les tziganes

398 pages
Editeur : Librairie Académique Perrin;

Marie-Christine Hubert est historienne et archiviste. Elle est l'auteur d'une thèse d'histoire sur les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale. Emmanuel Filhol est maître de conférences hors classe à l'université de Bordeaux I.

Avant d'aborder la periode de la guerre, les auteurs jettent un regard rétrospectif : de choyés par les Princes, les Tziganes deviennent progressivement les présumés coupables à surveiller étroitement. Deux points irritent : ils sont de culture orale et ne s'attachent pas à la terre.

Les auteurs donnent les textes : dès le début du XXe des carnets anthropometriques faisant jusqu'à 26 pages, photos de face et de profil, mensurations etc + carnets collectifs ! même les chariots sont précisément fichés. Il faut une déclaration immédiate dès qu'il y a changement de lieu.

Tout paysan leur donnant asile doit dans des délais très courts le signaler à la gendarmerie, sous peine d'amendes diverses.

La nationalité française acquise ou le séjour de plusieurs générations sur le sol national ne les protègeront en rien. Les règlements sont les règlements, si ahurissants à lire que les auteurs n'ont pas besoin de faire de commentaires, sauf à citer des textes municipaux requérant l'eloignement et l'élimination.

Le travail sur archives auquel se sont livrés les auteurs permet d’exhumer des discours invraisemblables de paranoïa généralisée, entretenue par la presse populaire - toujours plus avide de sensations que d’exactitude, et concrétisée par des arrêtés municipaux.

La surveillance dont « bénéficient les nomades », obligés de pointer à chaque déplacement, sert les chercheurs qui bénéficient donc d’une manne abondante de renseignements. Des opérations d’envergure sont menées par des préfets, sans grands résultats, sauf d’envoyer en colonie pénitentiaire des enfants de 13 ans qui y resteront jusqu’à leur majorité.

C’est en effet un trait caractéristique de la politique sécuritaire de s’en prendre aux enfants, ce qui, comme pour les Juifs, met l’emprise sur toute la famille, peu soucieuse d’abandonner les siens.

Alors concrètement qu’en est-il de la délinquance ?

On a les chiffres de personnes recherchées par la police en 1914 : 4232 personnes dont seulement 7 nomades ! Et encore sont-ils accusés essentiellement de « jeux illicites », et pour une femme de vols d’habits.

Devant de si piteux résultats, il fallait trouver autre chose, et le siècle devenu hygiéniste depuis Pasteur et la vaccination, va les accuser d’être propagateurs de maladies, ce qui explique sur les livrets de  mentions « de mesures sanitaires et prophylactiques. »

Les nomades sont donc à l’époque, outre leur responsabilité des embarras routiers, «  un danger au point de vue de l’hygiène publique et de la sécurité des biens et de personnes » (op. cit. p. 60)

Pour prendre un peu de hauteur, ce livre semble tout indiqué, il vise les ennemis de l'exterieur et de l'intérieur

La fabrication de l'ennemi : ou Comment tuer avec sa conscience pour soi chez Robert Laffont


comment la belligérance trouve ses racines dans des réalités, mais aussi dans des constructions idéologiques, des perceptions ou des incompréhensions. Car si certains ennemis sont bien réels, d'autres, analysés avec le recul du temps, se révèlent étonnamment artificiels. Quelle conséquence tirer de tout cela ? Si l'ennemi est une construction, pour le vaincre, il faut non pas le battre, mais le déconstruire

l'auteur est fréquentable : Pierre Conesa, agrégé d'histoire et ancien élève de l'ENA, fut membre du Comité de réflexion stratégique du ministère de la Défense. Enseignant à Sciences-Po etc.

dimanche 2 octobre

Mémoires tsiganes, l'autre génocide (FRANCE 5) 22:01

de Juliette JOURDAN



L'histoire oubliée de la persécution des Tsiganes par les nazis et leurs alliés, d'un bout à l'autre de l'Europe. A partir de la parole des derniers survivants, relayée par des films d'archives inédits pour la plupart, ce film identifie les architectes du génocide, parcourt les territoires de l'extermination et décrypte le long processus d'anéantissement de l'une des plus vieilles nations d'Europe, et ses répercussions aujourd'hui

je l'enregistre.

Citation :

dimanche 2 octobre

Mémoires tsiganes, l'autre génocide (FRANCE 5) 22:01.

Cette émission recoupait assez précisément l’ouvrage (voir ci-dessus) d’Emmanuel Filhol et Marie-Chritine Hubert, lui aussi préfacé par l’historienne Henriette Asseo.

Elle reposait sur des témoignages et images d’archives, mais aussi sur des dessins et tableaux des survivants.
Il a fallu attendre la séance du 27 janvier 2011 au parlement européen pour que soit reconnu cet holocauste oublié.

L’émission rappelle la diversité de langues et des origines, la faveur des tziganes célébrés par les peintres et les musiciens.

Les tsiganes vont souffrir de la montée des nationalismes après 1914 où ils deviennent l’objet d’un fantasme diffusé par les bureaucraties. C’est une population test pour la police moderne, héritière des théories fumeuses de Lombroso et des pratiques de fichage de Bertillon.

Le génocide des tziganes prend différentes formes :

- la stérilisation à grande échelle des femmes, les enlèvements d’enfants dans le but d’éteindre une population conçue comme dégénérée selon les théories eugénistes et raciales du troisième Reich.

- typhus et dysenterie résultent des conditions de vie dans les camps d'internement.

- l’enfermement dans des camps de transit puis l’expédition vers les camps de la mort, Ravensbrück, Dachau, Auschwitz, etc.

L’arsenal juridique est élaboré progressivement, depuis l’exigence d’un certificat d’aryanité de 1935, les décrets de 1938 contre les tziganes,,les ordres de déportation de 1942...

90% des tsiganes du grand Reich ont été exterminés,, la moitié des tziganes russes exécutée.

En France 30 camps de détention en zone occupée dont Mérignac et Montreuil-Bellay près d’Angers, et aussi dans la zone contrôlée par Vichy.

Ce site parle en particulier du camp de Salers

Citation :

les autorités de la Libération ont maintenu dans les camps la présence des tsiganes jusqu’en 1946.

Ni la nationalité, ni le port de l’uniforme n’ont sauvé les tziganes du sort qui leur était réservé.

Aviez-vous des camps d'internement près de chez vous , (tous prisonniers confondus) ?


Carte prise sur ce site qui parle notamment du livre La France des camps : l'internement 1938-1946 de
Denis Peschanski, Paris, Gallimard, 2002, 549 p.

Rotko, je ne veux plus te laisser tout seul sur ce fil ! J'aime trop les gens du voyage et je connais une famille, en Bretagne, qui a cruellement souffert de la seconde Guerre mondiale. Lors d'une de nos rencontres, Jean m'a expliqué que sa famille avait été décimée, et qu'il a tout reconstruit avec Yvette, et sa grande progéniture.
Nous avions, à la bibliothèque sonore, un livre sur le massacre des tziganes, mais il était vieux, et je crois qu'il a été supprimé, aussi, je chercherai demain, mais je ne suis pas sûre de pouvoir te donner le nom des auteurs.
En effet, les gens du voyage ont été dans les premiers à subir les affres de cette horrible guerre qui, je l'espère, sera la dernière.
Maintenant, je crois qu'en France, des lois sont instaurées pour assurer la bonne survie de cette nation dans des conditions d'hygiène valables.
J'ai toujours rêvé de vivre un jour ou deux dans la roulotte d'une de ces belles familles tziganes mais malheureusement, je n'ai jamais rencontré personne qui partage cette envie de m'accompagner dans cette aventure...

Mon Dieu, dans ton ciel bleu
Ecoute leurs chansons
Ils prient à leur façon
Ils glorifient ton nom

DB

Rotko, notre ami commun, Jean Vilain fait actuellement des émissions radio sur les Tzigane. ll les rencontre, parle avec eux, etc.. il va me donner la fréquence de sa radio prochainement. En tout cas, il est emballé par la chaleur de leur accueil, ce qu'ils racontent, leur façon de vivre.

Fils d’immigrants russes, Ivan Akimov naît à Brastislava en 1955. Il fuit la Tchécoslovaquie avec sa famille après le printemps de Prague. Réfugié à Paris, le jeune homme joue de la balalaïka dans les théâtres et les cabarets. Il rencontre sa femme en Slovaquie à la fin des années 1980. Elle fait partie des quelques milliers de familles Roms qui ont été « intégrées » à la société pendant la période communiste. Chez elle, tous les enfants ont été scolarisés. Sa sœur, Anna Koptova, deviendra la première députée rom du Parlement slovaque, et ouvrira à Kosice en 2003 le premier lycée tsigane du pays,« creuset d’une future intelligentsia .

Avec sa femme, Ivan Akimov embrasse la cause des Roms. En Slovaquie, ils seraient près de 500.000, soit 10% de la population totale ( 5,4 millions). Mais lors des recensements, moins de 100.000 se déclarent comme tels, préférant dire qu’ils sont Slovaques ou Hongrois. Sans qualifications, victimes de discriminations, ils vivent dans des quartiers pauvres ou dans des bidonvilles, principalement à l’est du pays. « Ils ont une image très dégradée d’eux-mêmes et sont d’un fatalisme incroyable. Mais ils sont aussi d’une vitalité énorme, dit Ivan Akimov. Peu occidentalisés, les Roms de Slovaquie ne sont pas dans le folklore, ils sont dans la vie. »

Cet étourdissant appétit de vivre inspire le musicien. Il créé le groupe Kesaj Tchavé -qui signifie "les enfants de la fée Kesaj-"pour redonner aux jeunes Tsiganes le goût de leur culture traditionnelle : la musique et la danse comme outils de valorisation.

Kesaj Tchavé fait des représentations dans des festivals et des salles de concert, comme le Zénith de Paris. Le groupe d’une trentaine de jeunes fait également vibrer des quartiers Roms, en Slovaquie et en France. En juin 2010, il joue dans un bidonville de Montreuil, habité par 200 Tsiganes. La veille, une rixe a eu lieu, le sang a coulé. Ivan décide néanmoins de maintenir le spectacle. « Les enfants de Montreuil ont été transportés par l’énergie des autres. Il y a eu comme une compréhension immédiate entre eux. Ce choc positif leur a fait oublier en quelques heures celui de la veille ».



Kesaj Tchavé bénéficie d’aides très sporadiques du Ministère des Affaires étrangères français et du gouvernement slovaque. Mais le groupe, qui est aussi une ONG, pratique surtout l’art de la débrouille. Ivan Akimov : « Il n’est pas facile de faire comprendre au public nos actions de Don Quichotte. On ne prétend pas changer la vie des Roms. C’est un problème de société extrêmement complexe, proche, sous certains aspects, de celui des sans-abri. Notre objectif est bien plus modeste : nous cherchons à apporter un peu de bonheur et d’espoir, au jour le jour ».

Merci pour toutes ces informations.
Il y a quelques années, j'ai suivi des stages chez une tzigane qui vit en Tchéqui, Ida Kelarova. Elle donnait des formations de chants dans des salles à Bruxelles, elle te faisait exprimer le plus profond de tes émotions... C'était fort, parfois même tendant vers la violence... Pas dangereux, mais un moment, j'ai quand-même eu peur des réactions d'un de mes condisciples. Mais après les cours, quels moments d'amitié chaleureux avec les membres du groupe !
Les chants d'Ida sont chaleureux, forts, gais ou tristes, faisant appel à toute une panoplie de sensations, de sentiments, d'émotions. Aussi, que de larmes versées, que de rires.
Je n'ai plus eu de ses nouvelles, et je n'en cherche plus non plus, je dois dire !
Enfin, tout de même, je persiste et signe en exprimant ici mon amour pour les tziganes.
Quant au condisciple qui m'a fait avoir des frayeurs, que les GDS se rassurent : je pense qu'il s'est calmé !

daisybraille a écrit:

Il y a quelques années, j'ai suivi des stages chez une tzigane qui vit en Tchéqui, Ida Kelarova.

Ce documentaire raconte l'histoire de la persécution des Tsiganes par les nazis et leurs alliés, d'un bout à l'autre de l'Europe. A partir du témoignage des derniers survivants et d'images d'archives pour la plupart inédites, ce film identifie les architectes du génocide, parcourt les territoires de l'extermination et décrypte le long processus d'anéantissement de l'une des plus vieilles nations d'Europe, et ses répercutions aujourd'hui.

Auteurs : Henriette Asséo, Idit Bloch & Juliette Jourdan

Réalisateurs : Juliette Jourdan et Idit Bloch

il est bien dommage que l'on n'en ai pas parlé davantage ! ils ont droit aussi à notre compassion et à notre respect.

Je savais depuis quelques temps qu'il y a avait eu un camp à Rivesaltes près de Perpignan. Mais je vois sur la carte, qu'il y en avait 3 autres.   J'ai grandi dans cette ville (Perpignan), et j'en n'en ai jamais entendu parler. Ni pour les tziganes, ni pour les réfugiés espagnols. Quelle omerta   J'ai toujours mon livre d'histoire à lire sur les tziganes... psfff

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Montreuil-Bellay, commune située à une soixantaine de kilomètres de Cholet a accueilli un des plus grands camps de concentration pour Tsiganes de France.

Ce camp d'internement en effet été occulté de la mémoire collective, tant par les habitants de Montreuil-Bellay que par ceux internés dans ces camps. «Pour eux, ça sent la mort», confie Alexandre Fronty, réalisateur du documentaire Montreuil-Bellay, un camp tsigane oublié, dans un entretien sur «Mémoires vives», l'émission de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Jacques Sigot, un ancien instituteur devenu historien spécialiste des Tsiganes, tente cependant depuis 35 ans de faire revivre ce passé.

Grâce à son combat, les vestiges de l'ancien camp, longtemps laissés à l'abandon, ont pu être conservés et inscrits aux monuments historiques en 2010. l'historien note que ce sont de nouveau les Allemands qui sont pointés du doigt. Alors que dans le cas de Montreuil-Bellay, le gouvernement français aurait joué un rôle important.

Citation :

«Comme quoi Hitler n'en a peut-être pas tué assez»

. selon Gilles Bourdouleix, député-maire de Cholet (Maine-et-Loire), à propos de gens du voyage illégalement installés sur un terrain de sa commune.(!!)