Anna d’Arabie
L’ouvrage est un journal tenu secrètement pendant le voyage par Lady Anna. Il retrace un périple de deux mois de Damas jusque Haïd dans le Nedjed, retour par Mechhed Ali pour finir à Bagdad. Du 20 décembre 1878 à fin février 1879.
Anna Blunt et son époux partent accompagnés d’un ami et guide, Mohammed Ibn Aroûk. Celui ci est le fils du Cheikh de Tadmour dans le Palmyre, dont la famille est originaire du Nedjed. On rassemble une caravane avec chameaux et chevaux sans oublier les chiens. Le pays traversé l’est pour la première fois par des Européens.
Tout au long du périple il faut obtenir les autorisations des chefs de tribus auxquels appartient le territoire ; ceux-ci fournissent guides et protection jusqu’au territoire voisin. Partout l’hospitalité arabe est de mise et nos voyageurs reçus avec honneur. Les tribus sont nomades et peuvent parcourir d’énormes distances ; aussi une connaissance connue l’an passé tout au nord est retrouvée, au grand plaisir de tous, dans le sud. Mais la guerre est endémique.
Le trajet se fait donc à travers le désert et Anna Blunt nous en décrit les différents paysages, la végétation, les points d’eau, la géologie. Rien ne diffère plus d’un désert qu’un autre désert.
De mauvaises rencontres sont possibles ; ainsi nos deux anglais un peu éloignés de la caravane se voient attaquer par un « ghazou » qui en veulent à leur chevaux et armes ; heureusement les attaquants se révèlent liés à la tribu de Mohammed et la paix est faite, le repas partagé. Lady Anna nous raconte l’épisode avec un flegme tout britannique et conclue non sans ironie à leur départ : « On se résigna sans peine à leur dire adieu. »
L’habitat, les villages et oasis rencontrés nous sont aussi décrits avec détails ainsi que les mœurs des Arabes. En tant que femme, Anna Blunt pourra participer au choix d’une épouse pour Mohammed avec une des membres de son clan vivant dans cette partie de désert. Elle pourra aussi rencontrer les femmes du seigneur et de son frère et pénétrer dans le harem.
Car le but du voyage est Haïd et la rencontre avec l’Emir Ibn Rachid. Ce dernier a assis son pouvoir avec autorité et après quelques assassinats des membres de sa famille…mais l il a définitivement repoussé la sujétion à Ryad et la région est sure ; il gouverne au gré de tous. Vie au palais, visite du haras, une « fantasia », de merveilleux jardins…
Puis nos voyageurs remontent vers le nord avec une caravane de pèlerins, des Persans. Lady Anna déplore leur rusticité ; ils sont sales et grossiers, peu hospitaliers et plutôt ignares ; mais ils critiquent les mœurs et coutumes arabes !
Deux détails culinaires. Le café ou « kawa » s’offre en signe d’hospitalité, le refuser est assimilé à une déclaration de guerre. Les sauterelles s’accommodent de différentes façons et sont très bonnes. Elles pullulent et tous les apprécient, humains et animaux. Cependant elles peuvent n’être que l’unique nourriture des nomades en cas de disette…On mange aussi beaucoup de dattes ; différentes variétés, différentes préparations.
Je pourrais encore vous en raconter beaucoup. Le livre fait à peine 200 pages, mais est très documenté. Son auteur fait preuve d’une belle curiosité.