Francesco Marsala (Sardaigne).

Francesco Marsala, Ceux d’Arasolé, chez Zulma.

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C’est la carillonneur de ce petit village qui parle, en unique survivant des dix hommes incorporés dans l’armée italienne et envoyés sur le front russe. Il décrit avec ses mots l’actuelle commémoration, vingt ans plus tard, de ces gars du village, le cordonnier, les jumeaux mi-bergers mi bandits, l’écuyer bel homme et coureur, etc.

Pour ce carillonneur, les femmes présentes ont aussi leurs histoires, ainsi que le pays avec sa végétation et ses forts clivages sociaux : tout cela a marqué les expériences des combattants, évoqués ici, non pour des faits héroïques ou des épreuves inattendues, mais par le quotidien d’avant et de pendant la guerre.

La narrateur se rappelle des hommes vivants, dans des épisodes cocasses qui justement montraient leur singularité : le maçon distrait, qui apportait les tuiles au lieu des briques demandées, reste aussi gaffeur dans la vie militaire.

La lutte contre les poux, bien plus fréquente que les rencontres avec l’ennemi russe, excite leur verve et leur ingéniosité. Ils en viennent à s’accommoder des rats, en paysans débrouillards, habitués à trouver des solutions inédites aux situations difficiles.

Francesco Marsala , Ceux d’Arasolé, chez Zulma.

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Tel est donc le paradoxe de ce livre des morts : les gens y vivent, on se rappelle leurs farces, leurs aventures amoureuses qui faisaient jaser et rire au village. Ils ajoutent de nouveaux épisodes, parfois tragiques, parfois humoristiques à leur crédit.

C'est mieux d'accoler son nom à un épisode comique que de rester dans les mémoires par une mention sur le monument aux morts.

« Le simple soldat Sciarlo […] se passa la main entre peau et chemise, et en retira son poing serré qu’il ouvrit alors, laissant tomber aux pieds du capitaine une poignée d époux
-Crapule, hurla le capitaine, en faisant un bond en arrière.

Nous, on riait dans nos barbes hirsutes de froid.

[...] Durant la nuit, [le capitaine] alla jusqu’à rêver qu’il était devenu un pou lui-même et que le maudit cuistot du bastion 3 le jetait à bouillir dans la marmite »

La langue est orale, avec des reprises, des rythmes narratifs et refrains mnémotechniques qui se prêteraient à merveille à une lecture publique ou une adaptation scénique.