Sauvages
Résumé du livre (remanié à partir du quatrième de couverture).
L'avant-poste 2881, aux confins de l'Ouest américain, peu après la guerre de Sécession. Au milieu de ce grand nulle part, une petite garnison de soldats laissés pour compte, hébétés, affamés, oubliés par l'histoire. A leur tête, le major Robert Cutter, mélancolique et tourmenté, qui chaque jour écrit à sa femme pour lui raconter la déréliction croissante de ses troupes et de son propre moral. Mais la torpeur du désert est soudain secouée par l'apparition de deux femmes, arrachées aux Indiens après quatre années de captivité, grâce à une expédition emmenée par mari et beau frère des femmes et les soldats de Cutter. L'une des rescapées raconte l'horreur, les violences endurées. L'autre, Abigail Buwell, se terre dans le mutisme et refuse la « civilisation ».
Un livre d’une sombre beauté. Un récit d’une écriture dense qui vous emmène sans faiblir au centre de la violence et de la barbarie.
Le mythe du Far West déconstruit. Les paysages traduisent, loin des clichés, les rigueurs de la vie, les prouesses à accomplir pour y survivre, la solitude infinie, la petitesse de l’homme. Les indiens ont su apprivoiser cette nature mais sont réduits à la pauvreté de par l’arrivée des Blancs, aux vols, rapts et guerres. Pour le colon et le soldat ce ne sont que des sauvages qu’il faut civiliser ou éradiquer. Un terme qui dépeint bien la mentalité : les captives libérées sont dites rédimées.
Dans ce fort en attente, l’arrivée de ces deux femmes va exacerber les sentiments, le malaise s’insinue jusqu’à la folie, la perte des repères s’accentue vers le chaos. Avec justesse, d’un ton prenant et envoûtant, l’auteur nous conte ce lent effondrement.
Le récit construit de manière non linéaire nous relate aussi le passé de Abigail Buwell et nous donne un portrait réaliste et sobre de la vie des premiers colons; on peut se demander alors qui est le sauvage
Quant au personnage du Commandant, décrit en nuance, il est profondément attachant dans son ambivalence et ses doutes.
J’ai été plus que « captive » de cette lecture.