discriminations, expulsions, voire pire.

Sujet: discriminations, expulsions, voire pire Sam 18 Sep 2010, 12:21

J'en termine aussi avec ce fil. Je réponds juste à la question posée : un individu est reconnu coupable quand le jugement est définitif. Sinon pourquoi instituer une procédure d'Appel si l'on est coupable définitif en première instance ? Condamnation et relaxe peuvent intervenir en Appel. En l'espèce, je confirmerais la condamnation du Tribunal Correctionnel mais je laisse aux magistrats le soin d'en décider.

Les choses ne sont pas toujours telles qu'on les souhaite.

Bonne journée.

Sujet: Re: discriminations, expulsions, voire pire. Sam 18 Sep 2010, 12:50

Caroline: désolée, je n'ai pas retrouvé sur internet l'article que j'ai lu sur papier (la Tribune de Genève), mais c'est comme ça que je suis tombée sur l'autre article.

Cela dit, l'affirmation comme quoi l'aide sociale est plus élevée en France qu'en Roumanie me paraît tout à fait plausible.

Et l'autre histoire de coûts: tu remarqueras que c'est la remise en état du terrain, nettoyage etc... qui coûte. Donc une municipalité qui respecte la loi en mettant un terrain à disposition a de toutes façons des coûts de remise en état.

Mais tout comme Mile, je vais cesser d'alimenter ce débat, puisque, visiblement, la présence des Roms ne pose en réalité aucun problème et que la France est disposée à les accueillir et à les intégrer (comme elle l'a fait avec les précédentes générations d'immigrés... Embarassed

- aïe... voilà un autre pavé dans la mare.... )

sors

pilier Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007

A qui le prochain?

Les Roms n'ont pas un bas niveau de vie individuellement, mais collectivement, c’est à dire qu’ils gèrent leur dénuement collectivement. Or, les lois françaises et européennes interdisent de cibler des personnes collectivement.

Ils acquièrent en France un moyen de subsistance qu’ils n’avaient pas dans leur pays d’origine.
De ce point de vue, la position de la France est paradoxale : elle expulse des gens en raison de leur bas moyen de subsistance, pour en fait diminuer leur moyen de subsistance.

Le gouvernement UMP sait très bien cela, et sait très bien que cela fragilise sa position, et c’est pour cela que la France a mis en place une aide au retour, afin de parer - superficiellement - à cette critique.

C’est une posture électoraliste calculée et soutenue par des juristes dévoués à cette cause.

On devrait prévoir un logement avec une toute petite loupiote pour ces élus, sans eau ni commodités, dans un tunnel bien sombre!

pilier Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005

Des comportements locaux dignes des pogroms : le maire incendiaire.

Citation :: : «J'ai aujourd'hui réalisé l'un des fantasmes non sexuels de ma vie : un "Zippo-raid" dans un camp de manouches !»

la décision de justice dans l'Express :

Citation :: Le 11 janvier 2006, il avait brûlé avec des employés municipaux 14 caravanes de nomades inoccupées (1) installées illégalement sur un terrain municipal. Michel Habig (UMP) a été condamné à six mois de prison avec sursis et 5000 euros d'amende

(1) les occupants avaient pris la fuite, je les comprends.

Sujet: Re: discriminations, expulsions, voire pire. Lun 20 Sep 2010, 17:11

On va peut-être enfin se rendre compte que les nazis étaient des gens comme les autres. Hélas.

pilier Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005

Ce fait-divers qui fait aussi polémique à Besançon témoigne d'un étrange climat de traque.

Selon l'article de L'Est Républicain, des agents de la police aux frontières (PAF) se sont présentés dans deux centres (l'un voué à la réinsertion des personnes en difficulté, l'autre à l'accueil d'urgence des SDF) pour savoir s'ils hébergeaient des Roms, et combien, afin de « faire de la place pour les sans-abris » à l'approche de l'hiver.

pilier Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007

Aujourd'hui je lis(rue 89) que la Hongrie pourrait(si ce n'est déjà fait) ériger des camps de travail pour les roms, surveillés par des policiers à la retraite.
Allons nous refaire les mêmes erreurs que dans le passé?

Le gouvernement hongrois veut remettre les allocataires de prestations sociales au travail. Des policiers pourraient surveiller ces salariés regroupés dans des camps et affectés à de gros projets d'infrastructure. Principale cible de ce programme : les Roms, dont le taux de chômage avoisine les 50%.

Spoiler:

eh bien c'est effrayant ce que tu nous dit là, Chanti: des camps de travail obligatoire surveillés par des policiers..... Il n'y a pas des lois européennes contre ça????

Je ne suis pas contre 5 heures de travail hebdomadaires d'intérêt général pour les allocataires du RSA, si ça se limite réellement à 5 heures, et s'ils ne prennent pas la place de travailleurs rémunérés. Après, on peut toujours craindre que cet horaire n'augmente progressivement.

Je ne suis pas contre, parce qu'une des pires difficultés pour se réinsérer dans la vie sociale, c'est le fait d'être éloigné trop longtemps du monde du travail et de ses obligations: se lever tôt, parler aux autres, accepter des contraintes.

Ma fille a eu une petite période de chômage entre la fin de ses études et son premier travail, et nous lui avons demandé de passer une partie de son temps comme bénévole dans une association caritative, ce qui lui convenait tout à fait.

Cela lui a permis de se sentir utile, de participer à des montages de projets. Elle a beaucoup apprécié cette expérience, et ça a été un point positif lors de son entretien d'embauche.

Effrayant, en effet...

pilier Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007

Ce jour..

La centaine de Roms, parmi lesquels près d'une trentaine d'enfants, qui occupaient les pelouses de la porte d'Aix, à l'entrée de Marseille, ont été délogés par une cinquantaine de CRS et une vingtaine de policiers en civil de la police judiciaire, jeudi 11 août. L'intervention policière déclenchée après la prise lundi, par la mairie de Marseille, d'un arrêté d'expulsion validé par le tribunal administratif, a débuté dans le calme peu après 6 heures, selon la Ligue des droits de l'homme (LDH).

source "Le monde"

pilier Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007

RTBF. be
mercredi 7 septembre 2011 à 11h14

Chez nous, en Belgique, la situation des Roms est de plus en plus préoccupante. De nouvelles familles avec enfants sont arrivées à Bruxelles. Faute d'accueil, elles dorment à la gare du Nord. Quant aux familles arrivées voici plusieurs mois, elles sont trimballées de lieux en lieux et vivent au rythme des évacuations. Une soixantaine de Roms, récemment explusée d'Etterbeek, vivent dans les anciens locaux d'AB3, situés dans la chaussée d'Ixelles. Leurs conditions sont très pénibles.

Les familles viennent toutes de Slovaquie ou de République tchèque. Des pays où les Roms sont victimes de persécutions. Pourtant, ici, elles ne bénéficient d'aucun accueil. Issues de pays membres de l'Union européenne, elles ne peuvent réclamer aucune protection. Le délégué général aux droits de l'enfant, Bernard Devos, s'en indigne. "C’est une situation qui se répète, pour laquelle on n’a pas de solution. Ce qui est vraiment lamentable, c’est qu’il y a vraiment un abandon de ces familles, si ce n’est la fondation Les petits samouraïs qui est là, présente. Il n’y a vraiment plus grand monde derrière elles. C’est vraiment inquiétant", signale-t-il.

Officiellement, les familles Roms peuvent encore rester deux mois dans ces locaux. Mais chaque jour qui passe pour ces enfants est un peu plus marquant.

pilier Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005

Les Tsiganes sous Vichy

Par le décret du 6 avril 1940, de la République finissante, signé par Lebrun, les Tsiganes, soupçonnés d’espionnage, deviennent des voyageurs assignés à résidence.
Les Allemands imposent bientôt l'internement dans des camps

25 camps existent en août 1940, puis ils vont laisser la place à des camps plus importants, comme celui de Montreuil-Bellay. Ce sont des camps improvisés, gérés par Vichy. Les familles se retrouvent dans le dénuement le plus complet. Les conditions de vie sont lamentables, dans des forts, des gares abandonnées, des carrières, des tôles. Dans le froid, la boue, la faim, le mépris. Des responsables signalent le manque d’hygiène, mais ne font rien pour aider ces familles.

Le cortège des injustices, du mépris, des vexations, est resté en mémoire chez les Tsiganes. Des témoins, qui avaient 13-14 ans à l’époque, se souviennent des formes de mépris affichées à l’égard des nomades, "voleurs de poules ".
Cette situation va perdurer dans des conditions dramatiques comme à Poitiers, où juifs et Tsiganes sont enfermés. Il y a de nombreuses tentatives d’évasion qui se soldent vite par des arrestations, surtout en passant la ligne de démarcation.

Ce drame se prolonge jusqu’à la fin mai 1946. 4 camps fonctionnent. On veut fixer les nomades pour les préparer à la sédentarisation.
A Poitiers, 70 personnes sont déportées à Oranienbourg-Sachsenhausen, en janvier 43. Un déporté est revenu en 1945 en Dordogne. Il est assigné à résidence par le préfet de Lorraine, témoin d’une non-reconnaissance à l’égard d’une souffrance tsigane.
Cette mémoire n’a pas opéré dans la société française qui n’a pas cherché à savoir. Ce sont des mauvaises victimes comme les juifs et les prostituées.

voir ce site

Sujet: discrimination, roms Jeu 08 Sep 2011, 06:19

En attendant qu'il y ait un fil sur les Roms, le cas des Roms de Finlande est assez intéressant, voir ICI

Il y a des Roms en Finlande depuis des siècles et pourtant, ils n'ont pas changé leur mode de vie. Les femmes s'habillent toujours en grandes jupes comme sur la photo du lien et vendent des napperons brodés. Pourtant, la Finlande ne les persécute pas, les écoles sont ouvertes aux enfants, ils peuvent certainement se porter candidats à des emplois. Pourtant, vous ne verrez jamais un Rom conducteur de bus ou serveur au restaurant, encore moins dentiste ou policier, alors que de nos jours, il y a bcp de réfugiés des quatre coins du monde, arrivés bien plus récemment et qui ont des restaurants, qui sont vendeurs etc....

Pourquoi?

Je connais bien la Finlande (mon pays d'origine), mais je n'y vis pas. Je ne sais donc pas exactement comment ils vivent. En tous cas, ils sont intégrés à leur manière, parlent évidemment finnois. Ils ne campent certainement pas dehors, l'hiver, personne n'y survivrait.

Je pense que ce qui irrite les populations occidentales avec cette population, ce n'est pas leur couleur de peau ou leur origine, mais leur mode de vie, qui ne cadre pas du tout au nôtre.

D'autre part, moi qui suis pour l'égalité de traitement, je trouve que si on exige de tout autre ressortissant étranger d'avoir un emploi, des revenus, un permis de séjour etc..., ça devrait s'appliquer à tout le monde de la même manière. En Suisse, les Roms ont droit à la libre circulation et pourraient faire les vendanges s'ils le souhaitaient. La libre circulation exige cependant qu'on ait qqch à faire dans le pays, par exemple un emploi. Au lieu de cela, ils glandent, ils mendient, ils jouent de la musique dans la rue (parfois - mais pas toujours - très bien), ils campent dans les parcs etc...

Sujet: Re: discriminations, expulsions, voire pire. Jeu 08 Sep 2011, 07:04

Je ne peux pas me taire puisque les roms, car je vis en Bulgarie ou il y a peu pres un million de cette minorite.

On parle des roms bulgares ICI.

Je ne voudrais choquer personne, mais comme en Finlande, ils n'ont pas evolue depuis cent ans ou plus. En fait si, les conditions de vie que le pays leur offre devraient les faire changer. Mais non, desolee.

Nos roms sont sedentaires.Les femmes tziganes sur le site finnois que Bridget nous indique, sont elegantes et cultivees par rapport a ceux en Bulgarie, regardez ici.

Je ne suis pas raciste, au contraire, je suis pour la globalisation, mais nos roms sont ingerables, desolee de le dire.

Sujet: Re: discriminations, expulsions, voire pire. Jeu 08 Sep 2011, 07:18

J'ai connu un monsieur hollandais, domicilie a Bruxelles qui s'occupe de l'annimation des cartiers urbains defavorises (voila son blog ), il a fait plusieurs projets pour ameliorer la vie sociale ou l'infrastructure des ghettos des roms bulgares. Sans succes.

Je ne pense pas qu'ils seront utiles a la France ou a un autre pays ou ils immigrent. Croyez-vous qu'ils viennent chez vous pour chercher du travail? Il faut etre tres naif pour le croire.
Je suis desolee de dire cela, en vraie europeenne je devrais esperer l'amelioration de leur statut social, mais j'ai passe ma vie en leur presence partout ou j'ai vecu dans mon pays. Je m'y connais. Dans les villages, ils travaillent quand meme la terre et cela les occupe, mais dans les villes? C'est le desastre. Ils ne paient ni energie electrique, ni chauffage, ni eau. Et l'Etat ne les en prive pas, c'est nous qui payons pour eux.

Je peux continuer, mais cela m'attriste d'en parler, je sais que les citoyens des pys evolues comme vous, ne seront pas d'accord avec moi. Mais comment changerais-je d'opinion?

pilier Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008

Je crois que vous résumez bien la question que les gens se posent, sur les nomades en général : quelle est leur économie ?

Car tout peuple se construit autour d'une activité, d'un commerce, d'un échange de biens et services, voire du troc, si non, il meurt de faim.

Sauf à penser que la mendicité est une activité économique en soi...

?

Si c'est le cas, elle s'effectue aux dépens d'autrui, c'est alors considéré comme du parasitisme. Allez donc vous étonner que les gens les rejettent !

Dommage, car ils me semblent héritiers d'une riche culture, qui a su traverser les siècles et les déboires. C'est dire leur capacité d'adaptation à toutes les modes.

Mais je connais mal leur histoire...

pilier Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005

l'economie, comme fondement d'une société, possible, mais c'est oublier ce que vous avez dit des asiatiques qui étaient heureux "sans avoir rien" (je schématise les propos).

Dans ma région des nomades viennent tous les étés en grand nombre pour une rencontre évangélique, ou similaire, et ils proposent leurs services aux habitants : nettoyage des toitures, des terrasses au karsher, ravalement des façades, élagage des arbres etc. ils trouvent facilement des demandeurs.

je crois aussi que la mecanique des voitures n'a pas pour eux de secrets.

restent aussi les activités traditionnelles sur les marchés : vannerie, rempaillage des chaises, vente de vêtements recyclés, de porcelaines avec défauts, de montres en vrac (elles sont achetées au kilo et revendues à l'unité).

pilier Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005

Citation :: entre 250 000 et 500 000 ont été exterminés par les nazis

je conseille les beaux films de Toni Gatlif, liberté et swing

Tony Gatlif, père kabyle, mère gitane, est réalisateur, scenariste, acteur. un grand bonhomme : j'aime beaucoup ses films, et même s'il n'est pas commercial au sens ordinaire, il est très connu et apprécié.

voici la page d'accueil de son site et sa filmographie

2006
Transylvania
2004 Exils
2002 Swing

2000 Vengo
1998 Je Suis Né d'une Cigogne
1997 Gadjo Dilo
1996 I Muvrini (documentaire sur les polyphonies corse - Arte)
1995 Lucumi (documentaire sur le Rumbero de Cuba - Canal+)

1995 Mondo
1992 Latcho Drom
1990 Gaspard et Robinson
1988 Pleure Pas My Love

1985 Rue du Départ
1982 Les Princes
1982 Core Gitano
1981 Canta Gitano (court métrage disponible en bonus sur le DVD Vengo)

1978 La Terre Au Ventre
1975 La Tête En Ruine (1er film inédit)
1973 Max l'indien (court métrage)
1973 Maussane (court métrage)

pilier Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008

rotko a écrit:: l'economie, comme fondement d'une société, possible, mais c'est oublier ce que vous avez dit des asiatiques qui étaient heureux "sans avoir rien" (je schématise les propos).

"sans avoir rien" signifiait : sans avoir des possessions matérielles (notre confort occidental), mais ils ont une économie : le commerce du riz, du thé... Ils sont sédentaires, c'est donc facile.

Le problème se pose quand on est nomade.

Mais tu as l'air de dire qu'ils vendent un savoir-faire.

J'avoue ne pas trop connaitre cette communauté (sauf la musique).

Sujet: Re: discriminations, expulsions, voire pire. Jeu 08 Sep 2011, 08:51

J'ai mis par distraction mes commentaires sur la page 4 de ce fil. Rotko, pourrais-tu les deplacer ?

Nestor : aucune distraction de ta part, les messages se suivent chronologiquement, tu verras, et d'ailleurs les pouvoirs du "tout-puissant Nestor" ne peuvent lutter contre le temps chronologique Embarassed

Spoiler:

pilier Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007

Rom signifie homme marié en romani. Cet endonyme veut distinguer les Roms des non-Rom, ou "Gadjé". A cette entité Rom s'attachent, une origine indienne probable, une langue partagée (le "Romani"), souvent oubliée au profit des langues nationales, le souvenir d'un rejet et de persécutions récurrentes de la part des "Gadjé" et un fond culturel commun. La chimère d'un peuple ou d'une ethnie rom qui se définirait par un territoire, une langue, un génome, une gouvernance, des pratiques religieuses, un passé ou un projet collectif ne tient pas pour la nébuleuse Rom. Ce peuple rom, ressenti comme une évidence, est une mosaïque d'éléments reliés entre eux par un fond culturel mais surtout unis dans une répulsion collective sitôt reconnu comme tel. Cette chimère simplificatrice n'est pas une construction de nos seuls élus endonyme veut distinguer les Rom marseillais, elle émane de la société civile et même des institutions européennes qui reconnaissent aux Rom le statut de "plus importante minorité ethnique" en Europe. Cette discrimination positive est contre-productive.

En marquant une frontière entre les Roms et le autres, elle entretient l'idée d'une singularité fondatrice qui imposerait dans tous les domaines de la vie de la cité, une approche particulière. Nous ne partageons pas cette perception d'une communauté rom étrange, qui interdirait toute intégration. En empêchant toute identification, cette distanciation nourrit le racisme et désinhibe les comportements hostiles. Un autre effet pervers de cette discrimination positive réside dans la réponse donnée par les pouvoirs publics. A un problème perçu comme communautaire et afférant à un groupe humain singulier, nos décideurs ont tendance à opposer des réponses collectives, là où les réponses pertinentes ne sauraient être qu'individuelles.

Les Rom sont, comme tout citoyen, des hommes ou des femmes, que l'on doit définir par leur individualité et leur nationalité (français, roumain, bulgare ou autre). Cette définition suffit pour affirmer qu'il convient, vis-à-vis de ces Rom, d'appliquer le droit commun, à l'exclusion de tout autre. En droit, rien ne distingue les Rom des Gadjé. En revanche, il est possible de distinguer les Rom, présents à Marseille, des autres Marseillais par leur qualité de nouveaux migrants. Il n'est pas infâmant de leur reconnaître ce statut, alors qu'il est chimérique et faux de les affubler du statut de nomade. La migration est leur réalité et leur raison d'être là, alors que le nomadisme appartient à d'autres.

A cette migration, on peut identifier les mêmes causes que celles qui ont poussé une grande part de la population Roumaine, Rom et Gadjé confondus, à migrer vers l'Ouest, depuis la chute du bloc de l'Est et l'ouverture des frontières. Ces causes sont politiques et économiques et non pas culturelles ou ethniques. Par ailleurs, ces déterminants économico-politiques ont convaincu individuellement chaque personne ou chaque famille rom à migrer. Admettre cette réalité déconstruit le phantasme d'une volonté collective qui aurait déterminé le peuple rom à migrer sous l'autorité d'un pouvoir mystérieux. Ce constat d'un individualisme fondamental corrobore celui que nous faisons, nous les praticiens de Médecins du monde, au sein des camps et des bidonvilles.

En nous rendant sur place, la seule unité de compte qui affiche une cohérence au sein de ces rassemblements, c'est la famille. La famille est là, comme partout, le lieu où naissent les projets et où s'exprime la solidarité. Les familles présentes à Marseille conçoivent le projet de s'installer parce qu'elles espèrent y trouver des conditions plus favorables que dans leur pays d'origine. Depuis cinq ou dix ans, malgré les difficultés, elles affichent leur obstination à rester, en dépit des rigueurs de la politique sécuritaire. Les pouvoirs publics montrent, vis-à-vis d'elles, une hostilité particulière que rien ne justifie et qui s'explique uniquement par l'adhésion sans nuance des décideurs politiques à un certain nombre de croyances et de préjugés stigmatisants. Pensée unique, chimères, phantasmes et obstination nous ont conduits à l'impasse.

Il est temps de remettre en cause ces certitudes qui nous poussent à reproduire des schémas funestes de crainte et de répulsion face à l'autre. Il est temps d'aborder, à Marseille, comme partout, la question de la présence de ces familles rom avec réalisme et objectivité. Le réalisme tout d'abord, c'est prendre en compte la vraie nature de ces Rom. Ni nomades, ni étranges, ce sont des citoyens européens, migrants qui revendiquent un patrimoine culturel commun. C'est aussi relativiser le problème en prenant sa vraie mesure : 15 000 personnes en France. En marquant une frontière entre les Rom et les autres, elle plus de soixante millions. Aborder le problème posé par la présence des familles rom, roumaines et bulgares, à Marseille et en France, c'est s'interroger sur la question d'une migration humaine, intra-communautaire, volontaire, déterminée et irrémédiable.

Le réalisme, c'est faire son deuil de l'idée d'un retour. Ce retour n'interviendra pas et la résistance de ces familles à ce que l'on peut appeler de "l'acharnement sécuritaire" en témoigne. Le réalisme, encore, ne consiste pas à se réjouir ou à se plaindre de leur présence, il consiste à en prendre acte. Ces familles sont là, leur projet migratoire est légitime et il a été rendu possible par l'intégration de leur pays à la communauté européenne et l'ouverture des frontières. C'est un fait que les acteurs politiques doivent désormais prendre en compte comme une nouvelle donne ethno-démographique.

Le réalisme, c'est aussi la prise en compte de ce phénomène comme un fait historique prévisible, qui avait été anticipé par la trop fameuse clause transitoire. Cette clause transitoire interdit de facto aux ressortissants roumains et bulgares d'accéder au marché de l'emploi. Cette mesure, en vigueur depuis deux mille sept, loin d'être dissuasive, a eu comme seul effet de plonger les arrivants dans une précarité inextricable. De fait, empêchés de travailler et de vivre de leur salaire, ces migrants survivent grâce à une économie souterraine faite de mendicité et de collecte de déchets. Avec l'interdiction de travailler légalement, ils se trouvent privés d'accès aux droits sociaux et à toutes les aides indispensables à leur intégration. Le réalisme, c'est d'admettre que la sur-précarisation, néologisme évoquant un dénuement extrême, met en péril la vie des gens et est la cause de leur visibilité et de la répugnance qu'ils inspirent, à défaut de compassion. C'est aussi d'admettre que cette sur-précarisation est, elle- même, un effet de la politique sécuritaire qui s'acharne en vain à les chasser, sans rien tenter d'autre.

Le réalisme, enfin, c'est admettre leur légitimité à migrer. La législation européenne est floue dans sa définition des limites entre droit de libre circulation et droit de libre installation. Ces familles exploitent cette faille et anticipent l'évolution irrémédiable du droit communautaire. Marseille a connu bien d'autres vagues migratoires par le passé. Jamais aucune n'a été accompagnée de ce sentiment d'impasse désespéré dans lequel nous plonge l'obstination inflexible de l'Etat à manier la chimère et la trique. La politique sécuritaire de l'Etat, nourrie de chimères et de phantasmes, n'est pas une politique de droite, c'est une politique irréaliste, qui nous mène droit au mur et qui nous salit. Certains, ici à Marseille, comme ailleurs en France, commencent à douter de sa pertinence et même des bénéfices électoraux induits, et réclament que l'ouvrage soit remis sur le métier, à la lumière d'une analyse objective, réaliste, humaine et républicaine de la situation.

Philippe Rodier est médecin, responsable d'une mission sur les Roms au sein de Médecins du monde à Marseille.

Sujet: Re: discriminations, expulsions, voire pire. Jeu 08 Sep 2011, 11:49

Merci Soussou ! respect

Un joli reportage, sans parti pris : Qui a peur des gitans ?
John Paul Lepers et son équipe sillonnent les routes de France à la rencontre de ces 400 000 « étrangers de l'intérieur », et pour la plupart, Français depuis des siècles. À bord de leur camping-car, ils s'immergent dans la vie des gens du voyage pour mieux comprendre leur quotidien, leurs préoccupations mais aussi leurs espoirs. Une enquête intime et sans complaisance qui les mènera de la région lyonnaise à la banlieue de Perpignan. (en 5 parties)

Et de qui ont peur les gitans ?

pilier Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007

un livre

Destins gitans: des origines à la "solution finale
Donald Kenrick, Grattan Puxon
Gallimard, 1995 - 289 pages

Nomades, noirs de peau, parlant entre eux une langue incompréhensible, se targuant de pratiquer la magie, les Gitans accumulent les caractéristiques faites pour provoquer l'hostilité. Présents parmi nous depuis des siècles, ils n'ont cessé d'être dans tous les pays d'Europe, craints, méprisés, pourchassés, pour finalement sombrer dans l'holocauste. Héritier de toutes les superstitions, le mysticisme nazi ajouta en effet à la cruauté séculaire un appareil de scientisme burlesque. Pour des raisons obscures, Himmler professait que telle tribu était " pure ", telle catégorie " demi-pure ", telle autre à éliminer. Des querelles d'école divisaient les théoriciens du racisme que les médecins-expérimentateurs des camps d'extermination tentaient de départager. Dans les Balkans, les nazis fracassaient contre les arbres le crâne des enfants gitans empoignés par les pieds. Les faits que rapporte ce livre, établis par la documentation la plus rigoureuse, constituent le dossier fondamental d'un problème jusqu'ici passé en grande partie sous silence. Le destin gitan a été presque totalement oublié dans l'examen de conscience de l'Occident. Aujourd'hui encore ce peuple est victime de persécutions, qu'elles prennent la forme de mesures administratives intolérables ou de discrimination raciale. Peut-on espérer pour lui un statut rompant avec sept siècles d'humiliation, et donnant aux Gitans le droit de vivre sans renier leurs traditions ? Sans doute. Mais auparavant, il faudra franchir le plus redoutable des barrages : celui de l'indifférence.

pilier Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008

C'est là qu'on voit à quel point la science historique est discriminante...
Personne ne parle de leur extermination.

Sujet: Re: discriminations, expulsions, voire pire. Jeu 08 Sep 2011, 17:28

Lorsque j'étais enfant, les gitans passaient régulièrement dans le village. Ils aiguisaient les couteaux, rempaillaient les chaises, réparaient les voitures et les tracteurs et bien d'autres choses pendant que les enfants étaient en classe avec nous. Et puis les édiles ont décidé que c'était du travail au noir. Alors ils n'ont plus eu le droit de passer. Maintenant les couteaux ne coupent plus, les chaises finissent à la poubelle au moindre brin de paille qui dépasse et on chasse les gitans de partout.

Dans le documentaire Qui a peur des gitans ? (lien posté plus haut), il y a un joli passage. Une habitante de Ste-Marie-de-la-Mer explique qu'avant, les gitans s'installaient dans le village. Ils rendaient de menus (mais essentiels) services et en échange les villageois leur laissaient l'accès à l'eau. Du coup, ils se côtoyaient et finissaient par se connaître les uns les autres. Chaque année, c'étaient les retrouvailles. Tout se passait très bien. Puis un jour, la municipalité décida de les installer en dehors du village, sur un terrain réservé à cet usage. En dehors des murs. Et peu à peu le lien s'est défait. Aujourd'hui, les deux populations ne se connaissent plus et se regardent d'un mauvais œil.

» Gaston Kelman, les discriminations raciales