Michel Le Bris

La beauté du monde.

En 781 pages, un livre dense et touffu.
1938, Winnie est repérée pour servir de « nègre » et écrire les souvenirs d’Osa Johnson.
Et à travers elle, Michel Le Bris nous parle de voyages. Comment voyage t-on ? Pourquoi voyage t-on ? Que cherche le voyageur ? Voyager ailleurs, mais aussi voyage intime. Que rapporte t-on du voyage ? Qu’est ce qui nous change et nous transforme ? Où se situe la Beauté du monde ?

Première partie. De retour de Bornéo, Martin Johnson et sa jeune épouse Osa , 1921, New York.
Nous lirons des pages énergiques et fantastiques sur les « années folles », la prohibition, les « flappers », le jazz , Brodway , Harlem, et la vie trépidante , les intellectuels (et nous rencontrerons « Dotty », alias Dorothy Parker et ses amis…), des passages truculents, la vie à toute allure.
Mais aussi les dessous du voyage. Car ce passage obligé par New York est avant tout une recherche de finances. Pour monter le film ramené de Bornéo, se faire un nom au milieu des explorateurs (nombreux) et trouver le financement du prochain voyage. Les dessous du rêve.
Quelques retours en arrière pour nous présenter l’enfance d’Osa, sa rencontre avec Martin, les années de galère à parcourir les routes, avant le grand départ ; et toujours le rêve du voyage, partir.
Et à travers les rencontres avec Winnie, une Osa désabusée, quelque peu alcoolique, starisée, seule sans Martin.

Deuxième partie. L’Afrique, le Kénya.
Des pages magnifiques sur la nature et les animaux, ce qui est encore « sauvage » et qu’il faut préserver ? Les regards émerveillés de nos deux explorateurs. Mais encore les dangers affrontés. La fougue, la passion, l’amour et l’osmose avec ce monde rencontré et qui les subjugue.
Les relations avec les africains. Les tribus et les mœurs. Mais encore le colonialisme.

Troisième partie. Retour à New York, succés du film, préparer un nouveau départ, pour quatre ans !
Martin Johnson est le premier à avoir filmé des documentaires animaliers et a fait mettre au point pour ce faire tout un matériel de photographie et de filmage.

Mais le livre est de plus un splendide hommage à Osa, belle, charmante et charmeuse, courageuse et efficace. Un magnifique portrait de femme. Un hymne aux aventurières. Pour, comme le dit Michel Le Bris, qu’elles ne soient pas que la « femme de… ».

Je ne vous ai donné qu’un bref aperçu du livre que j’ai savouré petit à petit et que je conseille. Pour la beauté du monde.
Et quelques photos à la fin du livre : Martin et Osa, l’Afrique.

chez Grasset et fasquelle.
epigraphe :

Ce continent que l’on disait le "Continent noir", jusqu’à ce que les Johnson le révèle à la lumière d’innombrables écrans argentés, sur lesquels ils poursuivaient Simba le lion, ou Tembo l’éléphant, tout en récoltant des spécimens pour le Muséum d’Histoire Naturelle…

Ernest Hemingway, L’heure triomphale de Francis Macomber

incipit :

Citation :

Ils furent, dans les années vingt, des stars. Lui, le compagnon de Jack London dans les mers du Sud, engagé à 23 ans comme cuisinier à bord du Snark, avant de s’imposer comme un cinéaste de génie. Elle, la toujours belle au coeur du monde sauvage, la plus glamour des risque-tout, sur les routes dès l’âge de 17 ans.

Ensemble, les inventeurs du cinéma animalier, les pionniers de la préservation de la faune africaine. Martin et Osa Johnson, inséparables. Martin et Osa, pour toute l’Amérique des années folles, les « amants de l’aventure ».

Merci Nymphéa, je pourrai dire maintenant que j'ai une idée de ce qu'ecrit Michel Lebris dont on entend parler sur deux chapitres contemporains :

- le festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo.

En 1990, exaspéré par les modes littéraires occupant alors le devant de la scène en France, décidé à défendre l’idée d’une littérature résolument « aventureuse, voyageuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire » il crée la revue trimestrielle Gulliver, mobilise ses amis écrivains français et étrangers, multiplie les collections (Phébus, Payot, la Table Ronde) lance en France le mouvement des « écrivains voyageurs », propose en 1992 le terme de « littérature-monde », fait découvrir Nicolas Bouvier, dont il devient l’éditeur, mais aussi Redmond O’Hanlon, Anita Conti, Ella Maillart, Patrick Leigh Fermor, Norman Lewis, Jonathan Raban, Colin Thubron, Edward Abbey, Peter Matthiessen, des dizaines d’autres — plus de 400 ouvrages édités en l’espace de 15 années ! Il créé cette même année (avec Christian Rolland, Maëtte Chantrel et Jean-Claude Izzo qui sera pendant des années l’attaché de presse de la manifestation) le festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo.

- Pour une Littérature-Monde

En 2007, dans le droit fil de l’idée de la littérature défendue par Etonnants Voyageurs, il est, avec Alain Mabanckou, Jean Rouaud et Abdourahmane Waberi à l’initiative du Manifeste pour une Littérature-Monde réunissant quarante-quatre écrivains du monde entier écrivant dans une même langue : le Français.

Il dirige avec Jean Rouaud la publication de Pour une Littérature-Monde chez Gallimard regroupant vingt-cinq textes qui prolongent le débat engagé avec le Manifeste.

source : cet article.