Ricardo Menendez Salmon - [Espagne]

Ricardo Menendez Salmon, l’offense, chez Actes Sud.

Tout d’abord ne pas lire la quatrième de couverture qui est trop bavarde.

Kurt Crüwell, un jeune homme de Bielefeld dont la vie s’annonçait tranquille, entre son goût pour la musique classique et son habileté professionnelle de tailleur, est incorporé dans l’armée allemande pendant la deuxième guerre mondiale : il sert de chauffeur à un Hauptmann, et ce poste de tout repos lui permet de vivre sans risque dans la France occupée, quand il est témoin d’un acte de guerre horrible en Bretagne, une réplique d’Ouradour-sur-Glane.

A cette occasion il perd toute sensibilité physique et vit dans un monde à part, comme un schizophrène.

La lecture de ce court récit(137 p.), divisé en petits chapitres, avec une grande économie de mots, s’avère très prenante. On s’intéresse autant au cas de ce malade qu’aux développements concis de l’auteur sur la sensibilité du corps ou les méandres de la mémoire.

La dernière partie du livre situe le personnage dans une scène inattendue dont je me demande si elle n’est pas onirique.

En tout cas, on ne peut qu’être sensible aux différents passages symboliques du livre. Les symboles ne sont jamais entièrement réductibles à l’analyse (sinon ils n’existeraient pas). Aussi j’aimerais discuter avec un éventuel lecteur de ce livre très attachant, et d’une lecture aisée, que je vous conseille de lire s‘il vous tombe sous les yeux...

Tu sais nous tenter !
Je vais essayer de le trouver à la bibliothèque...et sinon je serai obligée de l'acheter !!!!

La dernière partie de L'offense a eu tant d'interprétations variées qu'elle constitue presque un genre critique en soi. Je voulais montrer, entre autres choses, cette espèce de pouvoir vampirique que le passé exerce sur certaines personnes.

Il est évident, en outre, que Kurt est dès le début du roman un personnage tragique, avec un fatum impossible à éluder. Quant à Schubert, je peux dire qu'il est l'un de mes compositeurs de prédilection - bien que la bande sonore de L'offense rappelle plus la musique de Schönberg que celle de Schubert.


un entretien bilingue avec l'auteur., pour mieux le connaître.

Tchipette, une bonne idée de t'intéresser à cet auteur.

Le correcteur

Quatrième de couverture

Le correcteur Le 11 mars 2004, à Madrid, des bombes explosent dans quatre trains de banlieue. Il y aura cent quatre-vingt-onze morts et un grand nombre de blessés. Lorsque Vladimir, écrivain raté devenu correcteur, apprend la nouvelle, il est en train de travailler sur une traduction des Démons de Dostoïevski, et alors que toute l'Espagne, y compris le gouvernement, voit dans l'attentat la main de l'ETA, lui comprend immédiatement que ce n'est pas possible. Non qu'il en sache plus que les autres ou que cette organisation n'ait les moyens de perpétrer un tel massacre, mais parce que ce n'est pas son style. Et le style, en littérature comme dans la vie, c'est une signature. Plus tard on apprendra que le gouvernement a menti en désignant l'ETA, mais le narrateur peut-il condamner le mensonge, lui qui n'a jamais osé avouer à sa femme l'existence d'un fils né sur un autre continent ?

Décidemment un auteur bien intéressant Menendez Salmon.
Ici encore, un court récit, un style d'une grande sobriété et les questions : quelle est la place de l'écrivain dans la société contemporaine, quelle doit être la place de la société contemporaine dans la vie de l'écrivain.
Plus qu'un roman, le correcteur est une chronique, la chronique de jours pas ordinaires.

Avec beaucoup d'humour, ce qui ne gâche rien...