Le chat (nouvelle)

Bruits de clé dans la serrure. Les gonds grincèrent quand la porte s’ouvrit. Un homme simple mais élégant apparut. Son visage attirait immédiatement l’attention. D’apparence charmante, il arborait deux prunelles sombres, dures. Ses semblables s’écartaient, instinctivement, par respect ou par crainte.
Luc déposa ses effets sur le bar, se servit un whisky et sortit sur la terrasse. La douceur de cette soirée de mai le fit sourire d’aise. Il ferma les yeux un instant, goûtant la chaleur des derniers rayons sur sa peau.
A sa gauche, dans la petite serre qu’il avait patiemment érigée lui-même, ses orchidées réclamaient un peu de son attention. Elles étaient toute sa vie. Ce misanthrope qui impressionnait tant, se parait de velours dans la minutie prodiguée à ces chères épiphytes. Un vaporisateur à la main, Luc humecta délicatement les végétaux. Il y mettait un égard méticuleux. Dans cette brume éthérée, un fin arc-en-ciel se formait autour des fleurs. Des gouttelettes opalescentes perlaient aux labels multicolores.
Instants voluptueux.
Extatique.
Derrière lui, à quelques mètres, un miaulement rompit un silence devenu religieux. Un chat gris pâle le contemplait, prostré sur sa queue, la tête levée vers lui. Luc et le félin se dévisagèrent un moment. Ni l’un ni l’autre ne semblaient disposés à entamer les présentations. L’animal miaula de nouveau. Plus doucement que la première fois lorsqu’il cherchait à attirer l’attention. Presque timidement, comme s’il sentait lui aussi qu’aborder Luc nécessitait un protocole de soumission absolue.
L’homme s’accroupit. Spontanément l’animal courba l’échine, baissa la tête et le regard. Ainsi agissait le courtisan devant son monarque. Il eût même un premier mouvement de recul lorsque s’avança vers lui une main virile ornée d’un bracelet montre couteux. La main interrompit sa progression, marquant une pause. Le chat fixait toujours attentivement les doigts stoppés à quelques centimètres de lui. Il ne reculait plus et hasarda même un regard vers le visage de Luc, tentant d’y déceler une quelconque malveillance. Mais ce dernier était impassible.
Une éternité plus tard, la main reprit son avancée. Les doigts finirent par toucher la tête poilue de l’animal. Après une ultime crainte, il accepta la caresse. Pour s’y abandonner entièrement. Dès lors, il se frotta copieusement sur cette main adoptée. Il ronronnait de plaisir. Luc se montrait prodigue et dispensait ses attentions avec la même générosité que pour ses orchidées.
Puis tout s’accéléra.
D’un geste vif, Luc qui maintenait son autre main à l’abri derrière son dos, la tira brusquement de sa cachette. Tenant toujours le vaporisateur, il pressa vigoureusement la gâchette. Frénésie de mouvements tranchant violemment avec la torpeur douceâtre évaporée. Hurlant, le chat s’échappa vivement.
Ruisselant.
Luc se redressa, riant à gorge déployée.

ohhh pas gentil ça, qui est le traître?
Très bien écrit, harelde, les orchidées auront étés préservées.

Merci pour cette belle histoire!

Cruel, mais délicieux!

Châtiment pour chat qui rampe.

c'est un peu le traitement de choc

j'ai un copain qui en avait marre de voir un gros matou entrer dans son sous sol bouffer la nourriture de sa minette. Il a décidé d'y mettre bon ordre.

Avant de partir quelques jours, il voulait être sûr que sa minette mangerait tranquillement pendant son absence : il a guetté le chat, l'a empoigné (il avait des gants), l'a mis dans une grande poubelle qu'il a secouée aussi vigoureusement qu'une essoreuse Tornado.

j'étais plié de rire, devant sa vigueur à secouer la salade,

je n'ai jamais vu un chat courir aussi vite ! on aurait dû le chronométrer, le pauvre

rotko a écrit:

c'est un peu le traitement de choc

j'ai un copain qui en avait marre de voir un gros matou entrer dans son sous sol bouffer la nourriture de sa minette. Il a décidé d'y mettre bon ordre.

Avant de partir quelques jours, il voulait être sûr que sa minette mangerait tranquillement pendant son absence : il a guetté le chat, l'a empoigné (il avait des gants), l'a mis dans une grande poubelle qu'il a secouée aussi vigoureusement qu'une essoreuse Tornado.

j'étais plié de rire, devant sa vigueur à secouer la salade,

je n'ai jamais vu un chat courir aussi vite ! on aurait dû le chronométrer, le pauvre

Ah! la bonne blague!

Quel traître, le jardinier des orchidées; il a bien médité son coup...

Tu as bien reussi a rendre ton Luc tres antipathique... Envie de lui crever les deux yeux (en meme temps!)

Harelde, j'aimerais appliquer ta méthode à tous ces oiseaux qui se soulagent sur ma voiture : mouettes, goélands ...

Au début, j'allais m'écrier: "encore des chats, c'est une obsession!!!"

Mais la fin m'a fait éclater de rire. J'avoue que je l'avais prévue dans le sens où la tentation de faire quelque chose dans ce genre m'a traversée (sans doute en même temps que Luc).

J'adore les chats, et pourtant, je ne peux jamais résister à l'envie de les "martyriser" comme Luc, ou du moins de fantasmer sur l'envie de le faire (j'ai plein d'idées, pour ceux qui sont intéressés ). Ils m'inspirent.

Merci pour ce moment de plaisir, Harelde !

Tu aimes les fleurs, on voit ce jardin auquel tu as mis un soin méticuleux, mais tu n'aimes pas les chats, ni personne non-plus
Attention!( je parle du personnage, pas de toi, que je trouve sensible) un beau conte, dont la fin m'a surprise; tu es doué pour l'écriture
merci

Bonb j'avoue que je craignais le pire ! mais l'honneur de l'homme et des fleurs est sauf ! ce n'est quand même pas un chat qui va faire la loi dans une serre bravo très jolie histoire et en plus drôle !

Merci à tous pour vos critiques.
C'est toujours très agréable de lire ces louanges.