Claire de Duras

A ne pas confondre avec Marguerite.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous parler de l'un de ses petits romans, que j'ai lu le mois dernier ce me semble : Ourika.

Citation :

Quatrième de couverture

Amie de Chateaubriand et de Mme de Staël, Claire de Duras fut le premier écrivain à donner sa voix à une femme de couleur victime des préjugés raciaux. Ourika (1823) retrace l'histoire saisissante d'une jeune Sénégalaise : ramenée en France à la veille de la Révolution pour être offerte à la princesse de Beauvau, qui l'élève comme sa fille, elle découvre en grandissant que l'éducation, la morale, la religion ne suffisent pas à rendre les individus égaux. Goethe avait été bouleversé par ce roman. Si, deux siècles après sa parution, il continue de nous émouvoir, c'est, comme le suggère l'écrivain britannique John Fowles, parce qu'il "touche vraiment un des points les plus profonds de l'art, le désespoir de ne jamais atteindre la liberté dans un milieu déterminé et déterminant. Voilà pourquoi Ourika d'un côté plonge ses racines dans le XVIIe siècle français, chez Racine, La Rochefoucauld, Mme de La Fayette, tandis que de l'autre côté il regarde vers Sartre et Camus. C'est l'examen clinique d'une outsider, de l'éternel étranger dans la société humaine."

Malheur à qui a perdu ses illusions, pour paraphraser Rousseau. Ourika est une véritable héroïne tragique, aveuglée sur sa condition jusqu'à ce que la vérité éclate à ses oreilles. Une vérité qui la tuera aussi sûrement qu'un coup de poignard...

Citation :

"Pendant que nous sommes seules, dit Mme de ... à Mme de B., je veux vous parler d'Ourika : elle devient charmante, son esprit est tout à fait formé, elle causera comme vous, elle est pleine de talents, elle est piquante, naturelle ; mais que deviendra-t-elle ? et enfin qu'en ferez-vous ? - Hélas ! dit Mme de B., cette pensée m'occupe souvent, et, je vous l'avoue, toujours avec tristesse : je l'aime comme si elle était ma fille ; je ferais tout pour la rendre heureuse ; et cependant, lorsque je réfléchis à sa position, je la trouve sans remède. Pauvre Ourika ! je la vois seule, pour toujours seule dans la vie !"
Il me serait impossible de vous peindre l'effet que produisit en moi ce peu de paroles ; l'éclair n'est pas plus prompt : je vis tout, je me vis négresse, dépendante, méprisée, sans fortune, sans appui, sans un être de mon espèce à qui unir mon sort, jusqu'ici un jouet, un amusement pour ma bienfaitrice, bientôt rejetée d'un monde où je n'étais pas faite pour être admise.

Une femme noire n'a pas sa place dans la France de l'époque ; elle est vouée à une éternelle solitude. La terreur de cette solitude à venir hante Ourika. J'ai été émue aux larmes par la lecture de ce petit roman...

L'introduction doit être interessante car je conserve un bon souvenir d'ecrits de Benedetta Craveri, auteur de Reines et favorites : Le pouvoir des femmes chez Gallimard.

Ce n'est pourtant pas ce livre-là que j'ai lu, sans doute plutôt une étude sur les salons du XVIIIe siecle ou un thème du genre.

A propos de l'introduction, elle est loin d'être essentielle à la compréhension de l'œuvre, mais elle est intéressante pour ce qui est de faire connaissance avec l'auteur, ce qui n'est pas malvenu, Claire de Duras n'étant pas, à mon sens, un auteur extrêmement célèbre. De ce point de vue-là, cette introduction m'a passionnée ; je l'ai dévorée.

Dommage qu'elle ne soit plus connue! C'est un très beau texte!!!

Pour qu'elle le soit davantage, ce serait pas mal de donner Ourika à lire dans une future lecture commune.
C'est court et beau.