Rosa Basurto

Je n'ai pas pu trouver son portrait rhaa

Les images de cette jeune artiste espagnole sont exposés à la Galerie Chambre avec Vues. Un travail emprunt de poésie, à la lisière de l'irréel.
Rosa Basurto est une jeune photographe d'origine espagnole née en 1972. Son travail est montré pour la première fois en France à la galerie parisienne Chambre avec vues. Intitulée "Lugares del alma" (lieux de l'âme) cette série d'images va à l'encontre des mouvements actuels en photographie contemporaine qui privilégie d'avantage le concept plutôt que le résultat final. En présentant cette vingtaine d'images, la photographe nous invite à un voyage aux confins de l'âme.

Des images oniriques
Ses photographies nous montrent des paysages envoutants, entre réel et imaginaire. Des fleurs, des arbres, des oiseaux envahissent l'espace, une femme parfois, mais à chaque fois on retrouve un univers onirique, emprunt de poésie. Le spectateur s'interroge alors sur la mise en scène des images : quelle est la part d'intervention de l'artiste ? Il n'est pas question ici de reportage, ni de "belles images", ou de photos de voyage. Mais il n'est pas non plus question d 'élaboration très artificielle, de mise en scène sophistiquée. Juste un entre-deux, une perception intime du paysage. Chacun a vu cette colline ou ce champ, mais seule Rosa Basurto y a perçue cette fragilité, cette dimension dramatique.

Le titre même de l'exposition traduit la quête de l'artiste : tenter de capturer l'âme du paysage. Nous sommes dans le registre des souvenirs et de l'émotion. Les images sont fabriquées par l'artiste mais parlent au plus grand nombre, et ce partage d'émotion caractérise toute la série. La beauté des images nous transporte et nous amène à un questionnement : que se passe t-il à cet instant précis, dans ce lieu précis ? Que font ces nuées d'oiseaux dans ce ciel si bas ? La tension dramatique nait de cette rencontre entre un lieu paisible et une atmosphère lourde. Le ciel chargé, parfois la brume, souvent les oiseaux, tout dans l'image évoque ce sentiment d'inquiétude.

Un esthétisme particulier
L'esthétisme se rapproche quelque fois du pictorialisme, mouvement photographique du début de siècle qui privilégie un rendu proche de la peinture. Les images de l'artiste espagnole retranscrivent ce même aspect, accentué par le tirage réalisé sur papier coton. Le rendu y est chaud et velouté. Mais l'artiste introduit une modernité dans ses images. Le cadrage, l'épuration parfois, les formes géométriques présentes dans certaines images confèrent à son travail une modernité indéniable, comme des oeuvres que l'on ne pourrait dater. C'est bien du rapport au temps dont il s'agit ici, un temps suspendu, saisit par l'artiste et offert au spectateur dans sa pure plénitude. Finalement les images ne sont pas seulement magnifiques, elles questionnent et interrogent, et par là même, trouvent leur place dans le mouvement actuel de la photographie.