Laurie Colwin

Rien que du bonheur est un recueil de nouvelles piquantes et malicieuses.

Dans la nouvelle-titre, trois jeunes couples connaissent respectivement de brèves intermittences du cœur, quelques rivalités et chamailleries, le tout raconté avec vivacité et humour.

Je note les décors saugrenus :

Citation :

« quand il arriva, Stanley mangeait un sandwich au jambon, fumé derrière le palmier en pot. »

Citation :

« Qu’est-ce que tu penses de Vincent ? demanda Misty devant le bassin des phoques.»

- Le personnage loufoque d’Arnold Milgrin (et de sa compagne).

Il enseignait la philosophie à Oxford, passait un semestre à Yale, et était l’auteur de décadence du signifiant, de la Mémoire automatique, et de La pêche dans les eaux du temps, un ouvrage sur Hegel.

Or Arnold Milgrin irrite la jalousie d’un jeune marié :il s’en défend en utilisant ce nom à tout propos , par exemple au petit-déjeuner

Citation :

« Verse-moi encore une tasse de cet Arnold Milgrin ». A la fin de la journée il avait appelé presque tous les objets par ce nom.

« où est mon Arnold Milgrim ? » grommela-t-il en cherchant sa sacoche.

J’aime bien aussi les « vannes » et les répliques en cascades.

C’est un nouvelle disponible en pdf, suffit de demander.

J'en ai 1 ou 2 à lire d'elle, mais j'attendais sans conviction car elle ne fait pas l'unanimité.
Mais si selon toi, ça vaut le coup, ça change tout !



(j'ai fait un lapsus écrit intéressant, j'ai écrit "si selon toit,... )

J'attends le suite avec impatience rotko j'aime beaucoup cet humour et le style est élégant

je fais un envoi groupé, ce soir ou demain. Dois-je joindre Crevette parmi les destinataires ?

Je m'amuse à lire cette nouvelle,ces femmes insupportales, excentriques et ces garçons tragicomiques se traînant aux pieds d'elles.

L'affaire prend tout son sens quand on sait que cette nouvelle fut publiée dans le New-Yorker et que les Americains pouvaient ainsi goûter un portrait amusant et un peu vinaigré, comme dirait l'autre, d'eux et de leurs compagnes.

Les mêmes personnages, avec leurs noms, se retrouvent dans une vie merveilleuse (c'est le titre )

le couple américain est bien présent, et bien assaissonné dans les nouvelles de John Cheever et Dorothy Parker.

Qu'en pense Coffee ?

Holly s'adressant à Guido : Je suis désolée.Avec toi, parfois c'est tellement le calme plat que j'ai envie de donner un peu plus de volume aux oreillers entre nous." L'image est jolie et bien tournée

Un regard sur Misty:

Citation :

Elle se sentait aussi à l'aise dans l'univers qu'un pain sorti du four

J'ai beaucoup aimé Rien que du bonheur. J'apprécie toujours lorsque drame et légèreté sont aussi intimement mêlés.

Pourtant, j'avais essayé de lire Accidents il y a... houuuu... mais le début m'avait ennuyé et j'avais arrêté (ce qui est très rare chez moi).

Mais bon, y a rien à faire, une nouvelle, je trouve toujours ça trop court.

Rien que du bonheur
J’ai terminé la lecture de ce que tu m’as envoyé. Le style me fait penser à Sagan. Je n’ai pas accroché : j’avais l’impression de lire des morceaux décousus, les personnages me paraissent futiles, dépourvus de profondeurs, échangeant des propos de salon sans aucune cohérence.

Est-ce parce que je n’ai pas l’habitude de lire un livre ou une nouvelle sur mon PC ? est-ce qu’il y avait quelque chose à comprendre qui m’a échappé ? pourtant, j’adore Françoise Sagan, mais ses personnages sont cohérents et bien plantés, même si elle s’est complue à dépeindre une certaine haute société de riches désoeuvrés, le verre à la main et sans doute la « ligne » toute prête à être sniffée !

Dans cette nouvelle, aucun des personnages ne m’a paru crédible.
Dis moi ce que tu penses de mes réflexions, ai-je raté qq chose ?

pour le moment Rien que du boheur, je le trouve trop simple, les personnages
étranges, je ne suis pas habituée à ces courtes nouvelles. J'attendrai la prochaine.

je crois Amadak que tu as dit l'essentiel avec ces femmes qui mettent leurs amis à leurs genoux.

ce sont des personnages branchés, superficiels, regardés d'un oeil malicieux dans leurs situations sentimentales (là où il est difficile de ne pas se rendre ridicule).

Dans rien que du bonheur, j'ai aimé (voir au-dessus) l'usage alerte de la langue comme les reprises un peu prétentieuses
p 47
cette fille pleine d'une irascibilité profonde et soudaine,

à quoi font écho

pleine d'un magnetisme profond et méditatif,

cette aventure profonde et significative,

jeu taquin du langage, chassé-croisé des sentiments etc.

Quant au philosophe amoureux d'une godiche muette à qui il prête une grande cérébralité, qu'il célèbre en termes pompeux, il reste sur le bas-côté des itinéraires du sentiment ; car en amour la plus sotte des filles trouve vite preneur. Une intelligence innée.

Cette comédie m'amuse, comme laurie Colwin prend plaisir à regarder et épingler ses personnages, des New-Yorkais, pas si éloignés des couples d'étudiants...

si bien que j'ai dit que ce n'est pas le genre de livres que j'aime, je ne peux pas nier certains coups d'intelligence: Une vérité universelle"les filles sottes trouvent vite un preneur, ce qui dit beaucoup sur les hommes. Et la jalousie sur le philosophe Arnold Milgrin qui se manifeste en donnant ce nom à n'importe quoi, ça amène le sourire ,pas le rire Je me souviens de "la conjuration des imbéciles" que je n'oulierai jamais ,tandis que celui-là lu, et vite oublié.

Vous ne savez pas tout !

le texte rien que du bonheur est un collage de textes issus d' Une vie merveilleuse, roman où de jeunes couples parlent d'un ton désinvolte de leurs relations sentimentales. A mon avis, c'est très moderne, autant dans le style, qui serait minimaliste s'il ne jouait sur l'inattendu des répliques, que dans les comportements, ceux d'une tranche d'âge et d'un certain milieu : les jeunes new-yorkais, mais aussi les étudiants par exemple.

j'y reviendrai, mais j'ai pensé à Kervinia, que j'aime bien et apprécie beaucoup, faut-il le dire ?

cette pratique du copier-coller, de faire une nouvelle avec des extraits de roman, moi j'aime bien cela, et je l'ai fait avec un texte de butor sur Boubat.

On dira qu'il n'y a pas d'étude psychologique, bien sûr : c'est une suite de sketchs, une bande dessinée mise en mots, et ces mots, je les aime car ils sont piquants. Rien n'est jamais plat comme dans une téleréalité.

S'il fallait trouver un prédécesseur à Laurie Colwin, je penserais à Boris Vian qui dessine à merveille les jeunes couples, avec fantaisie et humour.

Les dialogues comme les comportements reposent sur le surprenant, car dans la relation sentimentale les gaucheries sont des indices du trouble de l'âme, et qu'on n'est jamais sûr de l'autre : d'où l'idée de Vincent d'offrir à Misty un énorme bouquet de fleurs - qu'elle n'aime sans doute pas, mélange d'attention et d'agressivité

Rotko lorsque tu expliques une oeuvre on la voit d'une autre façon, j'ai vu le fil sur Boubat le photographe et Butor l'écrivain. Tu fais un travail admirable, en plus de la littérature tu aimes les photos et les peintres. moi je suis fort gauche dans cette matière, je n'ai même pas de photos personnelles, sauf de ma petite chienne.
De Michel Butor j'avais lu dans mes cours de français "la modification" que j'ai bien apprécié, ce voyage en train, ses pensées, son indécision, tu vois quand un livre est bon on ne l'oublie pas. Je pense que les livres de Laurie Colwin, pourraient s'adapter à une représentation théâtrale.

une vie merveilleuse

Les personnages sont interchangeables, ils sont indécis et vulnerables, inquiets :

Citation :

J’ai peur que nous nous réveillions un matin couverts de toiles d’araignées sentimentales et que nous ne fassions plus attention l’un à l’autre.

Ils vivent au présent, sans savoir ce que sera demain, dans tous les domaines.

J'aime beaucoup cette phrase .
La passion étant ephémère , elle est très représentative de ce qui s'installe par la suite.

oui, dans ce livre on sent que tout est éphémère.

Flaubert écrivait sans doute pour les générations futures, en tout cas, on fait actuellement comme s'il l'avait fait.

Or on change de profession, on change de conjoint, on change de mentalité, la langue évolue, l'ameublement aussi.

Boris Vian écrivait pour ceux de son époque, on l'aime toujours ;

Laurie Colwin parle de légèreté, les mots papillonnent, on les goûte sur l'instant. On lit donc comme vivent les personnages.

Vincent et Misty viennent de se marier .

- … je suis parfaitement heureux. Je suis un prince. Je viens de me marier et je suis amoureux. La vie est un festin. Tu as quelque chose à ajouter ?

- oui, dit Misty mystérieusement. J’ai épousé une andouille.

rotko a écrit:

On dira qu'il n'y a pas d'étude psychologique

Je ne suis pas de cet avis. Je pense que les évocations en creux sont souvent plus riches que les descriptions explicites détaillées. En tout cas j'adore ça.

Mais bon, si tu ne nous dis pas ce qu'il faudrait nous dire, aussi !

je répondais à des reproches qu'on lui adressait, et voulais dire qu'il n'y avait pas de developpements psychologiques faits par l'auteur. Laurie Colwin aime beaucoup les dialogues, et sans subordonnées.

rotko a écrit:

On dira qu'il n'y a pas d'étude psychologique

Luca a écrit:

Je ne suis pas de cet avis. Je pense que les évocations en creux sont souvent plus riches que les descriptions explicites détaillées. En tout cas j'adore ça.

Mais bon, si tu ne nous dis pas ce qu'il faudrait nous dire, aussi !

alors je te dis : j'aimerais avoir ton opinion sur une vie merveilleuse, j'y trouve la légèreté et la grâce des jeunes couples qui jouent, non sans un frémissement d'inquiétude parfois, à l'apprentissage de la vie.

Nul besoin d'adopter un ton grave pour être pris au sérieux. Ici l'attiude est souvent désinvolte, encore que... mais l'auteur sait prendre des instantanés affectueux et malicieux de ses personnages :

Citation :

"je vis juste au jour le jour en profitant de la vie"

dit Holly.