Atik Rahimi [Afghanistan]

quelle rencontre que ce blogueur !

j'ai mis mon mot sur Syngué Sabour, je crois finalement avoir préféré terre et cendres.

L'histoire serait un Crime et châtiment largement revu et corrigé, immergé dans la réalité afghane d’aujourd’hui... le héros, Rassoul vient d’assassiner une rentière, à la fois pour la punir du sort qu’elle fait subir à Souphia, sa fiancée (elle la prostitue), et pour lui dérober son argent...

Son forfait commis, il est rongé par le remords et la culpabilité. En arrière plan, l’Afghanistan actuel et Kaboul où règnent sauvagerie et corruption...

je m'inspire d'un résumé bavard de P.O.L.

un extrait dans l'Express.

J'"ai lu "Terre et Cendres " et "Syngué sabour pierre de patience".

Le genre de livres que l'on referme afin de mieux écouter le silence pour un ultime hommage à cette écriture dépouillée et si admirable.
Pas besoin de beaucoup de mots ni de grandes envolées pour décrire deux chefs d'oeuvre.
Le style Rahimi est d'une justesse à vous glaçer le sang , conteur d'un Afghanistan si cruel et si chaleureux.

bientôt sur les écrans le film syngue sabour

Citation :

Golshifteh Farahani éblouit dans « Syngué Sabour »

dit 20 minutes.

Golshifteh Farahani comprend la femme qu'elle incarne. « Je sais ce que c'est que de ne pas avoir sa place dans la société. J'aime cette idée de la»pierre de patience«qu'on remplit de ses confidences jusqu'à ce qu'elle explose en vous libérant de votre fardeau. » L'actrice iranienne vit en exil après avoir refusé de se voiler pour apparaître dans Mensonge d'Etat (2008) de Ridley Scott.

on l'avait vue dans A propos d'Elly d' Asghar Farhadi.

Nous avons vu le film Syngué Sabour, la pierre de patience la semaine dernière. Il restera dans ma mémoire comme un très beau film, probablement le meilleur de l'année pour l’instant.

Une jeune mère, dans une ville qui subit les tirs croisés de miliciens et de soldats, reste auprès de son mari qui a reçu une balle dans la tête. Il n'est évidemment pas soigné et git sur un matelas, apparemment dans le coma. Elle le nourrit avec des perfusions lorsqu'elle peut payer les poches chez le pharmacien, le reste du temps, elle bricole un mélange d'eau salée-sucrée.

Elle est régulièrement obligée d'aller se cacher dans une cave lorsque les tirs deviennent trop proches. Les soldats des deux camps assassinent, violent, pillent sans discernement.

Quand elle n'est pas obligée de sortir pour chercher de quoi survivre, elle parle à son mari, elle lui raconte sa vie. Comment elle a été contrainte de se marier, comment il lui faisait mal l'amour sans se préoccuper de ses désirs, comment elle a dû ruser pour ne pas être rejetée.

Ses mots de femmes s'égrennent au fil des jours jusqu'au coup de théâtre final.

De très belles paroles de femmes, dans une société qui les traite comme des objets, une société dans laquelle il n'y a plus de règles, plus de vie possible, mais dans laquelle malgré tout la solidarité, des désirs émergent sur les ruines.

http://www.rtbf.be/video/detail_interview-du-realisateur-atiq-rahimi-pierre-de-patience?id=1807980

Lauréat du prix Goncourt 2008 pour son roman Syngué sabour (Pierre de patience), Atiq Rahimi a adapté ce roman en un film qui sort cette semaine dans les salles.
Atiq Rahimi nous parle de son film au micro de Frédérique Morin ce mercredi à 8h30 sur nos ondes, et en vidéo dès 9h via cet article. D'ici là, visionnez le teaser réalisé par François Caudron.
Interview d'Atiq Rahimi, réalisateur de "Pierre de Patience"

Les mille maisons du rêve et de la terreur chez POL.
 
Au début, le narrateur se débat dans le noir, entre le cauchemar et le coma, il entend des paroles, des appels, émerge brièvement à la surface, replonge aussitôt. L'extérieur est flou, avec des images de soldats, des présences d'enfants ou de femmes, sans claire conscience. on erre dans le diffus et le brumeux.
 
Atiq Rahimi est l'anti Pahors  http://bit.ly/12XS0l2 là où le Slovène célèbre le soleil, les filles spontanées, la joie de vivre, le retour au pays et l'engagement lucide, Rahimi vit dans le tunnel afghan, espère trouver mieux au Pakistan, les femmes sont dans une impasse, l'important est de fuir et d'abandonner les siens, dans une impuissance généralisée.
 
Les phrases sont courtes, ponctuées de silences dans un monologue avec des redites dues à des souvenirs ou de vains essais de reprendre la situation en mains.

Manhaz, la femme  qui héberge le narrateur, évoque à demi-mots sa  condition :
 
 
-Si je pars au Pakistan, je serai obligée d'épouser mon beau-frère
[...]
Ca fait un moment que je n'ai plus aucun contact avec ma famille.

Elle retient son souffle.

-Quand je suis née...

Elle couvre la cocotte.

-... je ne criais pas, je ne riais pas, je ne pleurais pas...

Elle prend quelques ailerons de poulet dans un sachet.

-... tout lemonde a cru que j'étais sourde et muette et on m'a très vite fiancée à mon cousin maternel qui était sourd et muet. Mais quand j'ai grandi, je n'étais ni sourde ni muette, mais tout le monde s'en fichait...