Henry Fielding

Histoire de Tom Jones, enfant trouvé

Une des pères du roman anglais.

Ce livre est une merveille d’inventivité, de drôlerie, de satire et de vivacité.

En introduction, l’auteur nous livre son dessein : écrire une œuvre sur la nature humaine.


Est-ce de la folie ?

Non, car il a tôt fait de camper quelques personnages, que nous allons retrouver tout au long du récit, parfois dans des circonstances peu avouables, de licence ou de mensonge, au gré d’aventures sentimentales, sociales ou autres.

Une seule héroïne : la fortune et ses revirements.

Elle traite les hommes comme des pantins et si Fielding sait nous faire sourire, je crois que dans le fond, il éprouve une grande compassion pour les marionnettes infirmes que nous sommes.

L’intrigue : un riche châtelain, juste et bienveillant (ce sera notre fil directeur au long des quelques 1070 pages de ce pavé) découvre dans son lit, un soir, un nouveau-né.

Abandonné là.

Par qui ?

Contre l’avis de tous, il décide de le garder et de l’élever. Donc, Tom est un bâtard. Nous suivrons son évolution jusqu’à l’âge adulte, et son avancée au milieu des embûches et de l’hostilité de ses ennemis. Détesté par l’entourage du châtelain, il subira les calomnies, les cabales et autres « gentillesses » de la jalousie..

Fielding est fantastique avec son lecteur, avec qui il dialogue périodiquement soit pour lui expliquer pourquoi il a choisi tel parti littéraire, soit pour s’entretenir de considérations générales sur la littérature. On ne peut que penser à Sterne, qui utilise le même procédé. Notre attention est donc happée à chaque instant et on éprouve cette délicieuse sensation d’être complètement englouti par l’œuvre…

Comme c’est un chef d’œuvre, je vous laisse imaginer à quelle altitude nous volons…

Sur l’aspect philosophique : que sont la sagesse, la vertu ? A t-on besoin de la religion pour les acquérir ? Doit-on recourir aux antiques penseurs ? L’auteur met en scène des personnages radicaux : le philosophe, l’homme d’église... Ils passent leur temps à se déchirer et à ratiociner. Pour finir, ils ridiculisent le genre humain. Ces questionnements, typiquement de ce siècle, pourraient évoquer Voltaire, la raillerie en moins.

Fielding a une tendresse pour ses personnages, surtout pour Sophie, la dulcinée de Tom qu’il n’épousera qu’en fin de livre, après une course poursuite décapante.(Son père refuse évidemment qu’elle épouse un bâtard.)

Personnage prototype également. Ferme, chaste et constant, mais en proie aux préjugés de l’époque : une femme doit se taire et obéir aux conventions sociales. Ce que Sophie combat.

De forts personnages, des péripéties nombreuses, une fresque complète des moeurs du temps , une langue châtiée et évidemment, de l’amour, de l’amour, de l’amour…

SUBLIME

1142 pages !


Pour le moment, ça suffit à refroidir. Mais le sujet et l'époque me tentent beaucoup. Et ça me rappelle que Moon et moi avions le projet commun de lire George Elliot !

Fielding cite par exemple souvent Pope.

Ben figure-toi qu'il n'est quasiment pas traduit en français.

De nombreux classiques anglais nous échappent ainsi. (Smollett, pareil)

Mais que font les éditeurs ?

Pour info, tu es tellement pris dans l'aventure, que tu dégustes ce livre. J'ai pris une semaine mais parce que je suis occupée par ailleurs (j'suis en congé). Donc, je ne lisais que le soir. Si non, en 4/5 jours, c'est fait.


Il annonce clairement Dickens, avec un regard aigu sur la société du temps.


Lis-le, tu aimeras...

4 ou 5 jours !


Soit 230 à 280 pages par jours : faut attaquer tout de même !
:cho:

Déjà, si je lis 50p. par jour, c'est parfait

Moi aussi. 60/70 pages par "période" de lecture.

Mais j'ai plusieurs "périodes" de lecture dans la journée. Une, deux, trois fois, ça dépend.


Voilà ma modeste astuce !

Harelde a écrit:

4 ou 5 jours !


Soit 230 à 280 pages par jours : faut attaquer tout de même !
:cho:

L' idéal quand dehors

Joseph Andrews

C’est avec une immense joie que j’ai retrouvé Fielding.

Là, il annonce un autre idéal : démontrer que la vertu « mâle » existe !

Notre héros, Joseph, est un domestique gâté par la nature : il est beau, doux, humble. Mais ceci se retourne contre lui car il déchaîne les passions féminines, notamment celle de sa maîtresse, une grande dame qui s’enamourache de lui.

La repoussant gentiment et presque candidement, Joseph s’attire le courroux enragé de la dame vexée et se retrouve...à la rue !

Et c’est le début de l’aventure !

Le lecteur comprend vite que Joseph n’est pas de marbre, mais qu’il est tout simplement épris de la suave Fanny.

Sa fidélité l’honore, sa constance l’élève mais il paiera cher la noblesse de ses sentiments : on lui enlève Fanny, on le calomnie, on l’ostracise (car il est pauvre), etc...

Mais il ne faillit pas...

Dans son infortune, il est protégé par un homme d’église, pieux et charitable. L’occasion pour l’auteur de disserter sur les Calvinistes ou les Anglicans, louant les vertus de cœur et dénonçant les hypocrisies du temps.

Adams, ce protecteur, vaut le détour à lui tout seul. Amoureux des penseurs Grecs (comme Fielding), ses discours sont émaillés de références savantes et imbus de sagesse. Celle des désintéressés et des purs.

On croise une ribambelle de personnages tous plus menteurs, hâbleurs et vicieux les uns que les autres. Des âmes prisonnières de leurs sens.

Les situations sont cocasses, picaresques et mouvementées.

Le lecteur s’attache donc profondément au trio : Joseph, Fanny, Adams, qui émerge comme une sphère lumineuse au-dessus des tribulations humaines.

Fielding a encore convaincu le lecteur que la probité et la droiture valent mieux que toutes les vanités de ce monde.

Cet écrivain est un saint.

En couverture du flammarion et pour vous donner le ton galant du livre, ce tableau polisson de Hogarth (qui fut d'ailleurs grand ami de Fielding) :

(faites un zoom !)

La séduction (après la réconciliation)

http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/files/2006/12/hogarth-after2.jpg