y a pas un fil sur la censure ?

Je vais voir le lien !!!

que veux-tu dire avec le fil sur la censure ? je ne suis pas ta pensée

rotko a écrit:

une mediathèque érotique sur le WEB, interdite aux mineur(e)s

c'est un site commercial et culturel où le sexe vient des mots avec de bons auteurs .........

C'est peut-être moi qui n'est pas compris, ton mot cité, il s'agit bien de censure ?
Si oui, je l'aurais plutôt vu dans le fil censure mais

Ah ! je n'ai pas été clair !

c'est le site qui est interdit aux mineurs, s'agit-il de censure ou de precaution pour les ados, je ne me prononce pas, j'ai simplement transmis une info sans examiner à fond ce site.

L'originalité me paraissait, ainsi qu'à l'auteur de l'article, que des textes littéraires des grands auteurs - ou des moins grands, figure au sommaire.

Je me doute bien que certains textes ne peuvent être mis sans précaution entre toutes les mains, comme Le C.. d'Irène d'Aragon.

c'est rotko qui parle dans le texte au-dessus, je me mélange les pieds en changeant de casquette. Excusez-moi.

L'Enfer de la Bibliothèque, Eros au secret

04 décembre 2007 - 02 mars 2008

site François-Mitterrand / Grande Galerie

Des écrivains tels que Sade, Apollinaire, Louÿs, Bataille et quelques autres en sont les acteurs à jamais anonymes de la célébration de l'érotisme et du sexe entre le XVIe et le XXe siècle.

la présentation de cette exposition la réserve aux plus de seize ans.

parmi les classiques de l'enfer :

Dans Gamiani ou Deux Nuits d’excès, Alfred de Musset relate les ébats trioliques de la comtesse Gamiani avec Fanny et Alcide. Deux nuits au cours desquelles chacun des personnages fait le récit de son initiation et de ses plus singuliers exploits d’alcôve, l’ensemble des scènes constituant une sorte d’encyclopédie des dépravations

lettres à la presidente de theophile gautier, pratiquement introuvable.


Maupassant :À la Feuille de rose (1) a pour cadre une maison close. Afin de duper un couple de bourgeois normands, le lieu a été déguisé en hôtel hébergeant un harem turc. Madame y découvre des plaisirs variés, au fil de dialogues cocasses et de scènes très libres.

(1) :À la Feuille de rose, maison turque collection l'enfer, chez Flammarion lettres.

A travers 350 oeuvres, l'exposition de la bibiliothèque nationale propose un double itinéraire.

D'un côté le contenu de 'L'Enfer', à savoir les documents, les livres et les images rassemblées sous ce nom. Et de l'autre l'histoire même de 'L'Enfer' depuis sa création."

quelques classiques sulfureux :

les onze mille verges d'Apollinaire

Trois filles de leur mère de Pierre Louys

le Con d'Irène d'Aragon

vers libres de Radiguet

Querelle de Brest de Genêt

Histoire d'O de Dominique Aury

Plus fort que le « Viagra! »

Déjà dans la Chine antique on avait recours à des potions comme « La Potion de la corne de daim » pour guérir l’homme de l’impuissance.
Mais la meilleure était , dit-on : « La potion du Poulet Chauve ». Pourquoi ce nom qui peut paraître ridicule ?:
On raconte qu’un mandarin, prit de cette potion à l’âge de soixante-dix ans et puis, il engendra trois fils l’un après l’autre. Il continua à en prendre régulièrement et il eut avec son épouse de si fréquents rapports qu’elle en vint à souffrir d’une maladie vaginale, qui l’empêchait de s’asseoir et de se coucher !
Alors le mandarin jeta la potion dans la cour où un coq l’avala (c’étaient des pilules qui n’étaient pas plus grosses que des grains de blé).
Ce coq grimpa sur une poule et continua de s’accoupler à elle pendant plusieurs jours sans interruption, donnant du bec sur la tête de la poule jusqu’à ce qu’elle fût complètement chauve !
C’est pourquoi cette drogue fut appelée : « Pilule, ou Potion du Poulet Chauve »
Je ne vous en donnerais pas le recette. De peur d'être soupçonné de plagiat!
On dit pourtant que prise pendant soixante jours, on serait capable de s’accoupler avec quarante femmes.
Dans la journée ?

Pierre-Emmanuel Dauzat, les sexes du Christ ,chez denoel

Citation :

Pornographie, contraception, procréation artificielle, individualisme sexuel... autant de singularités de la sexualité contemporaine qui semblent en conflit avec la doctrine officielle de l'Église. D'où viennent-elles cependant, sinon de la tradition chrétienne elle-même, et cela malgré notre apparente déchristianisation ?

Plus un ouvrage de réflexion sur la sexualité qu'un ouvrage à prpoprement parler "érotique".

Pour Dauzat, Le christianisme nous imprègne encore et l’Église parle toujours du sexe, pour le récuser.
deux schémas trinitaires nous sont présentés :
- la sainte famille, le père est adoptif, la mère est vierge à perpétuité, Le fils n’est pas né comme les autres.
- la sainte trinité, le père n'a pas engendré le fils, mais le Saint esprit a fécondé la vierge.

Dauzat s'interesse aussi à l'iconographie :
Le Christ est à la fois masculin et féminin avec des cheveux longs, on voit des christs nus avec des hanches de femme, la plaie apparaît comme une vulve gigantesque.

De ces "mythes fondamentaux" s'inspire le sado-masochisme qui récupère des crucifixions douloureuses, des sévices et des supplices.

On pense aussi aux images de Saint Sebastien cloué par les flèches, à Bettina Rheims et à ses crucifixions.

A partir de ces données, l'auteur aborde les questions d'actualité comme l'utérus artificiel dont parle Atlan, les "naissances miraculeuses", les mères porteuses etc.