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| | Virginia Woolf, Mrs Dalloway | |
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+4Aphrodite rotko Mile Bridget Jones 8 participants | Auteur | Message |
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Bridget Jones pilier
Nombre de messages : 806 Age : 63 Localisation : Genève Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Mer 09 Fév 2011, 16:06 | |
| J'ai lu 10% (kindle ) de Mrs Dalloway et je trouve ça particulièrement ch... euh... mortel. Encouragez-moi à continuer... | |
| | | Mile Animation
Nombre de messages : 934 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 08/09/2010
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Mer 09 Fév 2011, 16:46 | |
| De prime abord, "Mrs Dalloway" peut en effet paraitre particulièrement chiant. Il faut cependant y retourner quand la faim de ce genre se fait sentir. On y trouve alors le miroitement de l'océan psychique de Virginia Woolf, avec ses vagues et ses marées, ses symboles et ses beautés. C'est un livre auquel on peut revenir régulièrement ; il y a toujours quelque chose à découvrir.
Sinon, le mettre sur une étagère et attendre le jour propice. Il viendra. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Jeu 10 Fév 2011, 15:00 | |
| je suis moi aussi partagé, car je préfère de beaucoup la promenade au phare (ou vers le phare, selon les traductions.)
Je croirais comme Mile qu'il faut revenir sur certains passages et les goûter tels qu'ils se présentent, même si l'ensemble est long. J'ai arrêté à la page 190 environ.
je donnerai mon avis plus tard.
Virginia Woolf n'avait pas du tout apprécié Ulysse de Joyce, il ne faut donc pas se culpabiliser si on tombe dans le même travers. Pourtant dans Mrs Dalloway, V.W ouvre la voie à de nouvelles perspectives romanesques, sinon à d'autres manières de percevoir autrui et le monde.
On en reparlera certainement. | |
| | | Aphrodite pilier
Nombre de messages : 1643 Date d'inscription : 05/01/2010
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Jeu 10 Fév 2011, 15:04 | |
| Un auteur que j'ai très envie de découvrir depuis pas mal de temps. Non non, vos avis ne me refroidissent pas; je reste assez curieuse. J'ai "Mrs Dalloway" en Anglais mais si le livre est déjà compliqué en français, je ne me risquerais pas à le lire dans la langue d'origine ! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Virginai Woolf, Mrs Dalloway Jeu 10 Fév 2011, 15:28 | |
| Mrs. Dalloway (1925)
La promenade au phare, également traduit sous le titre Vers le phare (1927) (To The Lighthouse)
je crois que certains passages de Vers le phare, comme dans II Time passes gagnent à être lus en anglais : la maison des Ramsay est déserte et subit les infimes morsures du temps, des courants d'air, des moisissures, ces imperceptibles que V.W excelle à faire sentir, comme les nuances changeantes des impressions et sentiments.
Là, les textes intitulés 1, 2, 3 etc ne font qu'une page et demie, ce qui nous est plus accessible, je crois, que les longs developpements de Mrs Dalloway.
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| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: virginia Lun 21 Fév 2011, 16:48 | |
| Ce livre m'a fait un impact étrange, je l'ai relu deux fois pour comprendre son écriture et ses pensées et ses états d'esprit. De l'espagnol au français deux fois compliqués, mais cela a valu la peine, pour connaître cette grande figure de la littérature.
Avec cette oeuvre Virginia Wolf arrive à la plénitude de son art narratif et au sommet de la littérature Anglaise. Ce livre résume la vie et la conscience de personnages qui ne s’entrecroisent jamais, leur trajectoire décrite par le moyen des voix et des monologues intérieurs
Tout est dépeint comme un pinceau qui trace avec beauté et connaissance la profondeur des labyrinthes de la condition humaine. Le roman se déroule en un seul jour, mais il suffit à l’auteure de nous décrire du point de vue féminin les banalités de la préparation d’une fête, une fête qui fera appel à un ancien amour perdu . C’est aussi un regard moqueur sur la monarchie ; une critique de la psychiatrie ; un petit rire narquois sur le mariage ; c’est un mécontentement général sur l’entre-deux-guerres ; un trait mordant sur les conventionnalismes de Londres ; c’est un récit plein d’interrogations ; un emportement enthousiaste pour la parole, une fête du langage, de la poésie en prose.
C’est un roman immense, ambitieux et très intelligent, inoubliable.
Virginia Woolf, elle-même avait dit qu’il n’existe pas de bons ou de mauvais livres : Il existe des livres qu’on lit et qu’on garde dans la bibliothèque ; il en existent d’autres, qu’on lit, qu’on garde dans la bibliothèque et auxquels on revient de temps en temps
J’avoue que c’est le premier que je lis de Wiginia et il m’a donné envie de me plonger dans son univers empreint de lyrisme.
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| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Lun 21 Fév 2011, 19:13 | |
| Un beau commentaire, Amadak, riche et sensible : bravo !
Dans ce roman, j’ai été frappée par le mélange subtil d’une vie presque exubérante, de la mort omniprésente (et du suicide) et de la folie ; tout se mêle intimement et m’a finalement donné une sensation de malaise : même ramené à l’espace d’une journée, le côté désespérant de toute existence prédomine et pèse de plus en plus au fil des pages.
Mrs Dalloway qu’on pouvait croire seulement futile et mondaine apparaît comme une femme éternellement séduisante mais déchirée par des aspirations qu’elle n’a pu satisfaire : elle est mariée à un homme qu’elle n’aime pas vraiment malgré ses qualités, elle est seule, elle se sent vieillir et ses désirs les plus secrets restent enfouis (un beau passage quand est évoquée son attirance pour Sally, son amie d’autrefois).
La fuite du temps rythmée par Big Ben et ses cercles de plomb est le thème qui orchestre la construction du roman mais elle est tellement présente qu’elle contribue à la sensation d’étouffement que personnellement j’ai éprouvée : c’est finalement une non-histoire (il ne se passe rien) déprimante ; du coup, malgré la virtuosité de l’auteur, j’avoue avoir eu du mal à progresser dans ma lecture, souvent interrompue d’ailleurs.
Restent une écriture très personnelle, des analyses fines des réactions ou des pensées des uns et des autres et une abondance de comparaisons et métaphores qui, au début, m’a séduite et ensuite un peu lassée (chaque page est remplie d’une abondance de « comme » presque lancinante)
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| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Mar 22 Fév 2011, 16:41 | |
| Mrs Dalloway
J’ai été transportée par ce tourbillon littéraire. Uniquement construit à base de soliloques, de subjectivité, de méditations. Dans la préface, on la compare à Monet : des touches impressionnistes, correspondant à ce qu’un être pense et ressent à un moment donné. Il bâtit un édifice qui s’écroulera la minute d’après. Cela m’a fascinée car Virginia a puissamment capté le flux de la vie.
C'est-à-dire pour nous, le monde mental. Monde qui ne s’arrête jamais, sauf à la mort, ou grâce à des techniques spirituelles ciblées (paraît-il... du côté de l’Asie).
Bref.
Une écriture qui a pulvérisé tous les codes narratifs de son époque car avant, l’écrivain racontait de l’extérieur. Là, nous entrons dans l’âme des protagonistes et la difficulté vient dans doute du rythme imposé : on ne nous dévoile que des morceaux de vie, des tranches de pensées, de ressentis et ça va très vite ! A l’instar de cette vie si précieuse mais qui nous dévore avec le sourire chaque jour un peu plus.
Sur le fond, bien entendu, c’est tragique. C’est une course contre la montre qui va finir là, tout à l’heure, malgré l’apparente gaieté, l’apparente frivolité des situations. Et c’est ce contraste qui fait mal. Pauvre humanité cherchant à s’étourdir avec des illusions quand le néant guette !
Je souscris à une remarque de Cunningham dans Les heures, (via le personnage de Mme Brown) : ce livre est étonnant, déroutant même, car il semble faire l’éloge de la vie et pourtant distribue la mort.
En un mot, j’ai adoré !
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| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: mrs Daloovay Mar 22 Fév 2011, 22:22 | |
| merci Nycirle, ton commentaire et celui de Crevette sont meilleurs que le mien, mais ne connaissant pas Virginia je suis encore subjuguée par cette écriture qui ne disant rien, parle de tout. En un seul jour le monde et ses drames, ses regards qui s'arrètent comme sur un tableau, les frustrations et le tout marqué par le big-ben, qui rappelle à la réalité. J'ignore si la version que j'ai lue en espagnol et sur l'ecran peut réfléter en toute sa dimension l'essentiel du livre, et pourtant il m'a fasciné. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Mar 22 Fév 2011, 22:27 | |
| - Amadak a écrit:
- merci Nycirle, ton commentaire et celui de Crevette sont meilleurs que le mien, mais ne connaissant pas Virginia je suis encore subjuguée par cette écriture qui ne disant rien, parle de tout. En un seul jour le monde et ses drames, ses regards qui s'arrètent comme sur un tableau, les frustrations et le tout marqué par le big-ben, qui rappelle à la réalité. J'ignore si la version que j'ai lue en espagnol et sur l'ecran peut réfléter en toute sa dimension l'essentiel du livre, et pourtant il m'a fasciné.
Une fois de plus, tu te sous-estimes, Amadak. Ton commentaire précédent comme celui-ci sont tout à fait intéressants et pleins de pertinence. Il est certain que le mieux serait de lire le texte original. Nous aussi, nous lisons en traduction ! | |
| | | Mile Animation
Nombre de messages : 934 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 08/09/2010
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Mer 23 Fév 2011, 07:36 | |
| Partageant l'essentiel de vos commentaires, je me permets cependant de préciser que la littérature de Virginia Woolf est, me semble-t-il, non pas une littérature de flux de vie mais de flux de conscience (au pluriel pour flux). Les vagues succèdent aux vagues. En disant cela, je ne fais d'ailleurs pas preuve de grande originalité puisqu'il s'agit de la position de la plupart des critiques. J'ai cependant pu le vérifier en lisant "Mrs Dalloway", "La promenade au phare" et "Les Vagues". En tout état de cause, VW ( pas Volkswagen - je me méfie), a mi-chemin entre Marcel Proust et Sigmund Freud, est un phare de la littérature du XX ème siècle. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: mrs Dalooway Jeu 24 Fév 2011, 14:08 | |
| Pour Mile: j'ai vu ton blog, mon Dieu!! combien de choses intéressantes à lire , il faut avoir du temps et lire sans dictionnaire!!! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Ven 25 Fév 2011, 08:39 | |
| Dans Mrs Dalloway, j'ai été sensible au mélange de beauté, de moments heureux et en même temps d’une angoisse mèlée d’horreur. Des moments d'intuition poétique, ressentis et communiqués :
Un moment à peine, mais c’était assez; Une soudaine révélation, une vague comme la rougeur qu’on voudrait arrêter, puis à laquelle on cède en la sentant s’étendre ; on court au bord le plus lointain, et là on hésite ; on sent le monde dvenir lourd, tout gonflé d epsomites étonnantes d’un ravissement qui pousse et fait craquer la mince enveloppe, et qui jaillit et qui déborde, extraordinairement allègre, sur les fentes et les plaies. Alors en cet instant, lui apparaissait une illumination -un point allumé dans une fleur- un sens presque exprimé.
Ainsi, un jour d’été, les vagues se rassemblent, se soulèvent et retombent, e tlemonde entier semble dire
« c’est tout », avec une force de plus en plus grande, si bien que même le cœur, dans le corps étendu au soleil sur la plage dit aussi « c’est tout « Ne crains plus, oh ! ne crains plus », dit le coeur qui remet son fardeau à la mer, une mer qui soupire innombrablement pour tous les chagrins, et qui recommence, se soulève et retombe. Et le coeur, resté seul, écoute l’abeille qui passe, la vague qui se brise, le chien qui aboie au loin, au loin.
On trouve aussi des confidences autobiographiques à peine voilées sur sa vie de couple et ses attirances, comme vous l'avez dit.
elle avait un scrupule, ramassé Dieu sait où -peut-être donné par la Nature qui sait toujours ce qu’elle fait- et cependant, parfois, et il lui arrivait de cèder au harle d’une femme, pas d’une jeune fille,, d’une femme qui lui avouait -on le faisait souvent - une aventure, une faute.
L’humour m' a paru fréquent,
- avec des scènes cocasses où Peter Walsh, l'incroyable rêveur, poursuit des chimères d'amour. Le personnage est insolite avec son canif, ses conversations intérieures. D'une seule expression, l'auteur l'étiquette malicieusement sur sa dernière passion
avec « la femme du major de l’armée des Indes »
- des comparaisons disproportionnées sur de mini-états d'âme entre les personnnages
« avant que la bataille commence, les chevaux piétinent la terre, secouent la tête, lalumière brille sur leurs flancs, ils courbent le cou. Ainsi peter Walsh et Clarissa, côte à côte sur le sofa bleu, se défièrent l’un l’autre.»
Reste que la souffrance est évoquée en termes qui surprennent par une vision pessimiste de la vie et des humains.
on ne peut pas mettre des enfants au jour dans un monde comme celui-ci. On ne peut pas perpétuer la souffrance, ni accroître la race de ces animaux sensuels, qui n’ont pas d’émotions durables, mais seulement des caprices, des fantaisies qui les emportent ça et là. 143
J'ai lu le livre jusqu'à la page 194, mais le flux continu des pensées et des images (flux de consciences, dit à juste titre Mile) demandait une cncentration que je n'avais plus. En revanche l'écriture de ces flux m'a paru plus interessante et mieux maîtrisée dans Vers le phare | |
| | | Mile Animation
Nombre de messages : 934 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 08/09/2010
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Ven 25 Fév 2011, 09:19 | |
| - Amadak a écrit:
- Pour Mile:
j'ai vu ton blog, mon Dieu!! combien de choses intéressantes à lire , il faut avoir du temps et lire sans dictionnaire!!! Merci Amadak, bien aimable. Ce petit blog reste bien éloigné des ouvrages érudits du sérail universitaire avec lesquels d'ailleurs il n'a jamais eu la prétention de rivaliser. Il est à disposition de qui s'intéresse à Aloysius Bertrand ; chacun y prend ce qu'il souhaite : c'est gratuit. | |
| | | chtip habitué(e)
Nombre de messages : 22 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/05/2010
| Sujet: Re: Virginia Woolf, Mrs Dalloway Mar 01 Mar 2011, 09:42 | |
| Étant encore au tout début de ce livre, vos commentaires me sont précieux! Ils éclairent les premières pages lues d'une vision que je n'aurais su moi même formuler aussi bien, et me donnent envie de continuer, malgré une lecture un peu difficile. Il faut dire que j'ai choisi de le lire en VO, et je vous le confirme, c'est vraiment ardu: sans doute parce que l'écriture de Virginia Woolf a son propre rythme, loin du rythme académique auquel on peut être habitué.
Mais pour avoir été à Londres il y a quelques jours, quel délice de retourner aux côtés des personnages au pied de Big Ben et dans les allées de Green Park! Je retrouve que l'atmosphère de la ville dans chaque phrase, c'est aussi ce que j'aime dans ces premières pages. | |
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