Le rayon érotique

Pour ceux qui n´ont pas encore vu le programme TV, TNT "Bibliothèque Médicis" " Sur la littérature érotique" mené par J.P ELKKABACH. Durée: 60''.
Ni l´Expo de la BNF dont nous avons déjà parlé, voici le lien/VIDEO.

http://www.publicsenat.fr/cms/video-a-la-demande/vod.html?idE=56013

Les invités sont:
Marie-Françoie Quignard "X, L´enfer de la bibliothèque"
P.M de Biasi "histoire de l´érotisme" ed. Gallimard.
Maïna Lecherbonnier "L´éloge de l´adultère". (Ed Blanche).
F.G.Maugarlone "Plus sage est le vent" (Grasset).
Petra Raguz. "Le culte de l´érotisme"(Ed Blanche).

Ils font le point sur ce qui s´est passé des fresques aux pixels, des livres publiés " sous le manteau". Les clefs de l´érotisme, son langage, selon les uns et les autres.
La conclusion, une fois terminé le programme, c´est qu´actuellement nous traversons un siècle de conformisme extrèmement stéréotypé : toujours les mêmes images, les mêmes clichés.
Moi qui croyais qu´on avançait...

.

Merci, Swallow, pour ce lien et ces références.

L'exposition de la bibliotheque nationale, avec en particulier les entretiens-contributions qui la terminaient, permettaient de faire le point sur les périodes de censure.

Il semblerait que l'opinion publique ait été très favorable à cettte levée des interdits : la presse a salué cette exposition et en a rendu compte largement et de manière positive.

D'autre part des livres comme celui de Catherine Millet n'auraient pas été possibles auparavant, sinon sous le manteau et sous anonymat.

J'ignore ce que vaut son livre au niveau littéraire, car je ne l'ai pas lu, mais elle dit avoir reçu partout dans ses rencontres avec le public, un accueil très favorable.

D'autre part, elle est souvent invitée à la radio ou dans les journaux : elle a donc assumé avec courage une initiative socialement et professionellement osée.

L'exposition sur les estampes japonaises des "artistes du monde flottant", de très grande qualité, avait ouvert au grand palais la voie au public. L'affluence avait été grande, et l'intérêt, évident.

Pierre Louÿs avec ses "Chansons de Bilitis" a su nous régaler d'un érotisme tout en finesse avec de petites touches de situations qui suggèrent plus qu'elles ne décrivent:

L'AMIE COMPLAISANTE
L'orage a duré toute la nuit. Sélénis aux beaux cheveux était venue filer avec moi. Elle est restée de peur de la boue. Nous avons entendu les prières et serrées l'une contre l'autre nous avons empli mon petit lit.

Quand les filles couchent à deux, le sommeil reste à la porte. «Bilitis, dis-moi, dis-moi qui tu aimes». Elle faisait glisser sa jambe sur la mienne pour me caresser doucement.

Et elle a dit, devant ma bouche : «Je sais, Bilitis, qui tu aimes. Ferme les yeux, je suis Lykas». Je répondis en la touchant : «Ne vois-je pas bien que tu es fille ? Tu plaisantes mal à propos».

Mais elle reprit : «En vérité, je suis Lykas, si tu fermes les paupières. Voilà ses bras, voilà ses mains...» Et tendrement, dans le silence, elle enchanta ma rêverie d'une illusion singulière.
Chansons de Bilitis.

Lorsqu'il fait une déclaration d'amour, Wolinski, ne s'embarrasse pas de tournures fleuries. Par exemple dans "Les Pensées":

Je pense à toi,
mon amour,
ma tendresse,
mon coeur, avec tes pieds mignons,
ta bouche adorable,
ton cul en satin,
ton sexe en velours,
ta langue rose comme le bout de tes seins,
tes cheveux d'or.....
et pourtant tu n'es que de la viande,
mon amour!

Guide érotique du Louvre et du musée d'Orsay par Jean-Manuel Traimond
éditions Atelier de création libertaire.
Un ouvrage qui me paraît bizarre, car pour le profane il paraît impensable d'exposer dans un musée des oeuvres érotiques !...
Il semblerait pourtant, que le Louvre "Regorge de tableaux ambigus, sculptures sensuelles, bronzes explicites, représentations camouflées de pratiques que la morale réprouve".
Par exemple Fragonard dans son fameux tableau "Verrou" a peint :" deux oreillers côte à côte : vous y verrez une puissante paire de seins. Regardez les plis à droite du rideau rouge: vous verrez les grandes lèvres d'une vulve géante. Le même rideau à gauche, pend en adoptant la forme d'un pénis colossal"
Dans la salle des Caryatides, toujours au Louvre, le "plus beau derrière féminin du musée" sculpté par le Bernin, possède un discret et bandant attribut: il s'agit d'Hermaphrodite!
James Pradier a signé le visage égrillard d'un satyre qui " choqua la critique et ravit le public"... en 1834 !
La "Femme piquée par un serpent " marbre du musée d'Orsay signé Clésinger, qui "voulut présenter une oeuvre à l'extrême limite de l'acceptable" est sensuelle dans son "agonie" Y a t-il eu au moins un serpent.?
Il faut certainement avoir l'esprit mal tourné, aussi bien pour les artistes que pour l'écrivain pour voir de l'érotisme où les autres ne voient que de l'art. Mais je crois que je vais m'offrir ce bouquin. Avec Internet et l'aide de papa Google, je vais pouvoir vérifier l'exactitude des faits avancés.... sur mon ordinateur. J'ai déjà fait un essai...pour le Fragonard....Je dois avoir l'esprit mal tourné!.....
(Avec l'aide de Jean-Luc Porquet et du Canard Enchaîné.)

Bien sûr que les spectateurs, visiteurs et artistes ont l'esprit mal tourné.

Dans la peinture et la litterature du XVIIIe tout particulièrement.

Les allusions coquines sont en surabondance : une jeune fille se lamente devant un vase de lait brisé, un chat paraît mal en point, certains regards ou certaines positions sont bien équivoques etc.

Les formes cachées dans le dessin, comme dans les devinettes de gosses, existent aussi, je ne savais pas que Fragonard y avait eu recours.

Dans les églises aussi il y a des dessins érotiques très osés. L'artiste ou l'artisan mécontent d'être mal payé ou tout simplement malicieux, glissait des phallus et d'autres organes sexuels un peu partout, de manière clandestine.

Dans les stalles des églises, on trouve des "miséricordes", ie des pose fesses qu'on rabat et sur lesquels s'appuient les religieux pendant les interminables offices, tout en donnant à l'assistance l'impression d'être debout.

Ces "misericordes" sont pleines de sexes virils.
A Oxford, dans la cathedrale, il y a un "acrobate" sous un siège : il se fait à lui-même une fellation.

Comme le nom l'indique, la revue Stupre se consacrera à la littérature érotique, et se présente comme

Citation :

« un point de rencontre entre différentes démarches artistiques autour de l’érotisme et de la sensualité »

Stupre n°1 « Palace », Ed. Warum, 80 pages.

rotko a écrit:

Comme le nom l'indique, la revue Stupre se consacrera à la littérature érotique, [..]

Merci Rotko, c'est mon premier éclat de rire de la journée...
Et chacun sait qu'une journée où l'on a pas ri...

Ah, il est chouette, le titre !

- Il est temps d'éteindre, mon chéri, tu as fait ton cartable ? Mais qu'est-ce que tu caches sous tes draps, là ?
- C'est pour l'école, c'est un truc sur les différentes démarches artistiques...
- Ah, bon, alors, si c'est autour de l'érotisme et de la sensualité, juste autour...

la librairie et maison d'édition la musardine publie un titre programme

Petit lexique pornographique à l'usage des vieux cochons et des jeunes truies par Adeline Rognon.



quelques définitions au hasard

Extraits :

Citation :

ABRICOT Petit fruit dodu qui pousse entre les cuisses des demoiselles. Dès qu’il est mûr, il enfle et s’ouvre en deux pour offrir son noyau, sa chair et son jus.

AGACE-PISSETTE Expression québécoise .Allumeuse qui agace la pissette des messieurs. Une agace-pissette remue si bien les fesses qu’elle semble promettre le septième ciel, alors qu’elle n’a pas l’intention de tenir ses promesses. Les hommes haïssent ces femmes, qui, en se refusant à eux, leur font très mal aux roupettes.

allez, ne lésinons pas, en voici 2 autres,

Citation :

JOYEUSES Les testicules qui frétillent de plaisir lorsqu’on les tripote.

LIMACE Vieille queue qui ne bande plus. Elle n’en demeure pas moins gluante de désir, comme l’animal qui rampe dans les sous-bois mouillés, tendre et pleine d’amour.

Quels titres me conseilleriez-vous pour découvrir la littérature érotique?

je pense que cette question pertinente mérite un fil specifique, et chacun pourra y aller de ses conseils.

j'avais lu en son temps françoise Rey la gourgandine et j'avais été surpris de voir une adulte déformer des situations d'enfance.

Chaque âge a ses plaisirs, mais transférer retrospectivement des fantasmes d'un adulte à un(e) enfant m'avait posé problème.

Le domaine est vaste, pas souvent abordé ;

On serait tenté de distinguer le roman coquin ou polisson, le pornographique pur et dur, le sensuel,...

vous avez la parole

et comme le demande anharmo, donnez des références...

Oui, il faut distinguer.
Je ne mettrai pas Apollinaire entre toutes les mains par exemple. Des scènes proprement insoutenables dans "Les 11 000 verges".
Je crois que c'est le plus choquant que j'ai jamais lu.
Du "hard".
Non, du délire.

Je note déjà celui que tu cites Rotko le sujet m'intéresse...

rabiblio a écrit:

Je note déjà celui que tu cites Rotko le sujet m'intéresse...

oui, mais duquel parles-tu ? je reprochais à francoise Rey d'être perturbée (elle-même souligne que son éducation ne fut pas épanouissante). Que d'autres lecteurs/lectrices apprécient ce livre (que je n'ai pas fini) ou cet auteur, c'est leur affaire.

Moi je ne cherche pas un érotisme dépravé ou perturbé ou culpabilisé, c'est pourquoi j'aime bien qu'il y ait de l'humour comme je le notais chez liebig, avec démystification du langage, ou un désir aussi bien exprimé que chez Nabokov avec Ada ou l'ardeur

j'ouvre le fil Nabokov qui est inexplicablement absent de GDS*

dis moi si je me trompe Rotko mais nous avons un rayon "érotique" sur GDS je n'ai pas regardé si des titres de bouquins sont annoncés?

https://grain-de-sel.1fr1.net/pratiques-culturelles-habituelles-ou-en-cours-f9/le-rayon-erotique-t534-120.htm

rotko a écrit:

rabiblio a écrit:

Je note déjà celui que tu cites Rotko le sujet m'intéresse...

oui, mais duquel parles-tu ? je reprochais à francoise Rey d'être perturbée (elle-même souligne que son éducation ne fut pas épanouissante). Que d'autres lecteurs/lectrices apprécient ce livre (que je n'ai pas fini) ou cet auteur, c'est leur affaire.

Moi je ne cherche pas un érotisme dépravé ou perturbé ou culpabilisé, c'est pourquoi j'aime bien qu'il y ait de l'humour comme je le notais chez liebig, avec démystification du langage, ou un désir aussi bien exprimé que chez Nabokov avec Ada ou l'ardeur

j'ouvre le fil Nabokov qui est inexplicablement absent de GDS*

Je parlais de la gourgandine.

tu trouveras La gourgandine dans le livre de poche.



oui, Marie C, on a déja un rayon érotique, qui parle de nouveautés etc, mais là c'est un échange sur les livres que vous connaissez ou avez envie de connaître.

On en parle ici à ciel ouvert, si tu vois ce que je veux dire.

rotko a écrit:

tu trouveras La gourgandine dans le livre de poche.

clic !

oui, Marie C, on a déja un rayon érotique, qui parle de nouveautés etc, mais là c'est un échange sur les livres que vous connaissez ou avez envie de connaître.

On en parle ici à ciel ouvert, si tu vois ce que je veux dire.

Oui, j'ai vu.En plus il est disponible à la bibliothèque

"Opus pistorum" de Henry Miller, réservé dans le livre de poche aux "lecteurs avertis" présente de juteuses anecdotes :-)

Dans un café-bar frequenté par des matelots frustes, une hardie effeuilleuse s'amuse tellement à titiller, exciter, provoquer le désir des hommes, qu'il s'ensuit comme une émeute où elle pourrait passer les pires moments.

Ma foi, c'est à la fois très suggestif et très enlevé, on s'amuse et on jouit de la scène, en se disant que jouer sur les faiblesses des hommes peut devenir du grand art, et que c'est du gateau pour certaines virtuoses ...

rotko a écrit:

"Opus pistorum" de Henry Miller, réservé dans le livre de poche aux "lecteurs avertis" présente de juteuses anecdotes :-)

Dans un café-bar frequenté par des matelots frustes, une hardie effeuilleuse s'amuse tellement à titiller, exciter, provoquer le désir des hommes, qu'il s'ensuit comme une émeute où elle pourrait passer les pires moments.

Ma foi, c'est à la fois très suggestif et très enlevé, on s'amuse et on jouit de la scène, en se disant que jouer sur les faiblesses des hommes peut devenir du grand art, et que c'est du gateau pour certaines virtuoses ...

Celui-ci m'intéresse moins il paraît qu'à un moment donné la traduction française était introuvable.

Anne Rice a écrit "Les infortunes de la belle au bois dormant". Je ne l'ai pas encore lu, mais je me demande si ce n'est SM.
Je crois que oui.

Je possède un court texte de Sacher-Masoch (La Vénus à la fourrure), non encore lu.

J'en ai toujours reculé la lecture. Je crains un peu ce thème.

Pourquoi pas Sade? un peu désuet mais bon !

marie chevalier a écrit:

Pourquoi pas Sade? un peu désuet mais bon !

J'ai lu tout récemment "Justine ou les malheurs de la vertu" et j'en avais d'ailleurs fait la critique sur ce forum.

Oui en effet, moi aussi j'avais parlé de Sade sur GDS ! ah mémoire !!

Pierre Louys? dans certains de ses ouvrages? je ne le connais pas mais les on-dit......

marie chevalier a écrit:

Oui en effet, moi aussi j'avais parlé de Sade sur GDS ! ah mémoire !!

Pierre Louys? dans certains de ses ouvrages? je ne le connais pas mais les on-dit......

Bibliographie très riche en tout cas! entre poèmes, contes et romans...