Sciascia Leonardo, A chacun son dû, chez Denoël et d’ailleurs.
Supprimer les hypothèses - et le témoin ! inutiles…
L’intrigue est certes policière, mais la mise en scène de la société incline à voir en Sciascia un observateur talentueux et caustique de la Sicile contemporaine.
Dans ce milieu fermé, tenu entre le clergé, le clientélisme politique, et des associations de criminels polyvalents, si la loi du silence est la règle, les lettres anonymes circulent librement :
le pharmacien en reçoit une, le menaçant de mort en représailles (qu’a-t-il donc commis ? ) : farce ou réelle menace ?
L’ennui est qu’il meurt abattu pendant une partie de chasse, en compagnie du docteur du village, tué lui aussi.
Un détective improvisé tient à remplacer la police officielle dont l’absence de zèle constitue la caractéristique principale : il suit méthodiquement différentes pistes, (mœurs, manœuvres cléricales ou politiques etc.), les examine, éventuellement les rejette, en vue d’atteindre l’essentiel, au royaume des quasi-muets.
Les dialogues, lourds d’arrière-pensées et de propos malicieux à double entente, s’allient à une grande rigueur dans l’intrigue, pour faire de ce titre une lecture très agréable.
L’auteur pèse ses mots comme ses personnages, leurs silences, et rien ne semble pouvoir entamer un milieu hermétique à toute franchise comme à toute morale.