Guilleragues

Allez, hop ! je lance un nouveau fil.



J'ai lu les Lettres portugaises dernièrement. Cinq petites lettres, qui constituent en quelque sorte les cinq actes d'une tragédie. Ce monologue sans réponse est à la fois l'histoire d'une jeune femme séduite et abandonnée, et une analyse morale. Au fur et à mesure de ses lettres, la religieuse acquiert une certaine maîtrise de soi jusqu'à être capable de renoncer à son amour.

J'ai aimé lire ces lettres, mais je pense que la brièveté de l'œuvre est une bonne chose : je me serais certainement lassée au bout d'un moment.

Kervinia a écrit:

J'ai aimé lire ces lettres, mais je pense que la brièveté de l'œuvre est une bonne chose : je me serais certainement lassée au bout d'un moment.

Cette brieveté correspond à l'attente déçue de la religieuse : elle voit bien qu'elle n'aura pas de réponse, elle fait son deuil.

Oui et non ; si on commence à faire dans le psychologisme, certains ne se découragent pas pour si peu.
Et puis, elle n'écrit pas tant pour avoir une réponse que pour elle-même.
Cette brièveté renforce plutôt le message moral sous-jacent : la religieuse parvient relativement rapidement à une bonne maîtrise de soi. Si elle avait trop tardé, elle aurait manqué de crédibilité, et par là même le message moral en aurait été affecté.

Citation :

" j'écris plus pour moi que pour vous, je ne cherche qu'à me soulager :; aussi bien la longueur de ma lettre vous fera peur, vous ne la lirez point. Qu'est-ce que j'ai fait pour être si malheureuse ? et pourquoi avez-vous empoisonné ma vie ? que ne suis-je née dans un autre pays ? Adieu, pardonnez-moi ! je n'ose plus vous prier de m'aimer ; voyez où mon destin m'a conduite ! Adieu

".

Vraiment un étrange ouvrage, dont la lecture montre les sentiments contradictoires et quasi simultanés qui agitent l'épistolière. Le texte est riche d'émotions, et certaines réflexions montrent une grande perspicacité ! il ne suffit pas d'éprouver pour être convaincant :

Citation :

"je vous ai d'abord accoutumé à une grande passion avec trop de bonne foi, et il fut de l'rtifice pour se faire aimer ; il faut chercher avec quelque adresse les moyens d'enflammer, et l'amour tout seul ne donne point de l'amour."

revenons à l'époque moderne pour trouver le courrier, à partir d'une situation authentique, d'une femme aimante et abandonnée :


Elena Poniatowska évoque la dévastation provoquée dans la vie d'Angelina Beloff par le départ de son amant, Diego Riveira... qui ne répondra jamais à ses lettres.

un classique des lettres mexicaines, 77 pages chez Actes Sud.

Une ouverture intéressante ; j'espère que j'aurai l'occasion de me plonger dans ce livre.