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| | Fernando Pessoa | |
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Auteur | Message |
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coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Fernando Pessoa Ven 06 Jan 2006, 12:46 | |
| A chacun son préféré!...eh oui...pour Colbrune, c'est Quignard, pour moi c'est pessoa! Ceux qui, ici, me connaissent savent la fascination que j'ai pour ce poète: Ma fascination pour Pessoa me vient du fait qu’il me parle. Il me parle parce que je peux le lire, et que j’ai la chance de pouvoir le lire dans sa langue, avec la musique originale que fait perdre la traduction. Il me parle parce que son langage simple, sans fioritures et sans excès lexicaux, m’est accessible. Il me parle parce que ce qu’il dit a un écho en moi .Je partage aujourd’hui sa mélancolie, sa « saudade » comme on nomme la chose au Portugal. Cette « saudade » qui caractérise aussi là-bas le chant traditionnel, le Fado. Il me fascine par sa modestie dans cet aujourd’hui où le mot n’a plus court. Il me fascine par l’immensité de son talent. Cet homme qui a pratiqué toute sa vie l’effacement de soi et vécu de façon extrêmement banale a laissé plus de 25000 textes inédits dans une malle devenue fameuse, trouvée après sa mort, et dont on n’a toujours pas vu le fond. Un seul petit recueil poétique « Mensagem » (Le Message) avait été publié avant sa mort. Mes (presque) livres de chevet, ceux auxquels je reviens sans cesse: -"Cancioneiro" (recueil de poèmes, très mélancoliques ou romantiques, écrit sous le nom de Fernando Pessoa) - "Le gardeur de troupeaux", totalement différent, puisque écrit sous l'hétéronyme Alberto Caeiro. - le troisième pourrait se classer ailleurs que dans poésie, puisqu'il ne s'agit pas de poèmes à proprement parler. C'est plutôt un journal, mais il est écrit dans une langue souvent très poétique: "Le livre de l'Intranquillité", écrit sous l'hétéronyme Bernardo Soares. Trois facettes de son talent, parmi tous ses écrits. Celles que je préfère. J'ai été moins touchée, par exemple par "Le Banquier Anarchiste" Il me fascine parce qu’il a écrit sous une constellations d’identités littéraires : 72 hétéronymes recensés et peut-être davantage !…A chaque personnalité que Pessoa a réussi à vivre à l’intérieur de lui, il a donné un caractère expressif et a fait de cette personnalité un auteur, d’ un livre ou de plusieurs, avec les idées, les émotions et l’art dont lui, l’auteur réel, n’a rien à voir, sauf à avoir été, en écrivant, le médium de ces figures qu’il a créées et auxquelles il a donné une réalité fictive par l’écriture. A la fois cosmopolite et nationaliste, sentimental et cynique, rationaliste ou mystique, classique ou baroque, il a fait de ses contradictions la matière même de son œuvre, pour « sentir de toutes les manières ».Rares sont les écrivains qui ont pu exprimer avec autant de justesse l’étendue de leur personnalité et les contradictions qui régissent l’être humain. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 06 Jan 2006, 12:48 | |
| "Le gardeur de troupeaux "d’Alberto Caeiro (Fernando Pessoa) Pessoa considérait Alberto Caeiro comme la figure principale de sa constellation d’identités littéraires. De lui, il disait qu’il était son « maître ».
« Un jour de 1914, je m’approchais d’une commode haute et, prenant un papier, je me mis à écrire, debout, comme je le fais toutes les fois que je puis. Et j’ai écrit une bonne trentaine de poèmes d’affilée, dans une sorte d’extase dont je ne saurais définir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie, et je n’en connaîtrai jamais de semblable. Je partis d’un titre « Le gardeur de troupeaux » et ce qui suivit fut l’apparition en moi de quelqu’un que j’ai d’emblée appelé Alberto Caeiro. Pardonnez-moi l’absurdité de l’expression : en moi était apparu mon maître. Telle fut la sensation immédiate que j’éprouvai. A telle enseigne que, sitôt écrits ces trente et quelques poèmes, je pris incontinent un autre papier et j’écrivis, d’affilée également, les six poèmes qui constituent « Pluie Oblique » de Fernando Pessoa. Immédiatement et intégralement. Ce fut le retour de Fernando Pessoa-Alberto Caeiro à Fernando Pessoa tout seul. Ou mieux encore, ce fut la réaction de Fernando Pessoa contre son inexistence en tant qu’Alberto Caeiro. »
Ce maître, nous le connaissons par son livre unique « Le Gardeur de troupeaux ». C’est un homme qui vit aux champs, entre les ruisseaux et les nuages, un sage sensualiste. Un poète bucolique, un promeneur. Il n’a ni impressions, ni sentiments, ni idées ; seulement des sensations.
« Moi je n’ai pas de philosophie, j’ai des sens… Si je parle de la Nature, ce n’est pas que je sache ce qu’elle est Mais parce que je l’aime, et je l’aime pour cette raison Que celui qui aime ne sait jamais ce qu’il aime, Ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c’est qu’aimer… » ……… «- Hola, gardeur de troupeaux, sur le bas-côté de la route, que te dit le vent qui passe ?
-Qu’il est le vent, et qu’il passe, et qu’il est déjà passé, et qu’il passera encore. Et à toi que te dit-il ?
-Il me dit bien davantage. De mainte autre chose il me parle, de souvenirs et de regrets, et de choses qui jamais ne furent.
-Tu n’as jamais ouï le vent passer. Le vent ne parle que du vent. Ce que tu lui as entendu dire était mensonge, Et le mensonge se trouve en toi. »
Le monde lui est donné à voir débarrassé de tout ce qui n’est pas perceptible par les yeux. Il met entre parenthèses tout ce qu’on peut savoir, comprendre, imaginer, éprouver. Il refuse toute interrogation métaphysique, toute interprétation esthétique, tout jugement moral. Son regard se porte sur la seule réalité qui existe, les choses.
« Celui qui a entendu mes vers m’a dit : « Qu’y a-t-il là de nouveau ? Tout le monde sait qu’une fleur est une fleur et qu’un arbre est un arbre. » Mais moi j’ai répondu : « Tout le monde ? Voire… Car tout le monde aime les fleurs parce qu’elles sont belles, et moi je suis différent. Et tout le monde aime les arbres parce qu’ils sont verts et donnent de l’ombre, mais pas moi. J’aime les fleurs parce qu’elles sont des fleurs directement. J’aime les arbres parce qu’ils sont des arbres, sans ma pensée. » | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 06 Jan 2006, 12:50 | |
| "Le livre de l'Intranquillité" de Fernando Pessoa (sous l'hétéronyme Bernardo Soares)C'est une oeuvre troublante car Bernardo Soares est sans doute l'hétéronyme le plus proche de Pessoa. Il est écrit sous la forme d'un journal où se révèlent son inquiétude, sa souffrance, son sentiment de non-être, de la difficulté à se frayer un chemin dans l'humanité. Et puis l'ennui qui pèse.... Heureusement il y a l'imagination et elle donne sa force poétique et dramatique au texte. Un gros livre qu'on prend, qu'on laisse, qu'on reprend...Depuis que je l'ai (quelques années) il n'a jamais rejoint aucun rayon de ma (mes) bibliothèque(s | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 06 Jan 2006, 13:56 | |
| J'aime beaucoup Pessoa. Ce n'est pas mon préféré... quoique mes préférés changent avec l'âge (le mien) et le temps....
Tout ce que tu dis, Coline m'a beaucoup intéressée. J'ai le recueil Bureau de Tabac et autres poèmes (éditions Caractères). Je le feuillette régulièrement.
Les trois premiers vers de Bureau de Tabac : Je ne suis rien Jamais je ne serai rien Je ne puis vouloir être rien Cela mis à part, je porte en moi tous les rêves du monde.
Et puis, au hasard :
IL VIENT DU QUAI une rumeur de proche arrivée, déjà se présentent les primitifs de l'attente, tandis qu'au loin la malle d'Afrique prend du volume et se précise Ici je suis venu pour n'attendre personne, pour voir les autres attendre, pour être les autres en plein attente, pour être l'espérance de tous les autres.
Je porte une grande lassitude d'être chose si vaste. Arrivent les retardataires du commencement, et tout à coup je m'impatiente d'attendre, d'exister, d'être, je m'en vais, brusque et remarqué du portier qui me dévisage plus rapidement. Je retourne à la ville comme à la liberté. Il vaut la peine de sentir ne fût-ce que pour cesser de sentir. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Sam 07 Jan 2006, 00:21 | |
| Moi aussi, Provence, j'aime tout particulièrement ces premiers vers de "Bureau de Tabac" que tu cites... Ils évoquent, dans leur forme très simple, les traits de caractère principaux du poète. Le recueil de poèmes de Pessoa que je préfère (poèmes très proches de ces quatre vers d'ailleurs) est cependant le très mélancolique "Cancioneiro". | |
| | | alexnihat pilier
Nombre de messages : 320 Localisation : Somewhere, not here Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 08 Jan 2006, 14:19 | |
| A ce sujet, Coline, dans le numéro de Décembre (le n°1, en fait) de La Presse Littéraire, il y a une analyse sémantique de l'oeuvre de Pessoa que le journaliste ( Jean-François Foulon) mène en parallèle avec une "sorte" d'analyse biographique du poète. Ce petit dossier est très interessant car il cite de nombreux passages du poètes et notemment le Gardeur de Troupeau... Ce dossier et ta contribution me donne envie de découvrir cet écrivain dont je ne connaissais que le nom, n'étant pas du tuot attiré par la poésie... Merci beaucoup !!!! je te conseille de lire l'article meme si je ne doute pas que tu saches dejà tout .... | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 08 Jan 2006, 15:53 | |
| - alexnihat a écrit:
- A ce sujet, Coline, dans le numéro de Décembre (le n°1, en fait) de La Presse Littéraire, il y a une analyse sémantique de l'oeuvre de Pessoa ...
Ce dossier et ta contribution me donne envie de découvrir cet écrivain dont je ne connaissais que le nom, n'étant pas du tuot attiré par la poésie... Merci beaucoup !!!!
je te conseille de lire l'article meme si je ne doute pas que tu saches dejà tout .... Non, non, je suis loin de tout savoir à propos de Pessoa!...Aura-t-on jamais fini d'ailleurs d'étudier cet auteur prolifique et secret...Merci donc pour cette information, j'espère que je pourrai encore me procurer ce numéro de La Presse Littéraire. Si tu n'aimes pas trop la poésie, tu peux commencer avec "Le livre de l'Intranquillité" qui se présente sous forme d'un journal et qui permet vraiment de découvrir Pessoa. | |
| | | kyoko pilier
Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 07/01/2006
| Sujet: Pessoa Jeu 12 Jan 2006, 15:12 | |
| "Je m'éveille la nuit subitement et ma montre occupe la nuit tout entière. Je ne sens pas la Nature au-dehors. ma chambre est une chose obscure aux murs vaguement blancs... Au-dehors règne une paix comme si rien n'existait. Seule cette montre poursuit son petit bruit et cette petite chose à engrenages qui se trouve sur ma table étouffe toute l'existence de la terre et du ciel... Je me perds quasiment à penser ce que cela signifie, mais je m'arrête net, et dans la nuit je me sens sourire du coin des lèvres, parce que la seule chose que ma montre symbolise ou signifie en emplissant de sa petitesse la nuit énorme est la curieuse sensation d'emplir la nuit énorme avec sa petitesse ...
Poesies d'Alvaro de Campos avec gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro in Poésie/Gallimard p.96 | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 12 Jan 2006, 15:41 | |
| Le poème que tu as choisi, Kyoko, est donc dans "Le Gardeur de troupeaux" que Pessoa a signé du nom d'Alberto Caeiro, l'un de ses hétéronymes .Caeiro dont il dit que c'était "son maître". L'article (très intéressant) de La Presse Littéraire que nous a indiqué Alexnhiat parle surtout de Caeiro et cite pas mal de passages du recueil.
Ce n'est que mon humble avis mais j'aurais tendance à croire que Pessoa aurait rêvé d'être aussi simple et heureux que cet idéal "Gardeur de Troupeaux". Qu'il ne l'était pas en fait. L'auteur de l'article le voit plus résigné que mélancolique. A partir du "Cancioneiro" et du "Livre de l'Intranquillité, on devine un homme très solitaire et mélancolique. | |
| | | kyoko pilier
Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 07/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 12 Jan 2006, 16:02 | |
| Je viens de m'acheter "Le livre de l'intranquillité", coline. Il faut juste que je trouve du temps pour le lire. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 12 Jan 2006, 16:08 | |
| Prends ton temps Kyoko. Il est énorme. Mais tu vas pouvoir le lire à petites doses, tu apprécieras mieux que de le lire d'une traite. Enfin, je crois... | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 12 Jan 2006, 16:10 | |
| Extraits de poèmes du "Cancioneiro":
« Du fond de ce triste crépuscule intérieur En lequel je sens que je rêve ce que je me sens être. »
« Ô cloche de mon village, … A chacun de tes coups Vibrant dans le ciel ouvert, Je sens le passé plus lointain, Je sens la nostalgie plus proche. »
« Me voici à mon insu absorbé Au plus profond de moi, Flottant sur la mer morte De mon être le plus intime.
Dans cette mouvante sensation d’eau Je sens tout le poids que je suis… Me voici dans le balancement Ou je berce ma vie douleur. »
« Je contemple en moi un ciel tout entier Et ce n’est qu’un ciel haut et vide. »
« Enorme est mon ennui, De tout mon être je suis vide et vain. » | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 26 Mai 2006, 15:51 | |
| Autopsychographie
Peindre est le propre du poète. Il feint si complètement Qu’il en arrive à feindre qu’est douleur La douleur qu’il ressent vraiment
Et ceux qui lisent ses écrits Ressentent sous la douleur lue Non pas les deux qu’il a connues Mais bien la seule qu’ils n’ont pas.
Ainsi sur ses rails circulaires Tourne, accaparant la raison, Ce petit train à ressorts Qui s’appelle le cœur. | |
| | | kyoko pilier
Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 07/01/2006
| Sujet: Lequel ? Ven 26 Mai 2006, 16:06 | |
| Rotko, lequel Pessoa a écrit ce poème et dans quel ouvrage ? Pffffft il faut tout lui demander | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 26 Mai 2006, 17:15 | |
| Ce Pessoa-là que cite Rotko c'est Bernardo Soares... ...L'auteur, donc, du Livre de l'Intranquillité...Celui qui lui ressemble le plus... Tu en es où Kyoko? "Je suis deux-et tousdeux gardent leurs distances, frères siamois querien ne rattache." "Ma condition misérable n'est atténuée en rien par ces mots que j'aligne pour former, peu à peu, mon livre fait de hasard et de réflexion. Je survis, absolument nul, au fond de toutes mes phrases, telle une poudre insoluble dans un verre où l'on n'a bu que de l'eau." ( Le livre de l'intranquillité)
Dernière édition par le Ven 26 Mai 2006, 17:25, édité 1 fois | |
| | | kyoko pilier
Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 07/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 26 Mai 2006, 17:24 | |
| Merci Coline. Je me suis arrêtée à la page 30 exactement. J'ai lu d'autres livres entre-temps. C'est en effet un livre que l'on lit par petites gorgées | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Lequel ? Ven 26 Mai 2006, 17:56 | |
| - kyoko a écrit:
- Rotko, lequel Pessoa a écrit ce poème et dans quel ouvrage ?
Pffffft il faut tout lui demander j'arrive ! c'est dans une anthologie intitulée "je ne suis personne" par Fernando Pessoa. On y trouve des fragments du livre de l'intranquillité de Bernardo Soares, des fragments de Faust de fernando P, des poèmes d'Alberto Caero, de Ricardo Reis, et d'alvaro de Campos. Autopsychographie fait partie des poemes de pessoa in cancioneiro tome 1; pour qui ne s'y retrouverait pas dans cette discussion codée, le site http://us.geocities.com/slemeune/tabac.html explique tout. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Sam 27 Mai 2006, 13:43 | |
| La neige
La neige a mis une silencieuse nappe sur toute chose. On ne perçoit rien de ce qui se passe à l’intérieur d e la maison. Je m’enveloppe dans une couverture et je ne pense pas, fût-ce à penser. Je ressens un plaisir tout animal et vaguement je pense Et je m’endors sans moins d’utilité que toutes les actions du monde.
Rotko, lequel Pessoa a écrit ce poème et dans quel ouvrage ? Pffffft il faut tout lui demander Fernando Pessoa/Alberto Caeiro, le gardeur de troupeaux. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Sam 27 Mai 2006, 14:05 | |
| Il pleut
Il pleut. C'est le silence, puisque cette pluie-là Ne donne à entendre qu'une rumeur paisible. Il pleut. Le ciel sommeille. Et lorsque l'âme est veuve De tout ce qu'elle ignore, le sentiment s'aveugle. Il pleut. Mon être (qui je suis) je le renie...
Si calme est la pluie qui s'échappe dans l'air (A peine semble-t-elle venir des nuages) Qu'elle semble ne pas être de la pluie Mais un murmure doux qui tout en murmurant S'oublie lui-même. Il pleut. Rien ne donne envie...
Ne plane aucun vent, je ne pressens aucun ciel. Il pleut lointainement, imperceptiblement, Comme une chose vraie qui peut-être nous ment, Comme un grand désir mensonger. Il pleut. Rien en moi ne ressent...
Cancionneiro | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Sam 27 Mai 2006, 14:53 | |
| A mettre en parallèle avec le poème du Gardeur de Troupeaux qu'avait posté Kyoko... Et voir que Pessoa, parlant de la même chose, dit carrément autre chose...(Dans Cancionneiro)...
Le son de l'horloge: Son âme est dehors. Lui seul est la nuit, La nuit qui s'ignore.
Je ne sais quelle distance Vient, son après son, Retentir dans le tic Depuis le tac du ton.
Mais la nuit j'entends Sa présence Sans pouvoir donner asile A mon être privé d'être.
Il semble toujours Dire la même chose; Comme celui qui s'assoit Et point ne se repose. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Lun 04 Sep 2006, 11:20 | |
| "Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile, à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle, à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès! ... Pourquoi l'art est-il beau , parce qu'il est inutile. Pourquoi la vie est-elle si laide ? Parce qu'elle est un tissu de buts, de desseins et d'intentions? Tous ses chemins sont tracés pour aller d'un point à un autre. Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d'un lieu d'où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va... La beauté des ruines ? Celle de ne plus servir à rien." | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Lun 04 Sep 2006, 11:23 | |
| "...D'où peut venir cette saudade
Qui ne quitte jamais le cœur
Et qui envahit ma pensée
Sans que j'en sache la raison?
N'est-ce donc que la rue déserte
Et la campagne sans fin
Qui m'ont donné la paix confuse
Qui pleure au fond de moi?" | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Lun 04 Sep 2006, 11:25 | |
| "Il est des frondaisons hautes dont l'ombre verse
Une paix de fraîcheur sur nous,
Et il est un bruit d'eau qui tombant des gouttières
Nous rend plus somnolents, plus solitaires" | |
| | | Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 10 Sep 2006, 20:58 | |
| J'ai trouvé cet extrait, que j'aime bien, je voulais l'adresser à Coline dans Dédicaces amicales mais ce n'est pas un poème alors je le pose ici ...
~~~~~~
L'art nous délivre de façon illusoire, de cette chose sordide qu'est le fait d'exister... En art, il n'y a pas de désillusion, car l'illusion s'est vue admise dés le début.
Le plaisir que l'art nous offre ne nous appartient pas, à proprement parler : nous n'avons donc à le payer ni par des souffrances, ni par des remords...
Par le mot art, il faut entendre tout ce qui est cause de plaisir sans pour autant nous appartenir : la trace d'un passage, le sourire offert à quelqu'un d'autre, le soleil couchant, le poème, l'univers objectif.
Posséder c'est perdre.
Sentir sans posséder, c'est conserver, parce que c'est extraire de chaque chose son essence.
Pessoa | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Dim 10 Sep 2006, 21:12 | |
| Merci beaucoup de ces citations de Pessoa sur l'Art: elles me sont dédicacées par une artiste et prennent donc encore plus d'importance à mes yeux. | |
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