Chantal Thomas

Chantal Thomas, la lectrice-adjointe, Mercure de France.

Comme le nom de Chantal Thomas m’était connu, j’ai lu ce livre, une commande de France culture, donc une pièce radiophonique ou de théâtre si un metteur en scène intéressé. Je mets ce billet sur auteur français par commodité.

La lectrice adjointe fait partie du « personnel domestique » de Marie-Antoinette. Elle aime les livres et ce poste qui lui permet d’assouvir sa passion, encore que la Reine ne la paie pas d’une reconnaissance insigne.

Tout au plus lui fait-elle, ce jour-là, des confidences sur l’état de son cœur. Une amitié/ amour pour madame de Polignac, et une rancœur tenace contre sa mère Marie-Thèrèse d’Autriche, glaciale et réfrigérante.

Marie-Antoinette ne sort pas grandie de cette scène : elle n’aime les écrivains, ces « cracheurs d’encre », et esquive une lecture sur les chauves-souris en se réfugiant dans un passage de Bossuet, pas plus réjouissant.

Quant à la lectrice, le meilleur moment de son intervention est la nuit de Lyon de JJ. Rousseau où il parle de plaisirs que ces femmes-là, prisonnières de l’Étiquette, ne pourraient goûter.

Pour apprécier Chantal Thomas, auteur d’essais sur Casanova et Thomas Bernhard, prix Fémina pour le roman les adieux à la Reine, il me faudra ouvrir d’autres portes.

Les adieux à la reine font aussi intervenir la lectrice de Marie-Antoinette.

Jérôme Garcin fait l'eloge du testament d'Olympe qui se passe aussi fin XVIIIe :

Dans « le Testament d'Olympe », Louis XV dépérit alors que la monarchie croit encore triompher.

Romancière des grands crépuscules, chroniqueuse des fins de règne, Chantal Thomas peint à fresque avec une étonnante virtuosité.

Mais ce sont les femmes - la première détestée, la seconde rejetée - que, dans ses deux romans, Les adieux à la reine et testament d'Olympe, elle s'applique le mieux à mettre en lumière, une lumière forte et cruelle.

Son passionnant récit historique semble emprunter à la fois à Dumas pour les galopantes intrigues, à Beauvoir pour le féminisme prémonitoire, et à elle-même, Chantal Thomas, qui a tellement consacré sa vie au XVIIIe siècle qu'on la dirait parfois en visite dans le nôtre.