Alona Kimhi [Israël]

Journal de Berlin

Une écriture impressionnante. Tout en nuances. Violente aussi, le sujet l’exige.

Nous suivons le parcours d’une jeune Israëlienne internée dans un service psychiatrique pour dépression grave. Elle subit même des électrochocs.

Le récit oscille entre le présent, qui relate la vie quotidienne et infernale de ces malades incarcérés (plus en eux-mêmes qu’ailleurs) en institut spécialisé et le passé.

Celui-ci est fait d’une histoire d’amour ratée, achevée dans la douleur et d’un flirt sérieux avec la drogue. Cette jeune femme est une artiste en route vers l’auto-destruction. Son frère s’installe à Berlin, un peu pour affronter l’ennemi. Peut être le narguer…

On pourrait intituler ce récit « autopsie d’une dépression ». Car Kimhi y décrit les plongeons intérieurs, vertigineux et sombres, d’un être face à son destin et à son vide. Les angoisses, la neurasthénie.

Une famille qui ne comprend pas. Le portrait de la mère est virulent. Une caricature de grosse dame endiamentée à la sensibilitée amputée…

On n’aime pas trop la plume de Kimhi, dans son pays, car elle égratigne certains clichés.

Dans ce livre, on trouve de la solitude, de l’enfermement mental, une sorte de capitulation face à la vie.

Le style est direct et sait choquer.

Pour mieux dire la souffrance psychologique, l’incommunicabilité de la maladie…




A lire.

Disponibles chez Folio : Lily la tigresse, Suzanne la pleureuse, Moi, Anastasia

Alona Kimhi est née en 1966 à Lvov en Ukraine. En 1972, sa famille émigre en Israël à Kyriat Bialik. Après son service militaire, elle fait des études de théâtre à l’académie Bet Zvi et entame une carrière de comédienne au théâtre et au cinéma. En 1993 elle commence à publier des pièces de théâtre puis se tourne définitivement vers la littérature en 1996 avec la publication de son premier recueil de nouvelles, Moi Anastasia, primé dès sa parution en Israël par le Prix Wizo. La touche particulière d’Alona Kimhi réside dans sa capacité à rendre le désespoir presque drôle.

[i] En 1999 paraît Suzanne la pleureuse, son premier roman, salué par la critique israélienne et internationale, dans lequel elle raconte l’histoire d’une jeune femme qui pleurniche toute la journée, pour un oui ou pour un non. Alona Kimhi dévoile son humour très personnel et ses talents d’observatrice.

Son second roman, Lily la tigresse, qui parait en 2004, décrit les affres de la jeune Lily « 112 kilogrammes de femme » qui vit seule depuis que son fiancé, effrayé par son poids, a annulé le mariage à la dernière minute. Alona Kimhi possède une écriture au pouvoir évocateur exceptionnel. Elle écrit avec humour, désinvolture sur des sujets douloureux. C’est une des voix majeures des plus originales de la jeune littérature israélienne

"Journal de Berlin" est une nouvelle extraite du recueil "Moi, Anastasia" publié en 1996 et traduit en français en 2008


115 p. chez Folio 2