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| | Jorge Ibargüengoitia (Mexique). | |
| | Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Sam 05 Fév 2011, 12:19 | |
| Jorge Ibargüengoitia Antillón (Guanajuato (Mexique), 27 janvier 1928 - Madrid, 27 novembre 1983)
écrivain et dramaturge mexicain. Il remporta un grand succès avec ses récits satiriques, comme Las Muertas (Les Mortes), Dos Crimenes (Deux crimes), et Los Relámpagos de Agosto.
Parmi ses pièces, Susana y los Jóvenes et Ante varias esfinges remontent toutes deux aux années 1950.
En 1955, Ibargüengoitia reçut un bourse Rockefeller pour faire des études à New York ; cinq ans plus tard, il reçut le prix littéraire de la ville de Mexico.
source : Wikipedia.
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| | | darabesque pilier
Nombre de messages : 2846 Age : 81 Localisation : picardie Date d'inscription : 03/09/2009
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Sam 12 Fév 2011, 10:11 | |
| Je sais nous sommes encore courant février mais j'ai terminé " les mortes" et pas trop le temps en ce moment alors je dis maintenant ce que j'en ai "tiré" Dans un état ou la prostitution vient d'être interdite, des maquerelles ne savent plus comment s'en sortir. Elles vont être machiavéliques et faire en sorte de ne pas trop souffrir de cet état de fait. Je n'ai pas trop apprécié ce roman, car je n'ai pas trouvé de trame. Peut-être cela vient-il de moi . J'ai eu l'impression de désordre dans les actions de chacun. On a l'impression que cela aurait du être une histoire horrible et il n'en sort que des crimes sans raison? Mais je répète que ce n'est que mon humble avis et que je découvrais cet auteur. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Mer 16 Fév 2011, 11:42 | |
| Les mortes1/3 Il est certain que Les mortes n’est pas dans la lignée des polars ordinaires. C’est la chronique narquoise des sœurs Baladro, divisée en chapitres, et où se succèdent plusieurs narrateurs, dont des rapports d’enquête ou de procès-verbal. Ce style froid d’apparence relève de l’humour noir et du pince sans rire, à décrire sans émotion des évènements qui prennent les protagonistes et le lecteur à contre-pied. Ainsi le premier chapitre, « deux vengeances », donne le ton : que font ces individus silencieux, à lunettes noires et en voiture, à chercher une boulangerie-pâtisserie dans un village désert ? C’est seulement à la troisième boulangerie, après avoir goûté la spécialité (des campechanas, sortes de galettes sucrées), qu’on apprend par un rapport leurs véritables intentions : - Spoiler:
arroser la boulangerie d’essence et le personnel avec des armes automatiques.
Tout ça pour des vengeances d’amoureux, qui se séparent et se rembobinent, à chaque tournant. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Mer 16 Fév 2011, 11:46 | |
| Les mortes2/3 La vision de la société relève du même humour sarcastique : c’est au sortir d’une nuit d’amour dans un village bien tranquille que l’amoureuse décide d’y ouvrir un bordel, c’est l’écho des fêtes nationales et religieuses dans le monde de la prostitution, le désespoir d’une mère maquerelle qui apprend que son fiston fait carrière dans la drogue, etc. Et le narrateur enfoncer le clou par des annonces : « cette rancune jouera un rôle important dans cette histoire comme nous le verrons plus tard » ou des rappels « deux ans et neuf mois s‘écoulèrent avant qu‘elle exerce la vengeance qu‘on avue au premier chapitre. » Il brise à l’avance l’avenir des protagonistes : ce sera pour l’un la prison pour hommes, et la prison pour femmes pour l’autre. La vie est faite de hauts et de bas, et l’honnêteté bien mise à mal !! - Citation :
- « Pendant que mon mari et moi avons perdu trois fois ce que nous avions en travaillant, mes sœurs [tenancières de bordel] sont devenues riches en en vivant de l’immoralité »
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Jeu 17 Fév 2011, 09:48 | |
| Les mortes de jorge Ibargüengoitia, in série noire Gallimard. 3/3 - Citation :
- « L’un des points obscurs de cette histoire est le suivant : comment [des] personnes, aussi fières de leur honorabilité *** ont pu consentir à devenir***… »
Dans la deuxième partie du livre - dont la construction est très savante puisque tout remonte au premier chapitre, l’aspect « sarcastique » tend à s’estomper au profit de la connaissance objective des pièces du dossier pour s’interroger sur les comportements humains. Le style froid, administratif, rend plus horrible encore les scènes racontées : nul pathos, nul suspens ménagé, mais selon la formule de Danton, « la vérité, l’âpre vérité ! ». La voilà, bien dérangeante, d’autant qu’elle est suivie d’appendices qui ancrent ce récit dans la réalité vécue, et non dans la fiction. Bonne lecture à tous pour ce livre qui impressionne ! | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Jeu 17 Fév 2011, 16:02 | |
| Je l'ai commencé et pour l'instant j'accroche bien tant à l'histoire qu'à l'écriture !
J'en dirai plus demain. | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Ven 18 Fév 2011, 09:52 | |
| C'est une lecture très plaisante que Les mortes. Mais comment donc as-tu déniché ce petit bijou d'humour noir ? Dès les premières pages je me suis sentie prise par l'intrigue....mais que fabriquent-ils donc ? dans un trou paumé qui plus est. Et puis voilà que le drame prend forme, là, sans qu'on ne puisse saisir le pourquoi. Un bon début de polar puisque d'entrée, le style descriptif aidant, je me suis demandée mais pourquoi tant de haine ? Que fait cette bonne femme (Séraphina Baladro ) avec ces trois bonhommes ? Commencent alors les interrogatoires et un peu à la façon de Truman Capote dans De sang froid chacun replongera dans le passé avec sa version de évènements qui conduiront à cette boulangerie. Beaucoup d'humour concernant le côté administratif de gestion de l'affaire criminelle: - Spoiler:
Une fois la déclaration recueillie, et le procès-verbal dressé et signé,l'agent accomplit la formalité d'usage,qui consistait à informer ses supérieurs,à désigner la présumée coupable et à prier Monsieur le Procureur de l'Etat de Mezcala de prier Monsieur le Procureur de l'Etat du Plan d'En Bas de prier le représentant du ministère public de Pedrones de prier le chef de la police de ladite ville d'appréhender la senora Seraphina Baladro pour qu'elle réponde des charges portées contre elle
J'adore ce genre " accumulation, répétition " Comme le dis Rotko, tout çà pour des histoires d'amours qui se font et se défont. La " confession "commence par Simon Corona, l'amant va-et-vient de Séraphina qui s'avère au fil des pages être de nature bien malléable...ce qui n'est pas pour déplaire à Séraphina à partir du moment où elle maitrise la situation. Car Séraphina c'est une maîtresse, une vraie de vraie. Et voilà donc Simon embarqué à cause de sa "mollesse" dans une histoire bien sombre. - Spoiler:
elle m'a expliqué que l'une des femmes qui travaillaient au Mexico Lindo, et qui s'appelait Ernestina, ou Helda, ou Helena, était morte la nuit précédente et qu'elles ne savaient pas quoi faire du cadavre
Les deux soeurs savent s'entourer, y a pas à dire ! | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Lun 21 Fév 2011, 09:45 | |
| Séraphina vit très mal l'abandon de Simon, ce traître, elle parle ainsi : "maux de tête, d'une préférence morbide pour les sardines en boîte qu'elle mangeait avec du pain, seule dans la salle à manger et presque sans y voir, de l'envie qu'elle avait de ne parler à personne, d'un désintérêt total pour son commerce et d'un grand dégoût des hommes (...) elle avait la nausée rien qu'à l'idée d'être tripotée par de grosses pattes d'homme".Séraphina et Archangela Baladro, tenancières de maisons closes ont un gros appétit et pour échapper à la nouvelle loi qui interdit la prostitution ( non pas votée par charité d'âme mais pas profit ) elles vont étendre leur " commerce" tout en camouflant leurs rentrées d'argent. Cette loi du 2 / 03 / 1962 aura de graves répercussions sur la population : La loi de moralisation du Plan d'en Bas - Spoiler:
l'application de cette loi, à laquelle personne ne s'attendait, frappa près de 30 000 personnes, dont les sources de revenus dépendaient, directement ou non, de la prostitution : ainsi les municipalités, dont les revenus se composaient , dans une proportion de 30 à 40 %, des impôts payés par les maisons de passe, et des centaines d'employés de la fonction publique à qui des proxénètes versaient des dessous de table. Malgré les préjudices subis, personne ne protesta
Le sort des maisons closes est compromis, interrogatoire des prostitués dans des conditions adéquates mais : - Spoiler:
les 26 femmes répondirent à l'enquête en disant qu'elles n'avaient pas reçu de mauvais traitements et qu'elles exerçaient la prostitution de leur plein gré. Or, toutes les conditions se trouvaient réunies pour que les femmes puissent répondre la vérité à cet interrogatoire, dont l'intérêt tient donc à ce que plusieurs d'entre elles déclarèrent exactement le contraire 14 mois plus tard Archangela est d'un cynisme consternant : - Citation :
- " c'est très simple le commerce de la prostitution, tout ce qu'il faut pour réussir, c'est avoir beaucoup d'ordre"
Entre en scène Bedoya, militaire qui espère bien une part du gâteau et qui sera source de bien des idées " noires " , et tirera le maximum de gains des affaires des deux soeurs. Les soeurs Baladro, aidées par Bedoya, leur autre soeur et son mari vont devoir ruser, cacher les filles, en revendre mais elles ne renoncent pas et croient toujours que les affaires vont reprendre n'hésitant pas pour celà à proposer des pots de vin ( choses courantes ) Le style narratif (comme le dit Rotko ) est direct, et va droit à l'essentiel et pourtant aux détours de certaines phrases et descriptions de scènes persistent des traits d'humour noir. La noirceur des Hommes, leur avarice, leur convoitise et leur lâcheté sont abordés par une écriture que je qualifierai de pointue. L'histoire tirée d'un fait divers est pourtant " assez classique" , la galerie de personnages moins. Les appendices sont bienvenus. En bref , un bon polar. | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Lun 21 Fév 2011, 10:51 | |
| - darabesque a écrit:
Je n'ai pas trop apprécié ce roman, car je n'ai pas trouvé de trame. Peut-être cela vient-il de moi . J'ai eu l'impression de désordre dans les actions de chacun. On a l'impression que cela aurait du être une histoire horrible et il n'en sort que des crimes sans raison? Mais je répète que ce n'est que mon humble avis et que je découvrais cet auteur. Cette impression de désordre tient certainement au morcellement de ce fait divers par le regard des différents protagonistes qu'ils soient prépondérants ou non. Quand tu dis - Citation :
- il n'en sort que des crimes sans raison
A bien y regarder c'est aussi mon sentiment ( ce qui relève même de façon morbide d'un certain burlesque) et parfois sont-ils seulement de vrais crimes ou plutôt un enchaînement de circonstances malheureuses? pas tous non ? | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Mar 15 Mar 2011, 16:33 | |
| début de lecture 13/03/11 - fin de lecture 15/03/11...
Serafina et Arcángela Baladro, deux soeurs, maquerelles de plusieurs lupanars, se voient contraintes de cacher leur pensionnaire dans un ancien bordel, lors de l’application d’un décret interdisant l’ouverture des maisons de closes. Cette fermeture va générer des conflits parmi les filles qui y sont recluses et certaines disparaissent.
citations, "Comment le gouverneur Cabanas s'est-il avisé de faire une chose qui, dans le Plan d'En Bas, n'était, en cent quarante ans d'indépendance, venue à l'esprit de personne : interdire la prostitution ?"
Oeuvre de fiction à partir d'un fait divers... où la "naïveté" dûe à l'ignorance, côtoie l'horreur... nous entraîne sur les traces de la traite des femmes et particulièrement de très jeunes filles, parfois vendues par leurs mères, vers une administration aveugle sinon coupable de corruption.
A peine croyable ! et pourtant... étonnant et jubilatoire, l'histoire est racontée dans des termes simples et malgré l'horreur, j'ai dévoré ce livre.
* trouvé un article complet sur cette affaire : http://arts.sombres.pagesperso-orange.fr/Las_Muertas_JI.htm | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Mer 16 Mar 2011, 08:11 | |
| Merci pour le lien mazel : tout y est !
J'ai bien aimé aussi. | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Ven 04 Nov 2011, 14:29 | |
| Fini et dévoré. Merci à vous car je n'aurais jamais eu l'idée de lire cet auteur au nom imprononçable. Triste fin que la sienne d'ailleurs. Je trouve l'ensemble excellement construit, justement dans sa rigueur et son implacable crescendo dramatique. On veut savoir et très vite, on synthétise. L'auteur a du talent et en très peu de pages, dresse le portrait d'un pays corrompu jusqu'à l'os. Les maquerelles ne sont que les représentantes individuelles d'une grosse machine où la vie ne compte pour rien et la probité est inexistante. Il y a bien des rites religieux, mais qui nous laissent morts de rire, car en général, la carabine est posée là, pas loin du "fidèle". C'est un fait divers, donc ça dépasse les pire scenarii fictionnels. La prostitution est traitée comme un commerce normal. Quand les produits sont inutiles, on s'en débarrasse. Aucun moment de morale, on éprouverait même une certaine sympathie pour ces 2 soeurs angéliquement meurtrières. Quant à l'administration et à ses "serviteurs", de quoi se bidonner s'il n'y avait pas autant de sang et de crimes derrière tout ce système gangrené. Le Mexique, quoi. Ca secoue bien ! | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Ven 04 Nov 2011, 15:32 | |
| chouette découverte grâce à Rotko et ses bonnes trouvailles ! Dindon tu devrais essayer de lire Un doux parfum de mort de Guillermo Arriaga | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Jorge Ibargüengoitia (Mexique). Ven 04 Nov 2011, 15:50 | |
| Tiens, voilà la trombine des 2 maquerelles :
http://ecperez.blogspot.com/2009/10/las-poquianchis-macabre-case-that.html
Et les photos de l'affaire.
En noir en blanc, en plus, c'est très perturbant.
Mais je maintiens que l'auteur est plus intéressé par la sociologie de son pays que par les crimes, qu'il dissèque peu finalement. La psychologie des 2 sorcières est plus que sommaire.
Il a eu raison, leurs actes se passent de commentaires.
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