Silvia Avallone ( Italie)

Acciaio, Silvia Avallone, Rizzoli, janvier 2010, 361 p.

J'ai adoré Acciaio, cet étonnant premier roman d'une jeune auteure italienne de 25 ans, Silvia Avallone, une sorte de Zola transalpin à l'écriture populaire, argotique et poétique qui démontre une maîtrise de la narration et de la construction tout à fait remarquable . ( critique et extraits en italien sur mon blog)
Ne reste plus qu'à attendre la traduction française de ce roman - qui obtient déjà un très beau succès en librairie en Italie - , ce qui ne devrait pas tarder. Car Acciaio a remporté le premio Campiello opera prima 2010 et ne s'est fait distancer que de quelques voix pour le prestigieux premio Strega - le Goncourt Italien - attribué hier à Antonio Pennacchi pour Canale Mussolini par 133 voix contre 129 à Acciaio.

Silvia Avallone est diplomée de philosophie et vit actuellement à Bologne.
Elle avait déjà publié un recueil de poème, Il libro dei ventanni (2007) et plusieurs nouvelles dans des revues.

Merci Ecaminade, pour cette découverte en avant-première.

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Silvia Avallone, D'acier, chez Liana Levi.

Les louanges de la presse , et le chiffre des ventes en Italie prêchent pour ce roman, choisi par des bibliothécaires pour un défi lecteurs.

On comprend bien que le thème soit porteur, puisqu’il s’agit des travailleurs d’une aciérie et de leurs familles en logement collectifs.

Les bâtiments de cette industrie ont d’ailleurs une présence importante, en tant que lieu de travail, comme terrain d’exploration pour les gamins du voisinage, et comme abri pour les amours adolescentes. Le personnel et la maîtrise fréquentent les mêmes lieux de plaisirs, boîtes de nuit pour les rencontres, voire lieux plus spécialisés pour les libidineux pressés.

Les contextes familiaux montrent la clivage entre les générations, avec les pères autoritaires, voire brutaux, les mères débordées et humiliées, les adolescentes éprises de liberté, même contre les frères trop possessifs.

Autant d’atouts pour ce récit si la narration était à la hauteur, là serait le problème.

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Silvia Avallone, D'acier.

En effet l’introduction des personnages paraît parfois bien rapide. A peine a-t-on parlé d’Elena qu’on la voit arriver, que Matthias surgit en créant un émoi inattendu chez Anna, rien qu’en la regardant dormir… les sentiments éclosent à la vitesse grand V chez les adolescentes, et demeurent vifs chez Alessio malgré les trois ans d’absence - et de silence d’Elena.

On repèrerait vite quelques facilités pour des actes de délinquance (vol de fils de cuivre seulement réprimandés par la police) et des disputes vite oubliées, malgré la gravité des griefs.

Le plus gênant me semble être le regard constamment lubrique de l’auteur sur les adolescentes, à la manière d’un père voyeur du haut de son balcon, qui fait peu de cas de la pudeur instinctive, ou de l’innocence de jeux enfantins - toujours pratiqués torses nus (!).

Les adolescentes attisent les regards de leurs voisins d’immeuble, mais cela permet surtout à l’auteur de présenter des vues racoleuses, en permanence dans son récit.

Il s’agit là d’un premier roman, je suppose qu‘il suscitera des avis différents chez les lecteurs. Ce qui est toujours une bonne chose !

J'ai lu le premier roman de cette jeune auteure italienne uniquement en italien , mais je ne doute pas des qualités de traductrice de Françoise Brun, la voix française d'Alessandro Barrico et de Rosetta Loy et j'ai trouvé surprenant ce beau roman populaire .

(Je te rappelle au passage que j'avais ouvert un fil sur Silvia Avallone et qu'on pourrait peut-être opérer un regroupement.)

Je copie ci-dessous un extrait de la chronique de mon blog où je justifie mon point de vue ( ceux qui lisent l'italien trouveront plusieurs extraits du livre à l'appui) :

«Surprenant car ce roman puissant qui captive le lecteur de la première à la dernière page sans jamais faiblir n'a rien de véritablement neuf. Il raconte en effet une histoire , de manière chronologique et du point de vue d'un narrateur extérieur omniscient . Et il semble s'inscrire, tant par le cadre dans lequel il se déroule que par certains aspects de son style, dans la lignée d'un Zola : une sorte de Germinal ou d'Assommoir du XXIème siècle !

Silvia Avalonne possède un grand talent de conteuse.
Elle sait donner de la vie à son récit et de la chair à ses nombreux personnages . Elle restitue en peu de mots , par des détails bien choisis , la réalité de la vie quotidienne et saisit rapidement les sensations et les sentiments avec un sens aigu de l'observation et une écriture vigoureuse empruntant de nombreux éléments à la langue populaire et à l'argot des jeunes.
Elle montre de l'empathie pour ces humbles gens et donne ainsi beaucoup d'humanité à son roman. Et, surtout, elle parvient à magnifier cet univers prosaïque grâce au lyrisme d'un style qui en fait jaillir la beauté, un style poétique recourant à des images fortes jouant sur les parallèles, les contrastes et les symboles.
Silvia Avallone fait également preuve d'une maîtrise étonnante dans la narration.
Elle aime donner un rythme en reprenant des phrases et des images qui scandent son récit et le font avancer en unifiant ses divers éléments. Elle prépare ses effets en annonçant, en présageant une suite inéluctable ou, au contraire, en différant ses informations, en les délivrant  de manière progressive et indirecte pour entretenir le suspense, et elle a l'art de commencer et de terminer ses scènes, ses parties , son livre aussi, par des images marquantes .»


Pour enrichir le débat , je reporte les lecteurs potentiels également au point de vue d'une blogueuse - prof d'italien - qui l'a lu aussi en langue originale et l'a "descendu" sur son blog avec des arguments que tu sembles rejoindre , ainsi que celui de Christine Marcandier, universitaire et critique littéraire sur Mediapart qui semble plutôt renforcer le mien .

POUR : http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/article-acciaio-de-silvia-avallone-51421002.html

http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/170711/dacier-le-roman-dune-italie-sans-futur

CONTRE :

http://lagiravolta.unblog.fr/2010/07/02/acciaio-chef-doeuvrede-nullite/

Merci, ECaminade, pour ces liens que je vais consulter.

Ce livre fait effectivement débat, puisque choisi par des bibliothécaires pour un défi lecteur, il semble diviser le public. J'ai rencontré deux lectrices qui l'avaient abandonné en cours de route. Je donnerai les réactions quand se fera la rencontre pour évaluer les romans en lice.

D’acier placé 2/8 au défi lecteur.

l'auteur, disent les lecteurs, rendent bien compte dela vie dans les cités, et notamment du machisme courant en Italie.

Les adolescentes veulent séduire pour partir. l'auteur fait partager un voyeurisme malsain, mais réel.

Un vrai talent de conteuse dans ce récit mené tambour battant. Peu de rêve dans une époque où règne la vacuité morale (perte des ideologies et des valeurs).

bientôt le film par Stefano Mordini.

deux adolescentes incarneront Anna et Francesca, les deux héroïnes de « Acciaio » (« D’Acier ») ont été choisies parmi les jeunes de Piombino par le réalisateur du film, Stefano Mordini.

La ville de Piombino, d'abord réticente car craignant une image négative des lieux et des gens, accueillerait le tournage avec sympathie.

Si l'on peut reprocher quelques clichés et caricatures et une écriture pas encore assez aboutie car, à mon sens trop ancrée dans le réalisme social, il n'en demeure pas moins que j'ai éprouvé beaucoup d'empathie avec les personnages d'Anna et Francesca et que je me suis retrouvé sous la chaleur et au coeur des bruits de cette cité industrielle de Toscane à contempler les rêves s'effriter au contact du quotidien. Quand un livre délivre des émotions, il a déjà fait la moitié du chemin ...

le film sort en ce moment


Réalisateur Stefano Mordini
Avec Michele Riondino , Vittoria Puccini , Anna Bellezza

Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles rêvent d'évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.