Capitaine Conan
Genre : charge antimilitariste.
1918, dans les Balkans. D'un côté, les corps francs, ceux qui font le sale boulot ; de l'autre, les gradés, les stratèges. D'un côté, ceux qui « font » la guerre, de l'autre, ceux qui la « gagnent ». Les hommes de Conan, jeune lieutenant de l'armée d'Orient, se rendent coupables de pillages et sont jugés par un tribunal militaire dont l'accusateur n'est autre que Norbert, ami de Conan.
Depuis La Vie et rien d'autre et La Guerre sans nom, on sait à quel point Tavernier s'intéresse au versant caché des conflits. Pour l'armée d'Orient, la guerre de 14-18, ce fut plutôt 14-19 : après l'armistice, celle-ci n'est pas démobilisée. Tavernier accuse. L'armée et ses généraux guignols qui n'ont aucune conscience de ce qui se passe sur le terrain. L'injustice de la guerre qui contraint la société à fabriquer des meurtriers pour les réprouver ensuite.
Dans son dénouement, Capitaine Conan est d'une violence glacée. Après les horreurs de la guerre, les horreurs de l'après-guerre : la culpabilité et l'inactivité qui rongent. Avec ce coup de poing magnifique, Tavernier a gagné un césar, et son acteur principal, l'étonnant Philippe Torreton, aussi. Mais c'est l'ensemble de la distribution qui est remarquable.
Télérama.