Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
| Sujet: Émilie de Turckheim Mar 26 Juil 2011, 11:45 | |
| Les pendusJ'avais envie de vous parler de ce petit livre qui m'avait beaucoup plu. Pour son côté tendre et âpre, mais aussi pour un bien joli travail sur la langue. Quatrième de couverture :Ce roman, je ne l’ai pas écrit. Je l’ai sécrété. Il a débordé de ma peau, de ma bouche et de mon sexe. C’est l’histoire d’amour qui dit à la misère d’aller se faire foutre, le temps d’un roman. C’est le roman de la drogue qui n’en finit pas d’adoucir les chagrins, le roman de la poésie qui n’en finit pas d’embellir la vie. C’est le roman de Gaston. Gaston récitait des vers de François Villon dans un bar d’égarés. Il faisait crever d’émotion les têtes soûles qui l’écoutaient. Un beau matin, viré. Le cul froid sur le pavé. Pour se tenir compagnie, il a inventé des mots, un dialecte de lutteur, de forcené du bonheur. Il s’est fait collectionneur de cheveux. Anti-mendiant. Confident des camés. Soupirant fou de Mariette. Père poule en quête de son poussin Julien. Indéfectible alcoolique. Opiniâtre espérant. J’entends sa voix. Sa rage amoureuse. Il sait cueillir la joie où elle n’est pas. Il a ce don, Gaston. Extrait : Gaston-Gustave qui s’adresse à "son auteuse" : - Citation :
- « Émilie ! J’ai lu en travers de ton âme la suite de nos épiques péripéties ! Quelle lacune d’optimisme ! Pourquoi tu nous essores les rétines avec Tulipe et ses pis ! Pourquoi d’entrister la gaieté ! Va pas narrer à mille lureaux des intimeries qui ne prunaillent que lui ! Tricote des mensonges ! Apprête-lui une sortie digne de sa poésie ! Laisse-lui ses perruques et sa voilette de mariée ! Laisse-le roucouler des mielleries assaisonnées au LSD dans les bras cassés du Fongique ! Petite auteuse de mes soucis, j’ai des inquiétudes de héros… Extirpe-moi d’un doute… Pour toi, c’est juste des mots ? Tulipe et moi, c’est quoi ? Des amis ? Des droits d’auteur ? Des assemblages de trognes que t’aurais croisées dans ta vie vraie et recoupées au format romaneux ? Écrire, tu dis ? C’est quoi écrire ? C’est la vraie vie ou des semblances ? T’as mal au cœur quand j’ai mal au cœur ? À quoi tu rêves quand tu me tords ? Tu risques ta carcasse ou juste la mienne ? Ça te fout en bas, en l’air, en sueur de sang, l’issue étrangement morte de mes tourments ? Ça serait beau que ça te tue comme ça me tue. J’aurais moins froid. Je serais moins fou… Mais t’as jamais eu froid aux pieds. C’est pas facile à encercler la miséreuse existerie… C’est pas souvent les mêmes, les écriveurs et les souffreurs… Faut sécréter pour écrire… Est-ce que tu salives ? tu mouilles ? tu t’ensueur ? tu coules des pupilles ? Et puis faut écouter ceux qu’on écrit ! C’est pas de l’autobiographie ! Tu te gardes bien de nous les montrer les tiennes de calamités ! T’es ni moi, ni lui ! Parle donc de c’que tu connais ! Tu bois même pas et combien de lunes t’as gribouillé à me faire passer pour un poivreux ? T’enrogne pas, petite lurette, mais ça te suffira pas la pitié, ton p’tit cœur battant, les dégoulineries d’amour, ta colère et tes humaneux sentiments… Pour nous raconter dedans, faudra songer à te congeler les pieds… Et encore, ça sera pas du vrai froid… T’es à l’abri, petite lurette… Question de société… Je critique pas, Émilounette… mais t’es née du bon côté…
Tu le sais que je suis pas un roman ! Je tiendrai pas sur des pages ! Dans ton merdeux feuillage ! Forêt naine ! Né avec la première ligne et mort quand ça s’termine ! Trouve des arrangeries ! Écris Le Retour des pendus ! Écris L’Ascension miridieuse de Gustave Picq ! Mais me fracasse pas la cabriole comme un lureau de roman d’gare ! J’existe, Lurette. » | |
|
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Émilie de Turckheim Mar 26 Juil 2011, 17:16 | |
| Les pendus 174 pages, Editions Ramsay. | |
|