Ian Mc Ewan (Angleterre)

Solaire de Ian Mc Ewan (Gallimard)

serait le livre le plus drôle de Ian Mc Ewan.

Michael Beard aurait tout de l’antihéros pathétique (boulimique, chauve, bedonnant, il est proche
de la soixantaine et son cinquième mariage est sur le déclin) s’il ne s’était vu décerner le Prix Nobel de physique.
Croyant que son heure de gloire est derrière lui, il végète en faisant de vagues recherches sur les énergies renouvelables, et c’est par ailleurs un coureur de jupons invétéré. Mais voilà qu’il rencontre un étudiant, Tom Aldous, qui prétend avoir trouvé la solution pour lutter contre le réchauffement climatique

Vanté par "la grande table" sur France-Culture.

Solaire de Ian McEwan (Gallimard)

1/2

je le lis actuellement.

Des petites réticences au départ sur des synthèses ideologiques : l'âge d'or des écolos étant derrière et le pire devant, celui des marxistes étant devant et le pire derrière, mais les personnages campés, le récit va bon train : déboires conjugaux d'un prix Nobel qui participe à une expedition polaire.

Pour affronter le froid, on doit revêtir des vêtements mais s'en débarrasser vite fait pour soulager les besoins naturels : la verve de l'auteur déridera les plus sérieux.

Les communautés, au pôle ou ailleurs, ont des côtés boys-scouts avec aventures à la clé : c'est drôle et vivement mené, avec des coups de griffes qui pimentent les situations cocasses.

Solaire de Ian McEwan (Gallimard)

2/2

A travers les aventures et mésaventures conjugales/sentimentales du Nobel retiré de la recherche, McEwan amuse le lecteur avec des épisodes surprenants et drôles qui font du professeur Beard un personnage très actuel.

Parmi les scientifiques comme dans toute profession, existent des allumés qui manipulent - ou sont manipulés par les politiques et les financiers. Dès qu’une lucarne s’entrouvre, tout le monde s’y engouffre sans trop de précaution devant les risques éventuels.

Avec ce moderne Don Quichotte, à moquer plus qu’à admirer béatement, on parcourt allègrement notre monde : il suffit d’une prétendue découverte pour susciter l’enthousiasme médiatique et populaire, d’une réflexion bizarre pour engendrer la suspicion, d’une idée neuve pour encourir les foudres et le discrédit :

Haro sur le misogyne, honte au neo-nazi ! Les turbulences se suivent, l’image médiatique s’écroule ou devient un pilori…

Telle est la leçon de ce livre très amusant - sans lourdeur ni aigreur, de l' écrivain anglais : il a raflé beaucoup de prix (1), et il en mérite d’autres pour ce roman comique.

(1)

Spoiler:

je n'ai rien lu de lui, mais son film"Expiation" je l'ai vu trois fois, pour moi l'un des meilleurs films des derniers temps.

Reviens-moi (Atonement ou Expiation au Québec), est un film britanno-français dramatique de Joe Wright sorti en 2007.

Il est tiré du roman Expiation (2001) d'Ian McEwan


Sous la canicule qui frappe l'Angleterre en ce mois d'août 1935, la jeune Briony a trouvé sa vocation : elle sera romancière. Du haut de ses treize ans, elle voit dans le roman un moyen de déchiffrer le monde. Mais lorsqu'elle surprend sa grande sœur Cecilia avec Robbie, fils de domestique, sa réaction naïve aux désirs des adultes va provoquer une tragédie. Trois vies basculent et divergent, pour se recroiser cinq ans plus tard, dans le chaos de la guerre, entre la déroute de Dunkerque et les prémices du Blitz.

Personne n'avait parlé de cette oeuvre. Amadak, tu es précieuse pour nous.

merci, mais ce n'est pas moi qui a fait ce film magnifique, représentatif de l'époque, les scènes de la guerre et de tout le malheur que cela entraîne.La petite et méchante Briony, qui déclenche toute la tragédie, vers la fin elle va avouer et expiér sa faute, mais Hélas! trop tard.
Ce qui est intéressant à voir, comment par l'art du maquillage Briony enfant et Briony âgée ont le même visage. En résumé un film passionnant.

rotko a écrit:

bon, je vais être brutal,
je ne me souviens plus quelles contorsions de style j'avais employées dans les "spoilers" (ils ne fonctionnent pas actuellement sur GDS*), mais pour moi, il y avait un pb de frigidité, ce qui à mes yeux excluait les autres explications.

Et pour moi, ce n'est ni frigidite, ni aversion - il y a le probleme d'inceste inconscient du cote paternel de Florence, tres subtilement suggere par l'auteur. Florence a besoin d'aide et le roman se termine en mettant en evidence la responsabilite d'Edouard. Le manque de partage de sa part n'a pas su arriver jusqu'a cet insoupconnable secret de Florence.

Un des meilleurs decouvertes de McEwan pour moi!

Rotko, j'ai lu tes commentaires sur les livres de Mc Ewan, je n'ai rien lu de lui, mais avec les résumés et commentaires on déchiffre beaucoup." Sur la plage de Chésil"
je pense qu'il y a de la frigidité, le manque d'habilité du mari, et la condition de la femme face à l'inconnu, à cette époque.
Je reviens sur ce film admirable "expiation" tiré d'un roman de cet auteur: Je ne peux pas oublier ses scènes, l'échec de Dunkerque, les séjours dans les hôpitaux, la mort du jeune héros, qui ne serait pas arrivé dans cet enfer, sans la méchanceté de la petite, les aller retour, dans le film, la fantaisie de créer une réalité différente et puis l'Expiation à la fin. Peu de fois je crois qu'un film puisse surpasser le livre, je pense que c'est le cas

Bonjour,

Est-ce que quelqu'un a lu Solar, le dernier roman de Ian Mc Ewan (je l'ai lu en anglais, la traduction doit être toute récente)? J'ai beaucoup aimé On Chesil Beach et Enduring Love (Délire d'amour, je crois) mais j'avoue que ce dernier roman me semble bien long... Il traite du réchauffement climatique à travers la carrière d'un anti-héros, Prix Nobel de physique mais homme néanmoins ordinaire, faillible et infidèle...

bleunwenn a écrit:

Bonjour,

Est-ce que quelqu'un a lu Solar, le dernier roman de Ian Mc Ewan[...] Il traite du réchauffement climatique à travers la carrière d'un anti-héros, Prix Nobel de physique mais homme néanmoins ordinaire, faillible et infidèle...

moi, madame

voir en page 2.

Il est possible qu'à le lire dans la version originale, à moins d'être parfaitement bilingue, t'ait donné une impression de lenteur. Moi j'en ai gardé un bon souvenir, comme tu le verras

pour Bleunwen:
tu vois Rotko, comme le soleil, même si on ne voit pas, il est toujours là!!!
Une bibliothèque entière sans son cerveau.

Bon, d'accord, je vais m'acheter des yeux derechef et relire les posts avant de poser des questions!

C'est vrai qu'il y a des épisodes hilarants, et la satire du monde académique rappelle parfois les romans de David Lodge. Peut-être suis-je insensible aux déboires de ce personnage tragi-comique et du traitement bien frivole de ce sujet d'actualité brûlant par les personnages en général! Mais je continuerai à lire Mc Ewan, pas fâchée

Je viens de terminer "Un bonheur de rencontre" de Mc Ewan.



Resume (pour ceux qui ne l'ont pas lu):
Fâcheries, querelles, ennui... Mary et Colin se connaissent trop. Leur amour n'en finit pas de mourir dans cette ville de canaux bordés de palais et d'églises. Tout bascule le jour où ils rencontrent Robert et son épouse, la mystérieuse Caroline. Sous l'influence de ce couple étrange, Colin et Mary se retrouvent dans un brusque regain de sensualité. Mais s'ils se serrent l'un contre l'autre, c'est que le jeu leur échappe et que commence une descente aux enfers rigoureuse et implacable, un long cauchemar...

Commentaire:

Ce livre m'a laissee horrifiee, mais contente comme apres chaque lecture de Ewan. J'aime son style sec, monotone et precis ou les details du decors ressotrent toujours et son significatifs.
Le couple est en vacances a Venise, le nom de la ville n'est pas mentionne, mais toutes les descriptions en parlent. La routine, l'indifference, l'effort d'etre de vrais touristes et de profiter au maximum de leurs vacances - tout cela les eloigne de plus en plus l'un de l'autre. Une autre remarque - ils sont a deux dans cette ville si vivante et en lisant on a l'impressions qu'ils sont toujours seuls, isoles. L'auteur nous fait avancer tres lentement en entrant dans l'univers de Mary et Colin.
C'est mon impression de la premiere partie du livre.
Tout change au moment ou ils rencontrent Robert, c'est comme un coup du destin premedite. Le romsn se transforme en suspense, en thriller, on sent qu'une fatalite poursuit Mary et Colin et ils n'en echapperont pas. Tout devient ireel, surnaturel et pourtant, cette continuation est une suite credible du debut. Le meurtre de Colin (tue par Robert et sa femme, deux pervers) est comprehensible, Mary y pense juste avant la fin du roman et formule bien ce qui s'est passe dans la tete des deux tordus.
Mc Ewan ne m'a pas decue, une fois de plus.

Sur la plage de Chesil

Ils viennent de se marier, mais Edward et Florence se connaissent-ils vraiment? Le premier soir de leur lune de miel, l’un et l’autre, encore vierges, font durer le dîner : cette nuit d’initiation peut tout faire basculer. Entre le jeune historien et la talentueuse violoniste, rien n’est évident. La mésentente charnelle est-elle un prélude au désaccord amoureux?


Je n’ai pu m’empêcher de penser à cette lecture à David Lodge et son roman « Jeux de maux ». L’Angleterre pudibonde est bien en ligne de mire de ces deux auteurs, ancrés au cœur de la folie puritaine entrainant dans une voie désastreuse toute personne recherchant le bonheur sans entraves . Pour autant c’est bien dans le bain d’une éducation trop austère que notre jeune effarouchée se noie, trop engoncée dans un passé ou son père fut surement bien trop proche de son enfant…que la douche froide se fait sentir. Sa réalité aurait été de trouver la fidélité dans l’infidélité d’un être aimé pour se sentir alors, considérée.

Un joli livre décrivant les failles des conventions sociales à l’instar de l’hypocrisie sociétaire.

Amen…

A Maya :

Pour répondre à ta question de manière plus explicite , ce rejet du sexe est lié pour ma part :

- Aux conventions sociales de l'époque...puritanistes à souhait.

- le plus important peut-être :

A plusieurs reprises effectivement l'auteur nous met sur la voie de sa relation ambiguë avec son père:

1) ce bruit de ceinture et de pantalon baissé dans la cale du bateau qu'elle n'oublie pas.

2) cette répugnance qu'elle a envers lui lorsqu'elle le regarde , mais cet élan pour le prendre dans ses bras qui emmène le dégout...pour autant les choses ne se disent pas à cette époque , on ne les nomme pas parce qu'on ne sait pas.

3) cette petite phrase qu'on ne peut développer plus par pudeur et rejet " j'aurais dû être la femme de mon père". Etait-ce une sonnette d'alarme que son mari n'a pas relevée?

je ne crois absolument pas à la thèse de la frigidité étant donné qu'elle ressent un élan de désir lorsqu'elle sent la main de son mari sur sa cuisse.
Aurait elle senti trop souvent une langue paternelle qui alors lui rappelle une certaine musique , celle de la peur peut-être...
Seulement elle ne sait plus ressentir , elle est extérieure à elle même en plusieurs occasions , elle vit dans un déni.
Lorsque son mari lui demande si elle a eu le coup de foudre , elle lui répond " j'étais curieuse" pour autant elle le vit dans dédoublement cette émotion.

4) un père bien trop pressé de laisser sa fille quitter la maison...


C'est une psychothérapie qu'il aurait fallu à Florence , psychothérapie qu'elle trouve dans la musique , un exutoire auquel elle se voue corps et âme...

Quetschup a écrit:

A Maya :
[...]

Tout a fait d'accord avec toi! Tu fais une tres belle analyse du probleme de Florence!
C'est ce qui m'interessais bien, Quetschup - si tu as vu les memes suggestions de l'auteur (des cotes incestueux des rapports pere-fille) - et le probleme de Florence – s’il est de l’ordre d’un abus – elle a d’abord besoin d’aide psychiatrique.

ce qui renforce d'autant plus la tragédie de ce livre.

Je te conseille "Jeux de maux" de David Lodge Maya que j'ai préféré .L'auteur explore les dégâts du puritanisme dans un cynisme qui lui est bien connu.

Opération Sweet Tooth, magnifique roman d'espionnage dans lequel Ian McEwan passe au crible l'Angleterre des années 70. La belle Serena Frome, tout juste diplômée de Cambridge, est recrutée par les services secrets de Sa Majesté. Ces derniers cherchent à promouvoir des écrivains capables de véhiculer l'idéologie nationale à une époque où le gauchisme gagne les campus et les milieux artistico-culturels.

Long article de l'Express

Citation :

- Y a-t-il un livre, ou un écrivain, qui a joué un rôle de déclic pour vous?

- Kafka. La plupart des romans anglais des années 1960 et 1970 avaient pour point commun un réalisme social prudent, qui tournait parfois au récit documentaire. Lire Kafka m'a offert une incroyable libération quant à ces questions de lieu et de situation historique.

rotko a écrit:

Long article de l'Express

Citation :

- Y a-t-il un livre, ou un écrivain, qui a joué un rôle de déclic pour vous?

- Kafka. La plupart des romans anglais des années 1960 et 1970 avaient pour point commun un réalisme social prudent, qui tournait parfois au récit documentaire. Lire Kafka m'a offert une incroyable libération quant à ces questions de lieu et de situation historique.

Et aussi

Car la vraie force d'un roman réside dans cette capacité à représenter le paysage intérieur d'une personne. Aucune autre forme artistique ne peut y prétendre avec la même acuité.  

Un entretien très intéressant