Solweig et sa copine Francette se promenant :Solweig : Je suis allée à un concert vendredi dernier.
Francette : Ah oui ? Et qui était le concertiste ?
Solweig : (
) Ce n'était pas de la musique savante. C'était un petit groupe jazzy qui se produisait à la MJC Pichon. C'était sympa mais on n'était pas nombreux dans la salle. Ah là là, c'est difficile de percer de nos jours.
Francette (
) (
Francette a la particularité d'être tout le temps ) : Mon fils a fait une école de jazz et il fait partie d'un groupe. Leur dernier album est vraiment bien. Je vais te le passer.
Solweig (
faisant tout le temps la fine bouche et connaissant les crises d'enthousiasme de sa copine Francette qui par ailleurs parlait en l'occurrence du groupe de son fils) : (
) : Euh, oui, d'accord, volontiers. (
)
Et c'est ainsi que, très réticente et craignant le pire, je me suis retrouvée à écouter "Le Secret des oreillers", album du groupe
Papillons, groupe dont fait partie le fils de ma copine Francette (vous allez finir par le savoir...). Et finalement, j'ai dû mettre ma condescendance dans ma poche et mon mouchoir par dessus car ce groupe a énormément de talent.
Je vais reprendre ici en partie ce que j'ai écrit à son sujet sur un forum moribond (heureusement que je n'ai pas fait ce topic dans feu le forum-Manset dont j'étais un pilier sinon, j'aurais été obligée de tout refaire) : l'intérêt majeur de ce groupe réside dans les paroles et l'harmonie entre les textes et la musique. En général, je trouve affligeants les chanteurs qui veulent faire de l'humour mais eux sont vraiment spirituels et ils ont un sens de l'autodérision décapant même si dans leur dernier album ("Klaxon") ils insistent un peu trop sur leur côté antihéros. A la qualité des textes, il faut ajouter l'intelligence de l'interprétation. Ils ne chantent pas seulement, ils jouent réellement, comme des acteurs. D'alleurs, dans cette formation, comme dans une troupe, il n'y a pas, comme bien souvent dans les groupes, le leader et les autres derrière. Ici, chaque membre joue un rôle, même petit.
L'éloge (de je ne sais qui) que j'ai trouvé sur le boîtier est très juste : "Véritables artisans du verbe, le quartet concocte des chansons aux mélodies joliment troussées, avec une finesse d'écriture impressionnante de maturité".
La chanson que j'ai choisie pour vous faire connaître un peu plus ce groupe, ne se trouve pas dans "Le Secret des oreillers" mais dans l'album "klaxon". Je l'ai choisie car je trouve qu'elle illustre bien l'esprit, l'humour, la créativité mais aussi la douce mélancolie qui caractérise ce groupe. Imaginez pour accompagner ces paroles un piano jouant une mélodie délicieusement désuète qui nous propulse dès les premières notes dans le Paris de Doisneau.
L'hôtel de ville
En plein Paris
Bourré d'ennui
Dans la grisaille
J'avais dans l'coeur
Une couleur
Un peu pareille
Un p'tit cafard
Qui vous tient par
Les sentiments
Qui vous rend triste
Mais qui reste
Complaisant
Pas de rupture
Pas de blessure
Ni funérailles
Juste la vie
Qui s'justifie
Dans vos entrailles
Qui veut qu'on l'aime
Qu'on la trouve belle
Et qu'on la morde
Qui s'montre à vous
Qui vous fait son
Rappel à l'ordre
Moi j'voulais bien
Lui mettre un brin
De fantaisie
Lui faire un coup
Pour marquer le coup
Pour dire merci
Un coup pour plaire
Et puis manière
D'avoir la paix
Dire au cafard
Qu'il était l'heure
De s'en aller
Plus j'y pensais
Plus j'avais les
Sens aiguisés
Oui mais que faire
Ou bien que dire
Sur quoi miser
J'en étais là
Du résultat
De mes pensées
Quand j'aperçus
Au bout de la rue
Un homme passer
Et pour la suite
C'est allé vite
J'ai traversé
Fonçant sur lui
Prenant appui
Sur l'insensé
Lorsque ma bouche
De sa bouche
S'est approchée
Les aiguilles de
L'hôtel de ville
Se sont figées
Sur ce baiser
Improvisé
Par mon audace
J'ai vu ma vie
Reprendre vie
Sur cette place
Pourtant lorsque
J'ouvris les yeux
Pour à nouveau
Voir les humains
J'ai vu quelqu'un
Prendre en photo
Notre baiser
Improvisé
Sur cette place
Quelle drôle d'idée
Et que voulez-
vous qu'il en fasse
Il est trop tard
Pour le savoir
Et ça m'ennuie
Mon inconnu
A disparu
Tout comme lui