M.854 pilier
Nombre de messages : 389 Localisation : Pavillon treize Date d'inscription : 31/01/2009
| Sujet: Gabriel Chevallier Sam 31 Jan 2009, 23:10 | |
| Chevallier délivre avec La Peur un récit autobiographique sous les traits du soldat Dartemont. Il aborde ses souvenirs de la Grande Guerre avec une écriture directe et fracassante car il y fait mention de la peur, l'appréhension qui saisit chaque homme avant l'assaut. Point de patriotisme débridé, de combats oniriques, de citations élogieuses ; Chevallier décrit l'horreur absolue planifiée par des chefs incompétents. En 1914, la France est mobilisée. Un élan patriotique déferle dans les rues et les villages. Gare à celui qui osera émettre des doutes sur la barbarie qui suivra. Les officiers n'ont aucune expérience d'un quelconque conflit depuis quarante ans mais qu'importe ! La France va balayer les boches en quelques mois et tous partent la fleur au fusil. Le baptême du feu va secouer fortement Dartemont dans ses principes fondamentaux. Après une blessure, il est envoyé à l'hôpital où il confronte ses opinions aux mythes du héros illustrés à l'arrière du front. C'est une véritable cassure entre le soldat et le civil. Après tout, la France s'inspire d'articles trompeurs sur les combats, d'illustrations de Marianne serrant un poilu, d'officiers de cavalerie chargeant à la tête de ses hommes... la réalité est une boucherie inhumaine inconcevable pour les infirmières dévouées. Puis vient la convalescence avant de repartir au combat comme agent de liaison. Dartemont arrive au Chemin des Dames et refait l'expérience des tranchées. "Le comble de l'horreur, qui ajoute à cette dépression, c'est que la peur laisse à l'homme la faculté de se juger. Il se voit au dernier degré de l'ignominie et ne peut se relever, se justifier, à ses propres yeux. J'en suis là..." Le soldat fait la différence entre la guerre pittoresque envisagée par l'arrière et leur guerre. Campagnes dans l'Aisne et en Champagne ensuite. Nous sommes en février 1918 et les hommes ne croient plus à l'issue du conflit. Chacun se méfie des morts stupides, comme le soldat qui, après avoir survécu à Verdun, se fait arracher la main par une grenade lors d'un exercice. Mutilations volontaires, mutineries, officiers avides de galons, assauts voués à perte, Dartemont fait d'énormes concessions intérieures face à la guerre. Roman indispensable pour celui qui désire approfondir la vie des poilus dans cet enfer de boue et d'acier. | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Gabriel Chevallier Dim 01 Fév 2009, 07:46 | |
| Allons, bon, un titre de plus ! je me demande finalement si j'ai lu un roman sur la guerre de 14-18 sauf des pages isolées. Ah oui, si ! dans voyage au bout de la nuit. Pecherot me tente assez avec Tranchecaille. Gabriel chevallier a écrit la peur en 1930, je ne connaissais de lui, par ouï-dire que le titre Clochemerle 1934. | |
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M.854 pilier
Nombre de messages : 389 Localisation : Pavillon treize Date d'inscription : 31/01/2009
| Sujet: Re: Gabriel Chevallier Dim 01 Fév 2009, 09:22 | |
| Je suis un lecteur assidu des récits de la Grande Guerre. Tu peux tenter Barbusse, Dorgeles, Giono, Genevoix, Gibeau, Remarque... et surtout les BD grandioses de Tardi. | |
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Nymphéa pilier
Nombre de messages : 1480 Age : 70 Localisation : Nord Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Gabriel Chevallier Dim 01 Fév 2009, 09:54 | |
| D'accord avec M854 Sur les "abords" de cette guerre, le très beau roman de Japrisot "Un long dimanche de fiançailles" (bien meilleur que le film) et de Philippe Claudel, Les âmes grises. Sur les séquelles de la guerre un beau et fort film: Les fragments d'Antonin | |
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| Sujet: Re: Gabriel Chevallier | |
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