Hans Hartung.

La mort des artistes peut-elle être un thème d’exposition ?

e musée d’Art moderne de la Ville de Paris expose, du 16 octobre au 10 janvier, les oeuvres tardives de douze artistes conscients de leur mort imminente. Intitulée « Deadline », cette exposition pourrait être considérée comme une exploitation de la mort des artistes.
Pour :
La mort a toujours été une donnée fondamentale dans la création artistique. Que l’on songe aux masques funéraires antiques, aux Vanités du XVII e siècle et jusqu’à leurs dernières variations, tel le crâne en diamants de Damien Hirst [voir portfolio « Connaissance des Arts » n° 674]. Monter une exposition sur cette thématique ne me dérange en rien, au contraire.

Faire une exposition autour de la mort prochaine des artistes, puisque tel est le concept de « Deadline », semble relever d’une tout autre démarche. Limitée aux vingt dernières années, elle va montrer les productions d’une génération d’artistes marquée par le Sida et son phénomène de mort massive. D’Absalon à Chen Zhen, elle joue, de manière sensationnaliste, sur un sujet très intime : l’impact de la maladie et de la mort prochaine sur les sujets choisis par des artistes menacés, et même sur la forme (rapidité d’exécution, urgence des procédés…) que ceux-ci vont mettre en œuvre.

Que l’on prenne Jörg Immendorf, par exemple, atteint d’une forme de sclérose des cellules nerveuses. A-t-on vraiment intérêt à montrer comment la maladie est venue se superposer à ses toiles ? Prenons le cas de Robert Mapplethorpe. La mort est omniprésente dans sa carrière. Dans le contexte de cette exposition, limiter son œuvre à ses dernières années conduit à dramatiser de manière morbide notre lecture de son travail.
Guy d’Aurény, critique

Contre :
. Au premier abord, on pourrait penser que « Deadline » victimise les artistes. Ce n’est en aucun cas le propos. À aucun moment on ne montre quiconque, diminué, en train de travailler. On montre les œuvres. Et ce qui est exposé, ce ne sont pas des « restes ». Pourtant le public, face à ces œuvres ultimes, a reproché aux artistes de ne plus être identiques à ce qu’ils étaient avant d’approcher la mort, comme s’ils avaient, en changeant, réfréné la qualité de leur travail. C’est particulièrement le cas pour les derniers travaux d’Hans Hartung, considéré comme « grabataire ». Il faut renverser ce point de vue.

Face à l’imminence de la mort, on constate dans leur travail une libération, une explosion de création. Ils expérimentent de fait la fin des pressions sociales et économiques. C’est d’ailleurs ce qu’avait montré Jean-Louis Prat, directeur de la Fondation Maeght, avec l’exposition « L’OEuvre ultime », en 1989. Il y a une urgence, une frénésie, comme pour faire un pied-de-nez à la mort.

Cela me rappelle d’ailleurs l’exposition « La Mort n’en saura rien », entre 1999 et 2000 au musée des Arts d’Afrique et d’Océanie. On y présentait des reliques d’Europe et d’Océanie et il y avait un côté joyeux indiscutable. Les œuvres de fin de vie des artistes exposés dépassent la mort. C’est d’ailleurs l’une des raisons d’être de toute œuvre d’art.
Fabrice Hergott, Directeur du musée d'Art moderne de la Ville de Paris
http://www.les-cercles.fr/arts/art-contemporain/installations/1091-la-mort-des-artistes-peut-elle-etre-un-theme-d-exposition

Hans Hartung exposition à Genève.

Une exposition illustre l’usage du signe, du pinceau et de l’encre. Des peintres chinois au regard de la modernité source : le Temps.



Soucieux de fonder leur pratique sur leur propre tradition, où la peinture de paysage, par exemple, et le maniement du pinceau sont liés à la calligraphie et à l’écriture en général, ces peintres explorent les nuances de l’encre de Chine, du bleu au sépia, du noir à un gris dilué. Ils expérimentent non seulement le pinceau et la brosse, mais d’autres manières d’apposer le médium, tamponnage à l’aide de morceaux de liège, usage de bâtonnets d’encens imprégnés d’encre. Pourtant, les compositions restent marquées au sceau de cet art séculaire, qui allie dynamisme et sérénité, idéogrammes et suggestion poétique.

Parfois, le noir envahit l’espace pictural, jusqu’à ne plus ménager que quelques ouvertures parmi un entrecroisement très dense de lignes épaisses, manière d’évoquer la lumière en regardant la nuit: exercices de méditation, les peintures abstraites de Li Huasheng reflètent un esprit tourné vers le taoïsme et le bouddhisme.

Noirs d’encre. Regards croisés. Fondation Baur, Musée des arts d’Extrême-Orient (rue Munier-Romilly 8, Genève