Toni Morrison

Un colloque intitulé «Toni Morrison et les circuits de l'imaginaire», se tiendra du 4 au 7 novembre à l'université Paris-8 et réunira 400 chercheurs du monde entier.

Auront également lieu à Paris une rencontre publique avec la romancière, l'annonce du Prix du livre de la Toni Morrison Society et un concert de jazz à l'église américaine.

Toni Morrison installera un banc symbolique en l'honneur du Martiniquais Louis Delgrès sur le site de la commémoration de l'abolition de l'esclavageXXe arrondissement, rue Louis-Delgrès.

Je connais Toni Morisson depuis la sortie de Un don. J'ai voulu découvrir son livre, qui m'a beaucoup touché, et j'ai au fur et à mesure lu toute son oeuvre.
Parmi ses livres il y en a trois que j'aime particulièrement. C'est Sula, Jazz et Beloved.
C'est peut-être l'écrivain qui me touche le plus. Et c'est vrai que ses livres possèdent une grande violence, une certaine folie des personnages, une dureté au niveau de la sexualité, le manque d'amour, un rapport bourreau/victime, la misère morale et sociale... Enfin quand je dis ses livres, elle ne fait que raconter des situations existantes. Alors c'est difficile de ressortir indemne de ses romans.
J'ai moins aimé Le chant de Salomon, je préfère quand elle raconte l'histoire de femmes. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je trouve qu'on s'y attache plus aux femmes, dans ses livres en tout cas.

Je ne sais pas si on peut parler de livres d'autres auteurs dans un lieu réservé à un à un auteur en particulier mais Precious de Saphirre est un livre qui va un peu reprendre les "codes" (c'est moche à dire comme ça) de Toni Morisson, dans la société actuelle.

Love

Une jeune fille (noire) débarque un soir d’hiver au 1 Monarch Street, le texte d’une petite annonce à la main. Elle vient pour un travail. Junior fait la connaissance de Christine (également noire) et de sa future patronne, Heed (noire, toujours). On imagine un thème faulknérien, la dure condition des gens de couleur dans l’Amérique du milieu de XXe siècle. Sauf que nous sommes à la fin de ce même siècle. Voir au début du suivant. Et cette atmosphère de l’immense et étrange demeure nous semble électrique, pesante. On voit venir le panier de crabes, le mystère, le drame.

Ce livre est presque un huis-clos. Un homme (Bill Cosey) en occupe le centre. Il est merveilleux, beau, riche, bon et généreux. Il est aimé et respecté de tous. Autour de lui, gravite un cortège féminin, des femmes dévouées, attendries, attentives au moindre de ses désirs, amoureuses et qui se jalousent les unes les autres. Ce sont Heed, Christine, May, L. et Vida, qu’on apprend à connaître au fil des pages. Leur histoire, d’abord confuse (ou affreusement simple, banale), se dessine petit à petit, se complexifie aussi. On apprend que les « bons » ne sont pas aussi bons qu’ils en ont l’air, que les « méchants » ont peut-être été un peu vite stigmatisés. Sur un fond social dans lequel sont notamment évoqués Malcom X et les Black Panthers, le lecteur s’immerge dans la vie des protagonistes et de l’hôtel cossu dont Mr Cosey était le propriétaire.
Toni Morrison, en virtuose et à l’instar de Joyce Carol Oates, émaille son texte d’innombrables digressions, ouvre sans cesse des parenthèses, change de lieu et d’époque à tout instant promenant le lecteur dans la vie de ses personnages, l’amenant exactement là où elle le souhaite, de la manière et au moment précis où elle l’a décidé. Les pièces de puzzle se mettent en place les unes après les autres et la lumière se fait en temps et en heure, de révélations en révélations.

Un livre passionnant, une écriture que j’ai beaucoup appréciée : du grand art.

Vogue a écrit:

Je ne sais pas si on peut parler de livres d'autres auteurs dans un lieu réservé à un à un auteur en particulier mais Precious de Saphirre est un livre qui va un peu reprendre les "codes" (c'est moche à dire comme ça) de Toni Morisson, dans la société actuelle.

Il y a l'outil " rechercher " tu tapes le nom de l'auteur et tu vois s'il existe un fil....si non tu peux bien sûr en créer un. Si tu rencontres un problème ou que tu as des questions tu peux me contacter par message privé

De Toni Morrison j'ai lu Beloved que j'avais bien aimé.

Harelde

Ah d'accord, c'est effectivement plus pratique ! Merci.

J'ai emprunté Un don à la bibliothèque

katie a écrit:

Présentation de l'éditeur :

Citation :

« Situé deux cents ans avant Beloved, Un don évoque, dans la même prose lyrique et verdoyante qui caractérisait son précédent roman, le monde beau, sauvage et encore anarchique qu’était l’Amérique du XVIIe siècle. Toni Morrison a redécouvert une voix pressante et poétique qui lui permet d’aller et venir avec autant de rapidité que d’aise entre les mondes de l’histoire et du mythe, entre l’ordinaire de la vie quotidienne et le royaume de la fable... Un don, le récit déchirant de la perte d’une innocence et de rêves brisés, est, dès à présent, à ranger aux côtés de Beloved, parmi les écrits les plus obsédants de Toni Morrison à ce jour. » (Michiko Kakutani, The New York Times)
« La force épique avec laquelle Toni Morrison rend compte de l’espace et du temps surpasse encore le talent avec lequel elle décrit ses personnages. Elle excelle à trouver une forme de poésie dans ce monde colonial brutal et décousu, amenant son œuvre au-delà de la simple dénonciation des infamies de l’esclavage et des difficultés d’être afro-américain. » (John Updike, The New Yorker)

[...]

Spoiler:

Je l'ai lu cet été. Je n'ai pas été très sensible au style littéraire même s'il est beau, ce n'est tout simplement sans doute qu'un style qui ne m'attire plus. De plus j'ai trouvé dommage d'emmêler les données qui perdent le lecteur . Je me suis ennuyée et c'est bien dommage car l'époque mérite d'être décrite. Personnellement et je pense que c'est étrange j'ai été plus sensible à Sorrow

J'avais aimé lire Beloved, je me dis que c'est peut-être le fait d'avoir vieillie et lu beucoup depuis que je n'accroche plus à ce style. Dommage ...

parution 23 Août 2012.


151 p. Christian Bourgois.

L’histoire se déroule dans l’Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s’applique pas qu’aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L’Amérique de Home est au bord de l’implosion et bouillonne, mais c’est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s’exprime

[...]

La guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s’exprime aussi bien physiquement que par des crises d’angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune soeur va le lancer sur les routes américaines

rotko a écrit:

151 p.

Mais il est tout p'tit !

oui, mais je pique l'extrait de bibliobs

Ils se sont dressés comme des hommes. On les a vus. Comme des hommes ils se sont mis debout.

On n’aurait pas dû se trouver à proximité de cet endroit. Comme la plupart des terres cultivées à l’extérieur de Lotus, Géorgie, celle-ci comportait une multitude d’avertissements effroyables. Les menaces étaient accrochées à des clôtures en treillis retenues par un pieu tous les quinze mètres environ. Mais quand on a vu un passage creusé par un animal quelconque – un coyote ou un chien de chasse – on n’a pas pu résister. On était seulement des gosses. Elle, l’herbe lui arrivait à l’épaule et moi, à la taille, donc on a traversé le passage à plat ventre, en prenant garde aux serpents. La récompense valait bien le mal que le jus d’herbe et les nuées de moucherons nous avaient fait aux yeux, parce que juste en face de nous, à environ cinquante mètres, ils se sont dressés comme des hommes. Les sabots en l’air qui cognaient et frappaient, la crinière rejetée en arrière pour dégager des yeux blancs affolés. Ils se mordaient comme des chiens mais quand ils se sont mis debout, en appui sur leurs jambes de derrière, celles de devant autour du garrot de l’autre, on a retenu notre souffle, émerveillés. L’un était couleur de rouille, l’autre d’un noir profond; tous les deux luisants de sueur. Les hennissements n’étaient pas aussi effrayants que le silence qui a suivi une ruade dans les lèvres retroussées de l’adversaire. Tout près, des poulains et des juments grignotaient de l’herbe ou regardaient ailleurs, indifférents. Puis ça s’est arrêté. Celui couleur de rouille a baissé la tête et piaffé pendant que le vainqueur s’éloignait en gambadant selon un arc de cercle, bousculant les juments devant lui.

Spoiler:

Un seul exemplaire dans toutes les bibliothèques lyonnaises, et il est à l'entretien. Pfff !

tu veux dire à "l'équipement" : classification et étiquetage, il sera dans 8 jours sur les rayons, réserve-le, c'est à mon avis du gros gibier.

rotko a écrit:

tu veux dire à "l'équipement" : classification et étiquetage, il sera dans 8 jours sur les rayons, réserve-le, c'est à mon avis du gros gibier.

Quand un livre est à l'équipement, la réservation n'est pas possible.

c'est vrai, mais aussitôt en rayon, il est reservable notamment par internet. Il y a aussi le couloir des favoris, via un bibliothecaire comprehensif...

Je connaissais rien de Toni Morrison avant de la voir débattre lors du Festival America à Vincennes. Là, je découvre une femme "vitale", un élixir de jouvence de 81 ans.
Alors, j'ai lu Home et j'ai découvert un roman marquant, d'une grande force, un récit dense écrit dans une langue toute empreinte de la vitalité de Toni Morrison. Là-dessus, je me suis lâché sur mes pages avec un petit commentaire "musical" censé illustrer ce magnifique roman.
Si ça vous dit, c'est par là que ça se passe: HOME

Très chouette papier sur Home leutchi avec un fond musical approprié. Quel veinard d'avoir pu aller au Festival America

Juste une petite remarque, tu peux mettre ton blog en signature en allant éditer ton profil.

Bonjour Phayrie

Il a été question de Sula sur la première page je crois mais il est toujours intéressant de lire un nouvel avis sur un roman et de redonner vie à un sujet J'avais été un peu refroidie après la lecture du Don mais l'histoire de Sula me réchauffe un peu alors merci pour l'auteur
Je poste une couverture mais ce n'est pas celle que tu as car tu l'as lu en VO ( ça donne juste une couleur de plus )
( clic pour agrandir )

Bienvenue sur GDS* où tu peux aussi aller te présenter un peu plus dans ce sous-forum en créant un sujet nouveau ( en haut à gauche ) A bientôt , ton entrée en matière est bien agréable

A propos de Home et de l'auteur une vidéo à regarder sur le site de France 5 Elle ne dure que 3 m 42 ne vous en privez pas

Je suis très déçue par Home. :cry:

Dans Beloved, le chemin narratif était complexe, suggéré plutôt que tracé ; le lecteur devait le reconstruire. Mais le roman était suffisamment long pour que ce "travail" se fasse et compose au final une œuvre d'une extraordinairement consistance, palpitante, hallucinée. C'est peut-être le format trop court de Home qui ne permet pas cette reconstruction. Je me suis retrouvée devant les morceaux d'un tableau impossible à reconstituer dans son entité narrative, les personnages me glissant tout autant entre les doigts. Seuls les passages en italique et la fin m'ont vraiment transportée.

Home est le premier roman que j'ai lu de Toni Morrison, peut-être est-ce pour cette raison que je n'ai pas été déçue. J'ai beaucoup aimé le style de narration, avec l'alternance des voix. Le sujet (la condition des noirs américains dans les années 50, qui a l'air de revenir sous la plume de l'écrivaine) est traité de manière poignante et en même temps très élégante, il n'y a pas de pathos inutilement recherché. C'est vrai, le roman est court, aussi les personnages n'ont ils peut-être pas le temps de s'esquisser vraiment, mais ça ne m'a pas dérangé, au contraire...

Home, chez Christian Bourgois.

Qu’il s’agisse d’un conte, avec de modernes Hansel et Gretel, cités p.59, ou d’une Odyssée qui tient du conte philosophique, Home est un récit éprouvant, très bien construit, mêlant récit et monologues, et qui donne une morale dans l’incipit et l’excipit.

Le chemin de retour au pays, est parcouru des violences passées, physiques et morales, devenues des « images obsédantes » et intériorisées, pour Franck comme pour sa sœur Gee.

Ces violences perdurent sous de multiples formes, depuis les agressions, policières et autres qui marquent à jamais les corps, jusqu’aux actes d’un médecin perverti par le racisme. Qui marquent aussi les âmes.

Comment y échapper ? Il y a pour chacun le soutien des compagnons et compagnes de misère, une forme d’entraide évangélique, mais aussi la découverte qu’il faut trouver en soi le salut, « se secourir soi-même », et « se dresser comme un homme ».

Citation :

« Ne laisse pas [quiconque] décider qui tu es. C’est ça l’esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je parle Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde ».

Bonjour à tous !

Cela faisait longtemps ! Avec les partiels, tout ça tout ça…
Depuis, j’ai eu le temps de lire plusieurs livres dont Beloved de Toni Morrison. Je l’ai lu en anglais histoire de bosser un peu cette fabuleuse langue… eh bien c’est super difficile à lire !
Elle raconte l’histoire en la truffant de dialogues et de pensées exprimées par d’anciens esclaves. Dès lors, elle utilise le langage très particulier des américains peu éduqués de la fin du XIXe, avec des mots prononcés très différemment et mal orthographiés, des expressions populaires dont je ne connaissais pas toujours le sens, etc. Malgré tout, j’ai trouvé l’histoire très belle, très touchante et le style est beau.
Comme Jim Harrison qui m'avait sensibilisé à l'histoire des indiens d'Amérique, Toni Morrison me sensibilise à l'histoire des esclaves aux Etats-Unis et montre l'atrocité de cette période, qui, en niant l'humanité des noirs les a convaincus pour longtemps de leur infériorité...
Je pense quand même que le prochain que je lirai sera en français !