Rabelais, vie excellente et divertissante

Rabelais passe à la télé !


vendredi 8 juillet

La très excellente et divertissante vie de François Rabelais (FRANCE 2)
20:35

Sensuel, facétieux, satirique et railleur, François Rabelais, né à la fin du XVe siècle, incarne à lui seul le Moyen Âge, cette ère féconde d'où le monde moderne est sorti, et l'esprit de recherche, de fièvre intellectuelle de la Renaissance, ses enthousiasmes et ses aspirations. Trois jours avant sa mort, en l'an 1553, François Rabelais parcourt une dernière fois les chemins pèlerins de sa vie

scenario Claude GAIGNEBET : il a pondu une grosse thèse sur Rabelais, il est très fort sur l'iconographie du Moyen-äge et de la renaissance. Bref, une pointure et donc un film à enregistrer, amha.

Difficile de retracer le parcours d'un écrivain à la télévision avec une fiction : ou on met en valeur ses textes à chaque scène ou on reconstitue à grand peine une époque aux problèmes et goûts bien différents...

Ici l'oeuvre déteint sur les acteurs, mais par allusions qu'on saisit au passage. Le père de Rabelais naît de Gargantua, et l'énorme rire de l'oeuvre caractérise le nourrisson.

On voit le milieu familial réinventé, les divers éducateurs, des Cordeliers aux Bénédictins, puis les doctes médecins de Montpellier, dans une rétrospective faite par un écrivain agonisant qui semble en pleine santé.

Le père lui a donné un bon naturel, une curiosité en tous domaines et les bases de son "prodigieux savoir". Des moines, il retient les farces, le goût de l'étude, mais aussi l'étroitesse d'esprit qui le pousse à aller voir ailleurs.

La veine populaire vient des cabarets, des foires, des comédies étudiantes, grandes récréations moqueuses de l'esprit de sérieux, voire des Écritures. L'Évangélisme est là, avec Marguerite de Navarre, mais tout passe si vite et par si rapides références, que le spectateur s'en remet à ses souvenirs ( dont l' étude de mikhael Bakhtine).

j'ai vu la première partie, je regarderai la seconde. Dommage que Gaignebet ait quelque peu raté son coup...

Je n'ai pas essayé de le regarder. Les critiques n'étaient pas bonnes, et je me disais bien qu'il serait difficile de mettre en images toutes les querelles de l'époque (religieuses, scientifiques...). Et après avoir lu la quatrième de couverture de la biographie de Mireille Huchon (Gallimard, "nrf Biographie"), j'ai vu qu'il y avait de nombreux vides dans la vie de Rabelais, que l'on ne peut combler.

Au début, je voulais le regarder par rapport à l'agreg, et puis le début m'a suffit

oui, vu l'autorité de Gaignebet, on attendait mieux.

Ethnologue et folkloriste, il est l'auteur de différents ouvrages sur le carnaval, sur Rabelais, sur l'art profane et la religion populaire. En tant que folkloriste et chercheur, Claude Gaignebet a enseigné à lUniversité de Nice et est actuellement considéré comme le meilleur spécialiste des Mythes Européens.

Il doit figurer dans les bibliographies sur Rabelais.

Gaignebet n'apparaît qu'une seule fois dans la bibliographie de La Pléiade. Je crois que la plus grande spécialiste est Mireille Huchon, qui a dirigé l'édition de La Pléiade et vient de publier une biographie chez Gallimard.

Elle n'a contre elle qu'une querelle autour de l'existence réelle ou non de Louise Labé (mais ça ne concerne pas Rabelais !).

Citation :

j'ai vu qu'il y avait de nombreux vides dans la vie de Rabelais, que l'on ne peut combler.

C'est pourquoi les réalisateurs ont choisi la "remontée des souvenirs", avec les épisodes marquants, je cite dans la 2é partie, l'exercice de la médecine, le voyage en Italie avec Guillaume du Bellay, l'entrevue avec le pape etc.

On ne peut nier au film la beauté des décors (chambres, rues, maisons, et surtout des chateaux et des parcs très bien entretenus, ce qui procure un plaisir esthétique.) et quelques intermèdes musicaux.

Les querelles religieuses et scientifiques apparaissent en filigrane, mais on avouera que le but d'un documentaire n'est pas de les explorer à fond.

Cette deuxième partie était plus grave, sans perdre le côté ludique : vraies citations et vraies apparitions de Ronsard, mais aussi fausses citations et vie exubérante de personnages, prenant le spectateur et les protagonistes à contrepied.

La fin se fait un peu longuette, rachetée par l'intervention de "silènes", sorte de boites magiques, ici devenues à jeux optiques, pour traduire la multiplicité des personnages incarnés par Rabelais, et les différentes facettes retenues par la postérité.

La fin rejoint le début sous le signe du rire, rappelant qu'il est riche chez Rabelais, depuis l'acceptation de la vie jusqu'à la parodie et au sarcasme, en passant par la farce.