Julia Fischer

Julia Fischer (née à Munich le 15 juin 1983) est une violoniste et pianiste allemande.



Biographie

Fille d'une pianiste, elle commence l'étude du violon à l'âge de quatre ans avec la méthode Suzuki. Elle entre, à 9 ans, à l'Académie musicale de Munich avec Ana Chumachenko comme professeur. A 12 ans, elle est lauréate du Concours Yehudi Menuhin de violon en 1995. En 1996, elle remporte le Concours Eurovision des jeunes musiciens. Elle entame une carrière de concertiste avant l'âge de 15 ans et a effectué plusieurs enregistrements.

Son répertoire reste essentiellement la musique concertante pour violon et orchestre. Elle n'a que peu abordé le domaine de la musique de chambre si ce n'est un enregistrement des Sonates et partitas pour violon solo de Johann Sebastian Bach. Elle joue sur un violon de Giovanni Battista Guadagnini de 1750.Elle a joué les quatre saisons de Vivaldi.

Julia Fischer est également pianiste professionnelle. Sa première représentation en tant que telle date du 1er Janvier 2008, date à laquelle elle interpréta le concerto pour piano de Grieg sous la direction de Sir Neville Marriner à l'Alte Oper Frankfurt.



Interprétations:


Nicolo Paganini
24 Caprices



J. S. Bach
Violin Concertos, Double Concertos

Academy of St. Martin-in-the-Fields
Alexander Sitkovetsky
Andrey Rubzov



Franz Schubert
Complete Works for Violin and Piano, Volume 1

Julia Fischer, violin
Martin Helmchen, piano



Franz Schubert
Complete Works for Violin and Piano, Volume 2

Julia Fischer, violin
Martin Helmchen, piano



Wolfgang Amadeus Mozart
K. 264, etc

Gordan Nikolić
Hans Meyer
Herre Jan Stegenga
Netherlands Chamber Orchestra
Yakov Kreizberg



Johannes Brahms
Violin Concerto, Double Concerto

Daniel Müller-Schott
Netherlands Philharmonic Orchestra
Yakov Kreizberg



Pjotr I. Tchaikovsky
Violin Concerto, Sérénade mélancolique

Valse – Scherzo, Souvenir d’un lieu cher

Russian National Orchestra Yakov Kreizberg



W. A. Mozart
Violin Concertos Nos 1, 2 & 5

Netherlands Chamber Orchestra
Yakov Kreizberg



F. Mendelssohn Bartholdy
Piano Trios 1 & 2

Daniel Müller-Schott
Jonathan Gilad



W. A. Mozart
Violin Concertos Nos 3 & 4

Adagio K. 261

Rondo K. 269

Netherlands Chamber Orchestra
Yakov Kreizberg



J.S. Bach
J. S. Bach

Sonatas and Partitas for Solo Violin



A. Khachaturian
S. Prokofiev
A. Glasunov
Violin Concertos

Russian National Orchestra
Yakov Kreizberg


A. Vivaldi
The Four Seasons

Academy of St. Martin in the Fields
Kenneth Sillito

Nous parlons ici "beaucoup" des compositeurs (ce qui n'est que justice) et les interprètes qui sont cités sont... cités.. J'aimerais qu'on leur attache plus d'importance...

J'ai découvert Julia Fischer le 23 novembre 2009, dans la très belle salle Henry Le Boeuf, accompagnée de l'orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, dans une interprétation de:
Anatol Lyadov Kikimora, op. 63
Pyotr Tchaikovsky Concerto pour violon et orchestre, op. 35
Igor Stravinsky Pétrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux


Et ce soir, dans Passion Classique, je l'ai écoutée pendant plus d'une heure et j'ai trouvé beaucoup de finesse, de maturité et de générosité dans ses propos...
Il est fort rare que je passe un aussi savoureux moment à écouter un dialogue...
Je vous ferai partager certaines de ses interprétations un peu plus tard, de même que des extraits de l'émission.

Je pense aussi qu'avoir vu l'artiste jouer puis l'écouter plus tard n'est pas comme juste l'écouter. Il se créé un certain lien, on s'imagine la personne parler et on est plus réceptif.

Sur scène, elle est extrêmement concentrée, à en tétaniser les gens qui n'osent même plus lever un cil... Là, bien plus abordable et enjouée par sa passion, la vie, sa famille...

Après, s'exprimant en français alors qu'elle est Allemande demande un minimum de recherche des mots qui, dès lors sont plus justes (j'ai déjà remarqué cela chez les étrangers dont la maîtrise du français est bonne, ils cherchent vraiment à trouver le mot juste dans une discussion alors que les natifs français parlent trop et trop vite et de fait, ne choisissent pas forcément les mots qui décrivent le mieux ce qui les animent...).

Peut-être mieux que Wikipédia qui lui prête une distance à la musique de chambre qu'elle affectionne pourtant beaucoup, voici un article du Figaro du 9 mars 2010:

Citation :

La violoniste, réputée pour son intransigeance, joue Bach lundi soir à Paris.

Sacrée bonne femme ! On aimerait dire que l'on voit Julia Fischer mûrir, devenir adulte, à 27 ans. Ce serait oublier qu'elle était déjà mûre il y a dix ans. Devenue maman, elle n'a rien changé à son approche de la carrière musicale : être interprète est pour elle une éthique. Lorsqu'on la retrouve lors d'un récent passage éclair à Paris, elle attaque très fort. Alors qu'on lui signale qu'elle fait très peu de concessions à la médiatisation, elle répond du tac au tac : «Vous parler en est déjà une»… Ce qui ne l'empêche pas de se prêter de bonne grâce à une journée spéciale que lui consacre Radio Classique et de répondre avec gentillesse aux questions de Frédéric Lodéon sur France Inter. Cherchez l'erreur ? Il n'y en a pas : elle seule décide jusqu'où aller pour sa promotion. «Je veux que l'on aille m'entendre parce que je suis une bonne musicienne, pas parce que je suis jolie ou que je porte une belle robe.»


Pianiste accomplie

Ce qui l'amène parfois à des jugements sans appel. «Je pourrais tourner des clips sur MTV avec pour slogan “Bach is cool”. Cela remplirait la salle, mais avec des gens que je n'ai pas envie d'avoir. Et puis Bach n'est pas “cool”… » Élitisme politiquement incorrect ? Pas si simple. Si le marketing n'est pas son fort, elle est pour l'éducation artistique, et dès le plus jeune âge. Elle joue toute l'année dans les plus grandes salles avec les plus grands chefs, mais n'est pas la dernière à se rendre dans les écoles pour expliquer la musique aux enfants. Mais qu'on ne compte pas sur elle pour s'intéresser aux variétés : un jour où un journaliste lui demandait ce qu'elle pensait du groupe de rock allemand Tokio Hotel, elle a répondu qu'elle avait dormi dans plusieurs ­hôtels différents à Tokyo !

Invitée d'honneur des Victoires de la musique, on lui demandait de jouer une œuvre virtuose et brillante pour épater la galerie. Elle voulait s'en tenir à un mouvement lent de Bach pour privilégier la profondeur musicale : elle n'a pas cédé. Son idée fondamentale : « On sous-estime le public. » Julia Fischer est vraiment un cas. Reconnue depuis quinze ans, après sa victoire au Concours Yehudi Menuhin en présence du maître, comme une des meilleures violonistes du circuit, elle a été nommée professeur au conservatoire de Francfort à l'âge de 23 ans. Pianiste accomplie, il lui arrive parfois de jouer en public le Concerto pour piano de Grieg, à la perfection. Mais elle refuse de se produire au violon et au piano au cours du même concert : les numéros de cirque ou de singe savant, très peu pour elle ! « La musique est une mission », assure-t-elle. Un sens du respect indispensable pour jouer Bach, qu'elle a enregistré à 23 ans pour son premier éditeur, Pentatone, une version stupéfiante de maturité, et dont elle vient de graver les Concertos pour Decca, son nouveau label. Ce soir, elle montrera combien dans cette musique, l'intellect se met au service de l'émotion.

De Julia Fischer j'aime les mouvements, son espèce d'infinie grâce qui s'emporte sur les notes qu'elle produit. Julia Fischer ne peut que me toucher puisqu'étant violoniste et pianiste, deux des plus beaux instruments du classique pour moi (avec le violoncelle, les violes et la harpe). Au piano j'aime son interprétation du concerto pour piano de Grieg (disponible sur youtube) que je trouve modérée, allégée, charmante. Au violon j'aime son interprétation de Tchaïkovski, en revanche je trouve son interprétation du Caprice n°24 de Paganini un peu trop lisse, trop modérée justement, sans même une once de fantaisie ou d'étrangeté comme ce morceau voudrait donner à voir. Il faut dire aussi qu'il est depuis longtemps entré dans les mœurs des bons violonistes (et même violoncellistes) et qu'un choix est vite fait entre l'étrangeté pour combler une lacune technique ou simplement pour s'épater soi-même (Jascha Heifest, Itzhak Perlman, Yehudi Menuhim) ou le lissage parfait sans rebord humide pour que de toute façon on ne se trompe pas (Hillary Hahn, Julia Fischer, Yo-Yo Ma).

En bref, un joli brin de femme quand même dont je salue la capacité vibrante à être concertiste professionnelle au piano comme au violon. Merci de m'avoir poussé à l'écouter.

Voici quelques extraits (périphrases) de l'émission avec Olivier Bellamy.

J.F : Julia Fischer
O.B :Olivier Bellamy (hum,oui le diminutif...)

Tout d'abord pour répondre à Maëglin sur son interprétation où il manquerait de la fantaisie au Caprice N°24 de Paganini, je trouve cela intéressant car justement Julia Fischer trouve que certains interprètes manquent trop souvent de la fantaisie requise pour certains morceaux, de peur justement (comme tu le signales) de passer à côté.

O.B: Pour-vous, est-ce le piano ou le violon qui est l'instrument le plus noble?
J.F: Le piano est en tous cas, le plus essentiel. Le violon a une certaine tristesse, difficile d'en jouer qu'en on est tout seul, la polyphonie du piano manque.

O.B: Êtes-vous d'accord pour dire que le violon est plus difficile que le piano?
J.F: Pas plus difficile, différent. Au piano, il y a plus de notes.

O.B, en parlant de la différence au niveau du travail entre un violon et un piano.
J.F: c'est plus facile de travailler avec un violon car on l'a tout le temps sur soi; au piano, on est dépendant, on ne peut s'entrainer facilement quand on veut et où on veut.

O.B: Vous jouez encore beaucoup au piano?
J.F: Du Chopin (car que pour piano), Beethoven... On passe à côté de beaucoup si on ne joue pas du piano.

O.B: Quels sont pour vous les plus grands compositeurs?
J.F: Mozart et Beethoven au sommet, puis Bach et Schubert, peut-être aussi Brahms...

O.B: Y a-t-il une différence entre un archet russe et un américain?
J.F: l'excellence est russe, ils ne forcent jamais, ils peuvent tout faire avec, parler comme chanter. Au contraire, les Américains jouent très fort, ne le font que chanter, ce n'est pas si beau.


Ce ne sont pas là les paroles exactes, je les ai modifiées par souci de place et de rapidité, de simplicité. Mea Culpa. Je pense toutefois que c'est intéressant.

Merwyn a écrit:

O.B: Y a-t-il une différence entre un archet russe et un américain ?
J.F: l'excellence est russe, ils ne forcent jamais, ils peuvent tout faire avec, parler comme chanter. Au contraire, les Américains jouent très fort, ne le font que chanter, ce n'est pas si beau.

Sa remarque m'a fait penser que l'archet américain est à l'archet russe ce que les vins américains sont aux vins français.