Paul Jean Toulet

Ô mer, toi que je sens frémir
À travers la nuit creuse,
Comme le sein d’une amoureuse
Qui ne peut pas dormir ;

Le vent lourd frappe la falaise...
Quoi ! si le chant moqueur
D’une sirène est dans mon cœur —
Ô cœur, divin malaise.

Quoi, plus de larmes, ni d’avoir
Personne qui vous plaigne...
Tout bas, comme d’un flanc qui saigne,
Il s’est mis à pleuvoir.

in Contre-rimes

Dans le lit vaste et dévasté
J’ouvre les yeux près d’elle ;
Je l’effleure : un songe infidèle
L’embrasse à mon côté.

Une lueur tranchante et mince
Échancre mon plafond,
Très loin, sur le pavé profond,
J’entends un seau qui grince...

Fô a dit...

" Ce tapis que nous tissons comme
" Le ver dans son linceul
" Dont on ne voit que l'envers seul
" C'est le destin de l'homme.

" Mais peut-être qu'à d'autres yeux,
" L'autre côté déploie
" Le rêve, et les fleurs, et la joie
" D'un dessin merveilleux. "

Tel Fô, que l'or noir des tisanes
Enivre, ou bien ses vers,
Chante, et s'en va tout de travers
Entre deux courtisanes.

Il a également été fait mention de ce poète dans l'émission consacrée à Le Clézio et l'Ile Maurice sur France culture. Il y est dit que Toulet a écrit un journal passionnant où il exprime son éblouissement pour la nature. Le vers "Douce plage où naquit mon âme" résume ce que l'île Maurice représente pour lui.

Solweig a écrit:

Toulet a écrit un journal passionnant où il exprime son éblouissement pour la nature. Le vers "Douce plage où naquit mon âme" résume ce que l'île Maurice représente pour lui.

Citation :

Douce plage où naquit mon âme ;
Et toi, savane en fleurs
Que l’Océan trempe de pleurs
Et le soleil de flamme ;

Douce aux ramiers, douce aux amants,
Toi de qui la ramure
Nous charmait d’ombre et de murmure,
Et de roucoulements ;

Où j’écoute frémir encore
Un aveu tendre et fier —
Tandis qu’au loin riait la mer
Sur le corail sonore.

le texte entier ; je cite les couplets 46 de ce texte qui en comprend 109.

Même pas besoin de demander, on est servi.
Merci Rotko.

C'est superbe. Ca doit être intéressant de lire Le Chercheur d'or en ayant à l'esprit les auteurs qui l'ont inspiré et en particulier celui-ci.

                Sur la Halte de chasse de Van Loo.

On rit, on se baise, on déjeune...
Le soir tombe : on n’est plus très jeune.

Citation :

« — Non, ce taxi, quelle charrette.
C’est sous les toits, votre entresol ?
Je t’aime... Oui c’est un tournesol...
Si tu savais comme il me traite :
Des claques voilà mes cadeaux !
Je croyais n’être jamais prête.
... Ça ? C’est moi. Laissez les rideaux. »
« — Le cœur vous est bien en dentelle. »
« — Mais il faut une heure » dit-elle
« Rien qu’à me lacer dans le dos. »

Ô poète, à quoi bon chercher Paul-Jean TOULET

Ô poète, à quoi bon chercher
Des mots pour son délire ?
Il n'y a qu'au bois de ta lyre
Que tu l'as su toucher.

Plus haut que toi, dans sa morphine,
Chante un noir séraphin.
Ma nourrice disait qu'Enfin
Est le mari d'Enfine.