mathias Enard

Mathias Enard, « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants » (Actes Sud),

portrait d'un Michel-Ange ombrageux sollicité par le sultan d'Istanbul pour réaliser un pont sur le Bosphore. La brièveté du livre - une succession de courts chapitres - tranche avec la phrase unique qui courait sur les 600 pages de son livre précédent, « Zone ».


Phrase-palimpseste dont les méandres explorent peu à peu le charnier géopolitique qui horizontalement s’étend de Zagreb à Beyrouth, d’Istanbul ou Trieste à Barcelone. Méticuleuse entreprise qui verticalement fouille les strates successives des civilisations de la mare nostrum, retournant à Rome comme à un recommencement de l’Histoire, et à Homère comme au plus éternel des aèdes fondateurs.

Autant son précédent roman "zone" était un pavé, autant ce dernier roman est un livre court et passionnant.
Ecrit toute en finesse, d'un style ciselé, il nous raconte l'aventure de Michelange parti à Constantinople construire un pont
Avec des chapitres très courts on se laisse bercé par le monde oriental
C'est une reflexion sur la création artistique
C'est une description de Constantinople ( Istanboul ) en 1516
C'est une réussite
je suis conquise par cet auteur et je vais retourner lire "zone" que j'avais mis de coté
A ne pas laisser passer

Zone, j'en ai eu d'excellents echos, et je vais rencontrer Enard prochainement, dans une serie de rencontres.
je vous tiendrai au courant. s'il ya une question précise, vous me la donnerez en privé ou en public, peu importe.

Le 23e Goncourt des lycéens à Mathias Énard, « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants » (Actes Sud), 153 pages.

on m'avait conseillé Zone, mais vous avez vu le pavé ? 516 p; après tout c'est lisible, mais il paraît que ses phrases font des kilomètres

annouschka a écrit:

ce dernier roman est un livre court et passionnant.
Ecrit toute en finesse, d'un style ciselé, il nous raconte l'aventure de Michelange parti à Constantinople construire un pont

Le titre est extrait du livre de Rudyard Kipling Au hasard de la vie (1891) :

Citation :

« Puisque ce sont des enfants, parle-leur de batailles et de rois, de chevaux, de diables, d’éléphants et d’anges, mais n’omets pas de leur parler d’amour et de choses semblables. »

Le livre, (que je n'ai pas lu, mais il me tarde que vous en parliez), s'insurge contre l'idée d'une
« déchirure » de la Méditerranée, c’est-à-dire d’un impossible dialogue entre l’Islam et la Chrétienté et le montre par les rapports d'amitié et d'amour qui unissent les personnages.

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants


D'accord avec vous c'est une réussite.
Pour vous faire saliver voici les premières phrases :

Citation :

La nuit ne communique pas avec le jour. Elle y brûle. On la porte au bûcher à l'aube. Et avec elle ses gens, les buveurs, les poètes, les amants.

Très bel incipit, à l'image de la poésie que charrie avec grâce la plume de l'auteur. J'ai vité été captivé par cette sorte de chronique, parfois polyphonique, dont la portée dépasse la seule personne de Michel-Ange. Rencontre fascinante, presque lèvre à lèvre, de l'Occidental avec l'Orient et qui rend justice à celui-ci.

L'idée d'un pont qui relie me plaisait. Lire un livre sur Michel-Ange et la création artistique aussi. Mais voilà, c'est tout ce qui m'a intéressée dans ce roman, les passages ayant trait au dessin et à l'architecture (ceux que ceux qui ont aimé le livre ont trouvé ennuyeux si j'en crois internet !).
L'histoire m'a laissée froide et je ne sais pas trop quoi en dire, à part "bof".

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Tellement léger et fluide, je l’ai lu d’un trait.

Une harmonie bien établie entre histoire et fiction

Le passage voire le séjour de Michel-ange à Istanbul est conté, raconté à la « Amin maalouf ».

En effet, il s’agit d’un monde exotique, plein de parfum, de saveur, de couleur, de mélodie.
Un monde où se mélangent également, plaisir, frustration, hospitalité, indifférence et trahison.

Il y’a aussi cohabitation de diverses confessions, juifs, musulmans et chrétiens.
« Les juifs et les chrétiens sont libres de s’installer où bon leur semblent » p87

Pour un bon assaisonnement, la rivalité entre le peintre Léonard de Vinci et le sculpteur Michel-Ange est mise exergue.
« Si le grand Vinci n’a rien compris à la sculpture, eh bien il ne comprend rien non plus à l’architecture. » p34

La mission du célèbre sculpteur consiste en la construction d’un pont hors du commun entre deux rives opposées :
«Le pont sur la Corne d'Or doit unir deux forteresses, c’est un pont royal, un pont qui, de deux rives que tout oppose, fabriquera une ville immense. […] parce qu’il (Michel-ange) a compris que l’ouvrage qu’on lui demande n’est pas une passerelle vertigineuse, mais le ciment d’une cité, de la cité des empereurs et des sultans. Un pont militaire, un pont commercial, un pont religieux.
Un pont politique.
Un morceau d’urbanité.» P35

On peut déceler en filigrane et à travers le texte, la tentative de relier l’occident a l’orient. Certes il est question d’un pont réel, mais c’est aussi une image, celle de nouer des relations entre deux pôles complètement différents orient/occident.
C’est une époque où l’orient fascinait, où les artistes, hommes de lettres et de sciences, aventuriers cherchant les sensations ou la fortune pélerinaient vers cet axe lumineux.

Le tremblement de terre à la fin du livre entraînera l’effondrement de ce pont. Ce dernier est un symbole représentant les conflits, les tensions, les suspicions et la méfiance que vivent à présent, les populations des deux camps.


un récit bref, je m'attendais à plus.

J'ai bien aimé ce roman léger qu'est "Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants"
13 mai 1506, Michel-Ange débarque à Constantinople à la demande du Sultan Bajazet qui ne lui propose rien de moins que la construction d’un pont entre les deux rives du Bosphore (celui dessiné par le Grand Léonard de Vinci n’ayant pas eu l’heur de lui plaire). A son arrivée, il se trouve en pays doublement étranger, mœurs et langue. Mesihi de Pristina, fin lettré, poète et protégé du Vizir sera son guide.
Nous suivons les deux amis à la découverte de l’architecture : Sainte Sophie, la bibliothèque ; chefs d’œuvres architecturaux qui émerveillent le sculpteur et l’inspireront plus tard pour ses propres œuvres. Le sculpteur s’imprègne de la cosmopolité de cette ville : Chrétiens, juifs, andalous, Arabes… tous mélangés, tous heureux de vivre dans un monde d’odeurs capiteuses et suaves. Tout ceci va l’imprégner, jusqu’au jour où, d’un trait, il dessinera le pont.

Le poète et Michel-Ange vont développer une amitié ambigüe, teintée d’une homosexualité, chargée d’un désir qui n’ose dire son nom, mais c’est une danseuse orientale superbe au style androgyne qui ira dans son lit. Toutefois, Michel-Ange n’est pas débarrassé de sa peur. Il craint l’ire du pape Jules II, mauvais payeur et dont il a laissé en chantier le tombeau à Rome. Constantinople n’est pas non plus une ville d’une grande quiétude : la jalousie, la trahison règnent.

La réalité n’est pas toujours souriante pour Michel-Ange car, bien qu’invité du Sultan, il n’en est pas moins son obligé tout comme le Pape à Rome et, malgré son orgueil, il doit plier l’échine et obéir : « Sous tous les cieux il faut donc s’humilier devant les puissants ».

Ce livre est plein des mélanges de l’orient et l’occident, du « combat des chefs » dans le cerveau du sculpteur, de désir, de douceur et de perfidie et Michel-Ange qui ne peut choisir ou, peut-être se refuse à choisir. Les chapitres peuvent s’ouvrir sur des listes, extraits des carnets du sculpteur : « 22 mai : cipolin, ophite, sérancolin, serpentin, cannelle, dauphin, porphyre, brocatin, obsidien, cinatique »

Ce pont, jonction entre l’occident et l’orient sera détruit par un tremblement de terre avant son achèvement, est-ce une métaphore sur cette jonction occident-orient si difficile…..

Sur un lit de faits historiques de la vie de Michel-Ange et de l’histoire de Constantinople, Mathias Enard rajoute les voiles de son imagination et de ses connaissances pour un livre très agréable à lire. Les chapitres courts donnent le rythme au récit et permettent une promenade des plus attrayantes dans cette parenthèse de la vie du sculpteur.


Quelques extraits :
Le sculpteur, épuisé par le voyage et les tracas, un peu réchauffé par le bouillon s'enferme dans son lit minuscule d'homme renaissant, parce qu'il a peur de l'image de mort que confère la position allongée.

Petit à petit, assis en tailleur sur ses coussins, Michel-Ange se sent envahi par l'émotion. Ses oreilles en oublient la musique, alors que c'est peut-être la musique elle-même qui le plonge dans cet état, fait vibrer les yeux et les emplit de larmes qui ne couleront pas ; comme dans l'après-midi à Sainte-Sophie, comme chaque fois qu'il touche la Beauté, ou l'approche, l'artiste frémit de bonheur et de douleurs mêlés.

Cyprès lorsqu’il est debout, c’est un saule quand, penché sur le buveur, l’échanson incline le récipient d’où jaillit le liquide noir aux reflets rouges

Le dessin de Vinci l'obsède. Il est vertigineux, et pourtant erroné. Vide. Sans vie. Sans idéal. Décidément Vinci se prend pour Archimède et oublie la beauté. La beauté vient de l'abandon du refuge des formes anciennes pour l'incertitude du présent

C'est un livre que je dois lire, mais quand ?

J'ai juste lu que tu avais aimé, je lirai ta critique plus tard.

rotko a écrit:

Le 23e Goncourt des lycéens à Mathias Énard,

on m'avait conseillé [b]Zone, mais vous avez vu le pavé ? 516 p; après tout c'est lisible, mais il paraît que ses phrases font des kilomètres

J'ai lu Zone , les phrases font des kilomètres, sans ponctuation. Ce livre était dans le comité de lectures, nous n'étions que 2/6 à l'avoir fini.

moi j'en ai entendu du bien, de Zone, ainsi que de "Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants".

je n'ai pas encore lu Mathias Énard, pourtant ce ne sont pas les occasions et les conseils qui m'ont manqué !

C'est le seul livre de lui que j'ai lu, mais si il est capable de changer de style à ce point, ce doit être un bon auteur. 516 pages avec de longues phrases, ça fait un peu beaucoup. Faut voir lire

« Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants »

je l'ai emprunté, donc je le lirai. Grâce à Zazy

Faudra pas me fâcher si cela ne te plait pas

on verra comment ça se présente

Mais, tu sera un vrai (Michel-) ange

96 p., 6 € , Babel, Actes Sud, mai 2012

L'alcool et la nostalgie,  court roman adapté d'une fiction radiophonique -écrite au retour d'un voyage dans le Transsibérien effectué en 2010 dans le cadre de l'année France-Russie - vient de paraître en poche.

C'est l'histoire d'un trio d'étudiants, deux Français et un Russe qui semblent rejouer une sorte de Jules et Jim irrigué par l'amour de la littérature et «bouleversé» par la Russie. Une histoire contée par Mathias qui se rêvait écrivain sans pouvoir écrire ses rêves, un héros écartelé entre son amour pour Jeanne et son amitié pour Vladimir.
Depuis deux ans déjà, il avait laissé Jeanne et son compagnon à Moscou pour regagner Paris, «drogué, fatigué et abandonné», quand brutalement dans la nuit il apprend la mort de Vladimir et décide alors de retourner en Russie pour prendre le Transsibérien et accompagner la dépouille de son ami jusqu'à son village natal, plus de  deux cents kilomètres au-delà de Novosibirsk.
De ce «train interminable (...) où le bruit des roues dégouline dans [les] oreilles comme l'huile sainte d'une icône», de «ce train qui danse comme un ours sur ses traverses» et berce un «enfant grandi» se laissant aller «à la drogue douce du souvenir», on retient surtout la magnifique écriture de Mathias Enard, son rythme onctueux et saccadé épousant la «douce violence russe», son flot évocateur ininterrompu – ou presque -, parfois délirant,  dont l'ampleur nous emporte dans la démesure.

L'alcool et la nostalgie est un beau livre, puissant et émouvant, dont l'élan est malheureusement arrêté à mon sens par l'insertion d'une lettre de Jeanne dans le récit et j'ai regretté que l'auteur se laisse aller à la facilité sur la fin en adoptant un ton un peu trop mélodramatique ...

Vous pouvez lire des extraits sur ce lien ainsi que suite à la chronique de mon blog

je lis avec beaucoup de plaisir « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants »

1/2

Cet itinéraire d'artiste, ainsi que la façon dele raconter me rappelle le turquetto de metin Arditi.

L'auteur alterne, en des chapitres brefs et sobres, les mentions de Michel Ange sur son carnet, la relation de ses occupations et projets, et une adresse à la deuxième personne dont je ne devine pas totalement l'emetteur.

J'aime voir le sculpteur architecte s'imprègner de la ville d'Istanbul par des promenades régulières, écouter des récits et des poésies pour saisir l'âme du lieu et sa beauté profonde.

J'aime aussi le contexte affectif discret mais bien présent, des amours perçues mais non acceptées, et des amours entrevues, mais non réalisées.

Enfin Mathias Esnard me semble bien restituer la personnalité parfois volcanique et fière de Michel-Ange, et suivre le cheminement de sa création, sans negliger le statut -ou parfois lemanque de statut, du créateur, aux prises avec des intrigues jamlouses, des requêtes impératives, et de pressantes difficultésmatérielles.

J'y reviendrai, j'ai lu une centaine de pages dont je goûte l'écriture.

« Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants »

2/2

Michel-Ange est représenté comme un amant de la beauté, sur fond d’intrigues jalouses qui le rattrapent à Istanbul.

Mathias Enard aurait pu développer, comme le font certains auteurs faciles, des scènes érotiques ou de sombres machinations. Il respecte trop son lecteur pour s’y livrer. Un épilogue fait le point sur des événements ou mentions du récit, témoignant d’une documentation scrupuleuse et d’une bonne connaissance de l’époque.

Au final, une lecture très agréable d’un texte concis mais évocateur, qui jette même un coup d’œil sur les coulisses de la création, fût-elle inachevée.

Merci à Zazy pour avoir activé le clic déclencheur pour la lecture de ce livre.

Je ne l'ai pas encore lu, peut-être cet été.

j'ai déjà posté sur ce sujet, mais il y a toujours a dire sur un livre, au moins d'une autre maniere
1/2
Ce livre m’a attirée du premier regard, je n’ai pas hésité. Au début, je l’ai trouvé assez lourd, seulement les quelques premières pages, ensuite c’est devenu si fluide, je ne pouvais plus me retenir, c’était comme si je dévalais une pente. C’est un roman merveilleux. Il nous transporte, je dirais nous transpose d’un continent vers un autre, d’une civilisation à une autre, a une époque ou les disparités culturelles, sociales, politiques et économiques entre l’orient et l’occident étaient d’un contraste si profond, inqualifiable, féerique dans ses traditions, ses coutumes, ses créations, ses relations humaines. La description est si bien établie que nous arrivons à percevoir les personnages, l’architecture…. A toucher de nos mains les pierres précieuses, les objets décrits, a marcher dans les ruelles, a ignorer le danger ambiant et déambuler dans la ville, a sentir les épices.
Le personnage principal : Michel ange, l’époque : le seizième siècle, le lieu : Constantinople des ottomans, l’hôte : le sultan Bazajet. Je n’en dirais pas plus sur l’histoire sauf que Michel Ange est invité par le sultan pour établir les plans d’un pont sur la cote d’or après avoir refusé ceux de Léonard de Vinci, faisant appel à ses compétences dans la sculpture et l’architecture. En filigrane, nous retrouvons la rivalité des deux artistes florentins, mise en exergue sous une nouvelle forme, fictionnelle cette fois-ci.
Le vraisemblable et l’invraisemblable sont inextricables, en effet le récit nous conte les péripéties d’un créateur, ses hésitations, ses tentatives, retouches. Il tire ses réflexions de son vécu, de sa vie passée, de son environnement immédiat. Ce roman nous restitue aussi un orient captivant, celui des premiers voyageurs, les auteurs des récits de voyage.
C’est par des phrases courtes et des paragraphes tout aussi concis que Mathias Enard, entreprend un voyage fascinant et mystérieux, d’un orient attirant, étalant ses splendeurs…..
Lentement il fera défiler devant nos yeux ébahis les lieux, la beauté d’une ville ou il fait bon y vivre, les parfums nous assomment, les relations qu’entretiens Michel Ange avec les sujets de ce sultanat sont imprégnées de cette particularité, attrait d’un orient toujours aussi énigmatique.